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Lutte contre l'armée Anglo-Saxonne d'ELLA

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Sommaire

I. Débarquement d'une nouvelle armée saxonne sous le commandement d'Ella (477) ; — bataille de Mercredesburn (485).  

II. Siège et prise d'Andérida, fondation du royaume de Sussex (490). 

III. Grande victoire des Bretons au mont Badon (494).

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Bretagne : lutte des bretons insulaires contre les anglo-saxons

I. Débarquement d'une nouvelle armée saxonne sous le commandement d'Ella (477) ; — bataille de Mercredesburn (485).  

En 477, une nouvelle armée d'Anglo-Saxons, conduite par Ella et ses trois fils, Cymen, Wlenking et Cissa, débarqua sur la côte méridionale de l'île, en un lieu qui, du premier de ces fils, prit le nom de Cymenes-ora ou Cymenshore, tout près d'une bourgade appelée aujourd'hui Wittering, dans l'angle sud-ouest du présent comté de Sussex. Le bruit de ce débarquement s'étant répandu, les Bretons d'alentour vinrent aussitôt charger les Saxons, pour les contraindre à remonter sur leurs navires. Mais cette attaque eut lieu sans ordre, sans ensemble, à la débandade. Il y avait là plusieurs chefs bretons : au lieu de combiner leurs mouvements et de se prêter mutuellement appui, ils s'en venaient successivement et séparément se ruer sur les pirates, qui, eux au contraire formés en phalange serrée, n'eurent pas de peine à triompher de ces bandes sans discipline. Ainsi tous les Bretons furent vaincus les uns après les autres (Chron. Sax. A 477 – H. de Hunt., I, II, dans M.H.B., p. 710) ; et non-seulement repoussés, mais fort maltraités, puis attaqués à leur tour, ils n'eurent bientôt plus de refuge que la forêt et la ville d'Andérida : — la ville, forte citadelle bâtie par les Romains, — la forêt, immense place d'armes créée par la nature, plus impénétrable que l'autre, et qui à la fin du IXème siècle avait encore cent vingt milles de long sur trente de largeur [Voir Chron. Sax., A. 893. Cette forêt dite Coit Andred par les Bretons et Andredeswald par les Saxons, couvrait toute la partie orientale du comté actuel de Sussex et une partie de celui de Kent. Quant à la ville elle-même (Cair Andred ou Andérid en breton), on hésite entre deux situations, savoir : Pemsey, sur la côte sud de Sussex, et Newenden, sur la limite commune de Sussex et de Kent, dans ce dernier comté]. 

Les Saxons occupèrent donc les côtes et le plat pays, les Bretons gardèrent la ville et la forêt. A l'ombre de la forêt leur résistance se releva ; chaque jour ils en sortaient pour harceler les pirates. Enfin mieux disciplinés, ils vinrent, en 485, livrer aux Saxons une bataille rangée à Mercredesburn (situation inconnue dans le comté de Sussex), où ils leur firent éprouver de grandes pertes. La victoire resta douteuse ; mais les Saxons affaiblis n'osèrent plus rien entreprendre. Suivant leur constant usage en pareil cas, ils tirèrent du continent de nombreuses recrues. Les Bretons aussi mirent tout en oeuvre pour accroître leurs forces, et ayant fait connaître aux autres tribus l'importance de la guerre où ils étaient engagés, ils en reçurent des secours considérables. Ainsi la lutte se soutint pendant cinq années encore après la journée de Mercredesburn, sans nul avantage sérieux pour les Saxons. 

 

Bretagne : lutte des bretons insulaires contre les anglo-saxons

II. Siège et prise d'Andérida, fondation du royaume de Sussex (490). 

Ella finit par comprendre l'importance capitale de la place d'Andérida. Il suffisait aux Bretons de la posséder pour tenir en échec les Saxons, et aux Saxons de la prendre pour briser la résistance des Bretons. Ella vint donc l'assiéger avec une immense armée (« Fretus copiis ingentibus ». H. de Hunt., I, II, dans M.H.B., p. 710). Les Bretons de leur côté s'apprêtèrent à la défendre avec énergie. Les plus braves s'y enfermèrent, résolus, s'il le fallait, à s'ensevelir sous ses ruines. En même temps une grande armée bretonne se posta dans la forêt. Les Bretons s'y rassemblèrent, dit un vieil auteur, comme un vaste essaim d'abeilles (« Congregati sunt igitur Britanni quasi apes ». H. de Hunt., I, II, dans M.H.B., p. 710). Le jour, ils demeuraient à l'affût et dès qu'une troupe de Saxons s'éloignait du camp, elle était immédiatement enveloppée et détruite. La nuit, les Bretons eux-mêmes se jetant sur le camp saxon y semaient de tous côtés la terreur et la mort. Jour ou nuit, dès que les barbares attaquaient la ville, les indigènes sortant de la forêt les chargeaient en queue, les criblaient de traits et de javelots ; puis, quand les assiégeants ainsi assiégés, contraints d'abandonner l'attaque de la ville, faisaient tête contre leurs agresseurs, ceux-ci rentraient en bon ordre dans l'asile impénétrable de la forêt. Les Saxons retournaient-ils aux murailles, l'armée bretonne les chargeait de nouveau. Ainsi sans avancer d'un seul pas, les païens perdaient un monde énorme. Mais comme de nouvelles bandes arrivaient à chaque instant de Germanie, ils recevaient aussi de nombreuses recrues, en sorte que, malgré ses pertes, l'armée d'Ella devint enfin assez forte pour qu'il en pût faire deux corps, dont l'un n'eut d'autre mission que de contenir les Bretons de la forêt, pendant que l'autre, ainsi gardé, put presser sans obstacle le siège de la place. 

De ce moment l'issue du siège fut certaine. La garnison d'Andérid le comprit, mais ne se découragea pas. Entourée d'un cercle immense d'ennemis et n'espérant plus du dehors aucun secours, elle regarda son sort sans frémir et ne songea qu'à se défendre jusqu'à la mort. Ces braves firent des prodiges d'héroïsme. Tous les assauts des Saxons furent repoussés, et ceux-ci contraints de changer le siège en blocus. Le blocus amena enfin la famine ; la famine ne put amener les Bretons à ouvrir les portes. Beaucoup périrent de misère les autres, hâves, débiles, exténués, continuèrent du haut des murs à braver les Saxons. Ceux-ci les voyant déjà demi-morts de faim, osèrent tenter un assaut qui réussit. La place fut prise de vive force, les vainqueurs massacrèrent tout jusqu'aux enfants et aux femmes, et n'y laissèrent pas un seul vivant. Ils ruinèrent la ville de fond en comble ; au XIIème siècle les ruines s'en voyaient encore en un lieu désolé ; la situation même de ce lieu est maintenant un problème pour les savants, dont les uns placent Andérid à Pemsey sur la côte de Sussex, les autres — avec plus de raison, ce semble, — à Newenden sur la limite des comtés de Sussex et de Kent (Note : Les détails de ce siège sont pris de Henri de Huntingdon, liv. II, dans M. H. B., p. 710. La Chronique saxonne se borne à ce mot sanglant : « An. 490. Hoc anno, Ella et Cissa obsederunt Andredes-ceaster, et interfecerunt omnes qui id incolerent, adeo ut ne unus Brito ibi surperstes fuerit ». Trad. Gibson. Andredes-ceaster est la traduction saxonne de Anderidœ castrum . — Certains manuscrits de la Chronique saxonne mettent ce siège en 491). 

Par la chute d'Andérid Ella regarda sa domination comme assurée et prit le titre de roi ; c'est aussi de ce jour qu'on date l'établissement du second royaume saxon de l'île de Bretagne, appelé royaume de South-Sex ou des Saxons du Sud (Henri de Huntingdon). 

 

Bretagne : lutte des bretons insulaires contre les anglo-saxons

III. Grande victoire des Bretons au mont Badon (494).  

Ce désastre eut en outre pour résultat de désorganiser la résistance des Bretons et de briser leur ligue. En conséquence, les Saxons, aussi bien ceux de Kent que ceux de Sussex, voyant le chemin libre, se lancèrent encore une fois en furieux à travers l'île de Bretagne — comme en 457 et 473 — pour y renouveler ces ravages, ces incendies, ces massacres, dont Gildas nous a laissé l'horrible peinture. A ce coup, pourtant, ils furent moins prudents qu'en 457 et 473. Au lieu de regagner promptement leur repaire avec leur butin sitôt leur brigandage accompli, une partie de leurs hordes s'attardèrent parmi les populations bretonnes, qui de leur côté, commençant enfin à s'aguerrir, moins lentes à reprendre courage, poussées d'ailleurs par l'excès du désespoir, n'attendirent point leur départ pour reformer leur ligue, réorganiser leur résistance et se mettre en état de combattre l'ennemi commun. Si bien qu'un jour — en l'an 494 — les hordes saxonnes, occupées à dévaster les pays fertiles qui bordent vers le midi l'embouchure de la Saverne, virent tout à coup devant elles une grande armée bretonne. Surprise et pressée de combattre, l'armée des brigands fut se réfugier dans une forte position, où elle se mit à couvert derrière de formidables retranchements. Gildas appelle ce lieu le mont Badon, on le nomme maintenant Bannesdowne, et il est à peu de distance de la ville actuelle de Bath. Cependant, les Bretons cernèrent leurs ennemis de toutes parts, enlevèrent de vive force leur camp retranché et firent de ces bandits un immense massacre (Note : Gildas, Hist., $ 26, édit. St., XXVI, édit. G. et P. ; — Bède, Hist. I, 16. — Certains auteurs modernes placent la bataille du mont Badon en 516 on en 520 ; mais c'est au mépris d'un texte formel de Bède, qui est cependant, pour l'histoire de cette époque, la première autorité après Gildas). 

Ce fut une glorieuse revanche de la prise d'Andérida ; et il y a lieu de voir dans celle victoire le brillant début du règne de Natan-Léod, chef suprême ou généralissime de la ligue bretonne, l'un des plus rudes adversaires des envahisseurs, et dont nous aurons bientôt encore occasion de parler. 

Cette défaite porta un coup terrible aux Saxons de Kent et de Sussex, qui de longtemps ne purent s'en remettre ni tenter le moindre mouvement. Peut-être même eût-elle eu pour conséquence d'en délivrer la Bretagne, si de nouvelles et puissantes bandes n'étaient venues, dès 495, attirer d'un autre côté les efforts des Bretons. 

(M. Arthur de La Borderie - 1881)  

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