Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

CAHIER DE DOLÉANCES DE LOHÉAC EN 1789

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Lohéac 

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

BARONNIE DE LOHÉAC.
(Paroisses de Lohéac, Guipry, Saint-Germain-des-Prés).

Les deux assemblées de Lohéac (3 avril) et de Guipry (5 avril) ont eu le même président, Joseph-Marie Hunaut, procureur fiscal de la baronnie de Lohéac, mais les deux cahiers n'ont entre eux aucun rapport. L'assemblée de Saint-Germain-des-Prés (5 avril) a été présidée par Pierre-François Morice, procureur de la même juridiction, qui avait assisté à l'assemblée de Lohéac, et qui fut élu député par les deux paroisses : les comparants de Saint-Germain-des-Prés se bornèrent à donner leur adhésion au cahier de Lohéac.

LOHÉAC.
Subdélégation de Plélan. — Dép. d'Ille-et-Vilaine, arr. de Redon, canton de Pipriac.
POPULATION. — En 1789, 289 hab. (Arch. d'Ille-et-Vilaine, série L).
CAPITATION. — Rôle de 1788 (Ibid., C 4097) ; 63 articles ; total, 153 l. 18 s. 7 d., se décomposant ainsi : capitation proprement dite, 102 l. 8 s. 4 d. ; 21 d. p. l. de la capitation, 8 l. 19 s. 1 d. ; casernement, 29 l. 9 s. 9 d.
VINGTIÈMES. — En 1787, 383 l. 4 s.
FOUAGES. — 13 feux 3/4 1/5. — Total en 1788, 549 l. 14 s. 8 d., se décomposant ainsi : fouages ordinaires, 153 l. 5 s. 3 d. ; fouages extraordinaires, 281 l. 4 d. ; garnisons, 45 l. 19 s. ; gages du Présidial, 12 l. 19 s. ; droits d'usage, 14 l. 14 s. 6 d. ; droit de cueillette attribués au collecteur, 32 l. 16 s. ; façon du rôle, 9 s. (Ibid., série G, paroisse de Lohéac).

OGÉE. — A 18 lieues 3/4 au S. de Saint-Malo ; à 6 lieues 2/3 de Rennes ; à 4 lieues 1/2 de Plélan. — 350 communiants. — Ce territoire est peu étendu, mais il est très exactement cultivé ; on y fait beaucoup de cidre.

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 3 avril, au lieu ordinaire des délibérations, sous la présidence de Joseph-Marie Hunault ou Hunaut (voir la note 1 qui suit), procureur fiscal de la juridiction de la baronnie de Lohéac (voir la note 2 qui suit). — Comparants : Jean-Baptiste Dufau (voir la note 3 qui suit), maître en chirurgie (3 ; 1 servante, 1,10) ; Hyacinthe-Jean Cezé (voir la note 4 qui suit), procureur (1,10 ; 1 servante, 0,15) ; Pierre-François Morice (voir la note 5 qui suit), notaire et procureur ; Jean-Baptiste Hunaut ; Jean Lelièvre, boucher (1,15 ; 1 domestique, 0,15) ; Joseph Lebreton (1 ; 1 servante, 0,15) ; Pierre Marchand (2,5 ; 1 valet, 0,15) ; Julien Telohan (1) ; François Hamon (1,10 ; 1 servante, 0,15) ; Jacques Foucaut (2 ; 1 servante. 0,15) ; Pierre Geffroy (1) ; Jean Cordelier (4 ; 1 petit valet, 0,10 ; 1 servante, 0,15) ; Pierre Ecorchard (2,10) ; Jean Decley (2 ; 2 domestiques, 1,10 ; 1 servante, 0,15) ; Nicolas Lorant, boulanger (4 ; 1 servante, 0,15) ; Julien Boulard (1) ; Philippe Jubin (1) ; Joseph Desnos (1,5) ; Jean Oresve (0,15) ; Julien Davy (0,10) ; Louis Davy (1) ; Joseph Davy (0,10) ; Alain Bouvier (1,15 ; 2 domestiques, 1,10) ; Joseph Foucaut ; Charles Coué (1,10 ; 1 domestique, 0,15) ; Christophe Salmon (1) ; Jean Lescur cabaretier laboureur (2,10) ; Pierre Massiot, fermier de la métairie du Portail (2,10 ; 1 domestique, 1) ; Guillaume Lorant, jardinier et fileur de laine (1) ; Jean Boulais ; Antoine Levesque, maréchal (1 ; 1 servante. 0,15) ; Louis Jumel, journalier (0,10) ; Louis Davy [le jeune (2,10) ; Jacques Geffroy (1,15) ; Jean Poupart, laboureur (1) ; François Vaillant (1) ; Jean Dehurme, aubergiste (3,15 ; 4 domestiques, 3) ; Pierre Jumel ; Yves Lelièvre (0,15) ; Pierre Louriais (3 ; 1 valet, 0,15 ; 2 servantes, 1,10) ; Jean Poisson (2,5 ; 2 domestiques, 1,10) ; Guillaume Bébin (2,10 ; 2 valets, 1,10) ; Pierre Marziau (1,10 ; 1 servante, 0,15) ; Michel Fauchet ; Gilles Moison (3,10 ; 2 domestiques, 1,10). — Députés : Joseph-Marie Hunaut ; Pierre-François Morice.

Note 1 : Joseph-Marie-Elisabeth Hunaut était né le 28 juillet 1726 à Gennes-sur-Seiche, où son père était procureur fiscal de la Roberie et receveur des Domaines du Roi (Abbé PARIS-JALLOBERT, Anciens registres paroissiaux de Bretagne, fasc. de Gennes, p. 15). En 1766, il était déjà procureur fiscal de la baronnie de Lohéac et contrôleur des actes au bureau des Domaines de ce lieu (ID., fasc. de Lohéac, p. 11) ; il était recommandé par M. de Piré, dont il régit jusqu'à la fin de l'ancien régime les domaines de Maure et de Lohéac, et noté par les inspecteurs des Domaines comme « un excellent sujet à tous égards » (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 5074, n° 50). Le 23 janvier 1790, une bande d'environ trois cents habitants de Maure, de Mernel et de Campel, qui avait pillé le château du Bois-au-Voyer, en Maure, vint à Lohéac pour piller le château des Champs, siège de la baronnie de Lohéac et propriété de M. de Rosnyvinen, marquis de Piré, comte de Maure et baron de Lohéac ; elle s'en prit tout d'abord à Hunaut, mit sa maison à sac et brûla les papiers féodaux qu'elle trouva chez lui (Ibid., série B, Présidial de Rennes, information sur le pillage du château de la Driennaye en Saint-Malo-de-Phily, requête de l'accusé Morice). — En 1788, Hunaut, qui était exempt de casernement à cause de son emploi dans les Domaines payait 5 l. de capitation, de plus 15 s. pour une servante (Ibid., C 4097), Correspondant de la Commission intermédiaire et syndic de la corvée, il avait été déchargé de ce dernier emploi par ordonnance de l'Intendant en date du 3 septembre 1783, rendue en vertu de l'arrêt du Conseil du 19 avril 1779 (Ibid., C 2414).

Note 2 : Sur la baronnie de Lohéac, voy. GUILLOTIN DE CORSON, Grandes seigneuries de Haute-Bretagne, 2ème série, pp. 230-238.

Note 3 : Jean-Baptiste Dufau, originaire de Paris, ainsi que sa femme, était établi à Lohéac dès avant 1777 (PARIS-JALLOBERT, op. cit., fasc. de Lohéac, p 8) ; en 1790 il devint maire de Lohéac.

Note 4 : Hyacinthe-Jean-Elisabeth Cezé est qualifié d'écuyer dans certains actes ; il était originaire de Pipriac (PARIS-JALLOBERT, loc. cit., p. 5). Il prit part au pillage du château de la Driennaye et fut poursuivi à ce titre, mais il semble que la maréchaussée ne parvint pas à l'arrêter (Arch. d'Ille-et-Vilaine. série B. dossier cité plus haut. note 1). En 1788, il était syndic de la corvée (Ibid., C 4883).

Note 5 : Pierre-François Morice, notaire et procureur de plusieurs juridictions, en 1789, âgé de 44 ans ; il présida, le 5 avril, l'assemblée de Saint-Germain dés-Prés, qui le choisit pour son député. Il fut, semble-t-il, le principal instigateur de l'émeute du 27 janvier 1790 et du pillage da château de la Driennaye. en Saint-Malo-de-Phily ; après avoir échappé aux poursuites de la maréchaussée, il se constitua lui-même prisonnier le 10 juillet, mais, sur le vu d'un certificat du Dr. de Villeneuve, de Ploërmel, constatant qu'il avait eu plusieurs « attaques de frénésie », il fut mis en liberté sous caution le 23 juillet 1790 (Arch. d'Ille-et-Vilaine, série B, dossier cité).

 

Cahier de doléances, plaintes et remontrances du général de la paroisse de Saint-André de Lohéac...

[1] [Les comparants] autorisent les députés à l'assemblée nationale à prendre tous les moyens qui seront agités dans les Etats pour parvenir au bien général et rendre pour jamais à la Nation ce qu'avait usurpé sur elle le pouvoir arbitraire, chargent ceux qui vont être nommés de la part du général de donner leur consentement à l'établissement des charges publiques ou autres objets tendant à la perfection de son administration.

[2] D'enjoindre aux députés à l'assemblée nationale de prendre une connaissance exacte de la situation des finances, de la quotité et de l'origine du déficit, de sanctionner la dette nationale, en consolidant les capitaux et modérant les intérêts usuraires.

[3] D'examiner les pensions, leurs titres, les supprimer ou les réduire.

[4] De se faire représenter l'état de chaque département pour parvenir à y établir la règle et la sévérité nécesaires, d’assurer le maniement des deniers publics, de manière qu’aucune somme ne puisse être détournée de l'emploi qui lui a été assigné par la Nation.

[5] De consentir jusqu'à l'époque la plus rapprochée une masse de subside égale à celle des impositions actuelles.

[6] D'accorder pour le même temps la somme nécessaire pour satisfaire aux besoins de l'Etat.

[7] De demander une répartition égale des impôts qui seront nécessaires, eu égard aux biens fonds et facultés du Clergé, de la Noblesse et du Tiers Etat, entre les individus des trois ordres.

La suppression des fouages et tailles ordinaires et extraordinaires ou, en tous cas, une contribution égale sur les terres nobles et roturières ; ces impositions grèvent uniquement le Tiers Etat, entre autres la paroisse de Saint-André de Lohéac, dont les contribuables, par inégalité de répartition avec les autres paroisses de la province, sont taxés au huitième de leur revenu.

Cette imposition devient de plus en plus onéreuse par les réunions d'immeubles qui sont consolidés aux fiefs des seigneurs, soit par vacance ou retraits féodaux, dont ils reprennent la qualité noble ; d'ailleurs, Lohéac était anciennement considérable en maisons et magasins servant d'entrepôts de Redon à Rennes, avant que la rivière de Vilaine eût été rendue flottable, et il y existait une communauté de bénédictins sous le nom de prieuré de Saint-Sauveur, actuellement annulé, et plus des trois quarts des maisons et magasins (voir la note qui suit).

Note : En 1494, il y avait longtemps déjà que ce prieuré, dépendance de l'abbaye de Redon, n'avait plus de moines ; en 1730, son revenu total était de 200 l., sur lesquelles le titulaire devait acquitter 84 l. de charges. Par un décret en date du 22 septembre 1782, confirmé par lettres patentes du mois de janvier suivant enregistré le 14 mars au Parlement de Bretagne, l'évêque de Saint-Malo supprima ce prieuré et l'unit à la cure de Lohéac (Arch. d'Ille-et-Vilaine, série G, fonds de l'évêché de Saint-Malo et de la paroisse de Lohéac ; GUILLOTIN DE CORSON, Pouillé, t. II, pp. 197-201 ; ID., Grandes seigneuries de Haute-Bretagne, 2ème série, p. 237).

[8] De demander la suppression des francs-fiefs, qui grèvent uniquement le Tiers Etat et le commerce de terres nobles. La liberté des moulins. La liberté des fours (voir la note 1 qui suit). La suppression des corvées sur les grands chemins, qui seront entretenus par une levée de deniers sur chaque immeuble, soit noble ou roturier et de l'Eglise, par une imposition égale (voir la note 2 qui suit).

Note 1 : Il y avait à Lohéac un four banal dépendant de la baronnie (GUILLOTIN DE CORSON, Grandes seigneuries, loc. cit.).

Note 2 : La tâche de cette paoisse, sur la route de Rennes à Redon, était, en 1788, longue de 436 toises, dont 103 pour la traversée du bourg, où se trouvait son centre (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 4883).

[9] De demander la liberté de franchir les rentes féodales au denier vingt en principal, également que les rentes par grains, suivant l'apprécis des dix années antérieures une commune (voir la note qui suit).

Note : Le comté de Maure et la baronnie de Lohéac produisirent ensemble, durant l'année 1788, 11.581 l. 18 s. 5 d., sur lesquelles il fallut déduire 573 l. 9 s. pour les vingtièmes et 4.198 l. 11 s. pour les réparations aux sept moulins (dont deux sur rivière), ronds de moulage, entretien des immeubles, etc. ; en 1789, le produit brut fut de 12.371 l. 14 s. 9 d., et le produit net de 11.176 l. 15 s. 3 d. ; le produit brut de l’année 1790 fut seulement de 6.763 l. 1 s. 6 d., et le produit net de 2.654 l. 17 s. en raison des travaux de réfection de la chaussée et du mur du moulin de Messac (Ibid., série E, fonds du marquisat de Piré).

[10] De demander la réunion des juridictions inférieures à la haute justice du lieu, et d'opposer qu'il y soit établi des juridictions royales, dont les droits seraient d'autant plus onéreux au peuple, tant par les greffes, droits réservés, contrôle des dépens et vacations des huissiers, les dépens les plus modérés de ces sièges excédant pour une sentence sur défaut ordinairement plus de quarante livres, pendant que, dans une juridiction seigneuriale, ils montent au plus à dix livres ; d'ailleurs, il faut nécessairement une juridiction d'instruction ; celle de Lohéac ressort directement au présidial de Rennes ; on conserverait conséquemment l'intention de Sa Majesté marquée par son édit du mois de mai dernier (3).

Note : A Lohéac, en dehors de la haute justice de la baronnie, existaient encore celles du prieuré de Saint-Sauveur, du prieuré de Saint-Nicolas, de Chaumeray et de la Melatière, de la Guinebergère et de la Botellerais (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 1818).

[11] De demander la réduction des dîmes avec d'autant plus de raison que cette dîme enlève la part des semences que souvent on ne recueille pas à la récolte, celles qui se lèvent sur cette paroisse étant ordinairement à la douzième gerbe (4).

Note : D’après le Pouillé de l'évêché de Saint-Malo, dressé entre 1739 et 1767 (Arch. d’Ille-et-Vilaine, série G), les dîmes de Lohéac appartenaient à l’évêque et au chapitre de Saint-Malo, mais elles ne sont mentionnées ni dans les baux généraux de la baronnie de Beignon, qui comprenaient les dîmes perçues par l’évêché dans l’archidiaconé de Porhoët, duquel dépendait Lohéac, ni dans les déclarations que firent de leurs revenus le chapitre et l’évêché en 1790 (Ibid., série G, évêché de Saint-Malo, baronnie de Beignon ; série Q. Déclarations des biens ecclésiastiques). Nous savons seulement que le prieuré de Saint-Nicolas, en Saint-Germain-de-Prés, qui dépendait de l'abbaye de Saint-Suipice-la-Forêt, possédait à Guignen et à Lohéac deux traits de dîmes qui lui rapportaient 60 l. (Abbé ANGER, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Sulpice, dans les Mém. de la Societé archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. XXXIX, 1ère partie, 1909. P. 166).

[12] La suppression des fuies, dont on voit les pigeons en troupe dévaster les semences et les grains du surplus venus en maturité pillés.

[13] La suppression des droits de chasse.

[14] La suppression des lods et ventes des contrats d’échange, le tout avec la déclaration la plus expresse que Etats généraux pour proroger (sic) et se convoquent eux-mêmes à un an de date à compter de la fin de leur première session.

Conclu et fait double le présent arrété au lieu ordinaire des dites délibérations, ce trois avril mil sept cent quatre-vingt-neuf.

[21 signatures, dont celle du président Hunaut].

(H. E. Sée).

© Copyright - Tous droits réservés.