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La paroisse de Loguivy-lès-Lannion regarde saint Ivy ou Davy, archevêque de Ménevie au pays de Galles, comme le patron de son église. Quelques-uns pensent que ce saint prélat vint en Armorique et évangélisa les pays de Lannion et de Plougras [Note : Où se trouve la paroisse de Loguivy-Plougras].

On ajoute même qu'il choisit les bords du Léguer pour y fixer son ermitage et qu'il mourut là où se trouve aujourd'hui Loguivy-Lannion [Note : Abbé France, Mémoires de l'Association Bretonne, 1884, classe d'archéologie, p. 14].

Toujours est-il qu'on ne peut ici confondre ce bienheureux avec saint Ivy, vénéré à Pontivy, mais simple moine solitaire, car une statue du XVIème siècle honorée dans l'église de Loguivy-lès-Lannion représente le patron du lieu, en chappe et mitré, tenant d'une main une croix archiépiscopale et bénissant de l'autre mains. Ailleurs, une statue plus ancienne de saint Ivy, placée au-dessus de la fontaine qui lui est dédiée à Loguivy-lès-Lannion, porte le même costume d'évêque ; elle est en pierre et semble remonter au XVème siècle. Le patron de Loguivy est donc bien l'archevêque de Ménevie.

L'église de Loguivy-lès-Lannion est un édifice de la fin du XVème siècle. Dans le cimetière se trouve un fort joli portail de style ogival fleuri, dont les sculptures en granit sont remarquables. A côté est une fontaine monumentale également en granit, d'environ cinq mètres de hauteur. Elle appartient à la Renaissance et se compose d'un vaste bassin supporté par un socle autour duquel s'enroule un cep de vigne ; du centre de la vasque s'élève une sorte d'obélisque appuyé sur quatre petits piliers sculptés. Cette élégante fontaine, dont les eaux ne jouent plus malheureusement, est datée de 1577.

Le pardon de Loguivy-lès-Lannion se célèbre le premier dimanche de mai et est assez suivi. Les pèlerins viennent d'abord vénérer dans l'église une relique insigne de saint Divy ; c'est un ossement considérable renfermé dans un bras d'argent portant la date de 1690 et les armoiries de la famille de Kerguezay : d'hermines à la fasce de gueules, chargée de trois molettes d'or. Les sires de Kerguezay possédaient en Loguivy les seigneuries de Kergomar et de Kernéguez. A l'extrémité de ce reliquaire se trouve une boule de cristal que les pèlerins se font appliquer sur les yeux pour se fortifier la vue ou de guérir de la cécité.

Après avoir prié saint Yvy et vénéré sa relique, on dépose son offrande dans un curieux plat de cuivre repoussé : au fond de ce plat on voit Adam et Eve mangeant la pomme au pied de l'arbre qu'occupe le serpent couronné et près de la porte du Paradis terrestre. Le mot CARITAS gravé trois fois autour du plat rappelle à tous que le péché se rachète par l'aumône.

Les pèlerins de Loguivy terminent leur pardon en allant boire de l'eau à une seconde fontaine de saint Yvy, bien abondante celle-ci ; elle se trouve au dessous du bourg, sous de jolis ombrages bordant le cours du Léguer. Elle est également en granit sculpté avec art et renferme la vieille statue du XVème siècle dont nous avons parlé.

« Les eaux de cette fontaine passent pour un excellent spécifique contre la colique ; aussi de tous les points de la contrée les mères y conduisent les petits enfants atteints de ce mal. On ne se borne pas à donner cette eau à boire, on l'interroge encore comme un oracle, on lui demande le secret de Dieu ; les petites manches de la chemise sont plongées dans l'eau : si elles surnagent l'enfant grandira, soyez-en sûr ; si elles tombent au fond de la fontaine, c'est signe de mort » (Jollivet, Les Côtes-du-Nord, IV, 46).

(Abbé Guillotin de Corson, 1902).

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