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Le siège de Morlaix durant les guerres de la Ligue

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

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Bretagne : Histoire des guerres de la Ligue

Commencement du siège de Morlaix.

Note : Voici comment les principaux habitants de Morlaix se détachèrent du parti de la Ligue. Cette ville était la seule place importante de l'évêché de Léon que l'activité de Sourdéac, gouverneur de Brest, n'eut pas soumise à l'autorité du roi. Le duc de Mercoeur ne se conservait plus de partisans, depuis que toute la France était pacifiée, qu'en assurant que la reine sa soeur, veuve de Henri III travaillait à une paix générale. L'envoyé du duc à Morlaix, ayant maltraité plusieurs des principaux habitants et particulièrement le sénéchal, changea les dispositions que l'espérance d'un arrangement fait par la reine douairière avait entretenu chez les habitants en faveur du duc de Mercoeur. Dans une assemblée de l'hôtel de ville, qui fut tenue pour répondre aux envoyés du duc d'Aumont, qui n'était plus qu'à deux lieues de la ville, du côté de Lanmeur, le sieur de Rosampoul put juger que la plus grande partie des bourgeois étaient résolus de se soumettre à l'autorité du roi. Cependant, ne voulant point se rendre sans conditions, ils s'assemblèrent secrètement douze ou treize, et députèrent quatre d'entre eux vers le maréchal d'Aumont. Dans une seconde assemblée de l'hôtel de ville, le sénéchal engage les habitants à offrir 10,000 écus au maréchal pour ne point entrer dans Morlaix. Il se trouva que le choix des députés tomba sur quatre membres de l'assemblée secrète. Le gouverneur, qui n'avait point assisté à cette séance de l'hôtel de ville, craignant quelques trahisons de leur part, envoya des gens de guerre à leur poursuite ; mais ces députés, ayant par précaution pris des chemins de traverse, portèrent au duc d'Aumont un projet de capitulation qui n'avait point été délibéré à l'hôtel de ville, qu'il signa de suite et qui lui donna le lendemain entrée dans la ville. Il parait que le sénéchal, tenant à ses engagements antérieurs, ne fut pour rien dans cet arrangement. C'est un des ancêtres de MM Le Bihan de Pennelé. 

En ce temps-là le sieur maréchal d'Aumont, gouverneur pour le roi en son armée de Bretagne, était lors à Morlaix, assiégeant le château qui est dedans la ville, qui s'était rendue à lui un peu auparavant, et voici comment. Le seigneur de Mercoeur avait envoyé un de ses gens vers les habitants, homme reconnu de petite étoffe de son extraction, et qui par succession de temps s'était avancé en crédit auprès dudit seigneur de Mercoeur, son maître, si bien qu'il était quelquefois employé par lui aux affaires de grandes conséquences, comme au fait qui s'offre ; que ledit seigneur duc étant assuré que l'armée du roi, sous la conduite du sieur maréchal, était à Guingamp et qu'il se pouvait faire quelques pratiques à son préjudice sur les villes voisines qui étaient de son parti envoya comme nous venons de le dire, le prétendu gentilhomme à Morlaix, pour toujours maintenir les habitants en leur devoir car il savait bien qu'il n'y avait pas bon ménage entre le gouverneur du château qui était le sieur de Rosampoul, et eux, et de prendre garde à tout ce qui se passerait pour lui en donner avis. Etant donc arrivé là, il se porta arrogamment vers les citoyens et gourmanda beaucoup les particuliers, des principaux fort indignement, même le sénéchal qui était un vénérable vieillard, l'un des plus anciens juges de la province, qu'il outragea de paroles jusque à lui dire qu'il l'eût fait pendre. Le sénéchal, qui se nommait Le Bihan, lui répliqua que sans le respect qu'il portait à son maître auquel il était bien serviteur, que sans aucune forme de procès il l'eût fait tout à l'heure attacher à un gibet. Plusieurs, indignés de l'affront fait à leurs juges et à eux-mêmes, se résolurent le même jour de changer de parti et d'envoyer vers le sieur maréchal à Guingamp, pour le prier de venir ou d'envoyer, et qu'on lui ouvrirait les portes de la ville, ce qui fut fait sans le su du capitaine du château, que ledit maréchal assiégea comme il sera dit après.

Lézonnet envoie donc là se trouver, et aussi ceux de l'intelligence de Quimper, qui y envoyèrent Ollivier Endroit, leur courrier ordinaire, le priant d'envoyer forces ou venir en personne avec l'armée pour recevoir ladite ville, qui étaient la plupart des gens de qualité très affectionnés au service du roi, mais que quelques mutins et rebelles empêchaient, et qu'à la vue de quelques forces ils se résoudraient, remontrant que ladite ville était de grande conséquence, tant pour faciliter la réduction des autres que pour s'assurer du plat pays. Le maréchal leur promit assistance passé le siège de Morlaix, s'il en avait l'issue qu'il espérait, et après avoir beaucoup loué la bonne volonté des habitants de Quimper, et prié de persévérer en cette sainte résolution, congédia lesdits députés de Concarneau et ledit Endroit. 

Mais puisque l'occasion se présente dudit siège de Morlaix, j'en dirai en passant quelque chose. On a dit ci-dessus la cause de leur révolte, qui fut l'insolence d'un glorieux et sot serviteur qui, sorti de peu de choses, voulait audacieusement trancher du grand ; c'est la coutume, comme dit le proverbe. La guerre fut longue de ce mécontentement des citoyens et juges de Morlaix, car outre que cela enfla de courage audit sieur maréchal, elle fut la perte de toutes les places et havres que ledit sieur de Mercoeur tenait en ce pays bas, et de la défiance qu'eurent les Espagnols de son altesse et des Français. 

Le château étant assiégé, le sieur de Rosampoul, qui était dedans bien étonné, n'entendant rien de tout cela, se trouva surpris et sa place mal avitaillée des choses nécessaires pour soutenir un siège. Il voulut, comme l'ennemi entrait aux faubourgs, faire à la hâte transporter de la ville quelques provisions et y faire rouler quelques vins, mais auparavant qu'ils y fussent parvenus, l'ennemi fond sur eux, et furent obligés de faire barricades de leurs barriques de vin qui furent toutes écoulées par les arquebusades qu'on leur tira de la ville, et furent obligés de se retirer sans en profiter. Le comte de la Maignane, en surnom Aime de Sanzay, étant alors avec ses troupes en Tréguier, se vint jeter dans le château avec 400 hommes, sachant bien qu'il y aurait besoin d'un secours. Cela était fort à propos, et pour rendre encore tous les efforts du maréchal inutiles, s'il y eût eu dedans des vivres suffisants pour les nourrir. Le gouverneur fut beaucoup blâmé d'avoir été si négligent ou, comme disent d'autres, si avare que, pour remplir sa bourse, il aurait laissé la place si dégarnie ; car quelques mois auparavant il avait touché deux mille écus du duc de Mercoeur pour être expressément employés en provisions pour icelle, comme j'ai ouï par après ledit seigneur lui reprocher à Quimper. Les assiégés se barricadent contre la ville, font des retranchements, plates-formes et autres fortifications qui se voient encore à présent. Les assiégeants de l'autre part en font aussi, viennent aux approches jusque au pied des tranchées, font des mines sous terre. Bref, ni les uns ni les autres n'oublient rien tant à l'attaque qu'à la défense. Les assiégés, pressés de toutes parts de l'ennemi, tant par dedans la ville que par dehors, où le canon les battait encore qu'ils fussent bien à l'étroit des vivres, supportaient d'un grand courage tous les maux avec patience sur l'espérance du secours qu'ils attendaient et dont un gentilhomme du duc de Mercoeur, nommé La Vallée, du Maine, qui entra de nuit dans le château, pendant ledit siège, les avait assurés, ce qui résolut les assiégés de soutenir jusque à l'extrémité, et y mangèrent après tous autres vivres leurs chevaux. La dame de Rosampoul, fille héritière de la maison de Cattelan en Vannes, était dedans avec son mari, gouverneur de la place. Elle était fort grosse et prête à accoucher. Le sieur maréchal n'ignorant pas la disette des vivres, et qu'il y avait déjà quelque temps qu'ils ne vivaient que de chair de cheval, eut pitié de ladite dame, encore fort jeune, et lui envoie trois ou quatre moutons, de la volaille, avec trois ou quatre perdrix, qui était une grande courtoisie d'ennemi. Quand cela lui fut présenté, elle remercia le sieur maréchal et lui renvoie ses présents, ajoutant qu'elle ne voulait d'autre viande que celle dont son mari mangeait : parole généreuse et d'un grand coeur ; et non-seulement en cela se montra-t-elle courageuse, mais tant que continua le siège elle se montra si résolue à encourager le soldat, sans aucune apparence ni signe d'étonnement, qu'elle plantait le coeur au ventre du plus lâche, ainsi que j'ai ouï le capitaine Rostin, qui était dedans la place durant le siège, homme fort vaillant, en faire le récit au seigneur duc de Mercoeur, peu après, en cette ville de Quimper, disant merveille de résolution de cette jeune dame. 

(M. le chanoine Moreau)  

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