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Le maréchal d'Aumont se retire à Quimper

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

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Bretagne : Histoire des guerres de la Ligue

Après la prise du fort de Crozon, le maréchal d'Aumont se retire à Quimper avec l'armée.

Le maréchal ayant pris le fort de Camaret, fit raser et applanir cette forteresse, tellement qu'il ne reste plus aucun vestige de forteresse, ni qu'il y eut jamais eu aucune habitation comme il se voit aujourd'hui. Il s'en retourne à Quimper, ramenant son armée, sur la fin de décembre, bien harassée des fatigues souffertes pendant le siège et demeura se rafraîchir pendant quelques semaines en la ville et environs, où furent aussi rendus les blessés pour se faire panser. Pendant lequel temps le maréchal, possible se doutant de la fidélité des habitants, à mon avis sans sujet, qui étaient très catholiques, qui n'aimaient guère les hérétiques, desquels l'armée était toute pleine, sans y comprendre les Anglais qui étaient tous de cette nouvelle religion, délibéra de les brider par une citadelle qu'il entreprit de bâtir au haut de la ville, à la portée de la tour Bihan, de grand circuit, la moitié dedans ladite ville, la moitié dehors, la tour Bihan demeurant au milieu en forme de donjon. Or, dedans la ville, pour avoir l'espace requis, il convenait abattre plusieurs maisons de grand prix, entre autres une belle maison prébendale qui était à quatre-vingts ou cent pas de la tour Bihan, qu'on disait être de fondation ducale, avec un jardin et verger de grande étendue dont les emplacements seraient depuis la rue Obscure jusques à la rue Saint-Antoine, sur laquelle il ouvrait, s'appelle encore aujourd'hui le jardin du Chapitre. Aussi y avait-on miné, un peu devant le siège, plusieurs belles maisons en la Terre-au-Duc, près les fossés de la ville, même une rue entière et rangée de maisons qui étaient devant la porte Médard, et entre autres un beau corps-de-logis ou auditoire où se tenaient les audiences tant civiles que criminelles de la juridiction du roi, où étaient aussi les prisons royales. Car anciennement, et jusque à notre temps, la ville close était au fief des Regaires, comme elle est encore à présent ; ne se faisait en la ville autre exercice de justice que celle de l'évêque, séculière et ecclésiastique, et celle du roi s'exerçait hors la ville, en la Terre­au-Duc, en l'auditoire susdit ; et même les exécutions criminelles, en fait de punitions corporelles, se faisaient aux Patibulaires, sur la montagne de Frugy ou la place Saint-Mathieu, même les foires royales n'étaient pas dedans la ville. Mais depuis l'érection des sièges présidiaux, n'ayant pas de palais bâti pour le loger, fut emprunté une partie du monastère des Cordeliers, tant pour les audiences que pour le conseil, et peu à peu commencèrent les officiers royaux d'exercer en la ville close et d'y faire faire les exécutions publiques qui se faisaient ci-devant dehors. Or, revenant à notre belle citadelle, pour un temps on y travailla d'une grande diligence, y ayant chacun jour plus de cent personnes, si bien qu'elle se trouva en fort peu de temps fort élevée de gazons et de troncs d'arbres, entrelacés pour la liaison en la partie qui était hors de la ville, et montrait déjà l'apparence d'une forteresse battante, capable, si elle eût été achevée, de brider bien une autre ville que Quimper. Mais enfin tout cela demeura imparfait, parce que le maréchal fut obligé, par le succès de ses affaires, de partir de la ville sans jamais plus y retourner. 

On fit aussi bâtir au même temps quatre éperons de terre et pieds d'arbres pour la tenir, savoir : devant la porte de Mescloaguen l'un ; le second à environ cent pas de là, vers Saint-Nicolas, qu'on appelle l'éperon des Chambrières, parce qu'à celui-là seul les chambrières de la ville portèrent toujours la hotte ; le troisième entre Saint-Nicolas et la porte Médard ; le quatrième tout à l'encoignure et le plus bas de la ville qui répond sur la rivière, vis-à-vis du château (Note : Le château de Quimper était situé à l'angle du jardin des Cordeliers et de la rivière de Steir, tout près sa jonction avec l'Odet, derrière les maisons qui commencent l'alignement du parc Ar-Hostic, à l'ouest) faisant l'angle, où les deux rivières s'assemblent, mais tout cela fut ruiné depuis de soi-même. Aussi furent ruinés l'église et l'hôpital de Sainte-Catherine (Note : transformé ensuite en préfecture), en la rue Neuve, près la porte, y joignant la rivière, à l'entrée de la ville, avec un beau logement tout de pierres de taille, bâti de mémoire d'homme, qui était le logis du prieur de Sainte-Catherine, qui fut un très grand dommage pour les pauvres qui demeurèrent sans aucune commodité d'habitations, et une grande honte aux habitants de ruiner ensemble deux lieux pieux, l'église et l'hôpital, sans que cela leur apportât profit d'un liard car, en temps de guerre, l'ennemi eût plutôt ruiné la ville par tout autre endroit que par là. Mais ils voulaient montrer qu'ils étaient bien affectionnés et fidèles au parti par la démolition des temples. Et de fait, nous en vîmes un bon nombre, et des principaux, qui s'employaient de telle affection, à la vue des gens de guerre, sans en être requis, que les maçons ne faisaient pas tant d'échecs comme eux, lesquels, ou la plupart d'iceux, moururent tous dans l'an et jour. (Je les pourrais bien nommer par noms et surnoms, mais leurs parents qui sont en grand nombre, s'en trouveraient peut-être scandalisés). De sorte que tout depuis, quelques offres qu'aient faites quelques pieux particuliers, la ville n'a jamais voulu entendre à rebâtir ce que leurs devanciers avec leurs mains sacrilèges avaient si frivolement ruiné. Mais, diront-ils, les bâtiments étaient trop près des murailles de la ville, et l'ennemi s'y logeant, il eût pu nuire beaucoup. Ces raisons avaient quelque fondement, si ce faisant on eût pris résolution de soutenir un siège ; mais qui fut celui de tous ceux qui ne fût d'avis qu'à la vue des enseignes du seigneur maréchal on n'eût ouvert les portes sans attendre aucune sommation ? Nous en sommes témoins oculaires et savons comme le tout se passa, même qu'on voulut tellement précipiter l'affaire, c'est-à-dire la reddition de la ville, sans autre capitulation, que peu s'en fallut qu'on en vînt aux mains. Puis donc qu'ils étaient résolus à se rendre, ils pouvaient du moins conserver leurs églises, l'hôpital, l'auditoire et prisons ; mais à Quimper on se gouverne, non par conseil mais à l'étourdie et comme à la cour du roi Pétaud, tout le monde y est maître. Je pourrais ici m'étendre, en déduisant combien de beaux effets semblables ceux de Quimper ont attenté de leurs creux cerveaux, et dont l'issue en a été toujours à leur honte et confusion. Toutefois, je m'en tairai, d'autant que mon intention est plutôt le la louer comme lieu de ma demeure il y a trente-sept ans ; et je me réserve à un autre temps où, cela venant à propos, j'en pourrai dire en passant quelque chose, gardant toujours la modestie en tel cas requise.

(M. le chanoine Moreau)  

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