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Le sieur de Kercourtois durant les guerres de la Ligue

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

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Bretagne : Histoire des guerres de la Ligue

De la vaillance et de la mort du sieur de Kercourtois.

Je suis ici obligé de faire une digression pour reprendre une chose que j'avais oubliée. C'est que la même année 1594, auparavant que Lézonnet eût changé de parti, la semaine sainte, les députés de ce pays, voulant s'acheminer aux états de ce parti qui étaient, si bien m'en souviens, cette année-là à Lamballe, se rendirent à Concarneau pour avoir escorte du capitaine Lézonnet, à cause du danger des chemins. Lézonnet leur bailla sa compagnie de gens d'armes qui était de 150 salades, sous la conduite du sieur de Kercourtois, son lieutenant, jeune gentilhomme, nommé René du Dresnay, âgé de vingt-quatre ou vingt-cinq ans, vaillant et fort brave, et homme de bien qui, pour ses belles qualités, avait été honoré de cette charge, que plusieurs gentilshommes et vieux soldats se fussent trouvés bien contents de posséder, lesquels néanmoins n'en furent jaloux, la voyant donner à celui-ci qui la méritait bien. Cette brave compagnie de cavaliers, sans aucuns carabins ni gens de pied, s'acheminèrent vers Pontivy, étant à une demi-lieue près un pont proche du bourg de la Houssaye, de grand jour, pouvant atteindre Pontivy avant la nuit, ce que le sieur de Kercourtois, leur capitaine, voulait. Mais ils n'y voulurent obéir, disant que chacun n'avait pas d'argent pour vivre en hôtellerie et qu'il ne leur coûterait rien aux champs. Ainsi se logent en un village, au bout du pont du côté de l'occident, ayant mis leurs sentinelles à cheval assez loin de l'autre côté du pont, et ailleurs sur les avenues, ainsi que le demande la discipline militaire, et se reposèrent cette nuit. 

Le lendemain matin, la sentinelle d'au-delà du pont n'était pas levée dans le temps précis, étant demeurée plus de deux heures en faction, voyant qu'il était grand jour, s'en retourna de sa propre autorité, retrouver le gros audit village, où elle trouva la compagnie, partie levée, partie qui se levait ; les autres se promenaient par le village en leurs bonnets de nuit, sans aucune crainte de l'ennemi, qu'ils avaient bien ouï dire qui rôdait bien souvent en ce pays-là. Il n'y avait pas un de tous qui eût eu le soin de s'armer, hors ledit Kercourtois qui avait la cuirasse endossée. La sentinelle ne fut pas plutôt jointe au gros, que voici arriver le sieur de Camors, l'un des frères du sieur de Quinipily et Grandville, avec six ou sept cents hommes, tous arquebusiers qui ne furent jamais aperçus, quoiqu'ils suivissent la sentinelle pas à pas et se hâtèrent à s'emparer du Pont, et commencent à coups d'arquebuses, à chasser les Conquernois qui courent à leurs chevaux, mais ce n'était pas pour faire ferme, mais pour s'enfuir comme des lâches. 

Le sieur de Kercourtois avait de belle heure pris son cheval, et avant aucun autre se présente seul sur le pont, et à grand coup d'épée les fait reculer. Les arquebusades pleuvaient sur lui comme la grêle, mais aucun coup ne porta, aussi avait-il un cheval qui se maniait des mieux ; et ne cessait de crier à ses compagnons : Çà, çà, mes amis, à moi, courage ; voici une belle occasion d'acquérir de l'honneur. Mais pas un de la compagnie ne voulut rendre combat, s'enfuirent tous, laissant leur capitaine engagé au combat, qui avait en bien faisant donné tout loisir de prendre les armes et chevaux ; et s'ils eussent été gens de bien et de courage, Camors et sa troupe eussent été défaits sans doute. Kercourtois se fut sauvé cent fois pour une s'il eût voulu, mais plutôt la mort. Il s'opiniâtra tout seul à la défense de ce pont, pensant que ses gens qu'il voyait s'enfuir, confus de honte de laisser leur chef à la boucherie, se fussent ralliés et fussent revenus, après s'être un peu rassurés, le secourir ; mais en vain, il fut abandonné de tous. Or, voulant encore faire un dernier effort pour chasser au-delà du pont, s'avança de furie, et par malheur son cheval eut un des pieds du derrière entre deux planches du pont et tomba sous lui. Dans le moment, accourut un soldat et lui donna, au défaut de la cuirasse, de son épée au travers du corps, et lors il se rendit. Le sieur de Camors l'ayant reconnu pour être le sieur de Kercourtois, le regretta beaucoup et pleura son désastre, et ayant pris parole de lui que s'il retournait à convalescence le viendrait trouver comme son prisonnier, le laissa aller vers Hennebond avec son gentilhomme et laquais ; mais il n'alla pas une demi-lieue qu'il ne trépassât à cheval, sur celui même qui avait combattu. Son corps fut rendu à Quimper et enterré aux Cordeliers avec une grande magnificence et beaucoup de pleurs de toutes sortes de gens, car il était fort aimé. Or, sitôt que les soldats eurent le pont libre, ils coururent tout le village où ils trouvèrent encore les députés de Quimper qui n'avaient pu fuir en pensant qu'en payant rançon ils en seraient quittes, et que la commission paierait tout. Ils furent pris ; ils étaient trois : celui du clergé était chanoine de Quimper, nommé Jean de la Garenne qui ne manquait pas de courage comme il l'avait fait souvent paraître en bon lieu avant d'être attaché au bréviaire ; l'un de ceux des bourgeois s'appelait Guégant ; l'autre s'appelait le Guirieuc de Bonescat. Etant pris, ils furent donnés en garde à deux ou trois soldats pendant que les autres fouillaient le village, et la cavalerie suivait les fuyards qui se sauvaient à Pontivy. La Garenne voyant qu'ils n'avaient que leurs gardiens autour d'eux, dit à ses deux autres compagnons, en langage breton : Y a-t-il pas moyen de nous sauver des mains de ces coquins ? Guégant lui répond : Quel moyen ? ils nous tireront à coups d'arquebuses, et s'ils nous reprennent, ils nous tueront ; il vaut mieux payer rançon que de mourir de leurs mains. La Garenne ne répliqua rien à tant de langage non entendu et fort suspects aux soldats qui les gardaient ; mais, sans prendre aucun avis, prend son temps, et tout-à-coup un grand coup de poing dans le côté de l'un des soldats et un autre à l'autre qui était à son autre côté, les jettent par terre, et à celui qui était devant lui le bouleverse aussi par terre pareillement, le tout en un instant, et saute tout botté et éperonné dedans la rivière qui était auprès et guéable, et passe de l'autre côté. Les soldats s'écrient que les prisonniers s'échappent, dont voici une troupe qui arrive, qui accompagnent les fuyards d'une grêle d'arquebusade, mais pas un coup ne porta et ils ne suivirent pas plus loin les prisonniers qui se sauvèrent à Pontivy. Peut-être ne savaient-ils pas que c'étaient des députés comme ils surent après. Ledit la Garenne, par son évasion, gagna trois ou quatre mille écus au clergé de la Cornouaille, qu'il eût payés pour sa rançon. 

Voilà ce qui arriva à la garnison de Concarneau, qui à la vérité tenait lors le parti du duc de Mercoeur, quoique Lézonnet eût déjà arrêté dans son esprit de tourner jacquette, ce qu'il exécuta tôt après. Et possible que Dieu qui savait son dessein, le punissait déjà de sa perfidie. Toutefois, la honte fut plus grande que la perte ; car encore qu'ils fussent plus qu'assez forts pour défaire leurs ennemis qui n'avaient guère que de l'infanterie, en pays découvert, la cavalerie en eût eu bon marché, si le chef eût été suivi comme ils le devaient faire ; mais ils se montrèrent si lâches que pas un n'eut assez de courage d'assister son capitaine en ce besoin, sans lequel ils eussent été tous tués ou pris, au lieu desquels lui seul demeura. Cependant beaucoup d'eux, à les entendre parler, avaient bien du courage et eussent attaqué un César tout armé, mais au fait n'avaient que du vent. 

Le sieur de Lestialla (Note : Nous avons déjà dit que le sieur de Lestialla, qui se sauve toujours, se nommait Charles le Heuc), cousin du sieur de Kercourtois, et qui avait plus de sujet de l'assister, tourna les talons des premiers, comme il avait fait quelques années auparavant à Plestin, près Morlaix, quand l'arrière-ban de Cornouaille fut défait par la garnison de Tonquédec, en 1590, comme nous avons dit ci-dessus. Kercourtois paya l'écot pour tous, et en bien faisant, au dire même de son ennemi qui ne l'avait jamais connu que par réputation. C'était un gentilhomme rempli de belles qualités entre la noblesse et plus parmi les gens de guerre ; vaillant de sa personne autant qu'autre le pouvait être ; discret, parlant peu, mais bien à propos ; ne jurant jamais ; ne s'adonnant pas aux femmes comme la plupart des autres recherchent si curieusement ; ne manquant de remplir son devoir de bon chrétien, jeûnait le carême, même à la campagne, ce qu'il faisait quand il fut tué, qui fut la semaine devant Pâques, le jeudi absolu ou le jour de devant. Mais il semble que Dieu le voulait à lui, le trouvant disposé à jouir de la gloire éternelle. Il laissa sa veuve, dame des Salles et de Kercourtois, bien désolée, avec une seule fille, héritière d'un beau bien, en fort bas âge, qui depuis épousa un conseiller au parlement de Paris, fils aîné de la maison de Bragelonne (Note : D'après Moréri, la maison de Bragelonne, si ancienne dans la robe à Paris, descendrait d'un fils puîné de Landry, comte de Nevers et d'Auxerre, et de Mathilde de Bourgogne-Comté. Marguerite du Dresnay, dame de Kercourtois, près de Carhaix, fille du héros dont nous venons de lire la mort, épousa Claude de Bragelonne, président aux enquêtes du parlement de Paris. Il en eut une fille unique, qui épousa Claude le Jacobin, conseiller au parlement de Bretagne. Son frère cadet, Martin de Bragelonne, sieur de Reuvillon, qui avait été d'abord destiné à l'état ecclésiastique, épousa la belle-mère de son frère, Julienne de Coatanezre, dame des Salles, près Quimper. Il n'en eut qu'un fils, Claude de Bragelonne, qui fut tué à Quimper, en 1643, à l'âge de 22 ans. Il paraît que ce fût en duel, mais nous n'avons pu en trouver ni la cause ni les détails. Ces deux frères Bragelonne étaient d'une branche cadette de la maison de ce nom), l'une des plus anciennes familles de la ville, et sa mère, Julienne de Coatanezre, épousa le frère puîné de son gendre.

(M. le chanoine Moreau)  

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