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LA MAISON PREBENDALE SAINTE-ANNE DE LESNEVEN

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Une des deux maisons précédemment indiquées porta, jusqu'à la Révolution, le nom de « maison prébendale ». Il en est fait mention dès 1463. A cette date, elle était dite située entre hôtel Even an Hesquenneur et hôtel Hervé Bourhis, ferrant d'un bout sur le grand chemin qui va de Kergoniou à Notre-Dame, et de l'autre sur la douve du château. (Ce n'est qu'au siècle suivant que la rue sur laquelle elle donnait, prit le nom, conservé depuis, de rue de Jérusalem). Cet immeuble passa successivement aux mains de Geffroy Le Scaff, d'Hervé de Kermellec, et de Jehan Restou. Guillaume de Kersauzon s'en étant rendu acquéreur en 1485, au nom de Guillaume du Châtel, sieur de Lescoet, ce dernier en fit don aux gens du Collège [Note : Le 24 Novembre 1468. Even an Hesquenneur vend aussi à Guillaume du Châtel, pour le prix de 4 écus neufs, un hôtel avec ses franchises et largesses, situé entre l'hôtel dudit seigneur de Lescoet, et la maison de Jehan Le Gluidic, ouvrant par devant sur la douve d'icelle notre ville, avec un jardin vulgairement appelé Liorz Don, entre le fenier au sire de Coatquenan et la terre Paul Gouzillon. (Le dit Jehan Le Gluidic était un marchand de drap de Lesneven.— En 1493, nous trouvons un Alain Le Gluidic, receveur des fouages de l'Evêché de Léon. « D'argent à 3 clefs de gueules en pal ») ]. Ce fut, on le verra, un véritable nid à procès.

Les seigneurs du Châtel baillèrent aussi aux chanoines des terres et héritages en Plounéour-Trez, Lesneven et Elestrec. Pour cette dernière paroisse, en particulier, la donation comprenait diverses parcelles au lieu noble de Kerbriant (où les chanoines de Trémazan avaient aussi reçu des possessions). Lesquelles chapelles, maisons, jardin, courtils et terres à Kerbriant, étaient quittes de charges, rente et cheffrente vers Sa Majesté, et (le Collège) les tenait en fief amorti sous sa juridiction de Lesneven, sujets au serment de fidélité, et à la contribution de la censive due au Roy sur ladite ville, et à la charge de dire chacun an, le jour de la Saint-Louis, le verset : « Domine, salvum fac Regem » (Lesneven, Archives de Saint-Michel).

Avant de poursuivre cette déclaration de missire Jean Prigent, signalons quelques autres contrats concernant la collégiale. Le 4 Avril 1481, maître Parcevaux de Kernechquerault, par contrat signé H. Kéranrays et O. Lescoet, vendit pour 70 livres monnaie, à Charles de Lescoet [Note : En 1485, Charles de Lescoet est dit être un des exécuteurs testamentaires de Guillaume du Châtel, en son vivant sieur de Lescoet (Archives de Saint-Michel)], une rente de 70 sous due sur le cimetière de Saint-Michel, et au même acheteur, par contrat du 9 Mai 1482, 50 sous de rente sur des héritages, spécialement aux lieux de Lescoet et Kernechquerault. Cet acheteur, Charles de Lescoet, délaissa cette rente aux gens du collège. Quant au vendeur, maître Parcevaulx de Kernechquerault, il mourut sans enfant et eut pour héritier son frère Jehan, dont la fille Marguerite Parcevaulx épousa Jehan Clocheur, sieur de Measgourin. Leur fils aîné, Jehan, eut lui-même pour premier né un sieur de Kernechquerault et de Lescoet, demeurant en Ploemorn (Plouvorn), et qui est dit avoir payé pendant vingt ans la rente en question plus haut. Mais en 1544, « pour plusieurs raisons prolixes à réciter », il essaya de se dérober à cette charge. Une transaction termina le procès que lui firent, à cette occasion, les chanoines de Saint-Michel. En la personne de son frère Jacques de Kernechquerault, il s'engagea à payer 14 livres aux gens du Collège représentés par missire Gilles Godeuc [Note : A la session extraordinaire des Etats à Nantes, en 1539, pour la discussion et publication de la coutume de Bretagne, on trouve missire François du Fou, Doyen du Folgoat, et missire Gilles Godeuc, procureur de l'Evêque de Léon, Christophe de Chavigné, d'Hamon Barbier, Abbé de Saint-Mathieu, et des chanoines de Lesneven (Documents sur les Etats de Bretagne, par M. Calan de la Lande). Le 5 Juillet 1540, ce Gilles Godeuc, chanoine de l'église collégiale de Lesneven, procureur du Chapitre, fait aveu au Roi pour les terres et héritages tenus par le Collège], recteur de Languengar, demeurant à Kerlouan. Contrat fait et gréé en la maison de Marie du Poulpry, à Lesneven (Lesneven, Archives de Saint-Michel).

Le 14 Février 1581, Marie Barz, veuve de Jehan Le Jar [Note : Il y a un Jehan Le Jar, avocat à Lesneven, en 1580 (Kerdanet)], demeurant en la trève de Trefloumezan, en la paroisse de Ploudaniel, vendit à Michel de Keranguen, capitaine de Lesneven, pour le prix de neuf écus d'or sol., une vieille masure à apparence de maison située en ladite ville de Lesneven, entre terre du collège et le chemin menant au lieu du Cosquer, sur la rue dite de Jérusalem, à charge de payer 10 sols de rente chacun an, aux gens du Collège (Lesneven, Archives de Saint-Michel).

Revenons au dénombrement et déclaration des biens de la collégiale par missire Jean Prigent (1684).

9 livres sur une maison rue Notre-Dame, due par les héritiers de maître Nicolas Chauvel [Note : Syndic en 1673 et député aux Etats de Vitré. Avait épousé Anne Balaznant, le 16 Août 1646. C'est sans doute son fils, Louis Chauvel, sieur des Isles, avocat, qui fut tué le dimanche soir, 5 Octobre 1692, par un enseigne nommé Bareil, de la compagnie de Villeray, en logement dans la maison du sieur Gellart père. Il y avait en ce moment à Lesneven un cantonnement de 150 hommes des compagnies de marine qui, non seulement étaient pour les habitants une fort lourde charge, mais qui traitaient la ville en pays conquis, s'y faisant redouter par leurs désordres et violences]. (La dite maison avait précédemment appartenu à François de la Haye).

6 livres sur une maison rue du Mur, par les héritiers du sieur de Trégouinec Huillart.

12 livres de rente censive, par les Ursulines sur leur établissement rue du Mur. (Cet immeuble avait jadis appartenu aux sieur et dame de Pontrini Desportes, puis au sieur de Coatspern.) En 1790, il est dit que les Ursulines ont construit leur parloir et la maison des dames pensionnaires, sur cette rue du Mur.

18 sols sur une maison rue de Jérusalem, par Goulven Kéranmoal, sieur du dit lieu, cause ayant de feu maître Yves Le Guen, sieur de Keradennec [Note : Syndic en 1620. Epousa Françoise de Coetnempren. Par testament du 1er Avril 1632, ils donnèrent 15 livres de rente à Saint-Michel, à charge de célébrer un obit et service annuel à la Saint-Michel, plus 30 livres pour une messe chantée chaque samedi en l'honneur de la Sainte Vierge, sur le grand autel de la dite église paroissiale. De plus, 30 sous de rente à la confrérie des Cinq Plaies. Le dit Le Guen légua aussi 60 livres, pour aider à clore le cimetière suspect et y bâtir une chapelle en l'honneur de Messieurs Saint Roch et Sébastien. Dans l'inventaire des ornements de Saint-Michel en 1668, on relève un ornement chargé des armes du dit sieur de Keradennec. Une de ses filles, Guillemette, devint dame douairière de Kerbiriou. Elle compléta le legs paternel au sujet de la grand'messe, insuffisamment arrentée du samedi, et le 21 Octobre 1667, elle délaisse à cette fin « des héritages en Plonéour-Trez, quittes de toutes charges, même de la grande dîme du Folgoat, laquelle sera payée à la décanie sur d'autres héritages au terroir de Trebesre, en la dite paroisse de Plonéour »].

15 sols sur une maison rue de Jérusalem, rente due par le sieur de Kervistin Le Dall [Note : Guy Le Dall, sieur de Kervistin, avocat. Epousa, le dimanche 9 Octobre 1651, une demoiselle de Saint-Renan dont le nom n'est pas indiqué sur le registre des mariages. En 1663, un Guy Le Dall est procureur des Reguaires à Saint-Pol].

13 livres de rente due sur les garennes dites des Chanoines, par demoiselle Renée Bleinhant, dame de Launay Marion [Note : Charles Marion, sieur de Launay, natif de Brest, avocat. Epousa, le lundi 12 Février 1652, Renée Bleinhant, de Lesneven, dont il eut neuf enfants. Syndic en 1666 et, cette même année, député aux Etats à Vitré ; puis aux Etats à Nantes en 1667. On le trouve comme aide-major dans le détachement des 100 hommes de milice levés en Mai 1674, et touche de ce fait 1 livre par jour (Archives Départementales, Fonds Barbier de Lescoet. Garde-côtes). Fait partie des Directeurs de l'hôpital de Lesneven, en 1679].

18 sols sur une maison rue Notre-Dame, par Claude Gellard, procureur.

36 livres sur le lieu noble du Chef du Bois Boudic, situé en la paroisse de Saint-Michel et en celle d'Elestrec, par les sieur et dame de Saint-Ellouarn.

6 livres sur le lieu et manoir de Landeguiach, en Plonévez, appartenant à M. de Lanrivan Philippe, de Quimper, en raison de son mariage. Le Sénéchal, Sébastien-Corentin de Moelien, sieur de Tronjoly, acquit ce bien vers 1696. De 1698, où la collégiale cessa d'en percevoir la rente, juqu'au 7 Août 1754, le collège fut en procès pour le dit bien. Alors, dame Marie-Malone-Yvonne de Tréanna, dame de Moelien, femme de Vincent-Guillaume de Moelien, consentit à transiger et accorda 1.400 livres aux chanoines. Ce fut le crédit de M. de Moelien, conseiller au Parlement de Bretagne, qui fit ainsi traîner les choses en longueur.

6 livres, sur le lieu et manoir noble de Keradennec, en Plonéour-Trez, par le sieur de Keradennec Silguy.

3 sols sur Parc-an-Croas, au bout de la rue du Four.

40 sols sur un pré au sieur de Chef de Létang Le Dall, en l'enclos de Feunteunméan.

24 sols sur l'enclos acquis par Pierre Sodérou au haut bout de la rue Ségalen (y habitait en 1790, Guénolé Le Gall, sieur de Kermorvan). Il s'agit d'une propriété jadis appartenant à une dame douairière de Carné qui l'avait vendue à Jean Le Nobletz, sieur de Kérignon, Tréguelier, Mescanton, etc., lequel l'avait lui-même léguée aux chanoines de Sainte-Anne. Ce Jean Le Nobletz était le frère du saint missionnaire. Substitut du procureur du roi, à Lesneven. Né en 1570. Appelé au service de la garde-côte en 1637, il répond par une lettre en date du 27 Mai, où il déclare être le neuvième juveigneur de la maison de Kerlodern, et n'avoir eu pour tout partage que la neuvième partie en terre de la succession de ses père et mère, notre coutume donnant les deux parts aux aînés nobles, en considération qu'ils sont obligés de servir le roy au ban et arrière-ban, et que, pour tout bien, il n'a que 60 écus de rente avec quatre enfants à entretenir, et est âgé de 67 ans, homme caduc et valétudinaire, n'ayant monté à cheval depuis quatre ans à raison de son indisposition, et n'a pour toute arme qu'une épée, laquelle il désire employer et sa vie, au service du roi et la défense et la conservation de sa patrie (Archives Départementales, Fonds Barbier de Lescoet. E. Milices et garde-côtes).

Il épousa Marie de Kergadiou.

Il fut enterré le 25 Mai 1654, au choeur de Saint-Michel, dans une tombe appartenant à Mme de Coatanfao, à cause de sa terre de Morizur, du côté de l'Epître, plus bas que le balustre du grand autel, contre la muraille costière, sous le banc dessus posé.

Sa fille aînée, Claude, épousa, en Février 1650, Jean-Urbain de Carné ; une autre fille Louise, se maria à Jean de Kerouartz, seigneur de Lamotte et de la Villeaubray, demeurant au manoir de Lamotte, en Lannilis (Archives Départementales, E. 473).

7 livres 4 sols sur le lieu et manoir de Crechquerault (on a vu plus haut cette donation), appartenant à messire Joseph de Kerhoant, seigneur de Morizur, ou à son frère aîné, le seigneur de Coatanfao.

4 livres 10 sols sur le manoir de Landéda, proche ledit bourg, aux seigneurs du Châtel, transporté par lesdits fondateurs aux chanoines.

12 livres sur le lieu noble de Kermoné-Bian, en Plounéour-Trez, acquis des sieurs de Tréornou Kerdaniel.

6 livres sur le lieu noble de Kerbrat Fontenay, appartenant au sieur de Kerbrat.

Plus de nombreuses pièces de terre, en Lesneven, Elestrec, Kernilis, etc.

Dans un autre aveu fourni au roy par le doyen des chanoines, Jean Le Gall, le 28 Janvier 1667, il est, en outre, fait mention de 200 livres, sur le lieu noble de Kernahellan, en Ploudaniel, plus de 2 livres de cire.

192 livres sur le lieu de Poulloupry, en Saint-Méen, trève de Ploudaniel ; plus 2 livres de cire. Ecuyer Guillaume du Châtel, seigneur de Lescoet, avait acheté ce lieu à Jehan Rochuel, le 1er Janvier 1465.

117 livres sur le lieu noble du Creach, en Ploudaniel ; plus 2 livres de cire.

132 livres sur le lieu noble de La Pallue, en Cléder, par missire Yves Pilven, prêtre, et sa soeur.

210 livres sur le lieu noble de Kerbriant, en Elestrec ; plus 2 livres de cire.

108 livres sur le lieu noble de Saint-Gildas, en Saint-Frégan ; plus 1 livre de cire.

72 livres sur le lieu de Kerouant, en Ploudaniel ; plus 1 livre de cire.

12 livres sur le lieu et manoir de la Bouexière, au terroir de Pont-du-Châtel, en Plouider.

23 livres sur le lieu et manoir de Kercham, au bourg de Berven, en Plouzévédé, dues par Pierre Guillaume, sieur de Poulfancq.

6 livres sur le lieu noble du Rest, en Guissény, par un sieur Le Jacobin de Keramprat, puis par un sieur de Keradennec du Plessix.

18 livres sur le lieu et manoir noble de Keroufil, en Guiclan, au sieur du Plessix ; plus tard, au sieur d'Argentré, de Vitré.

12 livres sur le lieu et manoir noble de Tréornou, en Lambézellec. (On donnera, plus loin, quelques détails relatifs à cette possession).

10 livres 1 sol 6 deniers sur le lieu et manoir noble de Kerangar, en Lannilis, à la douairière de Coatjunval ; plus tard, à une dame de Arles.

18 livres de rente dues par le marquis de Thymeur (pour les seigneuries du Breignou et de Kermelegan).

5 livres 2 sols sur le lieu de Kerenscars, en Irvillac.

7 livres 4 sols, sur le manoir de Kerautret, au seigneur de Coatanfao.

5 livres 5 sols 8 deniers sur le lieu de Coateven, en Plouvorn. En est propriétaire, en 1740, un sieur de Lesurec.

69 livres sur deux maisons jadis situées en la rue du Masson, à Lesneven, rente à présent transférée sur le lieu de Penanech, en Goulven.

En 1790, la déclaration des officiers municipaux de Lesneven reproduit une liste à peu près semblable des biens du Collège. On y trouve, de plus : 6 livres sur le manoir de Kergoff, en Guissény, dont le propriétaire est Gabriel-Bonaventure du Plessis dit Kergoff.

27 livres de rente due par M. de Lesguern Kervéatoux, en vertu d'un contrat du 30 Mars 1720.

15 livres dues par Miorcec de Kerdanet, acquéreur du lieu de Créachgallic, en Goulven.

D'après cette pièce, les biens du Collège, au 20 Février 1790, atteignent 1.665 livres (Archives Départementales, 11 G).

Un relevé du 10 Messidor an V (Archives de Saint-Michel), indique aussi 25 livres de rente sur le manoir du Rohou, en Plouescat.

Procès au sujet de la Maison Prébendale. — Cette maison fut loin de ressembler aux peuples heureux qui n'ont pas d'histoire. Car si, au cours des âges, les sieurs du Collège en tirèrent bien des écus, ils y trouvèrent également pas mal de soucis. Ainsi en 1624, l'immeuble, jusque là loué pour 30 livres par an à un sieur du Mesmeur, se trouvait être quasi en ruines. Les chanoines, Jacques Le Moyne, sieur de Kerellé [Note : Demeurait au manoir de Porlec'h. en Trégarantec], François Pochard, Louis Mercier [Note : Mort le 30 Août 1636], Bodénès et Paul Lhostis [Note : Résidant au Folgoat, mort le 25 Janvier 1638], avec le bon plaisir du seigneur Henry de Gondy, duc de Retz, Beaupreau, du Châtel, etc., transportèrent leur propriété à Christophe Cadrouillac, sieur de Lanozrec [Note : Procureur. Maître ès arts. Administrateur de l'hôpital, de 1620 à 1623. Syndic de la ville en 1642. — Le registre des décès de Lesneven indique, à la date du 13 Mars 1649, la mort de Mauricette Cadrouillac, fille dudit sieur de Lanozrec, et, le dimanche 12 Août 1652, de Gillette Cadrouillac, dame de Coetquenec], à charge pour ce dernier de payer 33 livres par an.

Moyennant une dépense de plus de 5.000 livres [Note : Voici un aperçu des prix courants de l'époque : La toise de maçonnage, 20 sous, plus 5 livres par toise pour « la main de l'ouvrier ». Le sommier de chêne mis en place : 24 livres. Le soliveau : 50 sous. La planche de sapin : 24 sous. La marche d'escalier mise en place : 3 livres. Le millier d'ardoises rendu sur les lieux : 20 livres. Le millier de lattes : 6 livres. Le millier de clous : 24 sous. La barrique de chaux : 6 livres. La charretée de mortier : 20 sous. La charretée de foin : 1 écu], tout fut remis en état par l'acquéreur qui, au surplus, paya régulièrement sa redevance à la collégiale. Mais les chanoines ne tardèrent pas à regretter leur contrat de cession et se mirent à revendiquer, pour l'assurer à l'un d'entre eux, « cette maison belle, grande et commode pour loger les gens du Collège, à quoi elle était destinée ». Au milieu de la lutte judiciaire qui s'en suivit, avec tout l'appareil d'une procédure des plus compliquées, ils imaginèrent de faire clore les deux rues sur lesquelles donnait la maison prébendale, à savoir : 1° le chemin conduisant à Saint-Maudetz et au cimetière suspect, pour, de là, continuer sur Morlaix, au travers duquel fut bâti un mur, si bien qu'en 1652, la procession traditionnelle de Pâque fleurie ne put y passer ; 2° le chemin menant par la perière (carrière), du Roy, à Languengar, Plouider, etc., où on planta « une pierre bornale d'une grandeur exhorbitante et au mitan de la rue et qui usurpait la moitié d'icelle ».

Toutefois, on ne put ou on ne voulut pas expulser en fait Christophe Cadrouillac, qui décéda en cette maison en 1669. Mais déjà, depuis une vingtaine d'années, il n'en était plus que simple locataire. En raison, sans doute, d'une situation d'affaires peu brillante, François Cadrouillac, sieur du Mesguen, demeurant à Guissény, mari de Jeanne du Bourg, Marie et Jeanne Cadrouillac, tous enfants du dit Christophe Cadrouillac, avaient, en 1649, par un contrat peut-être fictif, vendu pour 600 livres, la maison prébendale, à Guénolé Rolland, de Guissény. Puis, à la mort de leur père, ils préférèrent en délaisser la succession. De son côté, Rolland Guénolé transporta ses droits aux créanciers de la famille Cadrouillac. De sorte que les chanoines, dans leur revendication, eurent pour adversaires, Olivier Larvor, sieur de La Haye [Note : Avocat. Epousa dame Renée Noël, le 21 Juillet 1641. Dans la séance de la communauté du jeudi 1er Janvier 1654, les habitants choisissent ledit Larvor pour syndic, en remplacement de François Ponce de la Villeneuve, qui vient d'être trois années en charge. Guillaume Le Clerc, sieur de Goasquellen, remontre que les règlements s'opposent à cette élection, car le nouveau syndic serait le beau-frère du précédent. Néanmoins, les habitants passent outre, et de même feront semblable choix, le dimanche 31 Décembre 1656. En 1652, se trouvant déjà à Rennes, Olivier Larvor est prié de représenter la communauté de Lesneven aux Etats de Fougères. Par la suite, on le députe encore : à Vitré, en 1655 ; à Nantes, en 1657 ; à Saint-Brieuc, en 1659. Sergent de la milice dans l'escouade verte, en 1665. Administrateur de l'hôpital, 1666-1671. Mourut en 1673. Sa fille aînée, Isabelle, épousa écuyer François Le Veyer, sieur de Nevent, dont elle n'eut pas d'enfants. Par son testament, 3 Avril 1684, elle légua le tiers de ses immeubles, moitié à Saint-Michel, moitié à l'hôpital], et Olivier Gellart, huissier [Note : Il eut pour fils Claude Gellart, sieur de Menhoignon, procureur en la Cour. Tous deux demeuraient rue Notre-Dame], « gens de plume et fameux praticiens, par lesquels les sieurs chanoines, n'ayant d'autre défense que celle de leur bréviaire et culte divin, furent fort molestés et vexés de chicane ».

Finalement, le procès engagé en 1652 se termina en 1680 par où on eût pu commencer : par un accord. Les chanoines précédemment condamnés à payer 1.693 livres, s'arrangèrent pour désintéresser Gellart, en lui cédant 300 livres, plus un parc au terroir de Maubleiz et deux parcelles de terre au terroir de Menhoignon, en Plounéour-Trez, relevant du proche fief du roi, pour en payer 33 livres par an.

Quant au sieur de Nevent et sa femme Isabelle Larvor, ils reçurent 382 livres, moyennant quoi les chanoines redevinrent propriétaires, sinon possesseurs paisibles, de leur maison prébendale, jusqu'à la Révolution.

Nous pouvons indiquer comme locataires, à diverses dates, de cette propriété collégiale :

Jehan Le Brunec, 1573. La location est alors de 11 livres. D'autre part, il est dû sur la dite maison, 25 sous pour les censives de la ville.

Un sieur de Mesmeur, 1624. Christophe Cadrouillac, 1624-1673. Après lui, une de ses filles, dame de Pennanquear. Jean Guirriec, chanoine, 1678-1685. Les sieur et dame de Saint-André Labrisse, 1726. Leur succèdent César de Puyferré et Françoise de Kerguern, sa femme ; le loyer est de 135 livres par an.

Le 12 Juillet 1731, le Chapitre accorda à l'un de ses membres, le sieur René Lescop, bachelier en théologie, la moitié de la maison prébendale, à raison de 100 livres par an. (Ce sieur Lescop ne semble pas avoir été un chanoine d'une régularité bien exemplaire. En 1729, le Chapitre est unanime à le « modérer » pour deux mois, en raison d'absences trop fréquentes, et à se plaindre que ledit Lescop ait brigué et capté l'annate et cure d'office de Kernouez, à l'insu du Collège ; aussi se réserve-t-on de le pointer comme il conviendra, attendu l'incompatibilité des deux bénéfices qui, tous deux, exigent résidence et présence actuelle. En 1730, pour absences fréquentes et presque journalières du sieur Lescop, on le pointe encore pour deux mois. En 1742, les chanoines portent à 120 livres le prix de location imposé au sieur Lescop, lequel accepte en principe, sauf à chercher ensuite des compensations. En effet, le 21 Juillet 1744, les chanoines se plaignent que leur collègue affecte de ne pas assister à leurs offices, n'acquitte pas les messes portées par la fondation de la collégiale, sous prétexte que le loyer, qu'il ne paie pas d'ailleurs depuis deux ans, excède les revenus de sa prébende dont, à l'entendre, il n'aurait même rien perçu depuis douze années).

Par suite, nous trouvons à la maison prébendale : Louis Brichet, sieur du Mouster. Puis, Goulven le Melloc, chanoine, qui, après douze ans d'habitation, résilia son bail avec le Chapitre, lorsqu'il fut, en 1773, nommé recteur de Guicquelleau. — Location, à cette époque : 135 livres, plus l'acquittement des tailles, fouages et censive [Note : Pour ce qui est des censives, disons qu'il y en avait de trois sortes à Lesneven : 1° la grande censive ; 2° la censive du bois ; et 3° la censive de Quiranlem, en laquelle étaient comprises les terres depuis l'hôpital jusqu'au manoir de la Salle ; en étaient exempts, les manoirs de la Salle, de Lescoat, de Kergoniou, et les lieux de Poulbriand et de Menizgoalen. L'hôtel Henry Le Moyne était aussi exempt de la grande censive. Mais en 1680 (voir délibérations de la Communauté, le 14 Mars), on semble ignorer où était cet hôtel. L'établissement du précédent rôle du grand cens remontait, en effet, déjà assez loin : à l'année 1629].

Cette résiliation fut une bonne affaire pour le Collège qui trouva à louer son immeuble pour 150 livres à François Jarossier [Note : Trésorier de Saint-Michel, 1769-1771. Avait épousé Mauricette Autret], chirurgien juré, avec défense de sous-louer à « charcutier, distributeur d'eau-de-vie et maître d'école ». Puis, Yves-Jean Brichet, chanoine, 1780. — Enfin, en 1787, les chanoines afferment leur immeuble pour neuf ans, à raison de 200 livres par an, à Yves-Noël Paul, maître d'école, et Catherine Lorlach, sa femme, lesquels, à l'expiration de leur bail de neuf ans, devront laisser dans le jardin, 74 arbres fruitiers.

Litiges concernant Tréornou. — Le 7 Septembre 1582, Jehan Kerdaniel, recteur de Lambézellec et y demeurant, chanoine de Sainte-Anne de Lesneven, vendit au Chapitre six parcs au terroir de Keroudault, en Lambézellec, tenus du fief du roy, pour 84 écus sol, payés en réalles et pièces de 4 écus ; sur lesquelles terres, le Chapitre percevrait une redevance annuelle de 4 écus.

Dès 1601, s'ouvrit l'ère de la chicane. Les chanoines prétendaient que feu Jehan Kerdaniel avait été douze ans receveur du Collège, mais n'avait rendu de comptes que pour six années, et qu'il aurait aliéné une partie du temporel. En conséquence, ils intentaient une action contre écuyer Yvon Kerdaniel, sieur de Tréornou et y demeurant, frère et héritier de leur ancien collègue. Ledit Yvon se rencontra à Brest avec l'envoyé des chanoines chargé de recouvrer toutes les pièces laissées par missire Jehan Kerdaniel. Là, le délégué des chanoines aurait tant provoqué l'écuyer au « nunc bibendum », que celui-ci, n'écoutant plus ni raison ni notaire, remit en masse et sans procès-verbal tout le dossier réclamé. Belle occasion pour les chanoines, de prétendre qu'il y eut rétention de certains actes. Le 20 Mai 1602, la comtesse de Chemillé, fondatrice à ce moment, de la collégiale, essaya un accommodement. Mais ce ne fut pas, en tout cas, de bien longue durée. Car en 1621, nous trouvons encore les chanoines aux prises avec écuyer Jean de Kerdaniel, fils de Yves, qui consent toutefois à payer la rente « depuis que écuyer François Gourio, sieur de Kerisquirien est receveur du Collège ».

En 1649, nouveau conflit avec Florent de Kerdaniel, prêtre, chanoine de Kersaint-Trémazan, gouverneur du gouvernement de Bodonnou, en Plouzané, résidant au bourg de Landunvez, chez Anne Quéméneur, son hôtesse fermière, où assignation lui est portée par Robineau, sergent de la juridiction et baronnie de Penmarch, demeurant à Saint-Frégan. La Cour de Lesneven donne gain de cause aux chanoines, le 22 Octobre 1649.

En 1668, la rente est encore payée par Guillaume de Kerdaniel, prieur de Coatméal, fils de Jean de Kerdaniel. Mais en 1676, Marguerite de Kerdaniel, héritière du dit prieur, prétend, devant les Plaicts généraux de la Cour, s'affranchir de toute obligation.

Après elle, nous voyons, comme propriétaire de Tréornou, Françoise Huon, qui épousa Gabriel Bouvent du Bois de la Roche, chevalier, lequel fournit au Chapitre de Les­neven, en 1698, une lettre recognitoire de la rente de 12 livres.

Mais en 1732, son fils et héritier, l'abbé André-Joseph de Bouvent, demeurant en son château de Commanna ou à Rennes, déclare « sincèrement ne savoir si la rente de Tréornou est féodale, censive, volante ou constituée, et ignorer le titre qui l'obligerait à la payer ».

Le 3 Novembre 1744, Jean-Marie de Kerguelen, abbé du Mendy, chanoine de Lesneven, fait signifier au dit abbé de Bouvent, déjà condamné le 22 Juin 1742, la sentence rendue contre lui le 24 Août suivant, et l'obligeant à payer 321 livres au Chapitre.

André de Bouvent a pour héritière une dame de Bouvent, décédée le 7 Octobre 1748, après avoir vendu Tréornou à un M. de Mazurier (Pennanec'h ?), qui le repasse à un sieur Robert, de Landerneau, lequel ne fit pas difficulté de reconnaître la redevance des 12 livres.

Par la suite, cette rente est dite due à l'hospice civil de Brest.

(Archives de l'Evêché).

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