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Les événements à Lannion en 1792-1793

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Quoiqu’il en soit, le conseil général, la population de Lannion subissent plutôt les événements du 10 août qu’ils ne l’acceptent. Le passage de la Royauté à la République passe à peu près inaperçu. Les élections à la Convention se font sans troubles à Lannion. Ici tous sont électeurs, le suffrage universel venant d’être décrété en une des dernières séances de l’Assemblée Législative. Mais il est à remarquer que les différents degrés existent toujours, qu’il y a toujours assemblée primaire et assemblée départementale des électeurs. Les députés des Côtes-du-Nord à la Convention seront MM. Couppé, Champeaux, Gauthier, Fleury, Girault, Guyomar, Giroust, Le Sage, Loiseau, Bourgeois, Chasles, Freminger, Dubusc.

Mais l’orage si longtemps tendu sur la tête de notre cité éclate enfin le 9 septembre 1792. Toutes les campagnes se révoltent et assiègent Lannion, défendu par sa seule garde nationale. Le premier jour elle repousse les hordes armées de fusils, de fourches, de bâtons, mais une nouvelle attaque s’annonce pour le lendemain. Toutes les villes républicaines avoisinantes ont envoyé du secours. Pontrieux ne peut rien, elle est attaquée en même temps ; Paimpol, Guingamp, Tréguier sont trop menacées ; mais Morlaix, Lanmeur, St Michel-en-Grève, Plestin, Penvénan se lèvent en masse, se joignent à la brave garde nationale de Lannion. La ville est attaquée par quatre points : St-Nicolas, Morlaix, Tréguier, Perros. Le tocsin sonne, on bat la générale, on hisse le drapeau rouge sur l’auditoire, tous ceux qui peuvent tenir une arme courent se battre aux faubourgs, les ménagères s’arment même de leurs broches et pincettes pour défendre leurs biens. L’ennemi est repoussé. La municipalité décide que ce sont les communes sur lesquelles se sont formés les rassemblements qui paieront les frais occasionnés par la résistance. Et quelles sont ces communes. J’en ai trouvé la liste en cherchant bien, et nous allons nettement voir ici quels furent sous la Révolution, les centres de réaction dans le Trégor. Ce sont : Servel, Brélévenez, Rospez, Quemperven, Coatréven, Camlez, Langoat, Minihy, Berhet, Mantallot, Prat, Cavan, Tonquédec, Coatascorn, Plouguiel.

Que voulaient au juste ces paysans armés ? Je croix être ici en face d’un mouvement social dont la direction aurait été accaparée par le clergé et la noblesse. Ils devaient leur dire ceci : Que vous a apporté cette Révolution ? Elle vous a promis la suppression de tous les droits féodaux et vous êtes encore à payer certaines redevances non encore abolies. La Révolution a été faite au profit d’une caste, de la bourgeoisie, du bourgeois qui vous dédaigne, et elle n’a rien fait pour le peuple. Il est avéré que dans nombre d’endroits, en Vendée par exemple, les ennemis de la Révolution tinrent ce langage aux populations ignorantes pour les ameuter contre les villes, mirent à profit la haine du paysan pour le bourgeois et calomnièrent la Révolution. Ce qui me porterait à le croire, c’est ce récit qu’une personne très âgée faisait il y a quelques temps, en breton, à un lannionnais, qui me l’a rapporté ensuite : «Je tiens ce que je vais vous dire de ma grand-mère qui assista à l’événement : les paysans armés de fusils et de bâtons arrivèrent par quatre routes. A St-Nicolas se trouvait M. Sollier avec un canon. Celui-ci s’avança au-devant des paysans. Les soldats lui dirent : « Mais vous allez vous faire tuer ». Il vaut mieux, répondit-il, qu’un soit tué que plusieurs ». Il s’avança donc vers le rassemblement et se tournant vers ses hommes dit : Si je baisse mon épée, vous tirerez un coup de canon en l’air, puis il demanda en breton aux paysans : Que voulez-vous, et ceux-ci répondirent : Ar houst guen ha gar dijuge milin (La paille blanche et le droit de moulin). Pauvre peuple, révolutionnaire, républicain sans le savoir et combattant ceux qui venaient lui apporter la Liberté.

La Convention ayant dans sa séance du 25 septembre 1792, décrété que tous les corps municipaux seraient remplacés, on procéda à Lannion à de nouvelles élections. Furent élus : Maire, le citoyen Daniel, procureur, citoyen Nayrod, officiers municipaux, Bobony, Despoiriers, Doucet, Chauvel, Marbaud, Le Bricquier, Guézennec ; notables, Gancel, Beaudour, Prigent, Le Coq, Beaudouin, Pillas, Daniel, jeune, Brichet, Prigent, jeune, Garlan, Sollier, Azemar, Geoffroy, Bricquier, jeune, Le Saux, Henry, Cadiou, Grégoire.

La municipalité, dans le courant de 1793, changea les noms des rues .

1° La rue des Capucins s’appelle rue de la Convention ;

2° La rue de Keriavily, rue de l’Unité ;

3° La rue des Augustins, rue des Sans-Culottes ;

4° Le pont St-Anne, pont des Sans-Culottes ;

5° Rue de Kermaria, rue des Subsistances ;

6° Halles au Porzmeur, Suzanne des Halles au Porzmeur, rue de l’Egalité ;

7° Place des Halles, place du Temple ;

8° Rue de St-Malo, rue de la Fraternité ;

9° Rue de la Rive, rue du Port ;

10° Place du Miroir, place de la Sentinelle ;

11° Rue partant de la place du Miroir à celle de l’Egalité, ruelle de la Sentinelle ;

12° Rue qui va de la place de la Réunion à Tréguier, rue de la Liberté ;

13° Rue à prendre de la place du Temple, rue de la Montagne ;

14° Du Pavé-Neuf au pont de l’Egalité, rue de la Révolution ;

15° Du quai à l’église, rue de la Raison.

Comme les campagnes continuaient d’être loin d’être sûres, la municipalité créa un comité de surveillance qui cessa de fonctionner aussitôt les troubles passés. Selon les prescriptions du Comité du salut public, elle prit des arrêtés contre les suspects, qui furent tenus d’assister à un appel nominal fait tous les jours aux Augustins et qui furent obligés à ne pas quitter la ville sans autorisation spéciale de la municipalité. Celle-ci ne faisait qu’obéir aux prescriptions du Comité de salut public et ne cherchait nullement à renchérir sur les mesures déjà très sévères. Elle distribuait largement les certificats de civisme.

En mai 1793, il fut fait appel à la garde nationale de Lannion, et cinquante hommes allèrent se battre en Vendée ; ils revinrent en juillet de la même année. En octobre, la levée en masse de toutes les gardes nationales de Bretagne fut décrétée, et tous les hommes valides de Lannion partirent se battre dans l’Ille-et-Vilaine contre la colonne de La Roche Jacquelain ; elle fut de retour en Nivôse.

Jusqu’ici il n’y a pas eu à Lannion de terreur, mais voici que, en mai 1793, les Girondins sont chassés de la Convention. La municipalité lannionnaise s’émeut et sur l’instigation des membres du district et du département, réclame la mise en liberté de son député Couppé. Je ne sais quelles suites furent données aux projets du directoire des Côtes-du-Nord d’envoyer à Paris une compagnie de fédérés pour protéger la Convention, mais en Pluviôse an II, Carrier arrive à St-Brieuc, et le conseil général de Lannion devient montagnard. Le procureur Nayrod est révoqué comme étant très clément, le notable Cadiou est destitué. Carrier est remplacé en sa mission dans les Côtes-du-Nord par le citoyen Le Carpentier, qui nomme agent spécial pour le représenter à Lannion le citoyen Despoiriers. Par leur impulsion, la culte de la Raison est établi au Baly, puis la municipalité envoie des félicitations à la Montagne à chacune de ses victoires politiques et militaires.

Ici s’arrêtent les registres municipaux, et là aussi j’ai été forcé de m’arrêter. Mais tranquillisez-vous, à aucun moment la Révolution n’a fait régner une grande terreur à Lannion. La guillotine n’y est venue qu’une fois. Elle fut, en l’an II, élevée sur le Marhallac’h, et servit à la mort de deux prêtres, Le Gall et Lageat, enterrés à la Retraite. Ils avaient été trouvés à Tréguier chez une personne qui les tenait cachés.

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