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Lannion au début de la Révolution

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En 1789, Lannion, la vieille cité, jadis fortifiée, fondée par les fugitifs de Lexobie sur les terres du seigneur Huon, avait une population de 4 300 habitants environ. Elle possédait quatre couvents : Kermaria, les Ursulines, les Augustins et les Capucins. Cela ne voulait pas dire qu’elle fût comme sa voisine Tréguier, une petite ville toute religieuse et ne vivant que par ses monastères. Renan nous dit lui-même que les raisons qui firent prendre Lannion, Pontrieux et Guingamp comme chefs-lieux de district à la place de Tréguier, sont que ces villes étaient plus bourgeoises.

Lannion avait un corps de Municipalité, était chef-lieu d’un bailliage avec juridiction criminelle ; elle possédait une brigade de maréchaussée. Les principaux monuments étaient le Baly, ses couvents, l’Auditoire qui occupait le centre de la place actuelle, et les halles à la place occupée actuellement par la poste.

Lorsque en Décembre 1789, on organisa les départements, districts, cantons et communes, Lannion me semble loin d’avoir été favorisée, bien au contraire. Les paroisses avoisinantes, érigées en communes, empiétèrent sur son territoire naturel , prirent ses faubourgs et la réduisirent à un espace fort resserré. Malgré les protestations successives du corps municipal de Lannion, en Décembre 89 et Janvier 92, Brélévenez fut érigé en commune ; les Lannionnais auraient voulu posséder deux paroisses ; le comité d’organisation ; le comité d’organisation des Côtes-du-Nord, nommé par l’Assemblée Constituante, n’en jugea pas ainsi. Il remarqua sans doute des différences historiques considérables dans la constitution des deux paroisses et spécifia qu'elles feraient deux communes différentes. Non contente de cela, ils adjoignirent à Brélevenez les faubourgs de Lannion appelés : Crechtanet, contenant 140 habitants ; Pors-an-Prat contenant 160 personnes ; Kervenno et Pen-ar-Stang en contenant à eux deux 180.

Buzulzo ne fut détaché de Ploubezre pour rentrer en Lannion qu’en Pluviôse an II, et en Messidor de la même année. Lannion réclamait toujours Pors-an-Prat et Kervenno à la commune de Brélévenez et Kerampont à la commune de Loguivy . Dans la suite du siècle, il fut fait droit à ces réclamations et il y a sans doute assez longtemps que les limites des communes sont telles que nous les voyons aujourd’hui, mais il n’en est pas moins vrai que pour cela les différents corps municipaux Lannionnais qui se sont succédé ont dû soutenir une lutte opiniâtre pour arriver aux limites naturelles.

Après les évènements de Juillet 1789, il est hors de doute que l’ancien corps de ville de Lannion fut dissous, car il y eut une municipalité provisoire de nommée, ayant à sa tête M. Daniel de Kerinou. Je ne vois aucun renseignement sur ce fait et n’ai pu trouver de données sur la composition de cette municipalité provisoire dont les pouvoirs prirent fin le 5 février 1790.

C’est cependant sous cette municipalité que se passa l’événement le plus important de toute l’histoire de Lannion, le premier acte révolutionnaire de Bretagne et le premier symptôme de contre-Révolution cléricale. Il est peu de personnes à Lannion qui n’aient entendu parler de la journée des blés. Mais personne n’a pu me donner sur elle de renseignements précis. Avant d’arriver à Lannion, j’avais autant de détails qu’aujourd’hui. C’est encore Michelet qui m’en dit le plus long sur le sujet. Aussi je vais citer in-extenso les quelques lignes qu’il y consacre.

« Ce fut une imprudence à l’évêque de Tréguier (c’était alors Monseigneur Le Mintier), de lancer le 14 Octobre 1789, le manifeste de la guerre civile, il tira trop tôt, rata. Dans son manifeste incendiaire, il montrait le roi captif, la religion renversée ; les prêtres n’allaient plus être que les commis soldés des brigands, soldes des brigands, c’est-à-dire de la Nation, de l’Assemblée Nationale. Pour dire ces choses le 14, il fallait pouvoir le 15 commencer la guerre civile. En effet, quelques étourdis de jeune noblesse croyaient enlever le paysan, mais le paysan breton, si ferme une fois en route, est lent à se mettre en route ; il avait peine à comprendre que l’affaire des biens d’église, toute grave qu’elle était sans doute, fut pourtant toute la religion. Pendant que le paysan songeait, ruminait la chose, les villes ne songèrent pas, elles agirent, et sans consulter personne, avec une vigueur terrible. Toute les municipalités du diocèse de Tréguier fondirent dans Tréguier, procédèrent sans perdre un jour contre l’évêque et les nobles enrôleurs, les interrogèrent, écoutèrent les témoins contre eux. L’intimidation fut telle que le prélat et les autres nièrent tout, « assurèrent » n’avoir rien dit, rien fait pour soulever les campagnes. Les municipalités envoyèrent tout le procès commencé à l’Assemblée Nationale, au garde des Sceaux, mais sans attendre le jugement, elles portèrent déjà une sentence provisoire : « Traître aux communes quiconque enrôlera pour les gentilshommes et les gentilshommes eux-mêmes indignes de la sauvegarde de la Nation s’ils tentaient de briguer un grade dans la garde nationale ».

Le mandement était du 14 , et des représailles violentes eûrent lieu le 18 au plus tard (exactement les 17 et 18). Dans la semaine l’épée est tirée Brest , ayant acheté des grains pour les approvisionnements, on paya, on poussa les paysans pour arrêter à Lannion les voitures de grains et les envoyés de Brest ; ils furent en grand danger de mort, forcés de signer un désistement honteux. A l’instant, une armée sortit de Brest et de toutes les villes à la fois . Celles qui étaient trop loin, comme Quimper, Lorient, Hennebont offrirent de l’argent, des secours. Brest, Morlaix, Landerneau , plusieurs autres marchèrent tout entières. Sur la route, toutes les communes arrivèrent en armes, on était obligé d’en renvoyer. La merveille c’est qu’il n’y eût nulle violence.

Cet orage terrible, soulevé de toute la contrée , arriva sur la hauteur qui domine Lannion, et s’arrêta net. La force héroïque de la Bretagne ne fut jamais mieux marquée. Elle fut ferme contre elle-même, on se contenta de reprendre le blé acheté ; on ne fit rien aux coupables que de les livrer aux juges, c’est-à-dire à leurs amis.

Voilà tous les renseignements que j’ai pu trouver sur la journée des blés. La rencontre finale se serait faite, paraît-il, sur le haut de la côte de Morlaix. Je n’ai trouvé aucun récit la relatant, les registres municipaux de l’assemblée provisoire ont dû être détruits, c’est tout au plus si nous voyons des allusions aux journées du 17 et 18 Octobre dans les registres des Municipalités suivantes. Michelet avait raison de penser qu’il n’avait dû être presque rien fait aux promoteurs de ces scènes de brigandage, l’ancienne administration judiciaire étant partisante de la réaction. Le nommé Cadiou, inculpé dans cette affaire, fut gracié en Avril 1790, par le Tribunal de Lannion et la municipalité considérant que c’était un désaveu donné au citoyen Sollier qui avait instruit contre lui, protesta en vain contre le jugement. Le citoyen Sollier devait remplir les fonctions de procureur dans la municipalité provisoire. Quant aux nobles enrôleurs, il leur sera accordé une amnistie générale en Février 1790.

A cette époque, en effet, le roi, par une démarche solennelle faite à l’Assemblée, le 4 Février, montre sa volonté bien arrêtée d’accepter les réformes et la Constitution. Nombre de nobles de province demandent, sur l’exemple du roi, à prêter le serment civique que jusqu’ici ils ont refusé de prêter. Le citoyen Rivoallan, procureur de la commune, les reçoit dans les rangs des citoyens à une cérémonie qui a eu lieu dans la chapelle des Augustins. Après leur avoir expliqué les vérités contenues dans la déclaration des droits, il les engage à être meilleurs citoyens à l’avenir. Nous relevons dans la liste des jureurs : MM. De Kermel, De Kersaintgily, De Ploesquellec, Le Chef du Bois, De Tessolles, De Trogoff de Coatalio, De Carcaradec, De Kersalliou, De Kergomar, De Troguindy, De Kervégant.

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