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LANDUDEC SOUS LA REVOLUTION 

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Au moment de la Révolution, Landudec avait dans sa paroisse deux bons prêtres, MM. Andro et Raguénès, qui, aussi longtemps qu'ils purent, contrebalancèrent la mauvaise influence du prêtre intrus qui leur fut substitué en Mars 1791, Rolland-Etienne Coroller, enfant du pays, d'une famille considérée, en état de faire plus de mal que tout autre par sa défection.

Il vit bien vite qu'il ne pourrait être accepté tant que les bons prêtres resteraient dans sa paroisse ; aussi poursuivait-il avec instance l'exécution de l'arrêté du 21 Avril pris par le Département ; il écrivait, le 24 Mai 1791 (L. 241), au procureur du District de Pont-Croix : « J'ai reçu votre lettre du 18 courant ; vous m'y exhortez à prendre courage, j'en ai autant qu'il m'est possible, et je ne puis cependant chasser mes réfractaires. L'arrêté du 21 Avril a été notifié au Sr. Andro à midy, le 19, qui n'a encore fait aucun semblant ; il avait été cependant, dimanche, à la maison, car il avait dit la messe au Guilguiffin. Raguenez, vicaire, ne m'est pas moins à charge que le Sr. Andro, car il me fuit comme la peste... Il administre les sacrements... Si vous n'avez la bonté de lui signifier sa sortie avant la semaine prochaine, je crois qu'il s'en suivra bien du mal. Nous avons les Rogations, et s'il n'est expulsé avant ce temps, il pourrait engager le peuple à ne pas venir à la procession, ou même faire une procession en assemblant le peuple au Guilguiffin ».

Immédiatement, le District de Pont-Croix prit l'arrêté suivant (L. 241) : Le 26 Mai 1791, « considérant que si les ecclésiastiques réfractaires résident plus longtemps dans les paroisses pourvues, et où ils se font des partis, ils pourraient parvenir à décourager les nouveaux curés et vicaires, et boulverser ainsi l'ordre qui avait commencé à s'établir ; j'observe au département, qu'il est urgent de prendre un parti définitif avec des ecclésiastiques et notamment vers les Srs. Andro et Raguénès, ci-devant recteur et curé de Landudec qui, au mépris de l'arrêté du 21 Avril leur notifié les 8 et 19 de ce mois, s'affectent à déclarer qu'ils ne sortiront pas. Arrête qu'il leur sera notifié de nouveau l'ordre de vider le presbytère dans les 24 heures et de s'écarter à quatre lieues de leur domicile » (Registre de correspondance). Le 31 Mai, autre lettre de Coroller, qui prévient le District « que le Sr. Andro, ci-devant recteur, a annoncé qu'au château de Guilguiffin il y aurait demain, jour de l'Ascension, messe à 6 heures et à 10 heures. C'est l'heure des messes au bourg ».

Sur cette dénonciation, le District écrit au Département, le 1er Juin (Registre de correspondance) : « Si nous avions eu des forces à notre disposition nous eussions fait tenir la main à la stricte exécution de votre arrêté, que nous avons fait notifier trois fois, par ménagement et tolérance, au sieur Andro, mais sans aucune obéissance de sa part. De tous côtés, ces ecclésiastiques nous harcellent, et si l'autorité ne se déploie, les bons citoyens se verront bientôt obligés de lâcher pied ou de se faire égorger pour écarter le mal ».

Sur cette plainte, le District écrivit au Département une lettre qui ne fut pas sans influence sur les arrêtés violents pris par ce dernier, le 2 Juillet et le 27 Novembre 1791 : « 11 Juin 1791 (Registre de correspondance). — Nous venons d'être instruits club le Sr. Le Clerc revient, ce soir, à Ploaré, le Sr. Guenno à Pouldergat, et le Sr. Andro à Landudec, et nous avons déjà vu le Sr. Hervian se rendre à Primelin. Il nous est impossible de douter que ce ne soit dans l'intention d'agiter les esprits... la fermentation est partout considérable... notre voeu expres est que vous veuillez bien solliciter un décret (de l'Assemblée Nationale) qui porte la peine d'exil hors le royaume contre les réfractaires qui seront convaincus d'avoir excité des troubles et formellement désobéi aux lois. Nous nous bornons, quant à présent, à vous prier d'envoyer quelques gendarmes pour écarter, ce soir ou dans la nuit, ces rebelles, des paroisses où ils sont revenus, et leur défendre d'y retourner, sous peine d'être incarcérés comme des vagabonds et des perturbateurs du repos public. Nous ne nous décidons à ce parti de rigueur qu'après avoir été témoins de l'abattement des nouveaux Curés ».

MM. Andro et Raguénès, ainsi traqués, durent se mettre à l'abri. M. Andro était si bien caché, qu'on croyait qu'il avait émigré ; mais il était de retour au pays en 1795. M. Raguénès fuit saisi à Audierne, avec MM. Carn et Sizun, de Crozon, le 27 Juillet 1791, comme nous l'apprend le District de Pont-Croix, écrivant au Département (L. 59) : « Hier, un heureux concours de circonstances a mis à notre disposition le Sr. Raguénès, ex-vicaire de Landudec ; il était accompagné de deux autres réfractaires de Crozon, Carn et Sizun, qui se rendaient à Audierne, où nous les faisons arrêter en maison particulière ; faut-il les conserver en arrestation ou les faire mettre en liberté ? ».

Aux termes de l'arrêté, on pouvait les considérer comme à quatre lieues de leur résidence, et il est à présumer que leur arrestation ne fut pas maintenue, et c'est sans doute alors que M. Raguénès se retira dans sa paroisse natale, Crozon, où il fut saisi en 1794 et traduit au Tribunal de Quimper, pour être exécuté le 13 Avril 1794, comme nous l'avons rapporté à la notice sur Crozon.

Mais si M. Coroller était délivré de MM. Andro et Raguénès, il lui restait des réfractaires cachés dans les paroisses voisines et même sur la sienne, qui venait d'être augmentée de la paroisse de Guilers ; à défaut des prêtres, c'était les pieux laïcs qui les accueillaient qui étaient l'objet de ses plaintes incessantes au District de Pont-Croix. Le 11 Août 1792, M. Tréhot, du District de Pont-Croix, écrivait au Département : « Nous vous faisons passer la lettre de Coroller, curé de Landudec, qui se plaint amèrement de MM. Dieuleveut et Kerdréac'h, prêtres à Pouldreuzic. Nous lui avons procuré un prêtre (M. Dagorn, jureur, d'Audierne), mais nous n'avons pu délivrer le pays de ces deux rebelles. Une partie du canton de Cléden est séduit par ces deux fuyards » (L. 241).

Le 12 Décembre 1792, c'est Coroller qui écrit lui-même au District (L. 246) : « Citoyens, vous avez en mains le pouvoir de faire exécuter, respecter, suivre et maintenir les lois. Vous êtes en charge pour rétablir le bon ordre, faire germer la paix et la concorde ; vous ne pourrez jamais y réussir qu'en faisant éloigner tous les réfractaires ecclésiastiques, et en faisant à leurs confédérés reconnaître et suivre les lois et les décrets ; tels que les non conformistes de Guilaire, qui refusent de reconnaître cette succursale comme annexée à Landudec, et qui commencent aujourd'hui à s'y assembler dans l'église en sinagoge, et à y chanter à haute voix, l'Introït de la messe, le Gloria in excelsis, le Credo et le reste, ainsi que les vêpres, disant aussi des oraisons et même le Dominas vobiscum, comme s'ils étaient sous les ordres sacrés. J'ai recours à votre ministère, pour faire rentrer dans le devoir ces non-conformistes de Guilaire, et je requiers qu'on leur fasse notifier à leur frais une copie de la circonscriptions des paroisses, avec défense de s'assembler dans l'église en tumulte et d'y chanter. Les réfractaires de Pouldreuzic sont toujours dans le pays et font un mal considérable. Ils logent tous les mercredis dans un village nommé Keralever, entre Landudec et Pouldreuzic, environ un gros quart de lieu de Landudec. Les enragés de Guilaire sont Jean Le Brun, nommé maire, Alain Stéphan et Jacques, son fils, Guillaume Stéphan, du bourg et sonneur de cloche, Jacques Lucas et Jacques Stéphan, qui sont les chantres et vicaires. Tous ces rebelles ci-dénommés refusent de reconnaître Guilaire comme annexé à Landudec, et même plusieurs autres. Ils arrivent à leur sinagoge plusieurs de Landudec ; ainsi je vous prie de vouloir bien y mettre ordre, autrement je me trouverai bientôt seul à l'office et je serai forcé de remercier, comme a fait 0llivier, curé de Pouldergat. Comme Guilaire n'est point composé de 500 âmes, il ne doit pas y avoir de municipalité ».

Nouvelles plaintes du citoyen Coroller : « Landudec, 7 Février 1793. Citoyens, je vous dénonce le maire de Guilaire pour réfractaire à la loi et atrouppans ses confédérés dans cette chapelle, les dimanches et fêtes, à l'heure même de l'office à Landudec, et fournissant par là occasion aux prêtres réfractaires de célébrer dans cette chapelle, vu qu'il a la clef devers lui, car j'y fus hier pour célébrer la messe et je ne pus la célébrer, ne trouvant point de clef. Les prêtres réfractaires de Pouldreuzic, Plozévet et Lababan continuent de prêcher contre la loi et d'insulter la nation, ils célèbrent tous les jours, dit-on, et tous les dimanches à la chapelle du Locq, en Lababan, tout contre Landudec, logeant et se promenant dans les villages voisins, méprisans les décrets de la République. Je demande que le Maire de Guilers soit tenu à remettre les clefs de cette chapelle à Guillaume Canévet, procureur de cette commune, où à moi-même, je demande qu'on éloigne s'il est possible les prêtres réfractaires et qu'on maçonne cette chapelle du Locq, le plus tôt possible, car ils font un mal infini. COROLLER, curé Land. » (L.246).

M. Coroller, recteur de Landudec, peut passer pour le type des dénonciateurs ; presque toutes ses lettres commencent par ces mots : « Je dénonce », témoin encore cette lettre qu'il écrit à Pont-Croix : le 15 Mai 1793 (L. 246) : « Je vous dénonce, comme receleur de prêtres réfractaires, Jacques Le Goff, de Mispirit, en Plozévet, Jacques Gouletquer, de Keralever, en Pouldreuzic, et Jean Gouletquer, de Kerbaolic, en Lababan, qui ont, dit-on, détourné un jeune homme de Landudec de venir nocer à l'église, une jeune personne, cependant, qui avait approché pendant les pâques des sacrements. Cette jeune personne et Michel Gentric, son mari, ont été, dit-on, nocés à Mispirit, par le réfractaire Riou. Les nouveaux époux sont proches parents de Jacques Le Goff, qui y demeure et qui recèle les réfractaires au moins de trois nuits une. Dans quinze jours, j'ai rapporté deux mariages civils, et les personnes ne se sont pas du tout approchées de l'église ; cela ne peut venir que des prêtres réfractaires ».

En 1794 (L. 246), alors que Coroller ne pouvait douter des terribles conséquences que devaient entraîner ses dénonciations contre les réfractaires et les recéleurs, il écrivait, le 25 Pluviôse an II (13 Février 1794) : « Selon le bruit commun, Jean Le Brun, maire de Guilers, est recéleur de prêtres réfractaires. Il les introduit de nuit dans l'église de Guilers. Au Loc'h, c'est la même chose, c'est Kerdreach, de Pouldreuzic, et ses fédérés qui courent le pays et disent hautement qu'on a voulu assez les prendre, mais qu'on ne les prendra jamais. Le décret qui permet la liberté des cultes ne déroge en rien à celui qui ordonne de poursuivre les prêtres réfractaires, non plus qu'à celui qui ordonne de maçonner la porte des chapelles où ces prêtres sont dans le cas de se réfugier ».

Et enfin, le 22 Ventôse an II (12 Mars), à la veille de l'arrestation de M. Riou, il répétait au District de Pont-Croix : « Je vous ai déjà dénoncé, comme receleur de prêtres réfractaires, les habitants des villages circonvoisins de la chapelle du Loc'h, en Lababan, où l'en fait de nuit baptêmes, mariages, messes. Il est, dit-on, certain que les prêtres réfractaires courent par ce pays et disposent, dit-on, les esprits à une révolte. Les pâtureurs de vaches disent qu'ils voient des prêtres courir par les champs. C'est à l'Administration de faire prendre la clef du Loch et capter (il voulait dire capturer) les municipaux de Pouldreuzic et Lababan, jusqu'à ce qu'ils aient fait prendre leurs prêtres ».

C'était le District de Pont-Croix qui allait agir lui-même, et cinq jours après, le 17 Mars 1794, M. Riou, recteur de Lababan, était guillotiné à Quimper.

M. Coroller dut se croire désormais à l'abri de tout souci ; mais voici qu'à la fin de 1795, il fut question de laisser rentrer dans leur pays les prêtres exilés ou cachés qui voudraient promettre soumission aux lois de la République, et aussitôt le Recteur de Landudec de s'alarmer de nouveau. Le 12 Octobre 1795, il écrit : « Landudec, le 22 Vendémiaire an II de la République française une et indivisible (L. 246). Citoyens administrateurs, investis de l'autorité publique, vous avez en mains le pouvoir de réprimer la fureur des méchants. Il y a quatre ans que, pour obéir aux lois et correspondre autant qu'il m'était possible aux zèles des Administrateurs et aux peines qu'ils se donnaient, j'acceptais la cure de Landudec, que je me vois aujourd'hui forcé de quitter sans tarder, ou d'y être exposé à perdre la vie à tout moment, si l'Administration ne daigne y mettre ordre et m'y seconder. Dimanche dernier, 19 du présent mois, les aristocrates s'étaient tous assemblés à la sourdine, pour s'entendre entre eux à demander l'émigré Andro ; et aussitôt qu'il aura reçu le résultat de cette convocation, il doit s'y rendre, et une fois qu'il sera arrivé, le petit groupe de patriotes qui se trouve ne sera plus en sûreté, il y aura même, presque sûr, quelque révolte. Les autres prêtres insermentés eux-mêmes qui ont fait leur soumission continuent et continueront de soutenir le parti des émigrés, et nous serons sans tarder assassinés, au moins à Landudec. Les jeunes gens de la réquisition qui peuvent être dans le pays, s'ils ne se rendent pas, ce sont prêtres et leurs confédérés qui les poussent à s'opiniâtrer et même à se révolter, pour trouver en eux des défenseurs. Ainsi, je conjure l'Administration de donner ordre à la municipalité de Landudec de ne point promettre qu'Andro y établisse domicile, et d'y faire régner la paix s'il est possible. Salut et fraternité. Le citoyen COROLLER ».

(Archives du diocèse de Quimper et de Léon).

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