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LA PAROISSE DE SAINT-JULIEN 

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La ville de Landerneau ne communiquait avec la Cornouaille que par un gué sur l'Elorn, qui fut bientôt remplacé par un pont, car par marée haute, ce gué n'était plus praticable ; aussi, ce passage ne tarda pas à être mis sous la protection de saint Julien le passeur, et probablement un oratoire en son honneur fut-il construit à l'entrée du pont ; mais ce ne fut qu'au commencement du XIVème siècle, qu'un hôpital y fut établi, grâce à la libéralité d'Hervé de Léon, qui en organisa le service et le dota d'un chapelain. Dom Morice nous a conservé l'acte de cette fondation, dans le premier volume de ses Preuves, col. 1.376 ; il est daté du vendredi après la Quasimodo 1336. 

En voici une analyse assez complète : 

« Sachez que nous, Hervé de Léon, chevalier, seigneur de Noyon, que nous avons donné ce qui suit à l'hôpital que nous avons fondé pour le soulagement des infirmes, et établi à la tête du pont de Landerneau, en la paroisse de Ploudiry, en l'honneur de Dieu et des Saints, spécialement de saint Georges, martyr, et saint Julien, confesseur.

D'abord, pour l'entretien d'un prêtre qui dira trois messes au dit hôpital, chaque semaine, 10 livres de monnaie courante à prendre sur nos droits sur le vin, à Landerneau.

De même, pour l'entretien des infirmes et de ceux qui en prendront soin, 50 mesures rases de froment, dont 25 à prendre sur nos dîmes de Ploudaniel et 25 sur notre droit de minage (droit sur les poids et mesures) de Landerneau. De plus, 8 livres de cire pour la messe, sur la ferme de nos moulins du Bourg-Blanc.

Item, 100 sols pour la pitance des malades et 16 sols pour une paire de vêtements à celui qui sera, par nous ou nos héritiers, préposé à la garde et visite des dits malades ; ces 116 sols seront perçus sur notre taille en Ploudaniel.

Item, donnons au dit hôpital 12 lits bien garnis, ayant chacun une coëte et un traversin de plume et deux paires de linceuls, que nies héritiers devront entretenir en bon état.

Ordonnons que le prêtre chargé du service divin, et les gardiens de l'hôpital, homme ou femme, soient tenus à rendre compte de leur administration, tous les deux mois.

Voulons que l'appenti qui sera construit près l'hôpital ait un foyer, et qu'on y établisse des lieux d'aisance.

De plus, nous lui adjoignons un jardin, situé sur la paroisse de Ploudiry, près du bourg, appelé Ruploudiry ».

Cet hôpital était bien situé, à la tête de ce pont, d'une importance majeure pour assurer les communications de Cornouailles avec le Léon et faciliter le passage considérable de pèlerins se rendant soit à l'abbaye de Saint-Mathieu fin de la terre, soit à Saint-Michel du mont Gargan, qui ne devait être autre que Saint-Michel de Lesneven ; car pour se rendre de Cornouaille à Saint-Michel in periculo maris, il n'était pas nécessaire de passer par Landerneau. Or, ce pont ayant été ruiné, et l'hôpital Saint-Julien dévasté, par suite des guerres de Succession, sur les instances de Jean de Kéroulas, maître en théologie, Grégoire XI, par lettres données à Avignon, le 2 Août 1372, accordait des indulgences à ceux qui, par leurs aumônes, contribueraient à leur restauration [Note : Acte du Saint-Siège : « Hospitale St Juliani situm in capite pontis de Landerneau ubi magnus concursus est perigrinorum euntium ad ecclesias Beatorum Michaelis in monte Gargano et Mathei in finibus terrarum, pauperes que recipiuntur et reficiuntur, frementibus guerris jam est pene destructum.... »].

En 1511, le 28 Janvier, Jean, vicomte de Léon, confirmant la première fondation, constate qu'il y a quelque temps qu'on a négligé de dire les trois messes requises ; les pauvres ne sont plus bien entretenus, car l'hôpital ne jouit plus en leur intégrité des revenus de la fondation primitive ; par conséquent, le vicomte de Léon, outre les dîmes de Ploudaniel, et le bois de chauffage de ses bois de Ploeavaz (Guipavas), donne 17 livres à partager entre le chapelain de son église de La Roche-Morice, et celui de l'hôpital ; et 25 livres pour les gardiens des pauvres.

Missire Hervé Gouzien est chapelain de l'hôpital ; missire Olivier Nicolas, chapelain de la Roche-Morice ; et Jean Le Guirieuc, gouverneur de l'hôpital.

M. de Courcy, dans sa notice sur Landerneau, nous dit que l'église de Saint-Julien fut commencée en 1521 et terminée en 1532 (église reconstruite non loin de la chapelle de l'hôpital, qui datait, comme nous l'avons dit, du XIVème siècle). On a conservé une pierre du portique, portant cette inscription :

Sur une des faces :

« En l'an 1521

et le lundi tiers jours de juing

fut au portail de cette église

la première pierre mise ».

Sur l'autre face :

« A l'honneur de Dieu fils et père

et st Esprit et de sa mère

c'est l'hopital de cette ville

saint Julien domicile ».

Ce ne fut qu'au commencement du XVIIème siècle, que Saint-Julien fut érigé en trêve de Ploudiry ; et le 18 Mai 1619, M. Christophe de Lesguen, archidiacre, chanoine et vicaire général, Sede vacante, en sa qualité de recteur de Ploudiry, bénit les fonts baptismaux devant servir à l'église de Saint-Julien, et la mairie de Landerneau possède, depuis cette époque, la série des registres paroissiaux.

Vers 1780, un mémoire, présenté à Mgr. de la Marche, faisait valoir les avantages qui résulteraient de l'annexion de Saint-Julien à la paroisse de Landerneau ; il renferme d'utiles renseignements sur la fondation et modus vivendi de cette trêve.

 

OBSERVATIONS SUR SAINT-JULIEN :

« Saint Julien n'est peut-être pas une trêve dans toute la rigueur du terme, puisque le général de Saint Julien n'a pas une église qui lui appartienne ; elle appartient au sgr. Duc de Rohan, prince de Léon. Il a bien voulu permettre d'y faire l'office divin, à charge pour les habitants de ce quartier de la ville d'en faire toutes les réparations ; mais ils ne la possèdent que d'une manière précaire, elle est tou­jours la chapelle du Prince.

Quoique Saint Julien soit une dépendance du bénéfice régulier de Ploudiry, la maison de Daoulas n'a aucune propriété dans cette partie de la paroisse, ni patronage, ni maison, ni possession quelconque.

Cette prétendue trêve est à près de deux lieues de l'église et du presbytère de Ploudiry, et c'est, sans doute, à cause de cet éloignement que le Recteur de Ploudiry, voulant charitablement délivrer les habitants de Saint Julien de la nécessité pénible de porter leurs enfants à Pencran pour y être baptisés, et craignant de charger son bénéfice d'obligations onéreuses pour lui et pour ses successeurs, permit aux habitants de Saint Julien d'avoir des fonts baptismaux, et déclara formellement ne pas s'obliger à rendre aucun service spirituel à ces nouveaux tréviens, qui salariseraient le prêtre amovible qu'ils emploieraient au saint ministère ; que pour lui, il ne serait pas tenu de venir à leur secours, même en temps de peste. Cela posé, la réunion de Saint Julien, sous le titre de simple chapelle, à la paroisse de Saint Houardon, serait avantageuse.

1° Au Recteur de Ploudiry, qui serait dispensé de payer 350 livres au vicaire de Saint Julien, et serait débarrassé pour toujours des tracasseries que pourrait lui occasionner cette trêve qui, d'ailleurs, ne lui apporte aucun revenu ;

2° Au Recteur de Saint Houardon, par l'augmentation des fondations et du casuel, par l'avantage de voir sous son autorité immédiate la congrégation de Léon à Landerneau, déjà presqu'entièrement composée de ses paroissiens, et d'avoir à son secours un clergé plus capable et plus nombreux ;

3° Aux habitants de Saint Julien, devenus paroissiens de Saint Houardon, ils ne seront plus recherchés pour contribuer aux impositions qui regardent le général de Ploudiry, et ils participeront à tous les droits et prérogatives de Saint Houardon. Ils verront avec plaisir leurs pauvres mendiants admis à la distribution quotidienne qui se fait à la maison de charité, bonne oeuvre que le Recteur de Saint Houardon a osé entreprendre sans aucune autre res­source que la charité de ses paroissiens ».

 

En 1695, existait, à Saint-Julien, une confrérie de Saint-Joseph, à laquelle fait un legs Marguerite Quidelleur. Une chapellenie y fut fondée, le 15 Janvier 1692, en l'honneur de sainte Anne, par Mme de Penfentenyo Pentreff.

Lors de la restauration du culte, l'église de Saint-Houardon ayant été aliénée, on se demandait si Saint-Julien ne pourrait pas servir d'église paroissiale. Le Conseil municipal demanda un rapport sur cette question à M. Goury, ingénieur des ponts et chaussées (Evêché) ; nous y trouvons quelques renseignements datés du 5 Floréal an XI (25 Avril 1803).

« Saint-Julien fut originairement bâti pour servir de chapelle à un duc ou comte de Bretagne, et depuis érigé en trêve de Ploudiry.

A la Révolution, on choisit pour église curiale celle de Saint-Houardon, dont le citoyen Pilet fut nommé curé constitutionnel » (il était auparavant curé de Saint-Julien).

Saint-Houardon a été aliéné, et l'église que l'on propose aujourd'hui (1917) présente plusieurs inconvénients. « Saint Julien est placé au fond du port, sur la rive gauche de l'Élorn qui en baigne les murs à toute marée et y pénètre quelquefois à l'époque des équinoxes ; il en résulte une infiltration continuelle qui rend le sol extrêmement humide. De plus, l'église est située au point de rencontre de cinq grandes routes, dont deux de première classe de Brest à Paris par Rennes, et celle de Brest à Nantes, à la tête d'un pont, dans une rue qui n'offre qu'un débouché de 5 à 6 mètres au plus ; que de risques, lorsqu'une voiture ayant pris son élan, à la descente de la rue Neuve, arrive au moment où la foule sort de l'office divin ! De plus, les vents régnants empêchent d'entendre le son des cloches en ville, et ce son est en moyenne partie absorbé par la lourde calotte de charpente qui couvre la tour à peine commencée ».

L'ingénieur donne ensuite quelques moyens pour parer à certains de ces inconvénients : on exhausserait le sol de l'église, avec construction d'un perron de six marches, à l'intérieur de l'église ; on achèterait, trois maisons en face du portail, permettant un emplacement suffisant au passage des voitures ; on élèverait la tour pour placer les cloches au-dessus du courant d'air. « La carcasse de l'église est dans un état alarmant ; elle est composée d'une nef soutenue par deux rangs de colonnes et deux bas-côtés ; toutes ces colonnes surplombent du même côté, de 0m.12 à 0m.27, ce qui annonce un vice dans les fondements de la construction ; il faudra reprendre le travail en sous-œuvre ».

Suit un devis des réparations, s'élevant à la somme de 55.288 francs.

Ce projet n'était pas du goût du nouveau curé de Landerneau, M. Jannou, qui, dans une note à M. de Troërin, insinue que si le Sous-Préfet de Brest a désigné au Préfet Saint-Julien, comme plus propre que Saint-Houardon à être église curiale, ce n'est que sous l'influence du parti constitutionnel de Saint-Julien, « non pas que je croie qu'ils aient la prétention de faire de Saint-Julien l'église curiale, mais en la mettant en concurrence avec Saint-Houardon et la préférant même à celle-ci, ils espèrent au moins lui obtenir la préférence sur Saint-Thomas ».

La Municipalité, d'un autre côté, hésitait à prendre à sa charge les réparations de Saint-Julien, qui équivalaient à une reconstruction, et ils furent heureux de saisir l'occasion de la cession faite par les acquéreurs de Saint-Houardon, le 29 Vendémiaire de l'an XII (22 Octobre 1803), pour fixer définitivement le service paroissial dans cette église.

(Archives du diocèse de Quimper et de Léon).

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