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Landerneau : jugement et mort de Louis XVI.

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Jugement et mort de Louis XVI ; l'acte héroïque de l'abbé Le Gris-Duval. Déclaration de guerre à l'Angleterre : le service militaire obligatoire crée des émeutes. La Gironde bretonne s'insurge contre la Montagne ; elle est vaincue à la « bataille sans larmes ». Constitution de 1793. Translation de l'administration départementale à Landerneau. (19 juillet 1793).

Si la monarchie est une forme statique de gouvernement, dit M. Marc Sangnier dans sa Démocratie de janvier 1921, la démocratie en est une forme dynamique. Quelle Dynamique, en effet, nous offre le premier parlement de la 1er République, la Convention, « l'Assemblée géante » ! Trois partis le divisent : les Girondins, menés par Manon Rolland ; les Montagnards, dirigés par le fanatique démagogue Marat, « l'Ami du peuple » ; puis, entre ces deux partis, un Centre amorphe, flottant, silencieux, formé de gens « immobiles aux mauvaises délibérations », les « Crapauds du Marais », qui feront la majorité en oscillant tantôt du côté de la Gironde, tantôt du côté de la Montagne, suivant les appréhensions du moment. La Gironde a obtenu le pouvoir en déconsidérant le roi ; la disette menaçait-elle, c'était la faute du roi, disaient les Girondins, qui regardaient tout heureux la populace amener à Paris « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » ; la guerre amenait-elle des désordres, c'était la faute du roi, disaient-ils encore, car le prince entretenait des relations avec les émigrés. Pour mieux abaisser la majesté royale, la Gironde a fait appel aux démagogues, soulevé le peuple et créé les insurrections du 20 Juin et du 10 Août. Les Jacobins useront du même procédé pour ravir le pouvoir à la Gironde. Mais auparavant, il faut supprimer le roi accusé de tant de méfaits par la Gironde. « César fut immolé en plein Sénat, sans autre formalité que vingt-deux coups de poignard », dit le montagnard Saint-Just. Mais la Gironde aime les formes et préfère le régicide de majorité au régicide d'Etat, et le 11 décembre 1792, commence le procès du roi. Le 15 janvier 1793, la Convention, à l'unanimité, proclame Louis XVI coupable. Le 18 janvier, 387 voix sur 721 votants le condamnaient à mort. Des huit députés du Finistère à la Convention, quatre furent ainsi régicides, Bohan, Blad, Guesno et Guermeur, mais quatre aussi refusèrent le vote de mort, Quéinnec, Kervélégan, Marec et l'abbé Gomaire ; ce dernier vota pour la détention et le bannissement à la paix.

Et le lundi 21 janvier, la France se décapitait elle-même, suivant le mot de Renan, en faisant tomber la tête de Louis XVI sur la place ci-devant Louis XV.

Les troupes qui entouraient l'échafaud venaient de se disperser, quand un jeune homme de 22 ans, Thomas Raby, l'aboyeur des clubs de Brest, monta sur l'échafaud, passa la main sur le couperet de la guillotine, la retira pleine de sang et en aspergea la foule. « Les rois, vocifère cet immonde gamin, ont dit : Si vous faites mourir votre souverain, son sang retombera sur votre tête. Eh bien ! que cette prédiction s'accomplisse ! ».

Heureusement, un noble fils de Landerneau, un ecclésiastique jeune encore, joua un rôle autrement courageux. L'abbé Le Gris-Duval, n'ayant pas prêté le serment, vivait caché à Versailles. Or, à midi, le 20 janvier, il apprend que le roi, condamné à mort, va être exécuté le lendemain. Ne calculant pas les dangers que sa résolution peut lui créer, ou plutôt méprisant ce calcul, René Le Gris-Duval court à Paris, et pénètre dans la salle de la Convention ; mais la séance vient de finir, la salle est vide. Il va alors à la Commune et, introduit, déclare « Je suis prêtre ; j'ai appris que Louis XVI était condamné à mort ; je viens lui offrir le secours de mon ministère, je demande que mon offre lui soit transmise ». Aussitôt, des murmures éclatent dans les tribunes où est entassée la populace ; c'est un émissaire des amis du tyran, crie-t-on, il veut procurer à Louis Capet le moyen de prévenir le supplice par une mort volontaire ; les membres de la Commune lui demandent ses papiers ; il n'en a pas. La foule ne parle rien moins que de le massacrer. Mais un des membres du Conseil, Mathieu, député de l'Oise, a reconnu en lui un de ses condisciples du collège Louis le Grand ; il le fait passer dans une salle voisine et dit à la plèbe que le scélérat est arrêté. Puis quand la foule s'est dispersée, Mathieu le fait monter chez lui et lui cède son lit jusqu'au lendemain ; le jour venu, il lui procure un passeport, et René Le Gris-Duval peut retourner sans encombre à Versailles, le Conventionnel lui ayant assuré qu'un prêtre fidèle avait été introduit près du prince.

Les historiens ont tous noté la stupeur qui frappa la capitale après l'exécution du roi. Levot, dans son Histoire de Brest, dit qu'à la nouvelle de cette mort, la ville bretonne sembla plongée dans un morne abattement. « Chacun se renfermait dans sa maison et n'en sortait que quand une affaire indispensable l'appelait au dehors ». Pour ce qui est de l'émotion que cette nouvelle causa à Landerneau, nous n'avons pu rien savoir, car, ni dans le cahier des délibérations du Conseil général, ni dans celui des délibérations du Conseil municipal, ni dans le registre des Correspondances, dans aucune pièce enfin, nous n'avons trouvé la plus petite allusion à ce tragique évènement. C'est beaucoup plus tard, en 1795 seulement, qu'on y parle de la mort du dernier roi des Français, quand il s'agira d'organiser la fête que la Convention a décrétée pour en célébrer l'anniversaire. Ce silence unanime ne suppose pas en tout cas l'enthousiasme.

« Vous n'êtes point des juges, avait dit Robespierre aux Girondins lors du procès du roi, vous n'êtes et ne pouvez être que des hommes d'Etat ». Des juges, les Girondins ne pouvaient l'être, en effet, puisqu'ils étaient accusateurs, mais des hommes d'Etat, ils le furent moins encore, en contribuant par leurs votes à cette mort. Ils avaient donné des gages de leur faiblesse en livrant au 10 août le portefeuille de la Justice à Danton ; le roi mort, ils sont le dernier obstacle qui s'oppose à la domination de la Montagne ; celle-ci va faire tous ses efforts pour l'abattre. La Gironde a pour elle l'éloquence incontestée de ses Brissot, de ses Vergniaud, mais la Montagne a pour elle « l'audace, encore de l'audace et toujours de l'audace » et avec cette audace les piques des sans-culottes. Face à ces piques, il est vrai, la Gironde essaie d'opposer les bataillons des départements qu'elle fédéralise contre la Montagne ; ces juristes ne remarquent-ils pas qu'ils deviennent des insurgés ? Imprudemment encore, alors qu'elle est puissante, elle vote la suppression de l'inviolabilité des membres de la Convention, la création du Comité de salut public, du Tribunal révolutionnaire qui juge sans appel. En un mot, elle prépare les armes qui lui donneront la mort.

La lutte de la Gironde contre la Montagne n'a pas attendu la mort du roi pour débuter. Les députés girondins ont écrit à leurs Départements pour les prier de venir à leur aide. Le Département du Finistère a répondu à ses députés en décidant le 15 décembre 1792, de lever une force armée de 800 hommes.

Un commissaire de l'administration départementale vient à Landerneau à la fin de janvier reclamer quelques hommes de cette ville ; c'est Mérienne. Il parle avec éloquence au Conseil de la tyrannie des Marat, des Robespierre... ; on l'applaudit, mais on refuse de lever un seul soldat sans l'autorisation expresse des autorités supérieures ; bon mouvement que la Montagne n'aura garde d'oublier.

Au lendemain du 21 janvier, la Convention par l'organe du belliciste Brissot jette en défi à l'Europe la Tête du Roi. Point n'était besoin de ce défi pour l'Angleterre, car si elle a protesté lors de cet événement, ce n'est pas la mort de Louis XVI qui l'émouvait, n'avait-elle pas sur la conscience la mort de Charles 1er ? Elle voulait la guerre. C'est la présence de Dumouriez en Belgique, comme celle de l'Allemand dans ce pays en 1914, qui a fait sortir l'Angleterre de son splendide isolement. La Révolution, dit Bainville, et ce fut une de ses fautes les moins visibles et les plus choquantes, se mit en conflit avec la plus grande puissance maritime sans avoir elle-même d'escadre. Bien vite, il est vrai, la Convention dépêche trois commissaires à Brest pour organiser la défense des côtes à savoir : Fermont, Rochegude et Prieur de la Côte-d'Or. Le lundi 11 février 1793, ces commissaires arrivent à Landerneau et sont reçus comme l'était autrefois le Roi. Les régiments, les corps administratifs et la garde nationale vont les recevoir à l'entrée de la ville. Les personnes qui refusèrent d'honorer ainsi les bourreaux de Louis XVI (car deux de ces hommes ont voté la mort), furent mises en prison et y restèrent quatre heures. M. Renault, l'ancien maire, qui s'est vu refuser le certificat de civisme exigé pour exercer sa fonction d'avoué, a omis de paraître ; il a été enfermé à la prison du Pont pendant tout le séjour des commissaires à Landerneau. Ceux-ci, arrivés le matin, se sont rendus à la mairie. De là en grand cortège ils ont été conduits aux Ursulines, où siège le District. Après un discours de M. Cruzel, maire, et de M. Jacolot, président du District, Prieur de la Côte d'Or a pris la parole. Il a lu le décret de la Convention qui accrédite les commissaires ; aussitôt on a décidé l'inscription de ce décret au cahier des délibérations. Puis il a parlé de la Convention. Ses collègues ont pris la parole à leur tour. Tous ces discours, dit le cahier, ont été éloquents et ont annoncé le plus pur patriotisme dont leurs âmes semblaient être vivement pénétrées. La séance a été levée ensuite et les corps administratifs ont accompagné les commissaires en cortège jusqu'à l'hôtel où ils étaient descendus. Le lendemain une députation de Brest venait les rejoindre pour les accompagner jusque dans cette ville où ils furent reçus en grande pompe, nous apprend Levot.

Le 17 février, c'était la proclamation de la guerre que la Convention venait de déclarer à l'Angleterre et à la Hollande.

« Ce jour 17 février, lit-on au cahier des Délibérations, le Conseil sest réuni à 9 heures du matin ; à lui s'étaient joints les corps administratifs et judiciaires qui avaient été invités. La générale a été battue ; la garde nationale, la compagnie des sapeurs à cheval et le bataillon du 77ème régiment en garnison en cette ville s'étant rendus sur le champ de bataille, l'assemblée s'y est transportée. A l'arrivée du cortège, devant la garde nationale, le commandant a fait présenter les armes et battre trois bans ; après quoi lecture a été donnée de la proclamation du décret sur la déclaration de guerre de la France avec l'Angleterre et le Stathouder des Provinces-Unies ; cette lecture a été faite à haute voix par un des officiers municipaux.

L'assemblée s'est encore rendue à l'endroit où était la troupe de ligne pareillement sous les armes ; où étant, leur chef a fait présenter les armes, incliner les drapeaux vers la terre, ainsi que les officiers leurs épées pour marquer que tout doit fléchir devant la loi ; il a été battu trois bans et la proclamation a été lue et reçue aux cris de vive la République. Les drapeaux s'étant retirés, il n'est resté que deux détachements pour accompagner le cortège qui s'est transporté dans tous les carrefours de la ville, précédé de la musique du 77ème régiment, qui, dans le cours de la marche, n'a cessé de jouer des airs analogues à la cérémonie, que les vrais républicains ont regardée comme une fête ».

Le 7 mars, la Convention déclare encore que la République française est en guerre avec le roi d'Espagne.

Mais pour faire face à toutes ces guerres il faut des soldats, et la Convention inaugure la conscription militaire obligatoire en décrétant une levée de 300.000 hommes par tirage au sort. Cette levée se fit à Landerneau, le 17 mars. La ville devait fournir 24 hommes. Tous les citoyens de 18 à 40 ans ont dû s'inscrire sous peine d'être pris d'office et ils ont été convoqués ce jour à 2 heures de l'après-midi dans l'ancien couvent des Ursulines. Les commissaires chargés du recrutement y arrivent à l'heure fixée ; le maire Cruzel les accompagne ceint de l'écharpe tricolore. L'un deux ouvre la séance par un discours ; au nom sacré de la patrie il conjure ces hommes de comprendre ce qui est leur nouveau devoir, le devoir des hommes libres. Tous n'est-ce pas, dit-il, veulent courir aux frontières ; ce qui arrête beaucoup c'est le souci du pain à gagner pour leur famille; eh bien! pour enlever cette préoccupation, le Conseil offre à chaque volontaire une somme de cent livres, outre la paye de la garnison et l'habillement. Vite, accourez mettre vos noms ; il nous faut 24 soldats, les 24 premiers inscrits auront seuls l'honneur de défendre la patrie ! Huit citoyens s'approchent, signent, et c'est tout. Cependant il faut 24 hommes. Comment sy prendre pour compléter le contingent ? La loi dit que, si le nombre des volontaires n'est pas suffisant, les citoyens appelés peuvent régler entre eux le tirage au sort des partants.

Les veufs sans enfants doivent partir avant les pères de famille, disent les uns ; n'insultez pas à notre malheur, répondent ces derniers. Les jeunes doivent partir avant les plus âgés, disent d'autresn, mais les parents de ces jeunes sont là pour protester. Bientôt une véritable émeute éclate, les commissaires sont menacés. On doit faire appel à la force armée. Quand le calme a repris, les commissaires se disent persuadés que ce ne pouvait être que par la suggestion de quelques malveillants que ces troubles ont eu lieu. Ils arrêtent que ceux des jeunes gens convaincus d'en être les auteurs seraient déclarés soldats de droit. Aussitôt, dit le procès-verbal, un second tumulte plus violent que le premier éclate, on doit faire encore appel à la force armée. Les citoyens Corentin Seznec, travaillant chez Arzur, Yves Lobénés, domestique chez Goury, ayant été désignés, comme les auteurs des troubles, ont été proclamés soldats. Puis les commissaires decident, pour obtenir les 14 conscrits nécessaires encore, de faire autant de billets qu'il y a de citoyens inscrits et sur 14 de ces billets on écrit ces mots « Volontaire national » (sic).. Tous les billets sont jetés et mêlés dans une boite. Les citoyens alors sont appelés l'un après l'autre, et tirent un billet ; les commissaires tirent pour les absents après trois appels consécutifs et ainsi on obtient le nombre exigé de 24 inscrits. Le soir le Conseil vote la somme de 800 livres pour les vrais volontaires.

Les paysans bretons avaient bien maugréé quand on était venu leur enlever leurs prêtres, mais le départ des émigrés avait fait de plusieurs d'entre eux des propriétaires ; et, n'était la guerre à la religion, ils accepteraient volontiers le nouveau régime. Or la Révolution, non contente de proscrire les prêtres, prétendait arracher les « gars » au pays pour en faire les soldats du « Diable ». Puisqu'il se fallait battre, les gars se battraient contre le Diable. Et la conscription obligatoire créa chez nous la Chouannerie. Le 18 mars, le tocsin sonnait au clocher de Beuzit, il sonnait aussi aux clochers de Plounéventer, de Saint-Divy, etc. Celui qui sonnait ainsi l'appel aux armes dans le clocher de Beuzit était Jean Cloarec, de Gorré-Beuzit ; après, avoir entendu la messe dite dans la ferme même aux premières heures du jour par M. Mouden, le vicaire de l'ancienne paroisse, un groupe de jeunes gens, dont quelques noms sont signalés au District de Landerneau, est sorti de la ferme ; ce sont, outre les domestiques de Cloarec, François Cann, Le Hir et Kerdélon, laboureurs au même village ; les jours précédents ils ont acheté de la poudre ; ils sont armés de fusils. A peine le tocsin a-t-il sonné, que de tous les fourrés voisins sortent d'autres gars vieux et jeunes et, sous la conduite de Cloarec, c'est un vrai bataillon qui se dirige vers Plabennec. Là ont lieu les opérations du tirage au sort ; le curé constitutionnel Caill est au nombre des commissaires du recrutement. Le bourg est bientôt envahi par une véritable armée de paysans : le bureau de vote est saccagé, les commissaires sont expulsés et Caill doit se sauver jusqu'à Lesneven. Un détachement de gardes nationaux brestois arrive bientôt sous le commandement de Pierre Corbet, de Lambézellec ; la poudre crépite, les faulx s'abattent, le commandant Corbet est tué et nombre de ses soldats sont massacrés. Mais voici que le général Canclaux accourt à la tête de 1.800 hommes de ligne, il a des canons : les paysans luttent encore : mais, écrasés bientôt par l'artillerie, ils se dispersent, non sans laisser nombre de blessés sur le champ de bataille et de prisonniers entre les mains des républicains. Jean Cloarec fut arrêté tôt après et enfermé au Château avec ses deux fils.

Des émeutes analogues éclatent à Gouesnou, à Lannilis et surtout à Saint Pol de Léon ; on connaît la bataille de Kerguiduff, célébrée par le prêtre breton l'abbé Inizan. La Gironde bretonne, qui elle aussi cependant levait illégalement des soldats pour lutter contre la Montagne, noya dans le sang ce premier essai de chouannerie chez nous ; témoins les exécution de Pédel et de Guionvarc'h, de Barbier, ancien maire de Ploudalmézeau, de Prigent, maire de Plouzévédé et de tant d'autres : témoins aussi les amendes qui furent infligées aux paroisses. Ce fut la terreur girondine !

Le 11 avril, la Convention décrétait que les administrateurs du Département du Finistère avaient bien mérité de la patrie. Le 2 juin, 27 députés girondins, dont Gomaire et Kervélégan, étaient décrétés d'accusation. Les autres députés girondins en appellent alors aux départements ; et quand les fédérés se mettent en marche sur Paris, ces députés se mettent à leur tête. La Montagne envoie contre eux une armée de sans-culottes sous le commandement de l'ancien suisse de Saint-Eustache. Ces Girondins qui ont mis le feu aux quatre coins de l'Europe, on va enfin les voir sur un champ de bataille, celui de Pacy-sur-Eure. C'est là, en effet, que, le 13 juillet, la rencontre eut lieu : la bataille fut courte, un sans-culotte fut légèrement contusionné ; du côté des Girondins pas un homme ne fut tué ou blessé, ce fut la « bataille sans larmes » et la Gironde était vaincue.

C'est en vain que le 13 juillet Charlotte Corday poignardait Marat ; ce meurtre ne fit qu'exciter la Montagne victorieuse, et, le 19 juillet, la Convention décrétait la mise en accusation des administrateurs du Département du Finistère et la translation à Landerneau de la nouvelle administration départementale ; Landerneau n'ayant pas officiellement coopéré à la levée des troupes fédéralistes, la Montagne en faisait le chef-lieu provisoire du Finistère. Vaincue à Paris, la Gironde avant de tomber en Province, tiendra à signaler ce qui fut toujours le premier article de son programme, la haine de la religion. Le 13 juin 1793, parait, en effet, un arrêté du Département du Finistère dont les quelques articles que nous publions en disent assez :

Art. 1er. — Le Département donne un délai de 8 jours à tous les prêtres dans le cas de déportation pour quitter les retraites où ils se tiennent cachés.

Art. 2. — Les prêtres qui se présenteront seront envoyés au chef-lieu du Département pour y demeurer retenus avec les autres ecclésiastiques qui y sont déjà détenus.

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Art. 9. — Le délai expiré, tout prêtre non sermenté qui ne serait pas sorti du territoire de la République ou qui ne serait pas remis à la discrétion des corps administratifs sera saisi, conduit au chef-lieu du district et jugé conformément aux lois...

Art. 11. — Ceux qui recevront ces prêtres après la publication du présent arrêté seront déclarés pertubateurs du repos public et seront punis comme tels. Fait à Quimper : signé Kergariou, président, Guillou aîné, Poulain, Morvan, Le Baron, Le Noan, Le Goazre, Brichet procureur. Aimez secrétaire.

L'arrêté fut publié le 19 juin à Landerneau. Avant Robespierre, la Gironde faisait de l'hospitalité un crime capital, comme au temps des Marius et des Sylla.

Après la proscription des députés girondins, la Convention en vient enfin à ce qui est l'objet de sa convocation, à faire une Constitution. En trois semaines, sans discussion, elle mit sur pied la « Constitution de 1793 » où toutes les garanties démocratiques étaient accumulées ; assemblée législative élue pour un an, suffrage universel, referendum, plébiscite préalable. Les communes étaient chargées de se prononcer sur son acceptation dans des assemblées primaires et chaque commune devait envoyer un député apporter à Paris les résultats du plébiscite (décret du 27 juin). « Après quoi la mission de la Convention serait remplie et une nouvelle législature la remplacerait ».

Le plébiscite eut lieu à Landerneau le 28 juillet :

« Aujourd'hui 28 juillet 1793, l'an second de la République française, les citoyens des communes du canton de Landerneau, District du même nom, département du Finistère, se sont réunis en assemblée primaire en suite de la convocation faite en exécution du décret de la Convention nationale du 27 juin dernier.

Jean Anton, citoyen le plus âgé, a fait provisoirement les fonctions de président, Alain Gourvez citoyen le plus jeune a fait provisoirement les fonctions de secrétaire, Pongérard père, Roulloin père et 0llivier ont fait provisoirement les fonctions de scrutateurs comme doyens d'âge après le président.

L'assemblée a procédé par la voie du scrutin à la majorité relative et par bulletin de liste à la nomination d'un président, d'un secrétaire et de trois citoyens appelés au bureau pour inscrire les noms des citoyens présents et y tenir note des suffrages.

Yves-Bonaventure 0llivier a été élu président, Guillaume Leisségues, secrétaire, Vincent Cruzel, Charles Le Bourg et Lacaze fils aîné pour siéger au bureau.

Le président a annoncé l'objet de la réunion des citoyens en assemblée primaire.

Le commissaire chargé par la municipalité de Landerneau de porter à l'Assemblée l'acte constitutionnel présenté au Peuple français par la Convention nationale et les décrets en 26 et 27 juin dernier en a fait remise sur le bureau.

Le secrétaire en a fait la lecture. Celle-ci achevée, le Président a mis aux voix l'acceptation et fait faire l'appel sur la liste des citoyens présents.

L'appel fini et le recensement fait, le nombre des votants s'est trouvé 234 dont 230 ont voté pour l'acceptation et 4 contre.

Le présent procès-verbal a été rédigé en triple minute, l'une pour être déposée au secrétariat de la municipalité de Landerneau, lieu de l'assemblée, l'autre pour être remise à Pierre Leroux, citoyen nommé pour la porter à la Convention Nationale, conformément à l'art. 4 du décret du 27 juin, la troisième pour être adressée à la Convention nationale par le courrier de demain, conformément au décret du 19 de ce mois. Et ont signé le président, le secrétaire et les scrutateurs ».

Le 30 juillet la nouvelle commission départementale s'installait au couvent des Ursulines à Landerneau. Elle était nommée directement par les Représentants du Peuple et composée de neuf membres, à savoir : Perrin (l'ancien lecteur du mandement d'Expilly à Saint-Thomas), Moyot, Leissègues, Durun, Ducouëdic, Le Grain, Gonidec, Gouez et Davon. (L. Saluden).

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