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Landerneau avant la Révolution : les administrations religieuse et civile de Landerneau

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Au moment où la Révolution allait commencer, Landerneau comprenait quatre paroisses, deux de chaque côté de la rivière : du côté du Léon, il y avait la paroisse de Beuzit ; son clocher, portant la date de 1591, s'élève encore entre l'Elorn et la ligne de chemin de fer, à l'ouest de la paroisse de Saint-Houardon dont l'église se voyait alors à l'endroit où sont les chantiers de M. Gayet. Du côté opposé, se trouvaient les deux paroisses, de Saint-Thomas dont l'église subsiste encore et sert de chapelle de secours, et de Saint-Julien, dont l'église était située à l'entrée du pont sur l'emplacement des magasins de M. Kerdraon en 1929.

Les chefs des paroisses de Beuzit, de Saint-Houardon et de Saint-Thomas avaient le titre de recteurs, aidés chacun d'un curé ou vicaire ; Saint Julien, trêve de Ploudiry, était desservi par un prêtre ayant le simple titre de curé ou vicaire ; néanmoins cette église avait des privilèges curiaux, car elle avait des fonts baptismaux et un corps politique, c'est-à-dire un conseil de fabrique. De plus, pendant que Saint-Houardon, Beuzit et Saint-Julien faisaient partie du diocèse de Léon, Saint-Thomas ressortissait de l'évêché de Quimper. C'est un petit ruisseau découlant des pentes ouest de Pencran et venant se jeter dans l'Elorn en un endroit appelé Toulcoq, qui faisait la séparation entre le diocèse de Léon et le diocèse de Quimper et partant, entre la paraisse de Saint-Thomas et celle de Saint-Julien ; la statue de N.-D. de Rumengol érigée à l'angle de la rue Saint-Thomas indique la limite des deux diocèses.

Sur la place des Quatre-Pompes, faisant partie autrefois de la paroisse de Saint-Julien, s'élève une haute maison faite de pierres de taille, à l'angle de la place et de la rue Saint-Thomas. C'était là que demeurait M. Pillet, maître des postes à cheval de Landerneau, et que naquit Emmanuel Pillet, le futur curé constitutionnel, le 18 octobre 1758. Ce même jour, il fut baptisé dans l'église de Saint-Julien comme l'atteste l'acte de baptême des registres de cette église :

« Emmanuel-Claude-François, fils légitime et naturel de noble homme Urbain-François Pillet, directeur des Postes en cette ville et de dame Marie-Claude Pépin, son épouse, naquit le 18 octobre 1758 et a été baptisé le même jour par le soussignant curé. Parrain et marraine ont été Yves Gourmelon et Catherine Moriez, Et ont signé le père présent et le prêtre... de La Fontaine-Tréaudet, prêtre, curé de S. Julien ».

L'enfant avait un oncle prêtre, M. Migeot, recteur de Saint-Thégonnec, qui le prit près de lui, et lui fit commencer des études qu'il acheva probablement au collège de Saint-Pol. En tout cas, à 22 ans, Emmanuel Pillet était clerc tonsuré. Dans les archives de l'évêché de Léon on voit un procès-verbal de la prise de possession par Pillet de la chapellenie de Kerebarz en Guilers,

« Le 2 mars 1780, dit l'acte du notaire de Saint-Renan, qui l'accompagnait, le dit Emmanuel Pillet, clerc tonsuré a mis un surplis, ouvert le missel disposé sur de maître-autel de l'église et y a, à haute et intelligible voix, fait lecture de l'oraison du jour, après avoir préalablement pris de l'eau bénite et avoir adoré le S. Sacrement. Ensuite, il s'est rendu au bas de l'église a saisi la corde de l'une des cloches et a sonné. Personne n'ayant fait opposition, le dit Pillet a été mis en possession de la dite chapellenie ».

L'acte du notaire fut expédié en double à l'Evéché ,de Léon qui renvoya à Pillet un reçu signé du Vicaire Général, M. de Keroulas. L'année suivante, M. Migeot mourait laissant en héritage au jeune Pillet la chapellenie de Saint-Jérôme en l'église de Saint-Houardon à Landerneau, et le jeune clerc prenait passession de cette chapellenie suivant les rites décrits plus haut. Ce dernier bénéfice comportait l'obligation de trois messes par semaine à faire desservir.

Ces deux chapellenies, sans compter son patrimoine, formaient à Pillet le revenu nécessaire, réclamé par le droit canonique et par le roi, pour être admis au sacerdoce: le 16 mars 1782, notre jeune Landernéen recevait la prêtrise dans la cathédrale de Saint-Pol. Dans le tableau d'ordination on lit ces lignes : « Pillet Emmanuel-François-Claude, de S. Julien de Landerneau : médiocre pour la capacité, caractère très ouvert et bon, a de la piété ». Les maîtres du jeune prêtre l'avaient bien jugé : capacité médiocre, ce sera encore la note que le préfet lui donnera, lors de la restauration du culte. Rien que cette note explique et excuse bien des errements. Pendant ses cinquante quatre années de sacerdoce, Pillet aura, en effet, de la peine à comprendre son devoir, et au moment troublé de la Révolution où l'exemple des autres pasteurs restés fidèles à leur devoir ne lui dira rien, et après le Concordat, où il ne comprendra pas la délicatesse situation. Son affabilité, sa générosité, la dignité, mœurs, sa parole facile séduiront hélas ! beaucoup d'âmes. Doué de beaucoup de talents extérieurs, Il eût pu beaucoup pour le salut des âmes, et il s'éteindra attristé du mal qu'il aura commis, victime du défaut de ses qualités.

On voit dans une lettre qu'il écrira plus tard à l'Evêque en 1806, qu'il fut tôt après son ordination nommé vicaire, ou comme l'on disait alors, curé de Saint-Julien. « A l'âge de vingt trois ans et demi je fus, dit-il, nommé à la succursale de Saint-Julien ». Jusqu'à la Révolution, Pillet remplira son ministère à la satisfaction de tous. Membre de droit de la Commission administrative de l'hospice qui était sur sa paroisse, il n'y interviendra que pour approuver toujours les propositions des autres membres et cela avec une courtoisie des plus distinguées. Sa chapellenie de Saint-Jérôme le mettant en relations avec le recteur de Saint-Houardon, celui-ci semble priser fort son jeune confrère qu'il invite souvent à prêcher dans son église. Quant aux relations avec le recteur de Saint-Thomas, elles sont rares ; pourquoi ? Peut-être parce que, tout en étant voisins, ils sont d'évêchés différents. Pourtant deux fois par an, les trois paroisses de Saint-Houardon, de Saint-Julien et de Saint-Thomas ne forment qu'un seul cortège pour les processions du Sâcre et de l'Assomption.

M. l'abbé Favé, dans un article du Bulletin de la Société archéologique (1903),à propos de préséance, nous raconte une procession du 15 août à Landerneau. Saint-Houardon était la plus ancienne des paroisses de la ville ; c'était sur son terrain que se trouvait la Maison de la Communauté ; là aussi se tenaient les administrations royales, si bien que Saint-Houardon était la principale des paroisses. Le jour du 15 août, les vêpres célébrées dans chacune des paroisses, tout le clergé séculier et régulier de la ville, ainsi que le corps de Justice et le corps de Communauté, se réunissaient à l'église de Saint-Houardon. Vers les trois heures, les cloches des paroisses sonnaient et un important cortège sortait alors de l'église. En tête venaient les Congréganistes de la Vierge, puis les Confréries avec leurs bannières, ensuite le clergé précédé de la croix portée par un Père Capucin ; ce clergé était nombreux, car avec les prêtres habitués et les réguliers, il comprenait une trentaine de clercs ; d'abord le clergé de Saint-Julien, puis celui de Saint-Thomas, et enfin les prêtres de Saint-Houardon, dont le recteur fermait la marche, portant entre ses mains une statue de la Vierge. Derrière le clergé marchaient les corps politiques ou fabriques des paroisses ; ensuite le Corps de Justice précédé de sergents revêtus du grand manteau de cérémonie et armés de hallebardes ; puis le Corps de la Communauté composé du Maire, du Miseur, du Contrôleur et des quinze échevins ; suivait enfin la masse de la population. En sortant de Saint-Houardon, la procession longeait le quai de Léon, traversait le pont, entrait à l'église Saint-Julien, où il y avait une statue vénérée de N.-D. des Carmes, dont le socle fileté d'argent a été découvert récemment par M. le chanoine Corre, curé actuel de Landerneau. Là, clergé et corps constitués entraient un instant ; on chantait un motet à la Vierge. Puis la procession continuait ; traversant les halles, elle gagnait le bas de la rue de Ploudiry, longeant la rue Saint-Thomas, pénétrait dans l'église, s'y arrêtait un instant, prenait à la sortie le quai de Cornouaille, refaisait une courte station dans la chapelle des Ursulines (caserne actuelle), une autre dans la chapelle des PP. Capucins et enfin rentrait à Saint-Houardon, où se lisait lu voeu de Louis XIII. La cérémonie se terminait par un salut.

Pendant que Pillet administre la paroisse de Saint-Julien, le recteur de Saint-Houardon est M. Joseph Marie de La Rue ; il est né à Landerneau, fils d'un grand marchand de toiles de la ville. Ancien membre de la Compagnie de Jésus, il a obtenu la cure de Saint-Houardon dans un concours de onze candidats. Depuis deux ans, à la suite d'une attaque, il est paralysé du côté gauche ; il ne peut marcher qu'appuyé sur son fidèle domestique Jean Omnès ; il célèbre la messe, mais ne pouvant monter en chaire, c'est de la balustrade qu'il prêche à ses ouailles ; il a comme vicaire un digne ecclésiastique du nom de Jocquet, qui, après avoir émigré, rentrera à Landerneau en 1800 puis sera nommé curé de Daoulas.

Le recteur de Saint-Thomas est un prêtre de 64 ans, Pierre Joseph Bodénez, originaire d'Irvillac, pasteur plein de zèle et de charité, qui consacre aux petites écoles tout le temps que lui laissent les autres fonctions de son ministère, Son vicaire est Germain-Charles-Marie Marc, né à Landerneau, en 1753, ordonné en 1778 ; après la Révolution, ce dernier reviendra prendre son poste et M. de Troërin, vicaire général, établi à Landerneau à ce moment, donnera à son sujet cette note : « Marc, vicaire à S. Thomas, émigra en Angleterre ; apprit l'anglais ; gagna sa vie en donnant des leçons de français ; à son retour en France, il a passé dix-huit mois à Saint-Thomas, comme desservant provisoire, respecté et chéri du peuple ; jamais un sol en poche, tout ce qu'il avait passant immédiatement aux pauvres ; prêtre de grand exemple, très instruit, un peu vif dans son zèle, cependant jamais indiscret. Bon prédicateur breton et français, exposant les principes avec une netteté et une exactitude très grandes ; un des meilleurs sujets du diocèse de Quimper ». Ce M. Marc meurt recteur de Couesnon en 1809.

Le recteur de Beuzit est M. Roussel ; la paroisse est pauvre ne comprenant que quatre cents communiants ; partant peu enviée : M. Roussel l'a obtenue dans un concours où il n'y avait que deux candidats. Il a pour vicaire M. Mouden qui pendant la Terreur fera le désespoir de la police chargée de l'arrêter, car il sera insaisissable.

Ajoutons que cette paroisse de Beuzit ne relevait pas de la Communauté de Landerneau.

Cette Communauté ou Corps de Ville était régie par le règlement du 29 septembre 1721 ; elle se composait de 18 délibérants, dont un maire en exercice nominé au 1er janvier pour 2 ans, un miseur ou receveur municipal des deniers, un contrôleur de ces deniers et 15 échevins dont les fonctions étaient à vie. De plus, elle s'adjoignait un greffier secrétaire. Cette Communauté nommait elle-même ses membres par voie de scrutin, mais ces nominations devaient être approuvées pur Mgr le duc de Penthièvre, en qualité de gouverneur de la Province. Par suite de l'absence d'élections populaires, la vie politique était très calme à Landerneau. Seule la Communauté avait ses orages ; et l'on voit en 1757, 10 échevins démissionner à la fois, pourquoi ? Parce que les fonctions municipales sont accaparées par trois ou quatre familles. En 1774, sur les 18 membres de la Communauté, 8 sont de la famille Le Gris-Duval, 5 de la famille Mazurié, et les élections deviennent querelles de familles. Mais un représentant du pouvoir royal était près de la Communauté pour trancher ces différends, c'était le Gouverneur de Landerneau.

Le maire en exercice en 1789 était M. Le Gall-Delalande. (L. Saluden).

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