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LA FORÊT DE FOUGÈRES EN LANDÉAN ET LAIGNELET

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La belle forêt de Fougères, peuplée surtout de hêtres, a, vers 1926, une superficie (routes, terres et prairies déduites) de 1.660 hectares, dont 1.072 en Landéan et 588 en Laignelet. C'était la propriété des barons de Fougères, puis des ducs et des rois. Elle est encore domaniale. Pour l'exploitation, elle est vers 1926 divisée en 130 coupes, numérotées de 1 à 130 ; des bornes et des fossés les délimitent. Il semble qu'autrefois elle était exploitée en un nombre de coupes à peu près semblable. Chaque coupe, délimitée par l'arpenteur de la Maîtrise, était généralement d 'une vingtaine d'arpents. Or, on comptait dans la forêt environ 3.100 arpents [Note : On comptait en plus : délaissements des officiers de la maîtrise : 166 arpents ; délaissements des gardes : 139 arpents ; afféagements aux particuliers : 125 arpents. — L'arpent valait 57 ares] boisés, routes comprises ; cela ferait 150 coupes, mais il faut déduire la superficie des routes. Chaque coupe était désigné par le millésime de l'année de son exploitation ; on disait : « l'ordinaire 1704 », que l'on délimitait en 1703, et qu'on exploitait en 1704 et années suivantes. L 'administration était confiée aux « Maîtrises des eaux et forêts », qui formaient un corps autonome et hiérarchisé, dirigé à Paris et au chef-lieu de la Province par de grands fonctionnaires. La maîtrise des eaux et forêts s'occupait non seulement de gérer les domaines forestiers, mais elle réprimait les délits.

La forêt de Fougères était jadis divisée en 5 cantons, ainsi dénommés : canton du Sollier, de la Tendrais, de la Barais, de Pontpéan, et de la Touche-Cochonnais. Plus tard, vers la fin du XVIème siècle, et jusqu'à la Révolution, il y eut en plus un autre canton, dit de l'Artoire, qui fut détaché de celui de Pontpéan [Note : Au XVème siècle, il y eut une tentative de création, par le Duc, d'un canton de la Villegontier ; mais les sergents féodés des autres cantons protestèrent. Il s'en suivit un procès qui paraissait, en 1457, résolu en faveur de la Villegontier (voir LE BOUTEILLER., III, p. 194), mais qui, en définitive, dut tourner contre ; car, en 1512, il n'y avait certainement dans la forêt que 5 gages féodés, et la Villegontier n'en faisait pas partie]. Ces noms de cantons sont ceux de terres situées au voisinage de la forêt, qui étaient constituées en gages féodés, et dont les propriétaires, à titre de sergents féodés, étaient tenus de fournir un garde forestier, chacun dans leur canton.

Le canton du Sollier était situé au sud-ouest de la forêt ; celui de la Tendrais, au nord du précédent, en était séparé par la grand'rivière et s'arrêtait, vers le nord, au chemin de la Villegontier à Chênedé ; celui de la Barais occupait le nord-ouest ; celui de l'Artoire, le nord-est ; et celui de Pontpéan, au sud du ruisseau de la Parcherie, s'étendait jusqu'à la lisière sud de la forêt. Ce dernier semble avoir compris jadis toute la partie est.

Les terres dont il s'agit ne furent pas données, en guise de gages, à des personnages ou à des familles, en vue de la charge de garde. C'est plutôt aux propriétaires de ces terres que cette charge fut confiée, à titre héréditaire, moyennant certains avantages largement compensateurs : droits d'usage, de pacage, de pasnage, de chauffage, part dans les prises et amendes, etc...

C'est vers le début du XVème siècle que le duc institua les premiers sergents féodés de la forêt, dont l'office était attaché à une terre. Précédemment, il y avait des « sergents gagés » (Réformation de 1664, p. 24). C'était alors une charge personnelle, révocable à la volonté du seigneur de Fougères. En 1428, il y avait un sergent « gagé » qui touchait 12 l. 3 s. 4 d. (350 à 400 fr. d'avant-guerre 1914-1418) ; et, en 1484, on en trouve encore un autre (Réformation de 1664, p. 13).

D'autres terres, notamment les Acres et le Hallay, possédaient, à titres divers, des droits d'usage ou de chauffage, sans être chargées du devoir de garde.

Plusieurs établissements (couvent de Saint-François, couvent des Récollets, abbaye de Rillé, hôpital Saint-Nicolas, hospice Saint-Louis) et plusieurs personnages (sénéchal de Fougères, gouverneur du château, fonctionnaires de la Maîtrise des eaux et forêts, etc...) bénéficiaient d'un droit de chauffage dans la forêt. Tous ces droits étaient soumis aux révisions des « réformateurs », et parfois réduits ou même supprimés.

Aux bénéficiaires qui furent maintenus, il fut assigné, au XVIIème siècle, pour couper court aux abus, une petite portion de forêt, bien délimitée, qu'on appela « triage », dans l'étendue de laquelle ils devaient exercer leurs droits. Ces « triages » étaient parfois enclos par les bénéficiaires.

Une réformation fut faite en 1542 ; une autre en 1641 ; une autre en 1664. Je ne connais pas le procès-verbal de celle de 1641. Les réformateurs avaient également pour mission de vérifier les afféagements de terrains, consentis dans la forêt. Quelques afféagements dataient de 1571 ; d'autres de 1641. Les réformateurs de 1664 avaient l'ordre de révoquer tous ceux qui ne dataient pas de 100 ans au moins — et naturellement de faire cesser les empiètements. C'est par suite de ces réformations que l'on aperçoit, dans la forêt, des terrains qui, visiblement, ont été cultivés et formés en petits champs, puis récupérés et plantés à nouveau. En plus de ces afféagements, il y avait un bon nombre de « délaissements », petites parcelles dont les gardes forestiers et les officiers de la Maîtrise avaient la jouissance. La plupart furent affermés le 10 avril 1793; certains furent affectés en l'an XII à l'hôpital.

Sous prétexte que la forêt offrait un refuge aux Chouans [Note : Une nombreuse population de sabotiers, bûcherons, bouassiers (fabricants de boisseaux), etc. habitait la forêt. La plupart de ces gens étaient chouans ou favorables aux chouans], le 25 mars 1794, des fouilles furent opérées par un détachement de troupes et de gardes nationales, accompagnées d'une quantité « infinie » de personnes munies de fusils, de fourches ou de faux. Tout ce monde passa la nuit en forêt : en 12 ou 15 endroits, de grands feux furent allumés. Des billes de hêtres appartenant à l'adjudicataire de la coupe de 1792 furent brûlées, et même 7 ou 8 loges de sabotiers ; de jeunes plants destinés à peupler la coupe en exploitation furent coupés et consommés. On dévasta et on brûla même les marchandises et outils de l'adjudicataire qui dut réclamer une indemnité. Nous avons dit, par ailleurs, que c'est de l'époque révolutionnaire que datent nos belles allées forestières. A cette époque, il fut abattu beaucoup de bois, d'abord pour faire ces percées ; puis, par suite du vandalisme de soldats indisciplinés, cantonnés dans le voisinage, malgré la surveillance et les plaintes réitérées des gardes. Il n'y eut plus, pendant cette période, que 4 cantons dans la forêt et 4 gardes : on avait continué les anciennes dénominations qui, cependant, ne correspondaient plus à rien : canton de l'Artoire, au nord-ouest ; celui du Sollier, au sud-ouest ; celui de Pontpéan, au nord-est ; et celui de la Touche, au sud-est. Au début du XXème siècle (vers 1925), il n'y a plus que deux cantons, séparés par la grand rivière ; un brigadier, habitant la Fieffe de Monthierry, surveille deux gardes, dont l'un habite le Galoupel, près de la Verrerie, l'autre réside près de Landéan.

Le charme des forêts est grand, et leurs ressources ne sont pas nulles, aussi de tout temps ont-elles été habitées (Voir JULLIAN, Histoire de la Gaule, I, 89-91). En celle de Fougères, on trouve des traces d'occupation à toutes les époques.

Avant le percement des allées forestières actuelles, d'autres cheminements, routes, sentiers ou pistes existaient dans la forêt. Quelques-unes de nos allées n'ont fait que remplacer ces vieux chemins, probablement plus sinueux, dont les traces se retrouvent encore, au voisinage des ruisseaux, sous forme de nombreuses rigoles, qui ne sont autre que des sentiers profondément creusés. Cela atteste une grande ancienneté et un usage fréquent et prolongé. Une nombreuse population de bûcherons, sabotiers, boisseliers, voire même de religieux ont donné, les uns ou les autres, à une époque ou à une autre, une foule de noms aux différents coins de la forêt ; certains sont pittoresques : gué aux merles, gué aux éperviers, passage au geai, pas au bœuf, pas au lièvre, source au sanglier, fontaine d'enfer, fontaine de grain d'or, fontaine aux belles filles, la grand'rivière, la pierre du trésor, la pierre Courcoulée, Clairdouet, etc., etc...

Les étangs étaient nombreux, sous bois, ou à la lisière ; citons : étang du Hallay, de l'Hermitage, de Saint-François, de la Villegontier, de Hérisson (en aval du précédent), d'Avion, de Beillard, de Mué, du Bois (ces trois derniers sur le ruisseau de Grolay), et enfin « l'étang rompu » qui se trouvait, au bas du coteau Saint-Martin, dans les prairies que traverse la grand'route actuelle. Sa chaussée, qui existe toujours, servait de passage aux piétons qui suivaient la « vieille route de Caen », les charriots passant à gué — « quelle chaussée fut rompue par le milieu (il y a) quarante-deux ans ou environ » (Rentier de 1541 - Arch. départ).

On trouve dans la forêt des talus énigmatiques, restes de très anciennes fortifications de terre, ou débris de retranchements plus modestes défendant les l'ermitages de pieux solitaires ou d'autres habitations, ou simplement clôtures diverses plus ou moins anciennes (Voir aussi Soc. arch. 1913 et 1921).

Il y a aussi des monuments du moyen âge : le couvent de Saint-François, du XVème siècle, dont j'ai parlé déjà à propos des chapelles de Landéan (voir plus haut), et pour lequel je renvoie à ma notice. — et les celliers de Landéan, sur lesquels je dois m'arrêter un instant. On a formé à leur sujet deux hypothèses (Voir LE BOUTEILLER, II, 282, et MAUPILLÉ, Histoire, p. 211, et Deux Cantons, p. 89). Selon les uns (dont M. Le Bouteiller et M. Rallier, à la suite de d'Argentré et de dom Lobineau) cette vaste salle souterraine, curieuse et encore mystérieuse, serait une cachette creusée dans la forêt par le baron de Fougères, au XIIème siècle, pour mettre à l'abri des Anglais les trésors de ses vassaux. Cette opinion s'appuie sur un texte de la Chronique de Robert du Mont. abbé du Mont Saint-Michel. Selon les autres (dont Dupas et M. Maupillé, qui avait d'abord soutenu la thèse précédente) les celliers remonteraient au XIème siècle, et seraient les caves de l'ancien manoir disparu de la Foréterie. Cette hypothèse a été émise d'abord par l'historien Dupas, qui écrivait à la fin du XVIème siècle. Le manoir de la Forêterie existait encore en 1284, pour le moins. — Actuellement, une closerie, au bourg de Landéan, porte ce nom de Forêterie ; une autre propriété, à 500 mètres de là, s'appelle le Châtel, depuis au moins le XVIème siècle, époque à laquelle cette propriété faisait encore partie du domaine royal. M. Maupillé assure qu'on y a trouvé des fragments de colonnes. et autres débris d'une construction importante. Voici comment s'exprime Dupas, qui fit changer M. Maupillé d'avis : « ... manoir de la Foresterie... duquel on voit encore quelques ruines et vieilles masures... » ; et : « dont on ne voit plus qu'une vieille cheminée et les caves souterraines, qu'on appelle vulgairement les celliers de Landéan... le reste du corps du logis estant tombé en ruines par vieillesse ... ». Les arguments fournis en faveur de l'une et l'autre thèse ne sont pas sans valeur. Mais je puis verser aux débats un document nouveau. Dans un rentier de la baronnie de Fougères de 1541 (Arch. départ.), j 'ai trouvé ceci : « hors la forêt .... avons vu et visité une place où estait anciennement un chasteau, près le bourg de Landéan, auquel endroit y a encore une grande cheminée et quelques murailles à la haulteur en aulcuns endroits, de 2 à 3 piez, et en autres endroits, du tout abattues, sans aucune charpente, ni couverture ..... laquelle place a six ou sept vingts pieds d'un bout à l'autre... ». Ne dirait-on pas que Dupas a écrit sa description d'après ce passage ? — Il aurait alors confondu Châtel et Celliers, plaçant par erreur le Châtel et sa cheminée en forêt, au-dessus des Celliers, où personne d'autre n'a signalé de cheminée.

En tout cas, des fouilles permettraient de retrouver la base des murailles, si, au-dessus des Celliers, il y a eu une construction importante. C'est le seul moyen de trancher la question [Note : Disons ici que le 6 mai 1795, le Cn Roullin, ingénieur, proposa au district de Fougères de démolir les celliers de Landéan pour employer les matériaux à la réparation d'un ponceau sur la grand'route. Le district émit un avis favorable, pour ce motif notamment que les celliers pouvaient offrir une retraite aux chouans ! ! Je ne sais pourquoi la décision ne fut pas exécutée].

(Emile Pautrel).

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