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Le château d'Alon, situé commune de Joué (aujourd'hui Joué-sur-Erdre), sur la rive gauche de l'Erdre, près des métairies du même nom, dépendantes de la terre de Lucinière, mérite de fixer l'attention des antiquaires.

Il ne paraît pas que nos histoires de Bretagne en fassent mention nulle part, mais ce ne dut pas moins être une place de quelque importance. Ce territoire d'Alon, connu anciennement sous le nom de masure d'Alon (le mot masure était synonyme de tenue dans les anciens aveux), relevait de la baronnie de Vioreau, membre de Châteaubriant, et ne fut annexé à Lucinière qu'en 1622, par divers acquêts séparés.

On ignore absolument depuis combien de temps le château d'Alon est détruit ; ses restes sont aujourd'hui recouverts par un bois taillis, dit la Taille du Château, et il commande un passage de l'Erdre nommé le Gué du Château. On n'aperçoit plus de vestiges de maçonnerie peut-être en découvrirait-on en faisant des fouilles ; mais le fossé, en partie taillé dans le roc vif, est encore bien conservé et règne tout alentour.

Autant qu'on peut juger de son genre de construction par les apparences qui subsistent, il semble avoir été une simple tour ronde (certainement en bois), sans ouvrages flanquants ; ce qui reporterait sa construction à une haute antiquité, ce genre de fortifications, le plus simple de tous, ayant constitué la première architecture des forteresses féodales aux IXème et Xème siècles.

Les tours de ce genre, bâties sur le bord des rivières, avaient ordinairement pour objet d'arrêter les invasions des Normands, qui pénétraient dans l'intérieur du pays par cette voie, au moyen de leurs légers canots d'osier recouverts en cuir ; dans le IXème siècle, ces barbares s'emparèrent de Nantes plusieurs fois, et c'est près de là, à Trans, qu'ils furent défaits dans une célébre bataille, en 931.

Ces indices pourraient faire remonter la construction du château d'Aton à Alain le Grand, mort en 907.

La position du château d'Alon est fort belle ; il domine tout le pays. Du côté de la rivière, il repose sur un roc escarpé dont le pied est baigné par la rivière ; cet escarpement porte le nom de Saut de la Fille. Les paysans des environs prétendent que ces ruines sont habitées par des fées, dont ils racontent mille histoires extravagantes.

Le château d'Alon pourrait être pris pour un tumulus, s'il n'avait le sommet aplati et s'il n'était environné d'un fossé en partie taillé dans le roc, ce qui lui assigne le caractère d'une forteresse ; il peut avoir environ 60 mètres de diamètre, y compris le fossé [Note : il est entouré par un fossé circulaire de 5 m de large et 2 m de profondeur. Des photos aériennes montrent qu’il était entouré de deux cours successives délimitées par des fossés].

Ces renseignements incomplets résultent de souvenirs déjà anciens ; il y aurait lieu de les vérifier et de les compléter sur place. A noter qu'à Joué existait une autre motte au lieu dit « La Butte » prés du moulin de la Chauvelière.

(E. de Cornulier).

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