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NOTICE SUR L'ANCIENNE ÉGLISE DE GUIGNEN

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Description de la vieille église et les conclusions adoptées,
d'un avis unanime, par MM. les architectes.

Vers la fin de 1878, la commune et la fabrique de Guignen avaient décidé de reconstruire leur église, devenue insuffisante pour les besoins de la population. Elle avait su qu'appelé à examiner les plans et devis de la construction projetée, le conseil local des bâtiments civils avait émis l'avis qu'il conviendrait d'orienter le nouvel édifice du Midi au Nord, de manière à permettre de conserver l'abside romane de l'ancienne église, considérée comme intéressante au point de vue archéologique ; cette modification, approuvée par l'autorité ecclésiastique, avait été sanctionnée par M. le ministre des cultes, qui accordait en faveur de la nouvelle construction une subvention de 10,000 fr. ; mais le Conseil Municipal, par une délibération du 22 mai 1878, avait décidé de ne rien conserver de l'ancienne église, qui ne pourrait, malgré son antique beauté, que déparer une construction neuve.

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Ancienne église de Guignen (Bretagne)

L'église de Guignen, l'une de nos plus vieilles constructions religieuses, est remarquable, sous ce rapport, plus que par la beauté de son architecture ; elle rappelle, en effet, mieux que beaucoup d'autres, la forme ancienne des églises romanes des Xème, XIème et XIIème siècles. Ces églises se terminaient presque toutes par une abside ou tribune demi-circulaire, au milieu de laquelle était placé l'autel. Un banc de pierre appuyé au mur servait de siège au premier pasteur, qui se plaçait au fond de l'hémicycle ; les autres prêtres siégeaient à ses côtés et entouraient ainsi presque entièrement la table du sacrifice. Les murs latéraux se prolongeaient en avant de l'abside et formaient ce qu'on appelait le chanceau, ou chancel (cancellum), à cause d'une clôture qui fermait cette partie de l'édifice et l'isolait de celle qu'occupaient les fidèles. C'était là que se tenaient les chantres et les autres officiers inférieurs du culte, que nous appelons maintenant le bas-choeur.

Toute cette ancienne disposition se retrouve dans notre église de Guignen. L'abside est décorée extérieurement d'arcades pleines, dont les cintres reposent sur les chapiteaux de demi-colonnes d'un granit rougeâtre et de la même grosseur dans toute leur élévation. Les chapiteaux sont ornés de filets enlacés de différentes manières et formant de petites volutes aux angles de la corbeille ; le tailloir se compose simplement d'un large filet et d'un chanfrein. Les ouvertures que l'on remarque dans les entrecolonnements semblent avoir été pratiquées à une date postérieure, et il est très-probable que primitivement il n'en existait aucune. Cette partie intéressante de l'église est voûtée en pierres et sert maintenant de sacristie. C'est ce qu'on a fait en beaucoup d'endroits, depuis que le clergé a quitté le rond-point du choeur pour se placer en avant de l'autel, la face tournée vers l'Orient.

Les murs du choeur sont consolidés par de larges contreforts qui ne sont que des pilastres peu saillants et qui s'élèvent d'un seul jet jusqu'à la naissance de la toiture. La chapelle du transept Nord, quoique plus récente, offre deux fenêtres en ogive assez élégantes. Le reste de l'église n'a rien de remarquable.

Mais, à l'intérieur, deux objets attirent l'attention. Le premier est le tombeau du vicomte seigneur de Guignen, Jean de Saint-Amadour, fait chevalier par le roi Charles VIII à la bataille de Fornoue, grand-veneur, chambellan et grand-maître des eaux et forêts de Bretagne, mort en 1538. Ce tombeau est placé sous une arcade pratiquée dans le mur septentrional du choeur. La face antérieure est ornée de niches remplies de statuettes et séparées par de petits pilastres. Il présente à peu près la forme des coffres et bahuts de la renaissance, aujourd'hui si recherchés. Une statue, de grandeur naturelle, représente le noble seigneur agenouillé devant un prie-Dieu couvert d'un tapis sur lequel est un livre ouvert. Revêtu de son armure et d'une espèce de dalmatique rouge parsemée de têtes de loups d'argent, les mains jointes et les yeux baissés, il prie avec toute la ferveur de la foi bretonne. Tout ce travail est en pierre et passablement exécuté. Peut-être la statue n'était-elle pas peinte primitivement comme elle l'est aujourd'hui ; mais du moins on a eu le bon esprit de reproduire les couleurs du blason de la famille de Saint-Amadour.

Ancienne église de Guignen (Bretagne)

L'autre curiosité est une crypte profonde de 3 mètres environ et large à peu près comme le choeur, sous lequel elle se trouve. Elle est voûtée en pierres et contient une source abondante et d'une eau si limpide que lorsqu'on descend les degrés qui y conduisent, on est exposé à mettre le pied dans l'eau qui couvre les dernières marches, et qui laisse croire par sa transparence qu'on n'est pas encore arrivé au niveau de la source. Le bruit et la fraîcheur de l'eau vous avertissent bientôt qu'il est temps d'arrêter.

Cette source a-t-elle été ménagée pour la commodité de l'église ? ou bien n'est-ce pas une de ces fontaines druidiques où une fausse religion rassemblait le peuple comme en un lieu sacré ? Je ne sais ; mais cette dernière supposition semblerait plus fondée et pourrait s'appuyer de plusieurs exemples du même genre. Souvent, le meilleur moyen de mettre fin à la superstition était d'établir, sur le lieu même, un signe ou monument chrétien qui détournât l'attention au profit de la vraie foi et qui substitat une pensée chrétienne aux souvenirs et aux traditions païennes. Quoi qu'il en soit, cette fontaine n'a d'autre effet maintenant que d'entretenir une humidité très-nuisible à l'église (abbé Brune).

Épitaphe de Jean de Saint-Amadour.

Quand mort l'homme saisit, maint le cuide aux ténèbres,
Alors pour lui fait on en pleurs les jours funèbres ;
Mais s'il fut bien vivant, telle mort lui est vie,
Et fin de tous ennuis, de travaux et d'envie ;
Puis renommée et Loz, bon bruit de ses bienfaits,
Le rendent par mémoire entre les plus parfaits.
Ci git, par telle mort, haut et puissant seigneur,
Jean de Saint-Amadour, chevalier plein d'honneur,
Vicomte de Guignen, sieur de Toiré notable,
Grand veneur en Bretagne, justicier équitable.
Prudence l'a conduit à prouesse venir,
Et prouesse à honneur l'a bien fait parvenir.
Au service a été de quatre rois de France,
Sous les quels, en tous faits, a eu mainte souffrance :
Treize batailles veid et y fut en personne,
Où il ne fit défaut, car tel bruit de lui sonne ;
Il était renommé sur tous autres gens d'armes,
Pour les actes hardis qu'a faits en maints alarmes..
Le roi Charles le fit de sa main chevalier
A Fornouë, où il fit maint craintif rallier ;
Pour outre l'exceller, ami, comme on remembre,
Le fit des gentilshommes principaux de sa chambre.
A la bataille extrême contre les Vénitiens,
Le roi Louis douzième avecque tous les siens
Sauva par sa prudence et prouesse bellique,
Où tous les ennemis furent mis sous la pique.
A l'estrif de Ravenne, au champ Sainte Brigide,
En vrai gendarme fut puissant, fort et rigide ;
En actes tels et maints, par soixante quinze ans,
A vécu sans reproches, et puis l'an mille cinq cent
Trente huit, en juillet sixième, il décéda.
Ainsi à ses postères tel exemple il donna.
Partant, tous nobles coeur qui voyez cette lame,
Priez au créateur qu'il en recoive l'âme.

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« L'abside et le choeur de cette église sont loin de présenter les désorganisations que l'on constate dans les autres parties.

Cette abside et ce choeur appartiennent à l'architecture romane et tertiaire, c'est-à-dire à celle du XIIème siècle.

L'abside, de forme hémycirculaire, est accolée au choeur, dont elle fait partie, et n'en est séparée que par une grande arcade ; mais elle est moins large et moins élevée ; elle est sobre d'ornementation, mais parfaitement caractérisée à l'extérieur et à l'intérieur par des colonnettes engagées, couronnées de chapiteaux romans, dont quelques-uns, bien conservés, supportent une série d'arcatures en moellons piqués, à vive arête, non-moulurées.

Le choeur, plus large et plus élevé que l'abside, est flanqué au Sud et au Nord de puissants contreforts offrant une résistance sérieuse à la poussée de la voûte, qui est en pierres.

Ce choeur est éclairé sur ses faces latérales par deux croisées.

Il existe sous le choeur, et dans toute son étendue, une crypte absolument close, sans aucun jour, qui ne communique pas avec l'abside, et qui est accessible par un escalier en pierres existant près l'appui, de Communion. Cette crypte renferme une source abondante, dont les eaux, à cette époque de l'année (8 mars), s'épandent sur toute la surface, sur une hauteur d'environ 60 centimètres ; quoi qu'il en soit, cette cause incessante d'humidité ne se traduit ni dans le choeur, ni dans l'abside ; il faut attribuer cette préservation à la voûte en pierres qui couronne cette crypte, à la bonne construction des murs dans cette unique partie de l'église, et aussi à l'épaisseur de ces murs, qui n'est pas moindre de 1m 80.

Dans le choeur, et dans une arcade pratiquée à mi-épaisseur du mur Nord, est un tombeau de pierre très-curieux et bien conservé qui appartient à l'époque de la renaissance, au-dessus duquel est agenouillé, devant un prie-Dieu et dans l'attitude de la prière, un chevalier dont la tunique porte un semis de têtes de loups ; ce personnage est Jean de Saint-Amadour, devenu sire de Guignen (par son mariage avec Marguerite de Lebiest), et qui fut armé chevalier par Charles VIII à la bataille de Fornoue, en 1405.

 Ancienne église de Guignen (Bretagne) : statue de Saint-Amadour.

De ce qui précède, et après nous être assurés que la construction de la nouvelle église, telle qu'elle a été conçue, ne peut en aucune façon être un obstacle à la conservation de l'abside et du choeur que nous venons de décrire, nous sommes unanimement d'avis :

1° Qu'il n'y a rien à modifier dans le projet de construction approuvé ;

2° Qu'il y a lieu de conserver. et d'entretenir avec soin cette abside et ce chœur, curieux et fort intéressants spécimens d'architecture romane que la commune de Guignen a l'avantage . de posséder ;

3° Que ces parties conservées de l'ancienne église pourront sans aucune difficulté être ultérieurement reliées à l'église nouvelle, après sa construction, dans l'axe de la troisième travée, conformément, du reste, au plan dressé et annexé au rapport de M. l'Architecte de la nouvelle église ;

4° Qu'il y a également lieu de maintenir la flèche, qui, bien que de construction postérieure à l'abside et au choeur, les termine d'une façon satisfaisante, qui ne manque assurément pas de pittoresque, et qui est bien préférable à tout ce qui pourrait être fait pour la remplacer ;

5° Nous déclarons en outre partager entièrement l'avis de M. le
président de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine ; comme lui, nous pensons qu'il serait déplorable, alors que le département est si pauvre en édifices de l'époque romane, d'anéantir ces anciens vestiges d'architecture, qui, debout après bientôt sept siècles, sont dans de bonnes conditions de stabilité et peuvent encore braver de longues années.

Nous ajouterons qu'il conviendrait que trois fragments appartenant à l'ancienne église soient recueillis avec soin et religieusement conservés, soit à Guignen, soit au Musée lapidaire de Rennes.

Ces fragments consistent :

1° Dans d'anciens fonts baptismaux, il est vrai détériorés, mais qu'il est facile de restaurer à peu de frais, en rapprochant et en reliant ensemble les deux parties qui les composent ;

2° Dans deux colonnes surmontées de chapiteaux très curieux et habilement fouillés, existant à l'extrémité Est du bas-côté Nord.

L'un de ces chapiteaux (celui vers Nord) présente une particularité remarquable ; il existe sur son tailloir une inscription gravée en creux, que le temps ne nous a pas permis de déchiffrer, mais qu'il sera facile de lire après l'avoir fait estamper ».

(MM. les architectes).

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