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GRANDS MAITRES DE FRANCE.

Le grand maître de France, appelé autrefois souverain maître de l'hôtel du roi, avait le commandement et la surintendance sur les officiers de bouche et de la maison du roi, qui lui prêtaient serment. Il disposait de leurs charges.

1422. TANGUY DU CHASTEL, chevalier banneret, maréchal des guerres du dauphin, prévôt de Paris, exerça l'office de grand maître de l'hôtel du roi, depuis 1422 jusqu'à 1425, suivant le cinquième compte de G. Charrier, receveur général des finances. Dès l'an 1412 il était chevalier, ainsi que nous l'apprend un sauf-conduit qui lui fut donné par le roi d'Angleterre, ainsi qu'à cent personnes de sa suite, pour aller combattre un seigneur anglais, nommé Jean de Cornouailles. Des montres de 1415 à 1420, relatées dans les Preuves de Dom Morice, et divers titres cités par le P. Anselme, nous font connaître qu'il fut chevalier banneret, maréchal des guerres du dauphin [Note : Le titre a fait croire à plusieurs auteurs qu'il avait été maréchal de France], prévôt de Paris, chambellan du roi, son grand maître d'hôtel, sénéchal de Provence, maréchal de Guyenne, gouverneur de l'Ile-de-France, de Champagne, de Brie, et capitaine de deux cents hommes d'armes.

Tanguy du Chastel fut général de l'armée de Louis d'Anjou, avec laquelle il défit celle de Ladislas en 1404. Il entra ensuite au service du roi, se trouva à la bataille d'Azincourt en 1415, et reprit sur les Bourguignons Montlhéry et plusieurs places des environs de Paris. En 1446 il fut envoyé à Gènes, pour réduire cette ville à l'obéissance du roi, et fut nommé, en 1448, ambassadeur auprès du pape Nicolas V. Il mourut quelque temps après, sans laisser d'enfants de sa femme, Isabeau le Vayer. Tanguy du Chastel fut un fidèle serviteur des rois de France. En 1418, lors de la prise de Paris par les Bourguignons, il courut à l'hôtel du dauphin, qui dormait dans son lit, l'enveloppa dans un drap, et remporta dans ses bras à la Bastille, d'où il le conduisit à Melun. Il acquit un grand renom, non-seulement dans la guerre, mais encore dans les combats singuliers. En 1404, voulant venger la mort de son frère, Guillaume du Chastel, tué dans une descente à Yarmouth, il retourna en Bretagne, rassembla 400 gentilshommes, équipa une flotte, prit la ville de Yarmouth et la réduisit en cendres. La même année, dans un combat devant Penmarc'h, il tua d'un coup de lance le comte de Beaumont, qui y avait conduit les Anglais.

Le sceau de Tanguy du Chastel, à la date de 1434, est gravé dans les Planches de l'Histoire de Dom Morice. Il représente un écu fascé d'or et de gueules de 6 pièces. Supports, 2 lions. Cimier, une couronne fleurdelysée, sommée d'un château à 3 donjons. Sur un sceau de 1276, Bernard du Chastel est représenté à cheval, armé de toutes pièces, tenant dans la main droite une épée, et dans la gauche un bouclier aux armes des Chastel ; la housse du cheval est également armoriée. Légende, S. Bernardi de Castro militis. Les devises de cette maison étaient : Marc car Doué (s'il plaît à Dieu), Da vad è tevy (tu n'as qu'à venir), et Vaillance du Chastel [Note : La devise Da vad è tevy (tu n'as qu'à venir) est donnée par M. Briant de Laubriére dans son Armorial de Bretagne, et par plusieurs autres auteurs. M. de Courcy l'écrit ainsi : Da vad é teui (tu viendras à bien)].

La maison du Chastel remonte à Arthur du Chastel, mentionné dans une charte de Saint-Florent de l'an 1086. Elle a produit un seigneur croisé en 1248, nombre de chevaliers renommés, un grand maître et un grand écuyer de France, un grand maître de Bretagne, des chambellans des rois de France et des ducs de Bretagne, des chevaliers de l'ordre du roi, des gouverneurs de places, des évêques, etc.

Tanguy du Chastel, capitaine de Brest, un des principaux capitaines du comte de Montfort, se signala à la bataille de la Roche-Derrien en 1347, et à celle de Mauron en 1352. Un de ses fils, Garsis ou Garsiot du Chastel, servait le roi d'Angleterre en 1366, et contribua au gain de la bataille de Navarette. Il passa ensuite au service du duc d'Anjou, qui le fit son maréchal et général d'armée.

Guillaume , sire du Chastel, frère de Garsis, rendit de grands services au duc Jean IV, fut fait prisonnier dans une rencontre, paya 6.000 écus d'or au coin du roi pour sa rançon, et mourut en 1370 ; Guillaume du Chastel, frère du prévôt de Paris, chambellan du roi Charles VI, fut un des sept combattants du sr. de Barbazan contre sept Anglais, en 1402. Il gagna un combat naval contre les Anglais en 1403, et fut tué peu de temps après, dans une rencontre aux environs de Yarmouth. Olivier de Chastel, autre frère du prévôt de Paris, fut en 1415 chevalier banneret, chambellan du duc, capitaine de Dinan et de Brest, et sénéchal de Saintonge à la place de son frère. Il eut pour fils : 1° François, sr. du Chastel et de Leslein, qui fut créé banneret en 1455 par le duc Pierre II ; 2° Guillaume, panetier du dauphin, tué au siège de Pontoise en 1441, auprès du roi, qui le fit enterrer dans l'abbaye de Saint-Denis, dont il avait défendu la ville contre les Anglais ; 3° Tanneguy, vicomte de la Bellière, grand écuyer de France, grand maître de Bretagne, chevalier de l'ordre du roi, gouverneur du Roussillon et capitaine de 95 lances. Guillaume du Chastel, sr. de Kersimon, capitaine de Brest, lieutenant du roi en Basse-Bretagne, chassa les Anglais et les défit à Saint-Mahé-de-Léon en 1558. Claude, sire du Chastel, de Lescoët, vicomte de Pommerit, fut lieutenant du roi en Basse-Bretagne en 1555. En 1646, Claude du Chastel, marquis de la Garnache, de Goulaine, de Mesle, comte de Beauvoir-sur-mer et de Saint-Nazaire, baron de Grouxlot, etc., épousa Yolande de Goulaine. (Dom Morice ; Le P. Anselme ; Froissart).

La terre du Chastel était une des bannières de Bretagne. Le sire du Chastel siégea parmi les bannerets et les bacheliers, aux parlements-généraux tenus en 1458 et 1462.

Il existe en Bretagne plusieurs autres familles anciennes du nom de Chastel, qui sont mentionnées dans le Nobiliaire de M. de Courcy.

1484. FRANÇOIS DE MONTFORT, dit GUY XIVème du nom, comte de Laval, de Montfort, de Vitré, du Gavre et de la Guerche, naquit le 16 novembre 1435. Il servit fidèlement le roi Louis XI, fut élevé à la dignité de grand-maître de France par le roi Charles VIII, et assista en cette qualité au sacre de ce prince. Il mourut sans lignée le 15 mai 1500 (Le P. Anselme) (A. de Couffon de Kerdellech).