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Guy Eder de la FONTENELLE |
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Guy Eder de la Fontenelle est un des seigneurs emblématiques et populaires qui sillustra en Bretagne et surtout dans le Trégor durant les guerres de la Ligue. Personnage intéressant et digne dattention, il devint un vulgaire chef de brigands redouté et dont le surnom « Ar Bleiz » (le loup en breton) semait la terreur. |
Né vers 1572 au château de Longle en la paroisse de Guenrouët (ou pour d'autres historiens, à la Fontenelle, petite propriété familiale aux environs de Saint-Brieuc (en Leslay, près de Vieux-Bourg-Quintin)), Guy Eder de Beaumanoir (baron de La Fontenelle) passe sa jeunesse à fréquenter la région de Tréguier-Lannion où il a des attaches familiales (son père Eder de Baumanoir appartenait à une bonne famille du pays de Quintin et sa mère Perronnelle de Rosmar de Kerdaniel). Sa famille était à Longle depuis 1431 date à laquelle Pierre Eder, maître d'Hôtel et Chambellan du duc de Bretagne, acquit la seigneurie de Delle de Téhillac, femme d'Hector de la Jaille.
En 1587, on le trouve à Paris au collège de Boncourt (plus tard de Navarre) où le chanoine Moreau le côtoie. Il a 16 ans, turbulent et peu studieux, il montre déjà aux dires du chanoine «des indices de sa future vie dépravée, étant toujours aux mains avec ses compagnons de classe (Op. cit. p. 315)». En 1789 « il vendit ses livres et sa robe de chambre, et du provenu de largent acheta une épée et un poignard, se déroba du dit collège, et pris le chemin dOrléans pour aller trouver Monsieur de Mayenne, lors lieutenant - général de lEtat et Couronne de France et chef du parti catholique ; mais il nalla guère loin quil ne fut dévalisé et dépouillé par quelques coureurs, si bien que la nécessité le contraignit de retourner à Paris, à son premier maître de collège, où toutefois il ne tarda guère quil ne retourna en Bretagne (Op. cit. p. 316)».
Agé de 18 ans, il sallie «à la populace qui était sous les armes pour le parti catholique ». Il réunit autour de lui « quelques domestiques de son frère aîné et dautres jeunes quil connaissait plus (Op. cit. p. 319)». Cest dans le Trégor quil entame son équipée sauvage. Il fallait vivre, Guy Eder de la Fontenelle entreprend alors de piller les châteaux, les bourgs et les villages. En 1590, la cour du Parlement de Bretagne, le condamne pour ces « volleries et pilleries » dont il se rend coupable.
Cest dans le Trégor que La Fontenelle commence à faire parler de lui. Il séjourne dabords au château de Kersaliou en Pommerit-Jaudy doù il mène, avec son fidèle lieutenant Jean de la Noë, plusieurs expéditions en 1590 dans la région de Tréguier, Pontrieux, Callac, Châteauneuf-du-Faou et Morlaix. En août 1590, il investit avec ses soudards la ville de Lannion doù il chasse Goesbriand. Il sinstalle alors à sa place et lève auprès des bourgeois lannionnais des impôts pour lentretien de sa bande de brigands Il est délogé un mois plus tard et sen va chercher fortune en Cornouaille.
Sur ordre du duc de Mercoeur, il se rend, en Juillet 1592, le maître du château de Coatfrec (véritable forteresse appartenant au baron dAvaugour et défendu par François de Goesbriand), dont il devient le gouverneur au nom de la Ligue puis du château de Guerrand, appartenant à la famille de Boiséon en Janvier 1593. Au printemps 1593, encerclé par une imposante force réunie par René de Rieux-Sourdéac, gouverneur de Brest, Sébastien de Rosmadec, baron de Mollac et Kergomar, alors gouverneur de Guingamp, Guy Eder capitule et doit quitter le château de Coatfrec. On décide alors de détruire ce château pour quil ne retombe plus entre les mains des ennemies du Roi.
Vers 1593, sa troupe est presque uniquement composée dhabitants du Trégor : « les sieurs du Muriou (Jean du Rosmar), Deslandes, Kerprigent, Kermez, le cadet de Kerdaniel-Rosmar, Lesmery, la Roze de la compagnie du capitaine Boysvignan, de Kermarrec de Plobezre, les deux enfants de Kerourguy de Lentreguier, François Trebars, le sieur du Logeou, le chantonnier de Lannion, Bernadin et ses enfants du Bocq, le petit la Roze, Pratangarentem, le cadet de la Varye de Lannion, Coatgourhant Maison Blanche, de Kervegant, Poulanran Kerprigent, Kerdobieche le jeune de Guingamp, les deux Lozarnier, le Meudeuc du Troublechon et Pierre le Faou de Kerempol ». Avec sa bande qui compte jusquà près dun millier dhommes, il écume la haute Cornouaille et le Léon.
Il sétablit avec sa bande à Corlay (fin 1593) et installe une garnison dans le château de Callac. Après avoir mis la région à feu et à sang, il décide, en Juin 1595, de prendre possession de lIle Tristan (baie de Douarnenez) et la transforme en quartier général fort dune garnison de 700 à 800 soldats. Elle est le point de départ de nombreuses expéditions.
Guy Eder poursuit ses incursions dans le Trégor : « le mardi 28 octobre 1597, le sieur de La Fontenelle assisté denviron 300 cavaliers vint de Douarnenez au bourg de Ploumilliau pour défaire le capitaine dit Ville-Chapin (lequel on disait être un texier) étant des troupes du sr de Kergomar, quel Ville-Chapin était audit bourg assisté denviron 150 hommes de pied qui y étaient venus pour contraindre les paroissiens de payer ce quils restaient devoir pour les fortifications de Guingamp, le quel capitaine de toile avec douze ou treize de ses soldats fut tué, et les autres mis en déroute et fuite légère quils gagnèrent à grand pas ut canes et nilo (registre de labbé Lucas) ».
Il se marie à Marie le Chevoir, fille de Lancelot le Chevoir et de Renée de Coetlogon, sieur et dame de Coadalen de la paroisse de Prat. La tradition veut que La Fontenelle enleva Marie à Coadelan. Un document datant de 1619 (Arch. Côtes dArmor 53 J 11), prétend que ce sont Hervé de Parcevaux et Renée de Coetlogon qui « baillèrent prodvitoirement et livrèrent ladicte Le Chevoir de leur propre auctorité à Messire Guy Eder, sieur de La Fontenelle pour la luy faire espouser sans advis de parents ni décret de justice ». Est-ce par contrainte ou par nécessité, on ne le saura jamais.
Après avoir bénéficié de bien des indulgences, Guy Eder La Fontenelle est accusé de trahison et de complicité avec lennemi espagnol. Il est « convaincu du crime de lèse-majesté et davoir conspiré contre lEtat » et frappé « pour raison des conspirations, trahisons et entreprises à lencontre du Roy, de son Estat, du bien et repos public ». Par arrêt du Grand Conseil, du 25 septembre 1602, Guy Eder de la Fontenelle est condamné à la peine de mort. Il est condamné au supplice de la roue et est exécuté à 28 ans en Place de Grève le 27 septembre 1602 (il navait que 28 ans). Sa tête tranchée est ramenée en Bretagne pour être exposée quelques jours au sommet de la porte de Toussaint à Rennes. Elle ny resta pas longtemps, en effet, le 8 novembre 1602, elle est enlevé par des amis inconnus. A la mort de son époux, Marie le Chevoir renonce à ses biens « par le moyen de la dissolution » de son mariage. Elle meurt lannée suivante.
On raconte, qu'avant de mourir de chagrin, la Dame de Fontenelle reçut une mèche de cheveux de son mari. Elle l'afficha au-dessus de la porte, et les cheveux y restèrent jusqu'à la Révolution.
Le manoir de Coadeslan, près de Prat, où vivait Marie Le Chevoir, n'est plus aujourd'hui qu'une ferme ornée d'une petite tourelle et la chapelle fait office de grange.
Lépée du brigand Guy Eder La Fontenelle fait maintenant partie des collections permanentes au Musée départemental Breton à Quimper.
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