Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Vitraux ou verrières de l'église de la Ferrière.

  Retour page d'accueil       Retour Page "Ville de La Ferrière"   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Ancienne trève de La Chèze, La Ferrière fut longtemps prieuré cure de Marmoutier. L'église actuelle date des XIIIème, XVIème et XVème siècles. Elle renferme trois verrières des plus intéressantes pour l'histoire du vitrail en Bretagne, puisqu'elles sont datées, et que l'on en connaît l'atelier.

Restaurées en 1804 par la fabrique, celle-ci n'avait plus, en 1845, les 600 francs indispensables à leur entretien, et dut se résigner à les voir se disloquer. Une partie des fragments gisaient dans l'église tandis que les autres étaient disséminées dans le village et voués à la destruction, lorsque Geslin de Bourgogne fut assez heureux pour les rassembler et permettre la reconstitution que nous admirons aujourd'hui [Note : Sur les vitraux de La Ferrière consulter : Etat statistique des Eglises des Côtes-du-Nord dressé en 1845, et De Barthélemy et Geslin de Bourgogne : Anciens Evêchés, t. VI, page 31].

Eglise de La Ferrière (Bretagne).

I. — Verrière de Sainte Barbe.

Les quelques fragments que l'on put recueillir d'une verrière de sainte Barbe ont été rassemblés dans la fenêtre sud du chœur. On l'appelle aujourd'hui verrière de sainte Agathe, bien qu'autrefois il y eut une inscription, actuellement disparue, portant la mention sainte Barbe et la date de 1546 [Note : Dans la chapelle Sainte Barbe de l'église de Champeaux, la belle verrière dédiée à la sainte est dite actuellement, malgré la tour symbolique, verrière de Sainte-Claude, qui, comme sainte Agathe, subit le même supplice que sainte Barbe. C'est sans doute le souvenir de Claude d'Espinay qui a provoqué ce changement].

Dans un encadrement renaissance, surmonté de puttis sur fond rouge, un premier tableau représente Dioscore, l'épée à la main, prêt à immoler sainte Barbe. Il est coiffé d'un turban blanc et or, et vêtu d'un manteau rouge et d'une robe or à manches à crevés bleus. Près de lui, une femme, en robe bleue à col brodé d'or et coiffure blanche et or.

Sainte Barbe est en robe or garnie de perlages, ceinture verte et surcot rouges à points d'or. Les manches de la robe ont des bouffants blancs garnis de pendeloques blanches ; les architectures du fond sont violettes.

Au-dessous, un second panneau porte l’inscription : « Comment le prévôt la fit fouetter de verges ». Sur un fond bleu, le prévôt est assis devant un rideau vert. Il porte un bonnet rouge, une robe rouge à crevés d'or aux manches et garnie de fourrure au col et aux manches. La sainte est nue jusqu'à la ceinture. Le bourreau, en manches de chemise retroussées, porte un pourpoint rouge à ornements or.

Au-dessous, un troisième panneau représente la partie inférieure d'une autre scène : Sainte Barbe devant Marcien. La sainte est vêtue comme sur le premier panneau, et le juge comme sur le second, mais le bas de ses manches est bleu et l'on voit ses bottes jaunes.

II. — Arbre de Jessé.

Dans la fenêtre du transept nord, se trouve un vitrail consacré à l'arbre de Jessé. En bas, à gauche, on lit le monogramme de l’artiste : M. B. et à droite la date de 1551.

La Ferrière (Bretagne) : l'arbre de Jessé de l'église.

Sous un dais à rideaux d'or et assis sur un trône vert, Jessé sommeille. Il est vêtu d'un riche manteau blanc et or, laissant apparaître les manches bleues de sa robe, et il a ses pieds nus dans des sandales à courroies d'or.

A gauche, en manteau bleu et pourpoint vert, dont l'extrémité des manches est rouge avec points d'or, Jérémie soulève la courtine de la tente de Jessé. De sa bouche sort un phylactère avec le verset connu : « Ecce virgo concipiet et pariet filium ». A droite, Isaïe, vêtu d'une robe rouge à manches vertes, lui fait pendant. Le phylactère sortant de sa bouche porte l’inscription : « Egredietur Virga de Radice de Jesse et flos radice ejus ascendet ». Du dos de Jessé part le tronc de l'arbre.

Au premier rameau, à gauche, Salomon, en violet, tenant un sceptre et un livre ouvert ; au centre, David jouant de la harpe, manteau gris-vert et tunique rouge à points d’or ; à droite Hezecias, portant sur un pourpoint vert une cuirasse d'or et un manteau violet. D'une main il montre le rang supérieur.

A celui-ci, à cheval sur une branche, Josaphat, en manteau rouge à col d'hermines, pourpoint violet, bas verts et bottes d'or. Au centre, assis dans les branches, Roboam, en manteau de damas or, pourpoint rouge rayé de jaune, chausses bleues à jarretières jaunes. A droite, Asa en robe rouge à col et ceinture d'or.

Au-dessus de Roboam sont rassemblés Aman, en pourpoint vert bordé d'un galon perlé, manches violettes à crevés et bas roses violacés, puis Loth et Joram en pourpoint or à manches vertes et manteau violet.

A droite, Jozias, en pourpoint rouge à manches jaunes et manteau vert. Au-dessus Jeslas et Jaconias. Celui-ci porte un pourpoint rouge bordé d'un galon d'or et orné des clochettes si caractéristique de l'école des Pays-Bas.

Au sommet de l'arbre, dans une gloire entourée d'anges, la Vierge, en rose-violacé et manteau bleu, tient l'Enfant, vêtu d'une robe violet foncé.

Cette verrière offre de grandes analogies avec celles de Beignon et de Moullins, qui, elles, ont été faites rigoureusement d'après un même carton. Il est à remarquer, en effet, que les rois Hezecias, Salomon, Josaphat et David du vitrail de La Ferrière sont identiques à ceux de Beignon et de Moullins. Nul doute, donc, que le vitrail de La Ferrière ne sorte d'un atelier rennais. C'est en effet ce qu'il ressort du monogramme M. B. que M. Anne Duportal a identifié comme celui du maître Michel Bayonne, dont le nom est inscrit sur la verrière de Saint-Gondran, et à qui l'on doit, probablement aussi, la verrière de la Passion des Iffs [Note : Michel Bayonne figure sur l'état des peintres employés à Rennes pour les préparatifs de l'entrée de Charles IX. La maîtresse vitre de Saint-Gondran date d'avril 1569. Voir Mémoires de la Société archéologique d'Ille et Vilaine, t. XXI, pp 43 et suivantes].

Le carton appartient nettement à l'école des Pays-Bas et certains détails se retrouvent dans les rois de Jacob Cornelis.

Les inscriptions des phylactères sont curieuses. Ce sont en effet deux versets d’Isaïe : le premier Ecce Virgo concipiet... est le verset 14 du chapitre VII ; le second : Egreditur Virga... le verset I du chapitre XI.

M. Male a d'ailleur indiqué (F. Male, L'art religieux du XIIème siècle, p. 115) que le premier servait au Moyen Age de témoignage à Isaïe dans le drame des prophètes, attribué à saint Augustin et représenté dans certaines églises aux matines de Noël ; et que le second était le témoignage du même prophète dans les drames d'Adam.

Il serait donc naturel de penser que l'un des deux phylactères de La Ferrière a été refait, par erreur, par un peintre verrier, si l'on ne trouvait également les mêmes inscriptions sur les deux arbres de Jessé de Stival et de Notre-Dame de Quelven en Guern qui proviennent d'un même atelier. L'on se trouve donc, semble-t-il, en présence d'une erreur systématique, et l'on peut se demander si les arbres de Stival et de Guern ne proviennent pas d'un atelier rennais en liaison avec celui de Michel Bayonne. Nous n'en avons toutefois aucune preuve ; et, en tous cas, le carton de Stival et Guern, bien qu'appartenant également à l'école néerlandaise, est différent de celui de Moullins, Beignon et La Ferrière.

III. — Maîtresse vitre.

La fenêtre du chevet est divisée par un meneau en deux lancettes dans lesquelles on a placé des panneaux faisant partie de deux verrières distinctes.

La Ferrière (Bretagne) : la maîtresse vitre de l'église.

La lancette gauche en comprend trois :

1° - En bas la dormition de la Vierge, panneau au-dessous duquel est inscrite la date NOBRE (novembre) 1551 [Note : Et non BRENO comme indiqué par plusieurs auteurs. A Saint Gondran l'on avait également fait d'Apvril (Avril) un peintre Julien Apuril bien que la signature de Michel Bayonne figure sur le vitrail].

Au premier plan, à gauche, un apôtre lit. Il est vêtu d'une robe verte à ceinture rouge et d'un manteau violet ; au milieu, un second, accoudé, est en robe blanche et manteau or ; enfin, à droite, un autre apôtre, les mains jointes, porte un manteau violet et une robe rouge dont les manches ont leurs extrémités jaunes.

Au second plan, sous un dais frangé de bleu et de vert à courtines rouges, la Vierge est étendue sur une couverture rouge et tient une palme verte. Elle porte une robe rose violacée et un manteau bleu et a la tête enveloppée d'un voile blanc. Près de la Vierge et lui soutenant la tête, saint Jean en robe violette ; puis un apôtre, en robe jaune et manteau rouge. Plus loin saint Pierre, en aube blanche et chape d'or, récitant les prières des agonisants et tenant un livre de la main gauche et un cierge de la main droite. A sa droite, un apôtre en manteau rouge tient la croix, puis un autre, en robe bleue et collet jaune brun, ouvre l'encensoir.

Dans le fond de la scène, le Christ, en manteau rouge et entouré d'angelots formant gloire, donne sa bénédiction.

Sur le linteau du portique renaissance encadrant ce tableau se lit l’inscription : Surge amica mea et veni.

2° L'Assomption de la Vierge.

Vêtue comme précédemment, la Vierge s'élève dans les cieux soutenue par quatre anges dans une gloire d'or. En haut, à gauche, l'ange a des ailes rouges et porte une tunique bleue à manches jaunes et une jupe violette. Celui de droite a les ailes vertes et porte une tunique jaune à manches bleues et une jupe rose violacé. En bas, à gauche, l'ange porte une tunique rouge à manches violettes et une jupe rouge ; il a les ailes vertes. Enfin, le quatrième a les ailes rouges et est vêtu d'une robe jaune dont l'extrémité des manches est verte.

Une banderole surmonte la scène avec l’inscription : Assumpta est Maria in Celum.

3° Le couronnement de la Vierge.

Sur une nuée, au centre, la Vierge, vêtue comme précédemment, est à genoux entre le Christ et le Père Eternel et vient de recevoir la couronne. A gauche, le Christ bénissant, en robe bleue et manteau rouge ; à droite, Dieu le Père, en robe violette et manteau rouge. Au-dessus, le Saint-Esprit entouré d'angelots alternativement rouges et bleus à ailes jaunes. A l'arrière-plan, un choeur d’anges ; et au premier plan, à droite et à gauche, deux anges musiciens.

La lancette droite renferme quatre panneaux réunis deux à deux, ce sont de haut en bas et de gauche à droite :

1° - L'ange apparaît à saint Joachim. Saint Joachim, en robe violette, tunique or et rouge, manteau rouge, chaperon violet sur l'épaule, et bottes bleues, est assis sous un arbre vert. Devant lui, trois bergers, en chapeaux bruns et vestes respectivement rouge, violette et brune, font paître leurs moutons sur l'herbe verte ; celui de droite joue du biniou. Dans le ciel, sur un nuage, apparaît l'ange en robe rouge à manches brunes et ailes également brunes. Dans le fond, paysage avec rocher, en noir sur gris bleu.

2° - L'ange apparaît à sainte Anne. Sainte Anne, nimbée d'or, porte une robe brune, un corsage et fichu blancs à garniture brune et un manteau or et rouge. Elle est dans une pièce à boiseries violettes et rideau rouge. Par une fenêtre, l'on aperçoit un paysage flamand.

L'ange, en robe blanche à rayure brunes et ailes vertes, lui apparaît. Dans une pièce voisine, personnage en jaune.

Au-dessous de ces deux tableaux, la légende porte : « Comment l'ange parut à Joachim et à Anne et leur dist qu’ils auroient lignée ».

3° - Ce tableau porte comme légende : « La rencontre de Joachim et Anne à la porte dorée ».

Saint Joachim, nimbé d'or, et vêtu d'une robe damassée or et d'un manteau rouge avec chaperon vert pendu dans le dos, s'avance vers sainte Anne. Celle-ci, également nimbée d'or, est en robe bleue garnie de broderies d'or, en corsage rouge, et coiffée d'un fichu blanc garni d'or. Derrière saint Joachim, serviteur en jaune et blanc ; derrière sainte Anne, femme en robe or et manteau rouge. Le fond et le sol sont brun-violacés, le ciel bleu.

4° - Le dernier tableau porte la légende suivante : « Comment Anne enfanta nostre dame ». Dans un lit à pavillon blanc et brun à franges d'or et à courtines et couvertures rouges, sainte Anne est couchée les mains jointes, en fichu et corsage blancs à garnitures brunes. Une servante s'approche du lit pour lui apporter un breuvage. Elle est en bonnet bleu, robe verte très décolletée en carré sur la chemise, manches brunes à crevés blancs. Au premier plan, une servante, en cotte rouge et surcot violet à manches brodées d'or, plonge l'enfant dans un bain tandis qu'une autre servante, en robe or et tunique violette à manches à crevés blancs, verse l'eau. A gauche, une quatrième, en robe jaune, fait sécher les langes devant une cheminée violette.

Ces deux lancettes, d'après leur facture, sont certainement du même atelier que l'arbre de Jessé, ce que confirme l'indication du mois, comme à Saint-Gondran. Ils sont d'une grande finesse et parmi les plus remarquables des Côtes-d'Armor. Ils appartiennent manifestement par les costumes, les fonds et les figures des personnages à l'école des Pays-Bas et, pensons-nous, à un disciple de Jacob Cornelis. Il est à remarquer combien certaines scènes, comme le couronnement de la Vierge, sont encore traitées suivant le thème classique malgré l'époque de la verrière. (Contribution à l'étude des anciennes verrières - Société d'Emulation des Côtes-d'Armor, 1935).

 © Copyright - Tous droits réservés.