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FAOUEDIC-LISIVY

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LE CHATEAU DE LOC-ROC'H-YAN.

L'origine de Lorient toute moderne qu'elle soit, a sa fable. Une étude préliminaire de son histoire serait donc incomplète, si on ne traitait pas de sa partie fabuleuse.

Bien des écrivains ont dit que l'origine du nom de Lorient venait d'un ancien château nommé Loc-Roch-Yan, établi sur son territoire.

« Ce château et ce nom ont-ils réellement existé ? demande M. Cayot Délandre : Les écrivains qui l'admettent et qui en font dériver le nom moderne de Lorient, s'appuient sur un ancien manuscrit du couvent des capucins de Morlaix qui m'est inconnu … ».

Les éditeurs du nouveau dictionnaire d'Ogée, publié plusieurs années après l'histoire du Morbihan de Cayot Délandre, accueillent cette version sans restriction ; et, d'après les expressions de leur article sur Lorient, il semblerait que plus heureux que M. Cayot Délandre, ils ont pu lire le manuscrit de Morlaix.

« Au fond de la rade du Blavet, est-il dit, à l'embouchure et sur la rive droite du Scorff existait autrefois une vaste lande sur laquelle, d'après un manuscrit trouvé aux capucins de Morlaix en 1721, le Juvénior du sire de Mériadec, Yan ou Jehan, assit en son apanage jouxte la rivière, un Castel qui eut nom Roc'h-Yan et le lieu se nomma depuis Loc'h-Roc'h-Yan … c'est sur les débris mêmes du château de Roch-Yan que fut élevée ; de 1737 à 1744, la Tour de la Découverte … ».

Ainsi, à défaut du manuscrit de Morlaix, voici un ouvrage sérieux qui consacre, pour ainsi dire, l'existence du château de Roch-Yan, et faire dériver sans difficulté, de ce nom à prononciation tudesque, celui si doux de LORIENT.

Nous ne savons qui le premier a signalé l'existence de ce manuscrit de Morlaix ; mais, ce qui nous étonne, c'est que découvert en 1721 il n'ait pas trouvé place dans les volumineux recueils de preuves de dom Morice et de son continuateur dom Taillandier, qui ont écrit vingt ou trente ans plus tard ; et que personne ne s'en soit occupé pour rechercher ce qu'était ce sire de Mériadec, la situation et l'importance de l'apanage de son fils Yan, l'époque de l'établissement du castel en question : enfin ce que sont devenus le castel, le fief et leurs maîtres.

Avant de rechercher l'existence du castel Roch-Yan, disons tout d'abord que les personnes qui font dériver le nom de Lorient de Loc-Roch-Yan sont doublement dans l'erreur. Il est positif qu'aucun point du territoire de Lorient ne portait le nom de Loc-Roch-Yan à l'arrivée de la Compagnie des Indes ; et on peut affirmer que le nom de Lorient est dû à cette compagnie, vulgairement connue sous le nom de Compagnie d'Orient, ou de l'Orient, et dont les premiers chantiers, origines de la ville, furent nommés Enclos de la compagnie d'Orient, Enclos de Lorient [Note : Un des premiers navires de la compagnie des Indes, construit peut-être sur les chantiers du Faouëdic, portait le nom de Soleil de l'Orient (1670)].

D'ailleurs, l'idiome breton, qui s'accorde avec l'orthographe française, vient confirmer l'origine de ce nom de lieu en l'appelant An-Orient, Le Orient ; expression dont on ne se fut pas servi, si le mot Loc était entré dans la formation du mot Lorient, comme ou peut le vérifier par les nombreux noms de lieux commençant par ce monosyllabe, d'une origine celtique selon les uns et latine selon d'autres [Note : Pour comprendre comment on a pu tirer l'étymologie de lorient de Loc'h-Roc'h-Yan, ou plutôt de Loc-Roc'h-Yan puisque le mot Loc signifie lieu, tandis que Loc'h signifie Cloche, il est nécessaire de connaître la prononciation bretonne : loc-Rorh-Yann, c'est-à-dire a peu prés Lororiann. De là à Lorient la différence est assurément peu de chose, si on ne tient pas compte des sons gutturaux du Breton].

Le nom de Loc-Roc'h-Yan n'existait pas au XVIIème siècle sur le territoire du Faouëdic, avons-nous dit, et ne peut avoir donné lieu au nom de Lorient. Mais ce château, bâti par le Juvénior du sire de Mériadec, a-t-il jamais existé à l'endroit où s'élève aujourd'hui la haute tour du port ou sur un point quelconque du territoire de Lorient ? A-t-il enfin jamais existé quelque part ?

Nous ignorons ce que peut être devenu cet intéressant manuscrit des capucins de Morlaix, révélateur du passé de notre pays ; mais le découvrit-on de nouveau quelque jour, que nous serions surpris d'y trouver un castel de Roc'h-Yan placé positivement sur le territoire du Faouëdic, sur la colline de la Tour de la Découverte.

Sur ce point, si on croit la tradition locale, ce sont les vestiges d'un monument druidique et non ceux d'un château que l'on voyait encore il y a deux siècles ; l'origine du manoir du Faouët ou du Faouëdic, son nom du moins, s'accorde peu avec les énonciations du manuscrit ; et quant au château nommé le Cloistre, nous avons vu que c'est plutôt aux temps de l'occupation romaine qu'à l'époque féodale qu'il faudrait en faire remonter l'établissement.

Si on consulte la masse des documents de notre histoire, c'est en vain que l'on s'épuise pour découvrir quoi que ce soit d'applicable au même sujet. Antérieurement au onzième siècle les preuves historiques sont bien rares et bien pauvres ; et s'il y est fait mention du Broërec ou du territoire de Kemmenet-Theboë, on n'y découvre aucun des châteaux qui ont cependant existé dès cette époque très probablement sur les bords du Scorff ; c'est-à-dire, de Tréfaven de Tronchâteau et de la Roche-Moisan. Au siècle suivant apparaissent ces châteaux et leurs fiefs, et on peut en suivre la durée pendant toute la suite de l'époque féodale. Mais nulle part on ne trouve de traces du Castel du Juvenior du sire de Mériadec, et on ne sait où a pu exister son apanage ou son fief, ni sous quel nom il fit partie du territoire de Kemmenet Theboë.

En définitive, à moins de supposer que le nom de Roc'h-Yan n'ait été lu dans quelque vieux titre, pour celui de Rochemoisan écrit en abrégé, il faudrait, après avoir nié l'application du manuscrit de Morlaix au territoire du Faouëdic, le rejeter entièrement pour ce qui concerne les deux rives du Scorff. Ou c'est une erreur, ou c'est une fable (Edouard Corfmat, 1863).

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