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FAOUEDIC-LISIVY

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LA CHAPELLE DE LORIENT.

Outre le château féodal de Roc'h-Yan, dont nous venons de nier l'existence, le territoire du Faouëdic posséda, dit-on, une chapelle qu'on voyait encore à l'arrivée de la compagnie des Indes, et même plusieurs années après, château, chapelle, nous n'eussions pas demandé mieux, dans notre exploration de cette pauvre lande du Faouëdic, que d'en saluer les murailles ou les ruines ; l'intérêt de cette notice y eut gagné considérablement ; car jusqu'à présent le champ de nos recherches est bien dépourvu de monuments. Mais notre devoir nous oblige à n'admettre que ce qui est prouvé ; que ce qui est probable, à défaut de preuves certaines ; et, pour cela, à peser avec le plus grand soin la valeur des documents qui nous tombent sous la main. Une chapelle aurait donc existé sur le territoire du Faouëdic à l'arrivée de la compagnie des Indes, et cette chapelle s'appelait la Chapelle de Lorient. C'est à M. Le Livec, ancien curé de la paroisse de Ploemeur, que nous devons la révélation de cette chapelle ; et cet ecclésiastique se trouverait d'accord avec l'auteur, ou l'inventeur, du manuscrit de Morlaix dont nous venons de nous occuper, pour reconnaître au nom de Lorient une existence antérieure à l'époque des établissements de la compagnie des Indes, et par conséquent une origine tout autre que celle que nous lui avons donnée.

M. l'abbé Le Livec fit quelque étude du passé de la paroisse de Ploemeur ; le premier, il mit de l'ordre dans les importantes archives de la fabrique, il les classa. Mais hélas ! depuis, la dent des rats a singulièrement peu respecté ces vieilles paperasses, dont la conservation intéresse cependant beaucoup l'histoire de cette paroisse et celle de Lorient.

Dans un petit recueil intitulé Mémorial, M. Le Livec a réuni tout ce qui lui offrit quelque intérêt historique ; on y remarque un chapitre ayant pour titre, Nécrologe, qui se compose des noms de tous les ecclésiastiques décédés dans la paroisse de Ploemeur depuis 1452.

En tête de ce chapitre on lit cet avis : « La date précise de leur mort est inconnue, n'étant pas lisible ni déchiffrable dans les fragments d'un ancien nécrologe manuscrit dont je retire les noms pour en conserver le souvenir dans la paroisse. Je le continue jusqu'à ce jour ».

Ce chapitre s'arrête en effet à l'année 1832. On ne peut y distinguer ce qui est l'oeuvre de M. Le Livec de ce qui est extrait de l'ancien nécrologe ; et si la date précise n'y est pas indiquée, on peut cependant remarquer d'après le rang des anciens recteurs de Ploemeur qu'on y retrouve au complet depuis 1447, que l'ordre chronologique a été observé dans cette longue liste d'ecclésiastiques.

C'est dans ce nécrologe que nous avons trouvé pour la première fois la mention d'une chapelle de Lorient antérieure à 1666, mention qui résulte des passages suivants : « M. Melou chapelain de Lorient y est mort et enterré ». « M. Bragardis chapelain de Lorient y est mort et enterré ».

Ce n'est pas tout. Dans une autre partie du mémorial, on trouve la liste de tous les chapelains de Lorient depuis 1622 jusqu'en 1691, la voici :

« 1622 M. Melou ;

1634 M. Benerven ;

1649 M. Alain Bohely ;

1657 M. Bragardis ;

1674 M. Maudé-l'or ;

1691 M. Quéret, dernier chapelain.... ».

M. Le Livec ne laisse pas douter que cette chapelle de Lorient ait pu exister ailleurs que sur le territoire de la ville du même nom, puisqu'il ajoute à la suite du nom de M. Quéret : « c'est le dernier chapelain de la chapelle de Lorient : En 1709 Lorient a été séparé de Ploemeur et érigé en paroisse ... ».

En présence de ces renseignements, il devenait important de recourir à l'ancien nécrologe où M. Le Livec déclarait les avoir puisés. D'ailleurs, le texte complet pouvait offrir un intérêt plus grand que les extraits donnés dans le mémorial. Nous croyons avoir eu à notre disposition la totalité des archives de la fabrique de Ploemeur ; mais, malgré les recherches les plus minutieuses, c'est à regret que nous avons dû renoncer à y rencontrer le moindre fragment de ce précieux document ; et il est à craindre qu'il soit de lui comme du manuscrit des capucins de Morlaix, qu'il ait disparu pour toujours. Mais il nous restait d'autres moyens de vérification.

A défaut du nécrologe, nous devions espérer rencontrer quelques titres de cette chapelle de Lorient dans les archives de la fabrique : comptes de trésoriers, notes de dépenses d'entretien, etc., si cette chapelle avait été une dépendance de la paroisse. Comme dépendance du prieuré voisin de Saint-Michel et des Montagnes, ou de la seigneurie du Faouëdic, ou du fief de Tréfaven, il était encore probable que les documents qui se rapportent à ces trois établissements contiendraient quelques mentions à ce sujet. Il nous restait enfin à compulser les registres des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Ploemeur où nous pouvions encore espérer trouver quelque trace de cette chapelle.

Vain espoir ! Pas un papier concernant la chapelle de Lorient dans les archives de la fabrique où toutes les autres chapelles de la paroisse qui existaient vers 1666 possèdent des titres ou se trouvent mentionnées. Des quatre chapelles dépendant du prieuré de Saint-Michel et des Montagnes, les chapelles de Saint-Michel, de Saint-Gabriel, de Notre-Dame de Plascaër et de Saint-Christophe, il n'existait plus que celles de Saint-Michel et de Saint-Christophe, les deux autres avaient disparu depuis longtemps ; mais aucune de ces chapelles ne s'éleva sur le territoire du Faouëdic et ne porta le nom de chapelle de Lorient. L'aveu de 1681 rendu par Dondel à la princesse de Guémené, ne cite aucune chapelle dépendant de la seigneurie du Faouëdic ; et si, dans les archives de la Rochemoysan et de Tréfaven on trouve des documents concernant les chapelles de Saint-Adrien et de Saint-Christophe (qu'il ne faut pas confondre avec celle du même nom dépendant du prieuré des Montagnes) [Note : M. Le Livec a confondu les deux chapelles et n'a connu que la dernière], on ne trouve rien qui se rapporte à une chapelle de Lorient, ou qui en fasse la plus faible mention.

Sur les registres de l'église, on trouve des baptêmes, des mariages et des enterrements qui ont eu lieu dans tous les oratoires des environs de Lorient ; à Saint-Adrien, à Saint-Christophe, dans la petite chapelle de Keroman ; mais celle de Lorient reste constamment oubliée.

N'existait-elle pas sur la partie du Faouëdic cédée peut-être dès l'origine à la Compagnie des Indes par de la Pierre et Dondel, ce qui expliquerait le silence de l'aveu de 1681 à son égard ?

Mais non, pas un doute ne peut exister sur ce point. La Compagnie des Indes n'eut de chapelle dans son enclos qu'à dater de 1671 ; et il ne paraît pas qu'on y ait célébré de cérémonies religieuses avant le mois de mai de cette année. Cette chapelle fut construite par la Compagnie des Indes et lui appartenait privativement. Elle en entretenait les chapelains. Le premier de ces chapelains paraît avoir été Dom Yves de Kerfanto, et le second un abbé Roques. Les noms de Maudé-l'or et de Quéret se retrouvent fréquemment sur les registres de l'église de Ploemeur, mais sans autre qualité particulière autre que celle de prêtre ou de vicaire, comme les autres ecclésiastiques de la paroisse.

Les quatre actes qui suivent, extraits des registres des baptêmes et mariages de Ploemeur, présentent d'utiles renseignements à l'appui de ce que nous venons de dire :

« 12 Avril 1671. — Mariage dans la chapelle de Saint-Christophe entre maître Pierre Desmonti écrivain de la Compagnie des Indes et Marie Bizet... (signé) Yves Kerfanto prêtre ».

« Ce jour 18 May (1671) a été célébré le mariage dans l'Oratoire de l'Orient en Ploemeur par le soubsignant Prêtre entre Jan Le Marcquet, mathelot résidant dans Lorient et Jeanne Cerizière (signé) Yves Kerfanto prêtre ».

 3° « Ce trentiesme Juin 1671 a été baptisé en la maison à cause de sa faiblesse par monsieur Dom Yves de Kerfanto, Jan Hubac, nay le mesme jour, fils légitime d'honorables gents Jean Louis Hubac et Marie Thoby demeurant à l'Orient, lequel a esté ensuite raporter à l'église pour recevoir les cérémonies a esté nommé Jean. Parrain a esté messire Jérôme Le Garrec, marraine Nouel Pellissier laquelle a déclaré ne savoir signer. (Signé) Jean Louis Hubac ; Hiérosme Le Garrec ; Prestre ; Yves Kerfanto, prêtre ; et François Pittu, recteur ».

« Je soussigné certifie avoir administré le sacrement de mariage dans la chapelle de MM. de la royale Compagnie des Indes Orientales à Lorient, suivant la permission qui m'en a été donnée par M. le recteur de Ploemeur, à Louis de St-Just, natif de Verneuil diocèse de Beauvais, fils naturel à feus Louis de St Just et Martine Laplain de la mesme paroisse, et Marguerite Badet, fille à Guillaume Badet, maître de chaloupe de M. le directeur et feu Marguerite Coquete de la paroisse de Port-Louis et résidant à Lorient en la présente paroisse, en présence de Guillaume Badet, père de ladite épouse, messire Nicolas Drias, garde magasin de la Compagnie, Jean La Chaisne, Le Moine, controlleur des ouvrages et Jean de Marts garde borts, le trentiesme Août 1676, (signé) Roques, prêtre et aumonier de la Compagnie ».

C'est cette chapelle de la royale Compagnie de Indes Orientales qui est comprise dans l'article 424 de l'aveu rendu au roi par la duchesse de Rohan, article cité précédemment. Ce fut la seule qui existât sur le territoire de Lorient jusqu'à celle dont on commença la construction en 1702, et qui devint par la suite l'église paroissiale de Saint-Louis de Lorient.

Admettra désormais qui voudra la valeur de l'ancien Nécrologe manuscrit de M. Le Livec à l'égard de cette ancienne chapelle de Lorient ; pour nous, il nous serait difficile de ne pas le rejeter entièrement. Si nous n'avons pas retrouvé ses fragments illisibles et indéchiffrables, nous avons eu de nombreuses preuves négatives de l'existence de cette chapelle. Nous avons vu qu'il faut fixer à 1671 la création du premier et du seul oratoire que la Compagnie des Indes ait eu à Lorient ; et que si, à partir de cette époque, on peut admettre une liste de chapelains de Lorient, on doit reconnaître que celle donnée par M. Le Livec est défectueuse, puisqu'il omet les noms du dom Kerfanto, et surtout de Roques, qui a positivement été aumônier de la Compagnie en 1676 et par conséquent le chapelain du nouvel Oratoire.

Ce ne sont pas d'ailleurs les seules inexactitudes à signaler dans ce travail de M. l'abbé Le Livec. Ainsi, au sujet d'un Jacques Grandin, chapelain du Prieuré des Montagnes, M. Le Livec écrit : « M. Jacques Grandin chapelain de St-Christophe y est mort et enterré ». C'est inexact. M. Grandin était chapelain du Prieuré des Montagnes et il n'y est pas mort. Il fut assassiné dans le chemin qui conduisait du Prieuré au passage de Bec-er-Groix (la Pointe de la Perrière).

Au nombre des ecclésiastiques nés et décédés dans la paroisse, le plus illustre d'entr'eux, c'est Guillaume Le Prestre seigneur de Lézonnet, de Kervergant, etc.. évêque de Cornouailles, né à Ploemeur au manoir de Kervergant vers 1588 et qui vint y mourir le 8 novembre 1640. Son corps fut transporté à Quimper et inhumé dans la cathédrale. A l'occasion de ce personnage, M. Le Livec, n'est pas heureux dans son Mémorial. Au nombre des ecclésiastiques originaires de Ploemeur, il cite Guillaume Le Prestre, évêque de Quimper, mais il fixe sa naissance à 1510.

 Cet évêque mourut en 1640 à l'âge de 53 ans d'après M. Le Livec, il faudrait allonger singulièrement son existence [Note : Fils de Louis Le Prestre, seigneur de Lézonnet, gouverneur de Concarneau pendant la Ligue, Guillaume Le Prestre succéda à son oncle Charles du Liscouët dans l'évêché de Cornouailles. — Charles du Liscouët était beau-frère de Louis de Lézonnet, oncle de Jean de Jegado, dont il est question dans cette notice].

Le manoir de Kervergant, où est né et décédé l'évêque Guillaume Le Prestre, est en 1863 la propriété de M. de Raime, maire de Ploemeur, après avoir été celle du général Bourke, son oncle par alliance, ancien pair de
France, né à Groix (Edouard Corfmat, 1863).

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