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FAMILLE DU VELAER.

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NOTE BIOGRAPHIQUE SUR JOSEPH DU VELAËR, 1709-1785.

Julien-Joseph du Velaër naquit à Saint-Malo, le 12 janvier 1709. Il était fils de Joseph, deuxième du nom, et de Marie-Françoise Hanry, originaire de Vitré.

Son grand-père, dont le nom s'écrivait d'Welaër, était venu de Hollande se fixer à Saint-Malo, où, étant déjà veuf, il épousa, le 23 février 1666, Claude Le Roy.

L'un et l'autre s'enrichirent dans les armements et le commerce maritime, qui étaient alors très florissants à Saint-Malo. Aussi trouve-t-on ce passage dans une lettre qu'écrivait Mme de Lorvinière, en février 1713, à propos de la mort du grand-père : « Voilà M. du Velaër et sa femme morts en Hollande, le mary est décédé six heures après sa femme. C'est une grande succession pour M. du Velaër le jeune et sa chère épouse que tous icy aiment et moy particulièrement ».

Julien-Joseph du Velaër dut entrer de bonne heure au service de la Compagnie des Indes. Après avoir navigué sur les vaisseaux de la Compagnie et s'être initié au commerce, il passa une partie de son existence aux Indes et en Chine. Il se maria même dans ce dernier pays à une Chinoise, dont le portrait serait au château du Lude [Note : La plupart de ces renseignements sont puisés dans l'ouvrage intitulé Les Vitréens et le commerce maritime international, par Frain DE LA GAULAYRIE, Lafolye, Vannes, 1893].

Dans une lettre que Dupleix, gouverneur général des Indes, écrivait à M. de Montaran, à propos d'un projet d'alliance perpétuelle avec le Portugal, il est question de du Velaër. Dupleix engage à faire l'acquisition de Macao pour éviter qu'elle ne tombe au pouvoir des Chinois. Après avoir fait ressortir tous les avantages qui en seraient résultés au point de vue des intérêts de la France, il ajoute : « Maîtresse de cette ville, la nation serait maîtresse du commerce de la Chine. Le domaine de Macao serait d'un revenu considérable. Cinq ou six cents hommes de garnison assureront bientôt cette possession, on y trouvera la plus belle artillerie du monde et en abondance. Il s'agira seulement d'en faire meilleur usage que les misérables habitants de cette ville. Duvelaër a habité longtemps cette place et pourrait vous donner des connaissances meilleures que les miennes » (Dupleix d'après sa correspondance inédite, par Tibulle Hamont, 2ème édition, Paris, Librairie Plon, p. 276) .

Du Velaër rendit de grands services à la cause de la civilisation en accordant sa protection aux missionnaires en Chine. Aussi pour le récompenser fut-il honoré du titre de Comte de Saint-Jean de Latran, par le pape Benoît XIV.

Voici une partie du texte de la lettre pontificale par laquelle cette faveur lui fut octroyée [Note : Copie sans date, en la possession des Sœurs de la Charité à Vitré] :

« ... Notre cher fils Archange Miraltat, de la Congrégation des clercs réguliers mineurs, procureur de la Congrégation de nos vénérables frères les cardinaux, préposé pour les affaires de la propagation de la foi en Chine, nous a appris les services signalés que vous avez toujours rendus à nos missionnaires apostoliques et surtout dans cette cruelle persécution qu'on leur suscita dernièrement ; vous les avez reçus avec libéralité, les aidant de vos conseils, les soulageant de vos aumônes, prenant leur deffense, et n'oubliant rien de tout ce qui pouvoit, en ces temps fâcheux, les mettre en sûreté et les sauver de tous les dangers dont ils étaient menacés....

Après avoir donné à votre amour pour la sainte religion les justes éloges qu'on lui doit, nous vous avons, par d'autres lettres en forme de bref, libéralement donné le trésor de nos indulgences et creons comte et chevallier de notre Cour de Saint-Jean de Latran et du palais apostolique, vous accordant la permission de prendre l'habit des chevalliers de la milice de Jésus-Christ ....

Nous vous donnons, mon cher fils, avec toute notre tendresse paternelle, notre sainte bénédiction, comme un augure de la protection du Ciel ».

Indépendamment de ce titre de comte, la famille du Velaër, comme la plupart des anciennes familles bourgeoises de Saint-Malo, reçut des lettres de maintenue de noblesse en 1733. Elle portait pour armes : Emanché d'or et de gueules (Armorial, de Potier de Courcy).

Ayant réalisé une immense fortune, du Velaër revint en France, où il acheta le comté du Lude, qui lui fut vendu par Louis-Marie Bretagne de Rohan-Chabot, prince de Léon. Le contrat est daté du 2 décembre 1751.

Deux ans plus tard, du Velaër fut envoyé à Londres [Note : Il existe au château du Lude un brevet sur parchemin signé de Louis XIV (février 1751) qui permet à du Velaer de se rendre en Angleterre, nonobstant la défense faite à tous les officiers du roi de passer la Manche, (Les Vitréens, par FRAIN DE LA GAULAYRIE, p. 97)], comme représentant de la Compagnie des Indes orientales, chargé, de concert avec l'ambassadeur de France, de s'entendre avec le Cabinet de Saint-James au sujet des bases à adopter afin de régler les affaires de l'Hindoustan, où Dupleix se trouvait aux prises avec de grandes difficultés qui alarmaient très fort les actionnaires de la Compagnie.

Les Anglais accueillirent favorablement les ouvertures de la Cour de Versailles et les pourparlers commencèrent bientôt. Les diplomates de la Grande-Bretagne redoutaient le génie de Dupleix et savaient bien que tant que le pouvoir serait en ses mains leur situation dans l'Inde serait au moins précaire. Ayant ces vues très nettes de la situation, ils manœuvraient pour obtenir le rappel du politique qui leur inspirait tant d'alarmes. Du Velaër rétorqua les accusations qu'on accumulait sur la tête du gouverneur, et essaya de défendre la politique de Dupleix, mais il n'y parvint pas. Sous le fallacieux prétexte de vouloir rétablir les bonnes relations entre les sociétés rivales, on convint du rappel des gouverneurs français et anglais, et de la nomination de deux commissaires chargés d'établir les affaires sur un pied qui rendît la guerre impossible entre les deux Compagnies tant que les gouvernements des deux pays seraient en paix. Dupleix fut donc sacrifié, grâce au manque de perspicacité de Mirepoix, l'ambassadeur de France, et à l'impéritie de Machault, le garde des sceaux (Histoire de Dupleix, par Tibulle Hamont, p. 281).

Dans les papiers laissés par du Velaër et étiquetés de sa main avec beaucoup d'ordre (Le château du Lude, essai historique, p. 105), on trouve les instructions secrètes du Contrôleur général des Finances, révélatrices de la politique de la France dans l'Inde, la correspondance entretenue avec Dupleix, avec les agents de la Compagnie des Indes et avec les missionnaires portugais.

Il existe également des lettres de du Velaër au Ministère de la Marine (Dupleix, Tibulle Hamont, avant propos, p. V).

Comme homme privé, on peut dire que du Velaër était un ami sûr et dévoué ; il est facile de juger de son caractère à son regard franc et à sa physionomie ouverte. Il aimait à rendre service à ceux qui lui étaient chers et tenait beaucoup à entretenir les liens de famille et d'amitié qui le rattachaient à la Bretagne. Je signale deux lettres de lui prises parmi celles qu'il a écrites à Florent du Bois de la Villerabel, lieutenant général de l'Amirauté de l'évêché de Saint-Brieuc.

La première de ces lettres a été écrite, le 17 janvier 17S5, à Londres, où il se trouvait sans doute encore occupé des négociations entreprises au sujet des affaires de la Compagnie des Indes. C'est une simple « lettre de bonne année ».

La deuxième lettre est datée d'un lieu inconnu où du Velaër s'était vu obligé de se retirer pour fuir un instant le tracas des affaires qui l'accablaient et pouvoir se consacrer à sa correspondance particulière. Elle est adressée « A Monsieur du Bois de la Villerabel, Lieutenant général de l'Amirauté, à Saint-Brieuc (Basse- Bretagne). 20 avril 1761. MONSIEUR MON TRÈS CHER BON AMI
« Vous voudrez donc bien, mon cher Monsieur, me dispenser de vous faire un détail ennuyeux des différentes situations où je me suis trouvé depuis mon départ de Rennes où j'eus le bonheur de vous voir, et entre autre depuis le 15 décembre que je suis au Lude ....
Je suis parti sans rien dire, n'y ou j'allois, j'ay fait quelques lieües sur mes chevaux que j'ay renvoyés ainsy que mes gens, j'en ay pris d'autres avec lesquels je suis venu me renfermer dans un endroit où je suis inconnu de tout le monde, dans le plus grand incognito, sans même un de mes domestiques avec moy. Mais j'y suis à moy même et en compagnie de près de deux cents lettres, auxquelles après avoir satisfait il me faudra retourner m'ensevelir dans ma galère ....
Parmi toutes ces lettres sont les quatres votres des 5, 30 avril 1761, 26 décembre et 9 février dernier, témoignages authentiques de ce que vous êtes le meilleur ami des amis.....
Le fardeau du travail qui m'accable au Lude m'est d'autant plus pesant que je ne m'y attendais point du tout, et ce qui me l'apesentit encote davantage est le chagrin de me voir privé du plaisir et de la satisfaction que je m'étois proposé de vous voir cet été en allant faire une tournée dans mes terres de Basse–Bretagne ; celle du Lude m'occupe trop ; je ne puis honnestement laisser des affaires de cette nature à l'abandon, vous en senté trop les conséquences, mais je ne désespère pas encore que l'année s'écoule sans avoir le bonheur de vous embrasser.
Si pendant les quatre mois et demy que j'ay passé à Paris je n'y ay pas été enseveli comme je le suis au Lude, la longue absence que j'avois faite en Bretagne m'a forcé d'y revivre parmi tout le monde, je vous avoüe que cette resurection vis-à-vis tant de monde toute agréable qu'elle pouvoit estre ne laissoit pas que de m'estre fort à charge par rapport au peu de temps que cela me laissoit pour les affaires. Je puis vous assurer avec vérité que quoy qu'en tourbillons continuels je n'oubliois pas la vôtre. J'ay été au moins vingt fois pour parler à Mme de Lorge sans jamais avoir pu la trouver chez elle ni à Paris, ni à Versailles....
D'un autre côté, j'étois on ne peut plus mortiffié de ce que Monsieur de Silhouette auprès de qui j'avois tout accès ne fut plus Controleur général, je n'en avois aucun ni ne connaissois pas même M. Bertin qui l'a remplacé. Je cherchay de qui je pourrais me valoir auprès de luy et je trouvay, mes ces personnes ne purent s'empescher de me dire en leur faisant part du mémoire que vous m'aviez envoyé qu'il seroit fort inutile de luy en parler et de le luy remettre, qu'outre qu'il étoit toujours malade il ne finissoit aucune affaire même les plus essentielles et pressées dont le publicq murmuroit hautement, qu'au surplus que comme la plupart des mémoires qu'on luy présentait étoient mis à rémotis et disoit-on pour n'être vu que par son successeur, bien des personnes aimaient mieux attendre à ce qu'il fut remplacé. Voilà comme vont nos affaires, mais cecy entre nous je vous prie et brûlé ma lettre. Je vous aurois bien informé de tout cela dans le temps mais je vous avoüe que j'avais sur cela une espèce de tranquilité voyant que vous ne me donniés aucun nouvel avis. Sur cela survint les embarras de mon départ et les arrangements nécessaires pour une assé longue absence de Paris.
Lorsque je fus à Saint-Malo au commencement de novembre dernier, je n'y fus qu'une demy heure pour voir l'enfant de M. de la Vieuville parce que la famille étoit rassemblé chez luy à Chateauneuf ou je ne passay que deux jours ainsy je n'eus pas le temps d'aller voir le vénérable monsieur Du Faur ni madame de Kerville ....
Adieu mon très cher Monsieur, je compte quitter incessamment ma prison pour retourner à ma galère du Lude, ou en vérité il me sera d'une très grande consolation de recevoir de vos nouvelles et de toute la chere famille envers laquelle comme envers vous on ne peut rien ajouter à l'étendue des sentiments d'attachement et de respect avec lesquels j'ay l'honneur d'estre pour la vie, et vous embrassant de tout mon cœur
Monsieur mon cher bon ami,
Votre très humble et très obeissant serviteur.
DU VELAER DU LUDE »
.
« J'adresse cette lettre à ma sœur à Rennes pour vous l'envoyer par la poste ».

Du Velaër mourut à Paris le 19 juillet 1785. Comme il ne laissa pas d'enfants, sa fortune passa en grande partie à sa sœur Jeanne. Il donna le château du Lude à sa nièce Françoise-Joséphine Butlaër, qui épousa Étienne Baude, marquis de la Vieuville.

Jeanne du Velaër employa la majeure partie de ce qu'elle possédait à la fondation, à Vitré, d'une œuvre de charité, dont la direction fut confiée aux Sœurs de Saint-Vincent de Paul. Cet établissement de bienfaisance occupe actuellement l'ancien hôtel Hardy, où sont conservés les portraits de Julien-Joseph du Velaër et celui de la bienfaitrice.

F. DU BOIS SAINT-SÉVRIN.

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