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LES NEPVOU DE CRAPADO.

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ÉTUDE GÉNÉALOGIQUE SUR LA MAISON LE NEPVOU DE L’EVÊCHÉ DE SAINT–BRIEUC ; ARMES : de gueules à 6 billette d'argent, 3, 2, 1 ; au chef d'argent.

Armes de la famille des Nepvou.

AVANT-PROPOS. La maison le Nepvou, d'ancienne extraction chevaleresque, a possédé autrefois, dans l'évêché de Saint-Brieuc, deux « chevaleries », ou fiefs de haubert, Crapado et Crenan, démembrées de la vicomté de Plaintel. Ces fiefs ont passé, par alliance, dans d'autres familles auxquelles ils ont valu le titre de marquis, avant la Réformation de 1668. Les représentants actuels de la maison le Nepvou sont issus de Roland le Nepvou, puîné de la branche de Crenan, qui au XVème siècle hérita de la terre noble de Kerfort, ou Carfort, dont ils portent le nom, terre située sur le territoire soumis à la juridiction temporelle des évêques de Saint-Brieuc. Leur généalogie est établie par un jugement de M. de Nointel et par un arrêt du Parlement, en date du 19 août 1782.

 

ORIGINES ET BRANCHE DES SEIGNEURS DE CRAPADO.

Le Nepvou est un surnom qui semble, en vieux français, signifier le neveu. Cette étymologie est généralement admise, et d'autres familles le Neveu ou le Nepveu se rencontrent dans plusieurs provinces, même en Bretagne. Toutefois, le nom de la famille qui nous occupe est toujours écrit, dans les documents originaux, Nepuou, Nepuo, Neuou ou Neuo. On sait que les lettres u et v, ainsi que les terminaisons o et ou s'employaient, anciennement, l'une pour l'autre. Le p est souvent omis et, dans le même document, nous avons trouvé le nom du même personnage écrit, successivement, Nepuou et Neuou.

Nous aurons soin de respecter toujours, exactement, le texte des citations reproduites, même lorsqu'il s'agira de traductions dont les auteurs auront cru devoir écrire Nepveu ou Neveu, pour Nepvou, comme on le trouve fréquemment dans dom Morice et dom Lobineau, mais le nom véritable est Nepvou, ou Nevou, et son orthographe spéciale s'est transmise fidèlement, dans les registres paroissiaux et les actes de l'état civil, jusqu'à nos jours.

Cette physionomie particulière d'un surnom qui, partout ailleurs, est devenu le neveu, peut indiquer une signification différente et dénoter une origine celtique.

On trouve, en effet, dans le cartulaire de l'abbaye de Landevenec, une charte ancienne et fort curieuse, de l'an 954, qui est une donation faite à l'église « Sanctus » du monastère de « Saint Uuingualae » par « Hepuuou, fils Riualen et Ruantrec », clerc issu de souche royale, en présence de Uurmaelon, comte de Cornouailles, Huaruuethen, évêque de Saint-Gorentin, Uruoët, abbé de SaintTugdual, etc. (A. de la Borderie. Cartulaire de l'abbaye de Landevenec, p. 154. — V. Pièces justificatives N° 1).

Le manuscrit, original du cartulaire de Landevenec, datant de 1047, est conservé à la bibliothèque de Quimper, et nous reproduisons, ci-contre, la façon dont le mot hepuuou s'y trouve écrit.

La charte dont il s'agit à été reproduite par les Bénédictins sous le titre « Donation par Hepwou fils de Rivelen ». (Dom Morice, Pr. T. I, col. 337). Nous ne saurions avoir la prétention de rattacher la famille le Nepvou à ce personnage dont le nom, toutefois, paraît être un argument en faveur de l'origine celtique de Nepvou.

Remarquons, en effet, que d'autres noms de ce document ont subi des altérations plus importantes. Uurmaelon est devenu Gourmelon et St Uuingualoe n'est autre que St Gwénolé. Ces permutations de lettres sont fréquentes en Breton, où, d'ailleurs, Hep et Nep sont synonymes.

Hepwou peut donc s'être transformé en Nepwou puis Nevou qui, peut-être, se prononçaient de la même façon, sans avoir originairement la signification de « neveu » (Nis en Breton), mais, plutôt, un sens analogue à « sans peur ».

Ce surnom serait devenu le nom patronymique d'une famille d'origine celtique.

Dans les documents les plus anciens qui nous soient connus, le nom est écrit « Neuou » et les sceaux du XIVème siècle portent, invariablement « NEVOV ». Dans les chartes latines du XIIIème siècle, à l'époque où l'on cessa de parler breton dans les Côtes-du-Nord, ce nom est traduit, quelquefois, par Nepolis (fils de neveu).

Cette traduction, peut-être fantaisiste, semble nous indiquer que l'on y attachait, alors, le sens de « neveu » et il est assez difficile, en somme, de trancher la question.

Dans cette dernière hypothèse, le surnom, d'origine plus récente, se serait appliqué, pour la première fois, au neveu d'un personnage de marque. Il aurait à peu près la même signification que « cadet » et confirmerait l'opinion, fort discutable, qui fait, de ces le Nepvou, les juveigneurs d'une maison féodale de la région de Quintin.

Le Nepvou (Neuou ou Nepotis) paraît, dans l'évêché de Saint-Brieuc, au XIIIème siècle, et nous voyons, peu après, que ce surnom est celui des seigneurs de Crapado « bonne et illustre maison d'antienne chevalerie », écrit le Père du Paz, qui ajoute, un peu plus loin, que la terre de Crapado est sortie « en parage » du Comté de Quintin. (Généalogie des maisons de Loheac et du Plessis-Anger. — Bibl. Nat., F. fr. 22.335, p. 673).

Le « parage » (parentage, égalité de noblesse) est un droit en vertu duquel une partie du fief est possédée par les puinés sans que ceux-ci soient tenus à prêter la « foy et hommage » à leurs aînés.

On sait que les sires de Quintin étaient issus de Geoffroy Boterel, frère puîné de Henry de Penthièvre qui prit le nom d'Avaugour après la confiscation du comté de Penthièvre par Pierre de Dreux, dit Mauclerc, duc de Bretagne. (Généalogie des sires de Quintin. — V. Pièces just. n° 2).

Le blason d'Avaugour, d'argent au chef de gueules, se retrouve, avec les couleurs inversées, dans les armoiries des le Nepvou. Notons même que le sceau d'Henry d'Avaugour, en 1229, porte un écu de gueules au chef d'argent. (Dom Morice, Pr. T. I, n° VII). Les le Nepvou ont formé quatre branches principales. La plus ancienne paraît être celle des seigneurs de Crapado éteinte, au début du XVème siècle, avec Margilie le Nepvou, dame de Crapado, qui épousa Eon de la Hermoët.

La branche des seigneurs de Crenan, très ancienne aussi, se fondit, vers 1600, dans la maison de Perrien.

Les deux autres sont celle des seigneurs de la Cour, qui disparut en 1813, et celle des seigneurs de Kerfort, ou Carfort, qui est encore actuellement représentée.

Toutes ces branches portaient, comme armoiries, un écu de gueules au chef d'argent, avec six billettes de même, disposées 3, 2 et 1.

Ces billettes donnent, au blason des le Nepvou, une grande similitude avec celui des Dolo, ou Dolou, vicomtes de Plaintel, qui portaient de gueules à 10 billettes d'argent 4, 3, 2, 1.

Le chef d'argent des le Nepvou paraît une simple brisure ajoutée au blason des Dolo et couvrant la première rangée des billettes. En 1415, nous voyons un Dolo, Pierre, couvrir deux de ces billettes par un lambel (Voir. Notes sur la famille Dolo. Pièces just. N° 3).

De plus, tous les auteurs s'accordent pour considérer Crapado et Crenan, qui sont les plus anciens fiefs des le Nepvou, comme des démembrements de la Vicomte de Plaintel, apanage des Dolo.

« Parmi les juveigneries sorties de la Vicomte, nommons Crenan... Crapado et la Coste », écrivent Geslin de Bourgogne et A. de Barthelemy dans un ouvrage qui fait autorité (Anciens évêchés de Bretagne, T. 2, p. 122).

Le vieux manoir de Crapado était situé à un kilomètre, environ, au Nord du bourg de Plaintel et non loin des « Croix-Dolo » (Ogée, Dictionnaire de Bretagne), qui semblent indiquer une ancienne sépulture de cette maison.

Il fut, peut-être, avant la Ville-Menguy, la résidence des premiers vicomtes de Plaintel. Nous sommes ainsi conduits à considérer l'assertion d'Augustin du Paz comme inexacte, en ce sens que la terre de Crapado semble, en réalité, « sortie en parage » de la Vicomté de Plaintel qui, à vrai dire, était très ancienne et faisait partie du « Kintin » féodal.

Les le Nepvou sont les premiers seigneurs de Crapado dont nous ayons connaissance, mais il semble certain qu'ils tenaient cette terre de la maison de Dolo.

Ils peuvent avoir été des juveigneurs de cette maison, que l'on surnommait « neveux », ou cadets pour les distinguer de la branche aînée. Si l'on s'en tient, toutefois, à l'origine celtique du surnom, il semble préférable d'admettre qu'ils acquirent cette seigneurie à la suite d'une alliance, que nous ignorons, et qu'ils reprirent les armes des Dolo. Nous voyons, en effet, tous ceux qui, plus tard, s'allièrent à cette famille, adopter, invariablement, l'écusson billeté de la vicomté de Plaintel.

En ce qui concerne la seigneurie de Crenan, nous lisons aussi que « Crenan fut, d'abord, tenu par des Dolo, qui s'y trouvaient du XIIIème au XVème siècle, puis par des Perrien » (Geslin de Bourgogne et A. de Barthelemy. Anc. Evêchés De Bretagne, T. 3, p. 120).

Cette phrase, où il n'est pas question des le Nepvou, que les auteurs savaient avoir été seigneurs de Crenan, avant les Perrien, pendant plus de deux siècles, semble indiquer que, dans leur esprit, ces le Nepvou se confondaient avec la famille Dolo.

Il a existé une ancienne famille du nom de Crenan, et il est très vraisemblable qu'un des premiers le Nepvou, que nous verrons possesseur de terres sises sous la seigneurie de Crenan, dès 1311, épousa l'héritière de la branche aînée de cette maison. Nous ne savons rien de précis, non plus, sur cette alliance et, pour éclairer une question qui reste mystérieuse, nous ne pourrons que rapprocher, au début, les documents contemporains qui concernent les familles Dolo, le Nepvou et Crenan.

 

1. — ROLLAND LE NEPVOU, écuyer (.... 1249 ....).

« Rollandus Nepotis », le premier qui nous soit connu, figure dans l'une des chartes de la collection Courtois.

Ces chartes contiennent les noms d'un grand nombre de chevaliers et d'écuyers bretons, ayant pris part à la croisade de Saint-Louis avec Pierre de Dreux, dit Mauclerc, duc de Bretagne, qui, en avril 1249, se trouvaient auprès de Nymocium (Limisso), dans l'île de Chypre.

Ce sont des chartes de nolis du navire La Pénitence de Dieu, commandé par Hervé, marinier de Nantes, auquel les seigneurs bretons, en s'associant généralement par groupes de quatre, donnent mandat d'assurer leur passage de l'île de Chypre à Damiette.

1249. — L'une de ces procurations est souscrite par « Gaufridus de Kersaliou, Herveus Siokan, Maceus Vicecomitis et Rollandus Nepotis, armigeri » (Coll. Courtois. V. Pièces just. n° 4).

On a contesté l'authenticité des chartes de la collection Courtois en objectant, parmi d'autres raisons, que la proportion des familles encore existantes qui s'y trouvent indiquées est beaucoup trop grande. Sans prendre parti dans la question, constatons néanmoins que l'opinion couramment admise, aujourd'hui, est que beaucoup de ces chartes sont authentiques, mais que celles-ci ont servi de modèle à d'autres, qui sont fausses. En ce qui nous concerne, remarquons que les premiers le Nepvou, et leur descendance, étaient certainement inconnus, en 1844, époque où parut la collection Courtois, de l'auteur présumé de ces supercheries. Potier de Courcy cite « Rolland », croisé en 1248, mais ignore à quelle famile le Nepvou il appartenait. Notre étude ayant reconstitué, presque sans lacunes, la généalogie des le Nepvou de Saint-Brieuc jusqu'en 1271, le doute ne semble plus permis. La famille le Vicomte, à laquelle appartenait un des associés de Rollandus Nepotis, possédait, d'ailleurs, dans la paroisse d'Yffiniac, la seigneurie de la Villevolette, qui touchait à certaines terres des le Nepvou, et la famille de Kersaliou est, elle-même, originaire des environs de Saint-Brieuc. C'est l'un des caractères d'authenticité que l'on a fait valoir pour les chartes de la collection Courtois. (Voir sur cette question, de Courson de la Villeneuve. — Authenticité des chartes des Croisades).

Aucun Dolo ne figure dans les chartes des Croisades, mais nous y relevons « Eudo dou Cren », que Potier de Courcy traduit « Eudes de Crenan ». Nous trouvons, d'ailleurs, beaucoup de documents contemporains concernant les Dolo.

1248.« Eudo Dollou miles, Beneventa uxor ejus et Eudo, primogemtus filius » figurent, en 1248, dans une charte de l'abbaye de Boquen. (Anc. év. de Bret. T. 3, p. 244).

1253. — Nous retrouvons « Eudes Dollou » dans deux chartes de 1253 et 1254. Cette dernière est un accord au sujet de la terre du Rosaire, en Plérin (Même source, T. 4, p. 141).

En 1253, nous voyons également « Rolandus Dolo miles » vendre la terre d'Uzel à Thomas de Chemillé. (Même source et Dom Morice, Pr. T. I, col. 955).

1263. — Citons encore, en 1263 et 1264, « Geoffroi Dolo » qui épousa Sibille Tournemine fille d'Olivier Tournemine, seigneur de la Hunaudaye, et petite-fille de Edie de Penthièvre. (Voir Pièces justificatives N° 3. Notes sur la famille Dolo).

 

2. — OLIVIER LE NEPVOU, clerc (... 1271 ....).

Dans un compte rendu au Duc de Bretagne, Jean le Roux, nous lisons :
1271. — « Computationes anno Dom. MCCLXXI die Sabbati post Nativit. R. M. V. apud Venetum. De Domino Prigentio de Rocha-Jaguti. De terra D. Hervei de Quoetquen ..... De Radulfo de Moceis milite. De terra D. Guillelmi Goyon. De D. Gaufrido de Montbocherio. De D. Oliveiro Nevou, etc… » (Dom Morice, Pr., T. I, col. 1009. Dom Lobineau, T. II, col. 412).

D. (Dominus ou Messire) indique qu'il s'agit d'un chevalier ou d'un homme d'Eglise, d'un clerc.

Il est prouvé, par des chartes de 1311, 1317, 1332 et 1347, qu'on trouvera plus loin, qu' « Olivier le Nevou, clerc » est la lige des le Nepvou de Crapado et de Crenan.

Bien qu'ici « Nevou » ne soit pas traduit, remarquons que Prigent de la Roche-Jagu, Raoul de la Moussaye, Guillaume Goyon et Geoffroy de Montbourcher, qui figurent dans cet acte, sont également cités, dans les chartes de Limisso, parmi les compagnons d'armes de « Rollandus Nepotis », dont il semble bien ainsi qu'Olivier, dit ailleurs, comme nous le verrons, « Olivier Nepotis », soit le successeur.

Olivier le Nepvou, clerc, abandonna-t-il l'état ecclésiastique pour se marier, après avoir reçu les ordres mineurs, à l'exemple de Pierre de Dreux, duc de Bretagne, surnommé, pour cette raison, Mauclerc ? Nous ne pouvons faire, à ce sujet, que des conjectures.

Le jeune clerc serait devenu, en 1271, par suite du décès d'un frère aîné, tué en Terre-Sainte, le seigneur du domaine familial de Crapado, pour lequel nous le verrions, à cette date, payer au Duc un droit de « bail ».

Nous le retrouvons cité, mais d'une façon qui semble indiquer qu'il était mort, dans une charte de 1311, datée du vendredi après l'Ascension, qui est conservée aux Archives des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor).

1311. — Acte passé par Guegan de Crenan, écuyer, seigneur féal en partie des choses qui suivent et Olivier Peloëssel, écuyer, sénéchal fée (ou féodé) de la Vicomté de Plaintel, et qui est une vente par « Olivier le dit Mouëssan, Anice sa femme et Jehan lor fanz esné » à « Eon fanz Olivier le dit Neuou clerc » de terres autrefois baillées au dit Olivier Mouëssan, par « Olivier fanz au dit Ol. Leneuou frère du dit Eon » et sises aux villages de « Magoaran et Hurupel », sous les seigneuries des deux contractants. Cet acte était scellé des sceaux d'Olivier Peloëssel et de Guillaume du Hinou, qui ont disparu. (Archives des Côtes-du-Nord. Titres de Famille. Famille le Nepvou. Série E, trav. 136, ray. 3, carton 220. — V. Pièces justificatives N° 5).

Nous donnons, à l'appendice, un fac simile et une traduction complète de cet acte, très important, qui nous montre, dès cette époque, les premiers le Nepvou en relations d'intérêt avec le seigneur de Crenan et nous permet de conjecturer leurs alliances.

Remarquons, en premier lieu, que le village de Maugouëran est un fief qui dépendait encore, en 1649, de la seigneurie de Crenan. (Cte de Tournemine. — Crenan, p. 319). Hurupel est, peut-être, le Plessis-Herupet, terre située dans la paroisse de Plaintel. En 1311, elle dépend de la Vicomté, dont le sénéchal intervient pour toucher les droits de seigneurie.

Ces terres ont été, autrefois, non pas vendues, mais « baillées » à Olivier Mouëssan, par Olivier, second du nom, fils d'Olivier le Nepvou, clerc, ce qui nous indique qu'il s'agit d'un partage. Anice est une le Nepvou et, d'après les dates, vraisemblablement la soeur d'Olivier, premier du nom. A la mort de celui-ci, Olivier, son fils aîné, a « baillé » son partage à sa tante, femme d'Olivier Mouëssan ou Moysan, d'une ancienne famille que nous verrons encore s'allier aux le Nepvou. Si ce partage comprend des terres qui dépendent de la seigneurie de Crenan, c'est que les le Nepvou sont déjà possesseurs d'une partie de la seigneurie et, comme l'aîné avait l'habitude de partager ses cadets dans les biens maternels, on peut en conclure que Olivier, premier du nom, et sa soeur Anice, ou Amice, sont enfants d'une fille de la maison de Crenan.

En 1311, il devient intéressant que ces terres rentrent en la possession des Le Nepvou, et c'est ce qui donne lieu à la vente dont il s'agit, qui est une sorte de « retrait lignager ». A cette date, Guegan de Crenan est le seigneur de Crenan, mais, par suite du partage de sa soeur, ou de sa tante, mère d'Olivier et d'Anice, il n'a plus qu'une partie de la terre dont, après sa mort, les le Nepvou hériteront, plus tard, en entier. (Remarques dues au Vicomte L. Urvoy de Portzamparc).

Olivier le Nepvou, premier du nom, est encore cité dans un acte de 1317, qu'on verra plus loin, et dans lequel il est question de « lettres du dit clerc scellées du scel de la cour au segnor de Quintin » (V. pièces just. N° 6). Ceci semblerait nous indiquer qu'il exerçait, déjà, la charge de sénéchal du sire de Quintin, où nous verrons son fils Eon lui succéder. Il eut, d'une alliance que nous ne pouvons préciser, au moins trois fils et une fille, savoir :

1° Olivier, l'ainé, puisqu'il a fait acte de partage noble autrefois, d'après la charte de 1311.

2° Eon, chevalier, sénéchal de Quintin, qui suit.

3° Thomas, chevalier.

4° Petronille.

Nous parlerons de ces deux derniers après Olivier.

Nous croyons devoir mentionner, toutefois, avant de passer au degré suivant, deux documents du XIIIème siècle qui semblent de nature à intéresser notre étude.

1276. — Deux écuyers du nom de « Guillaume de Cren » figurent, en 1276, parmi les seigneurs qui acceptèrent, les premiers, le changement de bail en rachat établi par le Duc Jean le Roux. (Dom Lobineau T. I, p. 272).

Le sceau de « Guillaume de Crane » est reproduit par Dom Morice (Pr. T. I LXXXXVII). Il porte un écu de gueules au sautoir d'argent entouré d'un orle. Cet écusson rappelle celui que l'on attribue, parfois, aux Dolo : « alias de gueules au sautoir d'argent, cantonné de 12 billettes de même (Potier de Courcy) ».

1283. — Le second des documents dont il s'agit est une assiette de 50 l. de rente faite au Duc, en 1283, sur le « havage » de Lannion. Nous y voyons figurer avec « Yvo filius Urvoez Chevalier, Dougual Quoëtriou » et d'autres : Alanus Nivou écuyer. (D. Morice, Pr. T. I, col. 1067).

Le droit de havage consistait, en principe, dans l'attribution au seigneur d'une poignée sur tous les sacs de grain qui se vendaient au marché. « Nivou » est une faute de copie pour « Nevou ». L'un des écussons dont est scellé ce titre porte 3 besants ou tourteaux Ces armoiries sont à rapprocher du sceau qui figure au bas de deux quittances de gages de Guillaume le Nepvou écuyer, employé aux guerres du Périgord et du Limousin, datées de 1376 et 1377. Ecu portant 3 besants ou tourteaux, au lambel, penché, timbré d'un heaume, cimé de deux bras. Légende : GV .... NEVOV... (Bibl. Nat. Pièces orig. 2105. — Coll. Clairambault, rég. 80, p. 6323). Parmi les « valez de mytiers, palefuors et mesajiers » du duc Jean II, en 1305 (ils sont au nombre de 34, dont plusieurs nobles), on trouve : « Alein le Nevou d'outre en outre ». (Bull. de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, T. XIV, p. 46). Il semble que nous soyons, ici, en présence d'une branche des le Nepvou, distincte de celle des seigneurs de Crapado, et qui s'est continuée dans l'évêché de Tréguier, par les seigneurs de Trelever (paroisse de Guimaëc) portant d'or à 3 tourteaux de gueules, au chef d'argent chargé d'une hure de sanglier de sable. (Potier de Courcy).

 

3. — OLIVIER LE NEPVOU, second du nom (....1311-1317....).

1311. — « Olivier fanz au dit Ol. Leneuou » est cité, comme nous l'avons vu, dans la charte de 1311.

1317. — « Ollivier fuiz Ollivier le Nevou clerc » paraît encore dans un acte du « Vendredy après jubilate en l'an de grâce 1317 » qui est, également, passé par Olivier Peloëssel, sénéchal féodé de la Vicomté de Plaintel. (Bibl. Nat., dossiers bleus 569. Robien. Copie ancienne. V. Pièces just. N° 6).

Cet acte, où il s'agit de la vente des terres de Guillaume Cadoret, était scellé des sceaux du dit Peloëssel, « de Guillaume du Hinou et Ollivier du Hinou por luy et por Ollivier du Hinou de Querfahau ». Il est joint aux généalogies de la famille de Robien, dans le but de démontrer l'ancienneté de la vicomte de Plaintel « qui était si considérable qu'elle avait un sénéchal féodé ». (Même source).

Guillaume du Hinou est le même que celui que nous avons vu apposer son scel à la charte de 1311, ce qui indique, vraisemblablement, des relations étroites avec la famille le Nepvou. Il est accompagné, cette fois, de « Ollivier du Hinou de Querfahau ». Nous pensons qu'il s'agit, ici, de la famille Hidoux, originaire de Plédran, où elle possédait les seigneuries de Kerfault, ou du Craffault, et de la Ville-Anger.

Les documents que nous venons de citer nous indiquent, à coup sûr, une alliance de cette famille avec les le Nepvou, et, comme nous voyons encore, en 1332, Guillaume Hidoux vendre des terres à Thomas le Nepvou, on peut conjecturer que cette alliance est antérieure et qu'il en résulte une parenté commune aux trois frères.

Il semble donc que l'on puisse supposer, sans s'aventurer beaucoup, qu'Olivier, premier du nom, fils d'une Crenan, a épousé une fille de la maison Hidoux ou du Hinou.

Nous pensons, en outre, que son fils aîné Olivier, deuxième du nom, était mort, en 1332, et qu'il ne laissa aucune postérité, puisque nous verrons, seulement, Eon, son frère, intervenir dans un acte de cette date (Voir plus loin).

1340. — Le prieuré de Saint-Martin de Lamballe réclamait, en 1340, de « Petronille fille Olivier Nepotis » une rente annuelle de cinq sous pour un fief situé dans la paroisse de Saint-Aaron, près de Lamballe. (Anciens Evêchés de Bretagne, T. 4, p. 301).

C'est dans la paroisse de Saint-Aaron, que se trouvait la « métairie » du comte Geoffroi de Penthièvre que celui-ci donna en 1084, avec d'autres terres, pour la fondation du prieuré de St-Martin de Lamballe (Voir pièces just. N° 2). L'ancien droit féodal réclamé par cette abbaye, des le Nepvou, nous indique, peut-être, que leur fief, dans cette paroisse, faisait partie de ces terres.

En 1340, nous trouvons également parmi les signataires d'une lettre adressée par le Chapitre de Dol à Pierre, archevêque de Tours, « de Erneudo Nepote ». (Dom Morice, Pr., T. I, col. 1406).

Ernou le Nepvou, chanoine de Dol, est, peut-être, un frère des précédents, mais nous n'en avons aucune preuve.

 

3. — THOMAS LE NEPVOU, chevalier (...1331-1332...). Thomas le Nepvou, chevalier, est dit « fils Olivier » dans deux actes, datés de 1331 et 1332, qui ont fait partie des titres présentés, en 1668, devant la Chambre de Reformation de la noblesse de Bretagne par Pierre de Perrien, marquis de Crenan, arrière petit-fils de Madeleine le Nepvou.

Voici la mention qui en est faite dans l'arrêt de noblesse des Perrien du 9 janvier 1671 :

1331.« Contract de vante faict par Guillaume Hidoux et Nicolle sa femme à Thomas le Nepuou, chevallier, filz Ollivier le Nepuou datté du Mercredy avant la Saint Clément en l'an mil trois cent trente et un ».
1332.« Contract d'eschange faict entre Amice la dégrepie (veuve) de Perret Collet et Thomas le Nepuou chevallier filz Ollivier le Nepuou au haut duquel acte il se void qu'il est parlé de Eon le Nepuou escuier où il est dit o le sceau du dit Thomas auquel acte il est attaché datté du Vendredy avant la Purification Nostre Dame Vierge l'an de grâce mil trois cent trente deux » (Arrêt de noblesse des Perrien. Comte de Rosmorduc, vol. II).

Bien que la filiation d'Eon le Nepvou ne soit pas indiquée dans le dernier de ces actes, nous sommes en droit de supposer que, suivant l'usage constant de cette époque, l'échange dont il s'agit était fait avec le consentement du chef de famille, Eon, frère d'Olivier, devenu l'aîné par la mort de celui-ci.

Toutes ces ventes et échanges de terre se faisaient, généralement, à l'occasion des mariages, au moment où les puînés réclamaient leur partage. Thomas le Nepvou qui, bien que cadet, avait conquis, sur le champ de bataille, les éperons de Chevalier, fit sans doute un mariage avantageux.

Tout semble indiquer, vers cette époque, une alliance des le Nepvou avec les de Plédran, vicomtes de Plédran et du Piruit, qui portaient d'or à 7 mâcles d'azur 3, 3, 1.

La généalogie ancienne de cette famille, nous indique qn'Aliette de Plédran, fille de Henry, troisième du nom, et d'Alix du Mottay, épousa, l'an 1332, « noble escuier Eonnet Dollou fils d'Eon Dollou ». Nous y voyons mentionnées, également, deux de ses soeurs, Jeanne et Amice à laquelle son frère Guillaume bailla son partage en 1333 (Bibl. Nat, F. fr. 22.350. Gén. de Plédran. — V. Pièces just. N° 7).

Le fait de trouver les deux actes de 1331 et 1332 dans les archives de Crenan, et de les voir produits, en 1668, par les de Perrien, avec les autres titres des le Nepvou de Crenan, est une indication, à peu près certaine, que Thomas le Nepvou, chevalier, doit être considéré comme l'auteur de cette branche.

Nous verrons plus loin comment on peut, avec une grande vraisemblance, le rattacher aux premiers degrés de la généalogie authentique des le Nepvou de Crenan. (Voir la Branche des seigneurs de Crenan).

 

3. — EON LE NEPVOU, chevalier, sénéchal du sire de Quintin (... 1311-1349 ....).

1311.« Eon fils Olivier le dit Neuou clerc » est cité, ainsi que nous l'avons vu, dans la charte de 1311, comme acquérant des terres sises sous la seigneurie de Crenan et payant, pour ce fait, un droit de seigneurie au vicomte de Plaintel, représenté par Olivier Peloëssel, son sénéchal.

1347. — Nous retrouvons « Eon le Nevou fils d'Olivier » dans un acte du « Mardi après la Présentation Notre-Dame Vierge en l'an de grâce mil très cenz quarante e sept », qui est une vente par Jehan de Ploufragan d'un quartier de terre appelé « les Boullacs » pour 60 escus d'or. (Archives des Côtes-du-Nord. Famille le Nepvou. — Série E trav. 136 ray. 3 carton 220 Orig. sur parchemin).

« Les Boullacs », ou les Boullayes (terres plantées de bouleaux) sont une appellation rurale très courante. C'est le nom de l'une des « tenues » du domaine actuel de Crenan.

Nous voyons ainsi Eon le Nepvou agrandir ses domaines. Il a hérité de son frère aîné et est seigneur de Crapado et de terres qui sont les biens de la ligne maternelle, dans la seigneurie de Crenan, et qu'il baillera, sans doute, en partage, à Thomas, son frère puîné.

Eon le Nepvou est encore cité dans un titre mentionné par le Comte H. le Noir de Tournemine dans son ouvrage sur Crenan.

1349.« Transaction entre Jehan II Boterel, chevalier, seigneur de Quintin et mons. Eon le Nepvou, chevalier, son sénéchal, pour 30 l. de rente à chacune feste de la Ste Croix.... et sept croëz sur la levée de ses baux du dit terroüer le lundi après la feste de St Thurian, l'an mil trois cent quarante neuff. Amen ! » (Archives des Côtes-du-Nord, Comte H. le Noir de Tournemine. Crenan p. 292).

« Le dit officier prétendait avoir droit (outre ses recours judiciaires) à tous joyaulx, ornements, habits, voire à la chemise elle-même que portait la haulte dame espouze (Philippine de Dinan vicomtesse de la Bellière) lors de sa première entrée à Quintin » (Même source).

On trouve mention de droits semblables à ceux auxquels prétendait Eon le Nepvou dans la famille le Senechal de Kercado.

« Il y a une fort bonne et riche maison de gentils hommes, écrit le » P. du Paz, appelés sieurs de Kercado qui portent en surnom le Sénéchal et disent estre sortis puisnés des sénéchaux fées ou féodés héréditaires de la vicomté de Rohan. Ils portent pour armes d'azur semé de mâcles d'or. Ils sont, à cause du dit office, seigneurs chatelains ayant cour et juridiction haute, basse et moyenne, justice patibulaire élevée à quatre posts et autress beaux et honorables droits comme d'estre écuyers de la dame de Rohan lors de sa première entrée au dit duché de Rohan et leur appartiennent les robes et habillements de la dite dame jusques à sa chemise qu'elle porte le jour de son entrée et même les haquenées, etc... » (A. du Paz. — Généalogie de la maison de Molac, p. 6. Rennes, 1619).

Les sénéchaux fées, ou féodés, prenaient les armes de leur seigneur de la même façon que les puînés de sa maison, c'est-à-dire avec quelque changement, soit en intervertissant l'ordre des couleurs soit en y ajoutant quelques figures. La maison de Rohan portant de gueules à 7 mâcles d'argent, les seigneurs de Kercado, sénéchaux héréditaires et puînés de cette maison, portaient d'azur à 7 mâcles d'or.

Les du Boisbouëxel, sergents féodés de l'Evêque de Saint-Brieuc, ajoutaient aux armes de l'Evêque qui étaient un semé d'hermines, comme Regaires ou partage du Duché, un chef de Rohan de gueules chargé de 3 mâcles d'or. — M. de Lescouet, qui rapporte cet exemple dans une dissertation fort curieuse sur les sergents féodés (Bibl. Nul., F. fr. 22.312), ajoute que cette charge était un office bas et subalterne, dérivant de celui des licteurs de l'ancienne Rome qui fixaient en terre leur hache d'armes, d'où le nom de « subhastation » (sub hasta), de certaines ventes à l'encan. Mais son opinion, très exagérée, n'est pas à retenir. L'exemple des seigneurs de Kercado prouve, au contraire, qu'au Moyen-âge, le sénéchal féodé était, à la vérité, un officier de justice, mais d'un rang élevé et choisi dans la famille même du seigneur.

A l'appui de cette assertion, citons encore l'exemple d'Olivier Tournemine, sr. de la Hunaudaye, qui épousa Edie, soeur de Geoffroy Comte de Penthièvre, et qui s'intitulait Sénéchal de Penthièvre.

La charge de Sénéchal de Quintin exercée par Eon le Nepvou et peut-être, avant lui, par Olivier, son père, nous indique donc qu'il existait certains liens entre les le Nepvou et les sires de Quintin. Elle est, dans tous les cas, fort vraisemblablement, l'origine de leurs armoiries. Les le Nepvou adoptèrent l'écu d'Avaugour au même titre, sans doute, que la famille du Quelenec qui exerça, également, la charge de sergent féodé de Quintin et différencia cet écusson en chargeant l'argent d'hermines et le chef de gueules de trois fleurs de lys d'or.

L'écu de gueules, chargé de billettes et surmonté d'un chef, est, à proprement parler, celui d'un Dolo, sénéchal de Quintin. Il n'a pas toujours présenté, toutefois, les dispositions actuelles ; le nombre des billettes a varié, ainsi, peutêtre, que la couleur du champ.

A. du Paz attribue aux seigneurs de Crapado d'azur à 12 billettes d'argent 4, 4, 2 et 2 ; au chef d'argent. (Généalogie de la maison de Loheac, déjà cité, p. 669).

Il est intéressant de comparer cet ancien blason avec celui qui figure, en 1420, sur le sceau d'Eonnet ou Yvonnet le Nepvou, et qui est, également, un semis de billettes avec une bande brochante qui a disparu depuis et dont on peut retrouver la trace dans le nombre tronqué des billettes indiqué par Augustin du Paz.

D'après les quartiers de noblesse d'Isabeau Moysan (Bibl. nat. Dossiers bleus 451. Moisan, V. Pièces just. n° 8), il semble qu'Eon le Nepvou épousa Adelisse de Coëtquen.

Nous ne pouvons, toutefois, faire état de ce document que sous les plus expresses réserves. Il en est de même des quartiers de noblesse de Jacquette de la Hermoët, dont nous aurons à parler. (Dossiers bleus 356).

Ces deux pièces sont des brouillons anciens, d'une écriture peu lisible, qui se contredisent et contiennent visiblement des erreurs. Ils nous fournissent, sans doute, des renseignements précieux mais qui ne doivent être acceptés que lorsqu'ils concordent avec d'autres documents. Le nombre des degrés qui s'y trouve indiqué est sûrement faux, les frères y sont souvent portés comme père et fils ; quant aux prénoms, nous aurons à les rectifier plusieurs fois et nous ne devrons retenir que ceux des personnages déjà connus. Toutefois, ces brouillons semblent avoir été vérifiés en partie et ils ont été transcrits, au net, jusqu'à Sylvestre le Nepvou, qu'on verra plus loin.

Le document dont il s'agit, porte « Antoyne (?) le Nepvou, écuyer, sr de Crapado, fils de Eon (?) le Nepvou et de Adelisse de Coëquen ». (Voir pièces jutificatixes n° 8).

Les seigneurs de Coëtquen, ou Coesquen, ramage de Dinan, portaient bandé d'argent et de gueules de 6 pièces, et étaient issus de Raoul, qui vivait en 1140.

Guillaume de Coëtquen, son fils, épousa, en 1197, Denise de Dol, dont :

Olivier, sire de Coëtquen (1202-1219) qui épousa Jeanne de Rostrenen, dont :

Guillaume (1226-1259) père de 1° Raoul, mort en 1266, sans enfants. 2° Guillaume, (1270), qui épousa Margilie....

Son fils, Guillaume, 4ème du nom, épousa Adelisse Gouyon fille de Bertrand, sr. de Matignon, et de Jeanne de Dinan dont :

1° Jean, sire de Coëtquen, fameux partisan de Charles de Blois, prisonnier comme lui en Angleterre, compagnon d'armes de Bertrand du Guesclin, et, (croyons-nous), 2° Adelisse qui aurait épousé Eon le Nepvou sr. de Crapado, et en aurait eu Geoffroy, qui suit.

L'histoire de ce dernier confirme cette alliance, car nous le verrons, également, passer en Angleterre et suivre la bannière de Bertrand du Guesclin.

 

4. — GEOFFROY LE NEPVOU, chevalier bachelier, seigneur de Crapado. (....1350-1380....).

1350.« Geffroy le Neuou » est cité, en 1350, parmi les compagnons de Messire Henry de Plédran, chevalier, qui fut député avec les seigneurs Jean de Beaumanoir, Geoffroy de Dinan, Pierre du Bois-Bouexel, Bertrand de St Pern, Bertrand du Guesclin, et d'autres, pour aller en Angleterre traiter de la rançon de Charles de Blois. (Généalogie de Plédran. V. Pièces just. n° 7).

Des fragments inédits de du Paz mentionnent la querelle particulière qui s'éleva, au retour, entre Henry de Plédran et Pierre du Boisboissel qui était vidame, ou sergent féodé, de l'évêque de St Brieuc et « capitaine de la tour, église cathédrale et forteresse de St Brieuc » (V. Pièces justificatives, n° 7).

Au cours de cette querelle, Henry de Plédran se saisit de la vieille église fortifiée, que Pierre du Boisboissel assiégea plus tard, à son tour, et brûla.

1369. — Nous retrouvons « Messire Geoffroi le Neuou » dans la « monstre de Messire Jehan de Beaumanoir, chevalier banneret, faite à Saint-Lô, en la compagnie et sous le gouvernement de nous Mouton, sire de Blainville », le 1er février 1369. (Dom Morice Pr., T. I, col. 1637).

1371. — Deux ans plus tard, en 1371, nous voyons « la monstre Monsieur Henri de Pledran chevalier, trois autres chevaliers et quatre escuiers de sa compagnie receue à Dreux le dixième jour d'avril l'an 1371. Le dit Messire Henri, Messire Elie du Rouvre, Messire Jehan de Mur, Messire Geoffroy le Neveu, Olivier de Pledran, Jehan Gélin, Jehan Dolo, Guillaume de Lanvalay. Ch. des comptes de Paris » (D. Morice Pr., T. I, col. 1649).

Remarquons, dans ce document, les noms des deux chevaliers qui, avec Geoffroy le Nepvou, accompagnent Henri de Plédran. Elie (ou Alain) du Rouvre était l'héritier et le successeur, comme capitaine de Saint-Brieuc-des-Vaux, de Pierre du Boisboissel, tué, en 1364, à la bataille d'Auray. Il épousa Marguerite de Plédran.

Jehan de Mur, fils de Thibaud, seigneur de la Rivière, issu des anciens comtes de Launay-Mur, ramage de Cornouailles, épousa Marguerite de Beaumanoir, fille de Jean, seigneur du Besso.

Comme on le voit, les fiefs de ces seigneur’s étaient voisins, et nous allons retrouver, côte à côte, dans les montres du connétable Bertrand du Guesclin, les quatre compagnons d'armes, à coup sûr proches parents, ou alliés, les uns des autres.

« Bertrand du Guesclin, duc de Molines et connetable de France, à nostre amé Etienne Braque thrésorier des guerres du Roy nostre sire salut. Nous vous envoïons sous nostre scel la monstre de nous Banneret, un autre chevalier Banneret vingt-sept chevaliers bacheliers et neuf vingt escuiers de nostre hostel et compaignie receue à Pontorson pour servir le Roy nostre sire en ces présentes guerres en nostre compaignie et sous nostre Gouvernement le premier jour de May l'an 1371. Premièrement, nous banneret, Monsieur Hervé de Mauny banneret .... Monsieur Guillaume de Montbourcher, Monsieur Robin de la Boissière ...... Monsieur Robin de Lanvalay ...... Monsieur Jehan de Beaumanoir ..... Monsieur Jehan de Treal ..... Monsieur Henri de Pledran .... Monsieur Geoffroy le Neveu, Monsieur Alain du Rouvre, Monsieur Jehan du Mur .... » (D. Morice Pr., T. I, col. 1650).

Nous ne retenons que les noms qui peuvent intéresser notre étude, en respectant, d'ailleurs, l'orthographe, souvent fantaisiste, de ces documents. « C'est en 1298, nous dit Ogée, que les seigneurs bretons commencèrent à prendre le titre de " bacheliers " ; ce titre n'était donné qu'à ceux qui étaient issus du sang des barons et possédaient des démembrements, ou éclipses, de baronnie ». Toutefois, il ne tarda pas à être porté par tous les chevaliers qui n'étaient pas bannerets. Crapado et Crenan étaient des bacheleries ou " fiefs de haubert " ».

1371. — Dans une autre montre de Bertrand du Guesclin, du 1er juin 1371, nous retrouvons « .... Monsieur Hervé de Mauny banneret .... Monsieur Henry de Pledran, M. Geoffroi le Neveu, M. Eliès du Rouvre, M. Jehan du Mur » (D. Morice Pr., T. I, col. 1652).

1373. — En 1373, nous voyons au siège de Brest, dirigé par le connétable du Guesclin « Messire Gieffroi le Neveu » chevalier bachelier, figurer, en compagnie de « Messire Elie de Rovré » dans la montre de Geoffroy de Kerimel. (D. Morice Pr., T. II, col. 64).

1380. — Nous trouvons encore, dans une Montre et Revue du sire de Clisson, banneret, du 1er mai 1380, « Messire Gieffroy le Nepuou, chevalier bachelier ». (Bibl. nat. Pièces originales 789. Clisson).

1380. — Une autre « Revue du sire de Cliçon baron, trois autres barons et trente-deux chevaliers bacheliers », du 1er Juillet 1380, nous montre, parmi ces derniers, « Messire Gieffroy le Nepuou ». (Bibl. Nat., Coll. Clairambault, vol. 33, fol. 2.436).

Remarquons, dans ces documents originaux, l'orthographe le Nepuou, toujours invariable et, si souvent, traduite le Neveu ou le Nepveu par D. Morice.

1380. — La montre d'Olivier de Clisson, du 1er août 1380, reproduite par cet auteur, nous indique, une dernière fois, parmi les chevaliers bacheliers : « Me Gieff le Nepveu ». Notons que, parmi les écuyers, nous y voyons figurer aussi « Olivier de Crenan ». (D. Morice, Pr. T. II, col. 254).

La généalogie reproduite dans les quartiers de noblesse de Jacquette de la Hermoët, 2ème femme d'Eon de la Rivière, chevalier, seigneur de Kaernonnain (Bibl. Nat., Dossiers bleus, 356. — Hermoët), nous indique que Geoffroy le Nepvou, chevalier, seigneur de Crapado, épousa Gabrielle Henry. (V. Pièces just. n° 8).

« Herveus Henrici » se croisa en 1248 et est cité dans les chartes des croisades de la collection Courtois. Pierre Henry, écuyer dans une montre d'Olivier de Clisson, en 1375, est contemporain de Geoffroy le Nepvou. Cette famille portait de gueules à 3 épées d'argent en pal, la pointe en bas. Devise : Potius mort quam foedari ! Elle possédait les seigneuries de Launay, du Vaurouel, du Quengo, de la Motte, de Kergoët, de la Ville-Gicquel, etc. Elle a produit 10 générations à la Réformation de 1669 où elle fut maintenue d'ancienne extraction chevaleresque. Notons, toutefois, dans l'évêché de Saint Brieuc, une autre famille Henry, srs. de Beauchamp, de Kerprat, de la Ville-Urvoy (paroisse de Plélo), alliée aux Dolo, le Gluydic, le Page, le Gascoing, de Rosmar et de Quelen. Cette dernière, qui n'était peut-être qu'un rameau de la précédente, portait d'argent et de gueules à 2 roses de l'une à l'autre, et avait pour devise « Toujours en ris jamais en pleurs ». Une troisième famille Henry, qui portait de sable à un aigle éployé d'argent, fait remonter sa généalogie jusqu'à Perrot Henry qui ratifia le traité de Guérande à Monfort en 1381 et qui épousa, en 1405, Alix Gicquel (Bibl. Nat. Cherin 105). Nous ne savons à laquelle de ces trois familles appartenait Gabrielle Henry, dont il ne semble pas que Messire Geoffroy le Nepvou ait eu de postérité. Il est vraisemblable de la rattacher, de préférence, à la seconde.

 

4 — SYLVESTRE LE NEPVOU, écuyer, seigneur de Crapado.

« Sylvestre le Nepvou, seigneur de Crapado » est cité, à la fois, dans les quartiers de noblesse de Jacquette de la Hermoët et dans ceux d'Isabeau Moysan, (V. Pièces just. n° 8). Nous le voyons, également, figurer dans une ancienne généalogie du cabinet d'Hozier, ainsi conçue : « le Neuou de g. à 6 bill. D’arg. 3. 2. 1 au chef d'arg. Sylvestre le Neuou sr de Crapado. Alain le Neuou, sr de Crapado. Margille le N. de Crapado, femme d'Eon de la Hermouet, sr du dit lieu. Jeannete Neuou, femme d'Alain Moysan, sr du Vieux-Plessis » (Bibl. Nationale. Cabinet d'Hozier 254, dossier 6447. — Nevou).

La concordance de ces trois documents ne permet pas de douter de l'existence de ce personnage qui, toutefois, n'est pas mentionné dans les actes de Bretagne.

En partant des dates où nous verrons, plus lard, citer Margilie le Nepvou, dame de Crapado, et Isabeau Moysan, dame de St Quihoët, on arrive, avec concordance, à placer la naissance de Sylvestre entre 1310 et 1320. Il est donc contemporain de Geoffroy, mais, vraisemblablement, un frère cadet, ayant laissé peu de traces de son existence. Il hérite de la terre de Crapado très tard, après la mort de son frère aîné.

D'après les quartiers de noblesse d'Isabeau Moysan et de Jacquette de la Hermoët qui, en ce qui le concerne, peuvent être considérés comme exacts, Sylvestre le Nepvou, seigneur de Crapado, épousa : 1° Jacqueline du Bournay dont Jeanne le Nepvou, femme d'Alain Moysan Chevalier, sr de la Ville-Moysan et du Vieux-Plessis ; 2° Marguerite le Josson fille de Guillaume, écuyer, sr de la Couldraye, dont : Alain, qui suit.

Jeanne le Nepvou serait, ainsi, la tante et non la soeur de Margilie, et la généalogie citée ci-dessus doit être rectifiée sur ce point.

Margilie avait une soeur, en effet, mais d'autres documents, qu'on trouvera plus loin, lui donnent le prénom d'Isabelle.

Jacqueline du Bournay nous paraît appartenir à la famille du Bourné ou du Bourne, d'origine anglaise, dont une branche, fixée en Bretagne, et alliée aux Rohan, du Perrier, etc., portait d'argent au chef d'azur chargé de 3 mâcles d'or. Elle semble fille de Hièrôme du Bournay, écuyer, seigneur de la Salle et de Amice de Chateaubriant. (Dossiers bleus 451. Quartiers d'Isabeau Moysan. Voir pièces justificatives, n° 8).

Les Moysan, seigneurs de la Ville-Moysan et du Vieux-Plessis, portaient d'hermines à 3 bandes ondées de gueules. (Bibl. nat. Pièces orig. 1079).

Alain, premier du nom, qui épousa Jeanne le Nepvou, était fils de Moysan, chevalier, sr de la Ville-Moysan et du Vieux Plessis, et fut père de : Alain, deuxième du nom, qui épousa Alix de Quatrevaux, fille de Alain de Quatrevaux, chevalier, sr de Saint Quihoët, terre voisine de celle de Crapado, et de Nicole de Hillion, dont issut : Isabeau Moysan, dame de Saint Quihoët, première femme d'Eon de la Rivière, chevalier, sr de Kaernonnain. (V. gen. de la Rivière. — F. fr. 22349).

1381. — Au moment des ratifications du traité de Guérande, qui fut conclu, comme on le sait, entre le roi de France Charles VI et le Duc de Bretagne Jean IV, le Duc accorda des lettres de rémission à quelques-uns de ceux qui avaient pris le parti du roi. L'une de ces lettres contient le nom de Salemon le Nepvou, cité avec Guion le Sénéchal, Hervé Goyon et d'autres. (Dom Lobineau T. II, col. 626. — Dom Morice, Pr. T. II, col. 372).

Nous inclinons à croire qu'il s'agit, ici, de Sylvestre le Nepvou dont le prénom aurait été altéré.

Les ratifications du traité de Guérande ne nous indiquent, à cette date, que deux autres le Nepvou, Alain, fils de Sylvestre, dont nous allons parler, et Perrot que nous savons appartenir à la branche des seigneurs de Crenan.

 

5. — ALAIN LE NEPVOU, chevalier, seigneur de Crapado, secrétaire du Duc de Bretagne, Jean V (1381-4422).

Alain le Nepvou est dit fils de Sylvestre, seigneur de Crapado, dans les quartiers de noblesse de Jacquette de la Hermoët et d'Isabeau Moysan et dans le fragment de généalogie ancienne cité plus haut.

Il ratifia le traité de Guérande à Saint-Brieuc, le 29 avril 1381, comme nous l'apprend le document suivant, résumé par dom Lobineau et dom Morice, et dont M. le comte de Lantivy a publié une copie, in extenso, dans son Histoire généalogique de la maison de Lantivy.

1381. — « Helye du Rouvre sieur du Boisboëssel, chevalier, capitaine de « Saint-Brieuc-des-Vaulx, Jehan Percevaux, Robin le Breton, Olivier de Lentivy, Rolland Dolo, Olivier Sevestre, Jehan Chevy, Geffroy de Mordelles, Pierre le Clerc, Raoul Fortin, Girault du Verger, Jehan Baret, Jehan le Coué, Jehan Bodigan, Alain le Nepvou, Guillaume Helyes, Guillaume Bloyn, Guillaume de Hillion, Olivier de Coytuhan, escuyers, rattifient à Saint-Brieuc le pénultième jour d'avril mil trois cent quatre vingtz-un » (Dom Lobineau, T. II, col. 618. Dom Morice Pr., T. II, col. 277).

Il convient de remarquer qu'Alain du Rouvre, sieur du Boisbouëxel, était le compagnon d'armes de Messire Geoffroy le Nepvou. Nous ne pouvons donc pas douter de la filiation d'Alain le Nepvou, bien que le sceau dont il se servit, ne rappelle en rien les armoiries de sa famille. Sceau. — « Alain de Neveu, écuyer (Bretagne). Fragment de sceau rond de 24 m/m. Archives de l'Empire 242, p. 5840. Armorial : Dans un quadrilobe, écu à la bande vivrée acc. de 2 etoiles l’une en chef l'autre en pointe. Aux flancs de l'écu : deux cygnes. Legende : ALAIN... NEVOV (scel Alain le Nevou) append à une promesse de tenir le traité de Guerande datée de Saint-Brieuc 29 avril 1381 » (Douet d'Arcq. Inv. des sceaux des Archives, T. II, N° 3070).

Pour expliquer le sceau d'Alain le Nepvou, on peut faire remarquer qu'à cette date la seigneurie de Crapado était entre les mains de son père, sinon de son oncle Messire Geoffroy le Nepvou, et que d'autre part, celle de Crenan était possédée par Olivier le Nepvou.

Alain le Nepvou faisait usage d'un sceau personnel et n'avait encore, vraisemblablement, reçu comme apanage que des terres voisines de Saint-Brieuc qui ne dépendaient pas de la Vicomté de Plaintel, dont nous savons que l'écu billeté était le blason. Un fragment d'une ancienne généalogie de Quelen (Archives des Côtes-d'Armor. Quelen, trav. 139, ray. 4, carton 515) nous indique que « les armes des Nepuouz de Crapadou et Crenan portent une bande ondée à 2 estoiles ». Cette mention, dont l'origine est, peut-être, le sceau d'Alain le Nepvou, ou qui, peut-être, vise d'anciennes armoiries de la famille, nous fournit, dans les deux cas, une nouvelle preuve de l'identité d'Alain le Nepvou. Au surplus, il n'est pas rare de rencontrer, à cette époque, des sceaux particuliers portant des armoiries différentes de celles de la famille à laquelle appartiennent leurs possesseurs. Citons, par exemple, le sceau de Thomas de Quebriac en 1313 (D. Morice) qui montre un fascé surmonté d'un chef endenché et chargé d'une bande au lieu de la fleur de lys de cette ancienne et illustre maison.

Au début du XVème siècle, nous trouvons Alain le Nepvou cité dans un document des plus intéressants mentionné par le comte H. le Noir de Tournemine.

1404. — C'est le compte des recettes et dépenses faites par Guillaume Nouette, receveur de Quintin, pour l'année 1404-1405. Dans le « minu » des fermages de Quintin nous relevons : « .... Guillaume Yvet pour place et demie qu'il tient de Messire Alin le Nepvou III d. ob. » (Arch. d'Ille-et-Vilaine. Série F. Fonds de la Borderie. R. Chassin du Guerny. — Etudes historiques sur l'organisation de la Seigneurie de Quintin. Rennes 1905. App., p. X).

Ce document concerne les droits d' « applacement » payés en deniers oboles au sire de Quintin, pour l'année 1404, par les habitants de la ville de Quintin. Nous en reparlerons à propos des Seigneurs de Crenan.

La plupart des seigneurs dont les terres avoisinaient une ville ou un bourg fortifié possédaient, également, à l'abri de ses remparts, un hôtel, ou maison de refuge, destiné à recevoir leur famille et leurs trésors, en cas de guerre. Ils payaient un droit d'emplacement, pour ces maisons, au seigneur du dit lieu. Souvent, ces maisons étaient bâties sur le territoire même du domaine, qui touchait à la ville. Telles sont, par exemple, la maison construite au bourg de Plaintel par Eon de la Hermoët, sr de Crapado (V. Pièces just, N° 9), et, sans doute, la maison du Barillot, dans le vieux Saint-Brieuc, que la seigneurie de ce nom avoisinait au Sud.

Le compte de Guillaume Nouette porte encore, un peu plus loin : « Item, se charge de la ferme du passage de Saint-Turian afermé à Jouhan Tienadou pour un an feni à la dicte feste de Saint George, 0au dit an, la somme de trente soubz monnaie dont la tierce partie appartenant à Monsr. Alin Lenepveu et du poursuir il se charge qui est deu à Monseigneur qui monte....  XX s. ». (Même source. — Appendice p. XXIII).

Nous lisons dans l'Histoire de Bretagne, que le duc Jean V, déclaré majeur à 45 ans, en 1405, forma peu après sa maison, et nous voyons, en janvier 1408.

1408.« Retenue à Messire Helye le Neveu d'estre secrétaire et passeur » (Lettres et mandements de Jean V, par R. Blancard. Archives de Bretagne, T. V, VI, VII et VIII. Année 1408, N° 1003).

Nous avons déjà vu Alain traduit par Helye (Helye du Rouvre pour Alain du Rouvre).

1421. — Ce n'est, toutefois, qu'en 1421 que nous voyons paraître la signature « le Nevou » au bas de mandements du Duc. (Mandements de Jean V en 1421, N°s 1510 et 1512 bis).

1422. — A la date du 20 mars 1422, nous trouvons un mandement signé : A. le Nevou. (Dom Lobineau. T. II, col. 993. Mandements de Jean V de 1422, N° 1522) et la signature le Nevou se retrouve le 12 novembre de la même année (même source, N° 1538).

Après cette date, Alain le Nepvou semble avoir été remplacé, à la cour de Bretagne, par ses cousins, Louis et Raoullet le Nepvou (Branche de Crenan).

Alain le Nepvou, chevalier, seigneur de Crapado, épousa Nicole de Kaerrauis, fille de Olivier de Kaerrauis, seigneur du Coudray, et de Claude de Kercabin (V. Pièces just., N° 8). De cette alliance sont issus :

1° Margilie, fille aînée, héritière de Crapado.

2° Isabelle, et, vraisemblablement,

3° Sylvestre, qui suit.

Nous retrouvons, en effet, le nom de Sylvestre en 1413, dans le document qu'on va lire, et il est impossible de ne pas considérer ce personnage, auquel nous ne connaissons aucune alliance, comme le petit-fils de Sylvestre, premier du nom.

 

6. SYLVESTRE LE NEPVOU, chevalier bachelier, 2ème du nom (...1413...).

1413.« Le Roi, par ses lettres données à Paris le dernier jour de May 1413 avant Pâques ordonne à M. le duc de Guyenne son ainsné fils.... avoir soubz lui 3000 hommes d'armes et 1500 hommes de trait.... et par ses dites lettres veut que Monseigneur de Richemont en ait sous mon dit seigneur le Duc la charge et le gouvernement à 1000 l. de gages par mois à commencer le 9 May 1414.... Les capitaines de cette compagnie sont : Messire Jehan de Montmorency seigneur de Beauffault, un autre chevalier bachelier et V escuiers.... Messire Sevestre Neveu chevalier bachelier et XIX escuiers : Gieffroy de la Ermouët escuier et XVII aultres ; Loys Dolo escuier et XIII aultres.... » (Dom Morice, Pr. T. II, col. 907).

Le nom de ce personnage doit être écrit dans l'original, « Neuou », qui est le vrai nom ancien de la famille et que Dom Morice traduit « Neveu », comme nous l'avons vu faire pour Geoffroy le Nepvou. La présence, à ses côtés, de Gieffroy de la Ermouët et de Loys Dolo, et le grand nombre d'écuyers qui l'accompagnent, ne permettent pas de douter qu'il s'agisse ici du seigneur de Crapado ou, plutôt, de son fils et héritier présomptif, car Alain, secrétaire du Duc, vit toujours.

On sait que ces préparatifs du roi de France précédèrent la bataille d'Azincourt (26 octobre 1415). Arthur, Comte de Richemont, fils du Duc de Bretagne, fut trouvé sur le champ de bataille, couvert de blessures, et fait prisonnier. Le contingent breton qui l'accompagnait, et qui comprenait la fleur de la noblesse du pays, y fut décimé. Tout porte à croire que le dernier représentant de la branche de Crapado y trouva une mort glorieuse, en combattant à ses côtés.

Après lui, Margilie le Nepvou, sa soeur aînée, devint l'héritière de Crapado, et nous verrons comment cette ancienne seigneurie passa, par elle, dans la maison de la Hermoët, puis dans celle de Loheac et du Plessis-Anger, qui en porta le nom.

Indiquons, d'abord, l'alliance conclue par Isabelle, sa soeur cadette.

« Isabelle le Nepvou » est dite soeur de Margilie le Nepvou, héritière de Crapado, dans la généalogie de Quelen. (V. Pièces just., N° 16); Elle épousa Geoffroy de la Lande, chevalier, seigneur de Saint-Bihy, chambellan de Charles de Blois, fils d'Olivier de la Lande, chevalier, et d'Alix (ou Aliénor) de la Jaille. (Bibl. Nat. Dossiers bleus. 550 et Chérin 166. Généalogie de Quelen. Notes manuscrites).

Les la Lande, dont il est ici question, seigneurs du dit lieu, de la Sauldraye, de Saint-Bihy et de Launay-Bali, dans la paroisse de Plélo, de Kerlohou et de Creheren, dans la paroisse de Plouvara, portaient d'argent au chef endenché de gueules.

Geoffroi de la Lande, amiral de Bretagne sous les ducs Arthur Ier et Jean III, épousa, en 1320, Bonne d'Avaugour, fille de Guillaume d'Avaugour, baron d'Ambrières.

Leur fils, Olivier de la Lande, épousa Aliénor de la Jaille. fille du sire de Pordic, dont :

Geffroi, chambellan de Charles de Blois, employé dans les montres de 1351, à 1369, marié à Isabelle le Nepvou. (Potier de Courcy).

Nous savons que celle-ci était fille d'Alain le Nepvou et de Nicolle de Kaerrauis.

Les de Kaerrauis, Kerahuys ou Keravis, d'une ancienne famille que nous voyons alliée aux la Rivière, la Roche, etc., srs du dit lieu, de Kerolivier, de Kernaguez et de Kerballet, ont produit six générations en 1669 et portaient d'argent à la bande d'azur chargée de 3 coquilles d'argent.

Richard, vivant en 1481, épousa Adelisse Henry. La branche aînée s'est fondue, vers 1500, dans le Forestier. (P. de Courcy).

Du mariage de Geoffroy de la Lande et d'Isabelle le Nepvou sortit une fille unique, Margilie de la Lande, héritière de Saint-Bihy, qui épousa, le 3 mai 1404, Guillaume de Quelen, fils puîné d'Eon de Quelen et d'Aliette du Vieux-Chastel, auteur de la branche de Quelen-Saint-Bihy. (V. Pièces just., N° 16).

Il est intéressant de partir de cette date précise pour établir, approximativement, la chronologie des seigneurs de Crapado.

Les filles se mariaient jeunes à cette époque ; néanmoins, Margilie de la Lande, en 1404, a, au moins, 15 ans. Elle est née en 1389, ce qui place le mariage de sa mère, Isabelle le Nepvou, en 1388. Cela concorde avec la date du 14 mai 1388, où nous voyons Geoffroy de la Lande acquérir, de son oncle, la terre de Saint-Bihy, sans doute à l'occasion de son mariage. (V. Pièces just., N° 16).

A son tour, Isabelle le Nepvou, en 1388, a au moins 15 ans. Elle est née en 1373 et sa soeur aînée, Margilie, en 1372, ce qui place le mariage de leur père, Alain, vers 1371. A cette date, ce dernier peut avoir, environ, 25 ans ; il est donc né vers 1346, il a 35 ans quand nous le voyons, à Saint-Brieuc, ratifier le traité de Guérande, et 62 ans quand il est choisi comme secrétaire, en 1408, par le Duc Jean V ; il exerce cette charge activement jusqu'en 1422, à 76 ans, ce qui n'a rien d'invraisemblable.

Notons qu'Alain est fils d'un second mariage, de sorte qu'en 1346, au moment de sa naissance, Sylvestre, son père, a au moins 30 ans, ce qui place la naissance de celui-ci, ainsi que nous l'avons déjà trouvé, par une autre voie, vers 1315, peut-être avant. Cela concorde encore avec la charte de 1311 où nous voyons son père, Eon, acquérir des terres, sans doute à l'occasion de son mariage.

 

6. — MARGILIE LE NEPVOU, dame de Crapado (1427-1428).

« Margilie (ou Marguerite) le Nepvou » est dite fille d'Alain le Nepvou, seigneur de Crapado, dans les quartiers de noblesse de Jacquette de la Hermoët (V. Pièces just., N° 8) et dans le fragment de généalogie ancienne cité plus haut. Elle est née, comme nous venons de le voir, vers 1372, mais nous ne la trouvons citée que longtemps après, à la première Réformation ordonnée par le duc Jean V.

1427. — A la date du 14 Juillet 1427, nous voyons, parmi les nobles de la paroisse de Tregomeur :
« Margilie le Nepuou, dame de Crapadou » (Manuscrit de la Bibliothèque de Saint-Brieuc, p. 158).

1428. — L'année suivante, en avril 1428, nous trouvons encore dans la même paroisse « La métairie de la dame de Crapado » (Même document, p. 34).

La même année, dans l'un des mandements de Jean V, daté du 13 février 1428, et concernant le renvoi à un an des débats entre l'évêque de Nantes et le sire de Quintin ce « et consorts », nous lisons :

« .... Nostre bien amé et féal le sire de Quintin et auxi pour Messire Rolland Péan, chevalier, Loys Pellouëssel, Mergelie le Nepvou, Guillaume de la Harmouët » (Mandements de Jean V pour 1428, n° 1794).

Margilie le Nepvou hérita, vraisemblablement, de la terre de Crapado, vers 1422, à la mort d'Alain, son père.

Elle avait épousé, à une date que nous ignorons, mais qu'il faut placer vers 1390, sans doute, Eon de la Hermoët, fils de Rolland, sr de la Hermoët, et de Marguerite de la Garenne, selon Augustin du Paz. (Man. in. de du Paz. F. fr. 22335. Gén. des maisons de Loheac et du Plessis-Anger. — Cab. d'Hozier, 190).

Les seigneurs de la Hermoët, ou de la Harmoye (paroisse de Bodéo), portaient d'or à la croix engreslée d'azur, comme la Rivière, et avaient, sans doute, la même origine que les seigneurs de cette maison.

La généalogie manuscrite des maisons de Loheac et du Plessis-Anger, par A. du Paz, nous indique, d'une façon très plausible, et qui concorde avec d'autres documents, comment la terre de Crapado passa des la Hermoët aux Anger.

Les Anger, ou Angier, ramage de Loheac, seigneurs du Plessis-Anger — de Châteaublanc — de Crapado — de la Maroussière — de Montrelais — du Gué-au-Voyer, etc., portaient de vair au baton de gueules, et ont produit 10 générations en 1669.

D'après cet auteur, du mariage d'Eon de la Hermoët avec Margilie le Nepvou, dame de Crapado, sont issus 3 fils et 2 filles. (V. F. f. 22335, p. 693).

1° Guillaume, qui vivait en 1428 (V. plus haut), fils aîné, décédé sans hoirs.

2° Henry, qui succéda à son frère et épousa Jeanne le Bouteiller, dame du Plessis-Balisson, dont il n'eut aucune postérité, mais qui lui survécut fort longtemps, car elle vivait encore en 1525. Elle eut en douaire la terre de Crapado qu'elle garda plus de soixante ans.

A la Réformation du 1er janvier 1513, nous trouvons, en effet, dans la paroisse de Plaintel : « Crapado où demeure et tient en douaire dame Jeanne le Bouteiller, dame du dit lieu et du Plessis-Baluczon puy tient une maison du bourg de Plaintel que mons. Eon sr .... fit faire puix LX ans en la terre de Crapado et n'y ont veu contribuer » (Manuscrit de Saint-Brieuc, p. 328).

3° Rolland qui succéda à ses frères et épousa Jeanne de la Forest dont Jean, mort jeune et sans hoirs, et Hélène qui lui succéda, héritière des maisons de la Hermoët et de Crapado, morte le 10 juillet 1526, sans enfants, bien qu'ayant été mariée 3 fois.

4° Jeanne, qui suit.

5° Jacquette, qui épousa : 1° Rolland de Kaergorlay, dont un fils, nommé Guillaume ; 2° Eon de la Rivière, chevalier, sr de Kaernonnain, qui était veuf d'Isabeau Moysan, fille d'Alain et d'Alix de Quatrevaux (V. plus haut). « Le dit seigneur de Kaernonnain fit assiette de partage à Olive Moysan soeur d'Isabeau sa première femme par acte du 15 novembre 1441. Il passa un contrat, à titre de cens, comme mary de Jacquette de la Hermoët le 15 avril 1435 et transigea, au nom de sa dite seconde femme, avec Henry, sr de la Hermoët, son frère » (Bibl. Nat., F. fr., N° 22349. Généalogie de la Rivière).

Dans cet acte, daté du 29 janvier 1450, il s'agit des successions de Rolland de la Hermoët et de Marguerite de la Garenne, qui sont dits « père et mère » de Jacquette et de Henry. (Cab. d'Hozier. 291. La Rivière). Cette mention est erronée et il faut lire « grand-père et grand'mère ».

Jeanne de la Hermoët, fille aînée d'Eon et de Margilie le Nepvou, épousa Messire Olivier de Pontcallec, chevalier, sr des Isles et autres lieux, fils de Pierre et de Marguerite de Quelen.

L'ancienne maison de Pontcallec ou du Pontquellec portait d'or à 3 mains appaumées de gueules, au franc-canton d'azur semé de fleurs de lys d'or ; elle se fondit, en 1447, dans celle de Malestroit.

D'après Augustin du Paz, Olivier de Pontcallec et Jeanne de la Hermoët eurent deux filles savoir : Catherine, femme d'Yvon Jourdain, sr du Pellen, et Aliette de Pontcallec, qui épousa Jean de la Rivière, sr de la Chauvelière, dont issut Jean qui hérita, collatéralement, de la terre de Crapado, à la mort de Hélène de la Hermoët. Ce dernier paraît à la Réformation de 1535, comme seigneur de Crapado. (Bibl. Nat. F. fr. 22321.) Il mourut, en 1546, sans alliance, et eut pour héritière sa soeur aînée, Jeanne, qui avait épousé Jean Anger, de la maison de Loheac, fils puîné de Jean et de Mahaud de Maillé.

Le fils de Jeanne, René Anger de Lohéac, hérita de la terre de Crapado. Il avait une soeur, Mathurine Anger, qui épousa Guy de Scepeaux dont Guy, père de Jeanne, femme de Henry de Gondy, duc de Retz.

René Anger, seigneur de Crapado, de la Chauvelière et autres lieux, épousa Louise de Scepeaux dont issut Claude Anger, baron de Crapado, qui, comme gouverneur de Rennes, joua un rôle important sous la Ligue. Accusé, faussement dit-on, d'intelligences avec le duc de Mercoeur, il fut traîné sur la claie et décapité à Rennes, sur la place du Champ-Jacquet, le 3 février 1593, en présence du prince de Dombes, « auquel il reprocha qu'il le traitait en faquin, bien qu'il fût son parent ». (Chanoine Moreau. Guerres de la Ligue, p. 127).

Cette fin tragique ne fut certainement pas étrangère à l'oubli qui s'est fait, depuis, sur les premiers seigneurs de Crapado. Il est probable que le château fut détruit, car il n'en existe plus que des vestiges près d'un petit étang, en partie desséché, formé par l'un des affluents de l'Urne. On pénètre dans l'ancien manoir par une chaussée servant de retenue et qui devait être, autrefois, pavée. Au centre de la cour, on remarque les ruines d'un colombier dont il reste, à peine, la moitié. (Com. par M. Fr. Hedou de la Heraudière).

La terre fut démembrée; nous voyons les du Gouray en réunir une partie à la seigneurie de la Coste, dans la paroisse voisine de Saint-Julien.

Toutefois, le nom se perpétua dans la famille Anger de Loheac jusqu'à Donatien Rogatien, marquis de Crapado, dont la fille épousa, en 1746, Jean Amaury Gouyon, sr de Nort. (Généalogie de la maison de Gouyon, appendice des mémoires de Charles Gouyon, baron de la Moussaye (1559-1587), par Vallée et Parfouru. Paris, Perrin, 1901).

Généalogie famille Nepvou-Crapado.

 Pour les pièces justificatives voir Famille Le Nepvou " Famille Nepvou - Appendice et Annexe ".

(RENÉ LE NEPVOU DE CARFORT).

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