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LA FAMILLE MENGUY DE GUERLEZAN

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MENGUY DE GUERLEZAN (Joseph-Marie) est né le 3 août 1781, au Gorlosquet, en Lanrivain, paroisse du diocèse de Quimper, d'une famille qui a toujours habité la Bretagne et qui remonte par tradition jusqu'aux premiers ancêtres connus des Rohan. De Guethenoc, vicomte de Porhoet, et d'Alarun de Cornoüaille étaient sortis trois fils : Jossélin, Menguy et Tutgual (1026). Le premier donna son nom au château de Josselin, bâti par son père, et eut plusieurs enfants, entre autres : Menguy, évêque de Vannes ; Alain, qui bâtit le château de Rohan, dont ses descendants prirent le nom, et le vicomte Cudon, père de Jossélin II (Voir Dom Lombineau, vol. I, page 118). La famille de Guerlezan portait d'argent fretté d'azur de six pièces, au franc canton d'argent chargé d'une étoile d'azur. Par sa mère, du nom de Thépault, il appartient également à une famille noble de Bretagne, qui avait pour armes : de gueules à une croix alézée d'or et une mâcle de même au quartier dextre, avec cette devise : Dieu sut le tout. Les Menguy sont alliés aux Villiers de l'Isle-Adam et à d'autres grandes familles de France. Charles de Villiers de l'Isle-Adam, mort en 1535, donna dès 1527 toutes ses terres à son cousin le connétable Anne de Montmorency, du consentement de son frère puîné Claude, qui avait cependant plusieurs enfants. On trouve le nom de Menguy cité dans des titres anciens de la juridiction de Ploermel.

Les membres de la famille de Guerlezan servirent dans l'armée royale de Bretagne comme simples volontaires. Pendant la Terreur, le chef de cette maison, Menguy, originaire du Morbihan, doué d'une force herculéenne, s'étant muni d'une barre de fer, fit sauter en un instant les portes des prisons de Saint-Brieuc, et rendit la liberté aux nombreux condamnés qui y étaient renfermés.

M. de Guerlezan est le seul de dix enfants qui ait survécu aux désastres des guerres civiles de l'Ouest ; sa famille perdit trente-trois de ses membres à l'affaire de Quiberon. Lui-même n'échappa à ces temps de troubles que par une espèce de miracle : il emportera au tombeau la marque d'un coup de poignard qu'il reçut dans la région du coeur. Il fut élevé par M. Le Garec, grand vicaire de Quimper, alors caché dans sa famille, qui, tout en lui faisant partager sa chambre, lui donnait l'instruction religieuse, morale, littéraire et scientifique ; un peu de calme politique lui permit d'aller terminer ses études à Lorient.

Un de ses parents, très-puissant à Paris, obtint, après beaucoup d'efforts, qu'il ne fît pas partie des gardes d'honneur au nombre desquelles il était compris, moyennant qu'il prît momentanément un emploi dans une des administrations civiles. Dans les circonstances, ce service rendu à M. de Guerlezan était d'autant plus méritoire, qu'il n'appartenait pas aux opinions de son parent.

Tout jeune encore, dès 1802, il établit dans la Vendée de nombreuses relations qu'il a plus particulièrement conservées ; ce qui faisait dire qu'il appartenait plus à la Vendée qu'à sa terre natale. Cela ne l'empêcha pas de rester en parfaite intelligence avec toutes les notabilités royalistes de la basse Bretagne, dont il s'occupa beaucoup pendant le cours de la Restauration. Toujours en rapport avec les royalistes, M. de Guerlezan fut surtout chargé de leur correspondance de 1815 à 1830 ; aussi ne se passa-t-il dans l'Ouest aucun événement important auquel il n'ait pris part ; et s'il ne paraît pas, c'est que sa modestie, qui est un des beaux côtés de son caractère, le place au second rang, et lui permet ainsi de faire le plus de bien possible au nom des rois et des princes. Sans cesse en rapport avec les autorités religieuses et civiles, il connaissait parfaitement les hommes, savait les apprécier et les faisait concourir indifféremment à son but. On ne peut se faire une idée de l'activité qu'il mettait à rendre service à ses semblables. Une paroisse désire-t-elle un vicaire ou un instituteur ? veut-on faire entrer des clercs au séminaire ? Aussitôt M. de Guerlezan est sollicité par l'évêché et se charge de l'affaire. En 1822, il obtint la création d'un petit séminaire à Vertou, comme le prouve la lettre suivante, qui lui fut adressée :

« Monsieur, Dieu seul, pour la gloire de qui vous avez travaillé, en fournissant aux enfants un moyen de s'instruire, vous récompensera de toute la peine que vous avez prise. Je suis très satisfait de l'arrangement ; la seule chose qui me gêne est l'obligation de payer les impôts, car le silence, à ce sujet, me fait craindre d'y être obligé. Quoi qu'il en soit, voila encore un coup de fouet donné à l'ennemi. Veuillez recevoir mes sincères remerciements et l'assurance de mon respectueux dévouement. J'ai l'honneur, etc. Signé : Ct. BIZEUL, curé. Vertou, 8 août 1822 ».

Cette école, qui dura plusieurs années, fut ensuite transférée à Doulou, puis aux Couëts.

En 1823, M. le ministre duc de Bellune causait des guerres de l'Ouest avec M. de Guerlezan ; connaissant son mérite et sa modestie, et voyant qu'il n'était décoré d'aucun ordre, il lui dit : « Je vous défends de quitter Paris avant d'avoir reçu la décoration, et au besoin je vous l'ordonne, au nom du roi ». Deux jours après, M. de Guerlezan recevait la croix de la Légion d'honneur. Le prince de Polignac voulut l'attacher au duc d'Angoulême, chargé d'aller en Espagne ; mais M. Matthieu de Montmorency et d'autres ministres dont il était l'ami, rappelant les services de cet excellent homme, firent comprendre qu'il serait plus utile au pays en restant en France.

Dans les dernières années de la Restauration, en 1829 et 1830, M. de Guerlezan semble se multiplier : il est partout, et se transporte avec la rapidité de l'éclair de Paris à Angers, Nantes, et dans toute la Vendée. Il remplace le lieutenant général pair de France, comte de Sapinaud, obtient des croix et des secours de tout genre, et va lui-même les distribuer sur les lieux. C'est ainsi qu'il fit nommer au grade d'officier le comte de Bagneux, préfet de Maine-et-Loire, et M. Louis Lévêque, maire de Nantes, et décorer M. Musset, curé de Touvois ; M. Bertaud, curé de Legé, lors de l'inauguration du monument élevé à Charette ; M. Lafont, de Nantes, homme rempli de coeur et de courage, et beaucoup d'autres. Simple charron, M. Lafont sauva pendant la Révolution, le jour de l'Ascension 1793, vingt-huit personnes condamnées à mort, qui venaient d'escalader les murs de la prison. Il les reçut dans ses ateliers, et parvint, grâce à des opinions avancées, à leur faire délivrer des passeports. Parmi ces personnes se trouvait le général Scepeaux, qui, n'ayant rien à sa disposition, lui offrit une grande médaille d'or représentant Louis XVI. Commandant des pompiers, administrateur des prisons et inspecteur des voitures publiques, M. Lafont comptait 45 ans de services gratuits ; on demandait pour lui la décoration depuis 25 ans. Frappé de cette belle conduite, M. de Guerlezan rédigea un mémoire, et, le 31 octobre 1829, M. de la Bourdonnais, ministre de l'Intérieur, lui annonçait que le roi avait conféré à M. Lafont le titre de chevalier.

Toujours occupé à faire obtenir des secours, il parvint à placer Jacques Ériau, né à Vieillevigne, ancien boucher de l'armée royale vendéenne de Charette, à l'abattoir de Nantes, où il est mort.

Comme commissaire du roi, M. de Guerlezan fut chargé de distribuer de nombreux secours, dans tout l'Ouest, aux plus infirmes et aux plus malheureux survivants de nos guerres civiles. Il apporta dans la mission qui lui était confiée les soins les plus consciencieux, ce qui le fit choisir par le général de Sapinaud pour veiller après lui sur l'infortune de quelques vieux soldats vendéens. Voici en quels termes il lui écrivait à ce sujet :

« Au Sourdy, 21 juillet 1829. Tout prend fin, mon cher Menguy, et je vois que je touche à la mienne, malgré vos voeux et ceux de ma famille. Dieu seul est éternel, et ce n'est que dans son sein que nous pourrons jouir de l'éternité. J'emporterai au tombeau un doux souvenir de votre tendre amitié et du zèle infatigable que vous avez constamment déployé pour seconder mes efforts du bien. Je vous lègue un héritage qui sera précieux à votre coeur, puisque je vous laisse toutes nos infortunes vendéennes à soulager. Je sais depuis longtemps que ce qui serait de l'embarras et de la peine pour les autres, sera pour vous un sujet de joie. Les malheureux restes de nos guerres civiles gagneront encore plus que vous du don que je vous fais de leurs misères, etc.  Je vous embrasse, mon cher Menguy. Signé : Cte DE SAPINAUD, pair de France ».

M. de La Bourdonnais, ministre de l'Intérieur, en envoyant à M. de Guerlezan un secours de son ministère, lui écrivait aussi : « J'ai l'honneur de vous adresser un secours que je vous prie de distribuer à de pauvres Vendéens sans ressources. En confiant ce soin à votre active et généreuse charité, je m'applaudis d'avoir pu rendre encore un hommage à la fidélité malheureuse ; personne ne mettra plus que vous de persévérance à la chercher, et d'empressement à la secourir ».

Le cadre restreint que nous nous sommes imposé et la modestie trop grande de M. de Guerlezan, qui a détruit sa correspondance pour effacer toute trace du bien qu'il avait fait, ne nous permettent pas d'énumérer ici tous les services qu'il rendit dans les autres départements et surtout à Paris. Sans doute, il nous serait difficile de dire à qui ces secours ont passé ; mais nous avons des raisons de croire qu'ils furent tous bien placés. Sans reproduire ici les nombreuses lettres d'envoi et de remerciements concernant la distribution de ces secours, nous citerons la lettre de Monseigneur d'Hermopolis, destinée à remercier M. de Guerlezan de la manière dont il s'est acquitté de sa mission.

« Paris, 17 mars 1830. Je ne puis, mon cher Monsieur, que vous louer du zèle que. vous mettez à procurer et distribuer des secours aux malheureux Vendéens ; il ne fallait rien moins que votre dévouement pour prendre sur soi tant de soins et de fatigues : le ciel vous en récompensera, et l'estime des gens de bien sera pour vous une consolation ; je ne parle pas de celle que fait éprouver à un coeur comme le vôtre la satisfaction de soulager d'honorables infortunes. Je vous remercie de la peine que vous vous êtes donnée de me faire passer les sept lettres, témoin flatteur de reconnaissance pour les services que vous avez rendus. Recevez l'expression de mes sentimens les plus distingués. Signé : D. E. D'HERMOPOLIS ».

Ainsi, M. de Guerlezan, à la fois chevalier des ordres de Saint-Louis, de la Légion d'honneur, de Malte et de plusieurs ordres étrangers, a été commissaire du roi en Vendée, et n'a jamais usé de son influence auprès du roi, des princes, des ministres et de toutes les personnes puissantes à Paris, que pour faire le bien. Après avoir servi la cause royale, il a consacré sa vie à l'agriculture et aux bonnes oeuvres. Il n'a point fait la guerre aux opinions, mais bien aux mauvaises actions ; jamais il ne demandait à un homme ce qu'il pensait, mais ce qu'il faisait. C'est un noble et brave Vendéen, homme obligeant, de premier ordre, et surtout homme de bien. Il a pratiqué les deux plus belles vertus évangéliques, l'humilité et la charité chrétienne (M. de Guerlezan).  

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