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GUILLAUME LE FERRON, évêque de Léon (1439-1472)

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Guillaume Ferron (Le), dont la famille était originaire des diocèses de Saint-Malo et de Dol, portait pour armes, nous dit M. de Courcy : d'azur à la bande d'argent chargée de quatre hermines de sable, le champ semé de billettes d'argent sans nombre. Ces armes ont été reproduites par les soins de M. de Courcy, dans le porche méridional de la cathédrale de Saint-Pol ; mais si ces armes sont celles de la famille Ferron, ce n'étaient pas celles que portait le Prélat, car son sceau, dans les nombreux actes que possèdent les Archives départementales, dressés au nom de cet Évêque, figure constamment une fasce accompagnée de trois grelots, et ces armes se voient également aux voûtes de la cathédrale et au porche dont nous parlions plus haut. N'étant encore que dans les ordres mineurs, Guillaume Ferron fut nommé archidiacre de La Mée, autrefois du diocèse de Nantes, puis ensuite du diocèse de Rennes.

Elu Évêque de Léon le 20 Mars 1439 (N. S.) il se rendit en Italie où il assista aux dernières sessions du Concile de Florence et son nom figure parmi les évêques qui, le 6 Juillet 1439, signèrent le décret d'union avec les Grecs, mais en ce moment il n'était encore qu'Évêque élu et sa signature est ainsi rédigée : Ego Gulielmus electus Leonensis suscripsi.

Il dut, vers la fin de cette année 1439, revenir prendre possession du siège de Léon qu'il occupa pendant 33 ans, d'un épiscopat rempli de contradictions de toutes sortes, comme on pourra s'en convaincre par les quelques documents qui vont suivre et que nous avons extraits des Archives vaticanes.

Vers 1450-1451, de graves dissentiments surgirent au sujet de l'étendue de la juridiction de l'Archidiaconé, entre l'Évêque Guillaume et l'archidiacre de Kemenedily, Bertrand de Rosmadec, qui porta l'affaire au pape Nicolas V ; un procès s'en suivit et il eût été désirable que les parties, demeurant en paix, laissent au juge suprême le soin de décider la question, mais l'archidiacre prétendant que l'Évêque lui en voulait, ainsi qu'à ses officiaux, familiers et serviteurs, et qu'il ne manquait aucune occasion de les molester, demanda au Pape de les soustraire à la juridiction de l'Évêque pour les prendre sous sa protection immédiate, si bien que l'Évêque ne pourrait procéder contre eux ni les frapper de censures.

Nicolas V, croyant mettre fin à ce déplorable conflit, écouta la supplique de Bertrand de Rosmadec, et lui accorda l'exemption qu'il demandait par ses lettres du 5 des nones de Mai 1452, mais cette mesure, loin de calmer les esprits, ne fit que les exciter et de graves abus s'en suivirent ; en effet, dès que quelqu'un était mécontent de l'Évèque ou de ses officiers, sous prétexte de montrer leur empressement vis-à-vis de l'Archidiacre, il se faisait admettre comme employé ou clerc de son officialité et ainsi il échappait à la juridiction de l'Évêque et à la répression de délits commis. L'Évêque ne manqua pas de faire observer combien cet état de chose portait un grave préjudice à son autorité et à son administration, et il finit par obtenir du pape Callixte III des lettres abolissant l'exemption accordée par son prédécesseur aux employés et familiers de l'archidiacre de Kemenedily. Les lettres de Callixte III sont du 4 des ides d'Octobre 1456, seconde année de son Pontificat.

Bertrand de Rosmadec ne dut pas être satisfait de cette décision, mais il ne put longtemps soutenir la lutte, car il mourut en 1459. Malheureusement pour l'Évêque, mouraît aussi Callixte III qui lui avait été favorable.

Le nouveau pape Pie II, fut, dès son élévation, prévenu contre l'Évêque de Léon, par des rapports calomnieux sur sa conduite, si bien que le Souverain Pontife chargea d'une enquête à ce sujet, l'abbé de Saint-Mathieu fin de terre, l'Archidiacre de Quemenedilly qui n'était plus Bertrand de Rosmadec et Bizien Mériadec, chanoine de Tréguier (9 Juillet 1359). Sur les entrefaites, Christophe de Coëtivy, frère du cardinal Alain, titulaire de Sainte-Praxède, obtenait du Pape, comme l'avait obtenu Bertrand de Rosmadec, l'exemption de la juridiction de l'évêque de Léon sur lui ses officiers, familiers, prétendant que l'évêque lui en voulait et vexait ses serviteurs de toute manière.

En 1460, sur une nouvelle accusation, par laquelle on dénonçait au Pape la nomination faite par l'évêque de Léon comme archidiacre de Quemenedilly d'un Jean Drouet, de Nantes, son neveu, qu'il aurait ainsi nommé (Carnali affectione), le Pape donnait l'archidiaconé de Quemenedilly à Alain, de Penmarch, clerc de Léon.

A toutes ces tribulations, vint s'ajouter contre l'évêque Guillaume une entreprise si injuste et si odieuse que le Pape, non encore revenu de ses préventions, n'hésita pas à la réprouver de la manière la plus sévère. Voici à quelle occasion :

Au mois de Février 1451, une baleine vint s'échouer sur le rivage de Léon, dépendant du temporel de l'Évéque.

Comme de coutume, elle lui fut adjugée ; elle fut dépecée, et la graisse qu'on en retira fut mise dans huit tonneaux que l’on déposa provisoirement dans la cathédrale de Saint-Pol, mais le Duc apprend la chose et immédiatement il expédie à Saint-Pol des cavaliers, des fantassins et des archers, chargés de s'emparer de la dite baleine comme aubaine appartenant au Duc. Ces gens armés envahissent donc la ville, se rendent au palais épiscopal et dans l'intention de s'emparer de l'Évéque, défoncent les portes, et sans rien respecter, ils s'emparent, non seulement des meubles et ustensiles, mais encore des papiers, contrats et registres de l'évêché ; ils ne respectent pas l'église cathédrale où ils vont saisir les tonneaux de graisse qu'on y avait déposés, puis revenant à l'évêché, ils profèrent les plus horribles propos contre l'Évêque, défoncent les portes de la prison, où un clerc était détenu pour ses forfaits et lui donnent la liberté ; mais ils en veulent surtout à la personne de l'Évêque. Le concierge ne voulant pas dire où il est caché, est littéralement torturé, puis le concierge et les chapelains de l'Évêque et ses serviteurs, au nombre de vingt, sont enchaînés et conduits prisonniers jusqu'à Nantes où ils ne recouvrèrent leur liberté qu'après avoir payé rançon. De plus avant de quitter la ville épiscopale, ils font publier au nom du Duc, que nul ne pourrait désormais recourir à la Curie épiscopale, que pour les causes concernant les mariages, les testaments et la séparation des lépreux, et comme un notaire avait voulu dresser procès-verbal contre cette promulgation attentatoire aux droits de l'Évêque, ces soudards le rouèrent de coups et le forcèrent à manger et à avaler l'acte qu'il venait d'écrire ainsi que le sceau qui y était attaché, disant bien haut qu'ils n'hésiteraient pas à appréhender l'Évéque, alors même qu'il serait à l'autel ; enfin, en repartant pour Nantes, ils laissèrent des gardes armés chargés de saisir le temporel de l'Évêque et de le remettre entreles mains du Duc.

Cependant l'Évêque qui s'était caché, profita des ténèbres de la nuit pour s'échapper de la ville et éviter la fureur et la cruauté de ces forcenés qui mettaient sa vie même en danger.

Il put se retirer à Angers, où avec l'autorisation de l'Évêque, il intenta une action contre le Duc et ses principaux complices dans cet acte de violence, à savoir : Guillaume Chanum (Chonan ?), Olivier Dubreil, Jean Loret, Pierre Le Cozic, Merien Le Cozic, Guy du Faou, Jean Blouet, Thomas de Kerasret, Prigent Kerouzeré, Prigent de Kermellec, Jean du Faou, Bertrand de Mareil, enfin l'Évêque informa le Pape de ces violences inqualifiables.

Pie II répondit à cette plainte par une lettre datée du 2 Juin 1461, et adressée à l'Archevêque de Tours et à l'Évêque de Nantes, par laquelle il flétrissait, comme ils le méritaient, de tels excès, et chargeait ces prélats d'appeler devant eux les délinquants, de s'assurer de la véracité des faits, et de les frapper des sentences et des censures qu'ils avaient encourues ; mais le Pape prévoyant qu'il ne serait ni facile ni prudent pour les juges d'envoyer des citations régulières et personnelles à ces accusés, déclaraît que ces citations seraient suffisamment valables si on se contentait de les afficher dans des lieux publics voisins le plus possible, des limites du duché de Bretagne.

Le Duc de Bretagne s'aperçut, sans doute, qu'il était allé trop loin ; satisfaction fut donnée dans une certaine mesure à l'Évêque qui revint à Saint-Pol, mais pour y être exposé, l'année suivante, à un attentat du même genre.

Le dimanche 17 Octobre 1462, une troupe de forcenés ayant à leur tête, Guy Olivier, Alain Kermelec, Jean Keraudi, Guillaume Jacopin, Jean Moinart, Alain Bozec, résolus de tuer l'Évêque ou du moins de s'en emparer, vinrent mettre le siège devant le palais épiscopal, au son des trompettes, armés d'épées et d'instruments propres à réussir dans leur entreprise, ils brisèrent les portes et les fenêtres, mais comme malgré cela, ils ne pouvaient pénétrer dans le palais, ils escaladèrent le verger de l'évêché voisin du couvent des Carmes, et démolissant murs et portes, ils envahirent l'évêché où ils demeurèrent plusieurs jours et plusieurs nuits, cherchant inutilement l'Évêque, et s'en vengeant, en détruisant ou pillant ses meubles. Mais les plus coupables étaient les seigneurs qui les avaient envoyés ou du moins encouragés dans une pareille entreprise de brigandage, qu'ils avaient poussée au point de chavirer des barques remplies de poissons, comme appartenant à l'Évêque, au risque de faire périr les pêcheurs avec leur chargement.

Cette fois encore l'Évêque réclama près du Saint-Siège contre cet attentat, et par ses lettres datées du 1er Mai 1465, Pie II donna commission d'en informer, à l'abbé du Relecq et aux chanoines de Tours, Guillaume Ansquer et Olivier Goazspern, leur donnant mandat de publier dans les églises et lieux publics, où ils le jugeraient opportun, les sentences d'excommunication encourues non seulement par les auteurs de ces actes odieux, mais contre tous ceux qui les auraient favorisés par leurs conseils ou leur protection, ordonnant de les éviter jusqu'à ce qu'ils aient pleinement satisfait à l'Évêque et réparé les dommages causés, notamment aux pêcheurs dont ils ont submergé les barques ; que s'ils ne veulent pas se soumettre, il ne faut pas hésiter à jeter l'interdit sur les lieux, villes ou châteaux qu'ils habitent, les dépouillant eux et leurs enfants, jusqu'à la seconde génération, de toutes les dignités, honneurs et privilèges dont ils jouissaient.

Les coupables au lieu de reconnaître leurs torts, voulurent donner le change au Souverain Pontife, en déposant à Rome une nouvelle plainte basée sur les accusations les plus calomnieuses contre l'Évêque de Léon, si bien que le 1er Mai 1463, date de la lettre contre les attentats commis dans l'évêché de Léon, le Pape donnait mandat à l'abbé de N.-D. de Begar d'informer de la conduite de Guillaume Ferron et d'examiner si les faits incriminés avaient quelque fondement. Mais déjà l'Archevêque de Tours avait rendu une sentence favorable à l'Évêque de Léon, qui provoqua une sentence définitive du Pape, du 7 Janvier 1464 (N. S.) absolvant Guillaume Ferron de toutes les accusations calomnieuses portées contre lui, proclamant que ce prélat pendant les vingt-deux ans et plus qu'il a gouverné le diocèse de Léon, non seulement a été exempt de blâme mais au contraire a été digne d'éloge et bien méritant de la sainte Eglise.

Cette sentence du Pape Pie II ne dut pas arrêter la rage des calomniateurs contre Guillaume Ferron, ils essayérent encore près de Paul II de faire condamner l'Évêque de Léon, mais ce fut en vain, et par une bulle du 29 Septembre 1469 (Arch. Vat. Paul II. An VI. Vol. 533) qui résume dans plus de vingt pages de texte toute la procédure instruite contre l'Évêque, le Pape confirme la sentence de réhabilitation rendue au profit de Guillaume Ferron, par son prédécesseur Pie II.

Il n'est cependant pas certain que de nouvelles affaires n'aient été suscitées contre l'Évêque, après cette justification solennelle de sa conduite, car nous le voyons trois ou quatre ans après, entreprendre le voyage de Rome, probablement pour soutenir la justice de sa cause ; toujours est-il que c'est à Rome même que Guillaume Ferron trouva le repos, en passant à une vie meilleure, l'an 1472, après un épiscopat plein de contradictions et de luttes pénibles et qui n'avait pas duré moins de trente-trois ans.

(auteur inconnu).

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