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EXTRAITS D'UN ANCIEN CATALOGUE DES ÉVÊQUES DE RENNES : AYMAR HENNEQUIN

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Ce catalogue inédit des évêques de Rennes se trouve transcrit sur les derniers folios d'un manuscrit important, qui est aujourd'hui la propriété du vénérable Chapitre de la Cathédrale de Rennes. Le manuscrit dont je parle est un missel pontifical exécuté à la fin du XVème siècle par les ordres et pour l'usage de « Révérend Père en Dieu Missire Michel Guibé », successivement évêque de Léon, de Dol et de Rennes, où il mourut en 1501. Les armes du prélat y sont peintes sur plusieurs pages parmi les encadrements de feuillages, de fleurs et de fruits rehaussés d'or.

Suivant une note qu'on lit au verso du premier folio, « ce livre qui avait appartenu à Michel Guibé, évêque de Rennes, vint environ cent ans après en la possession d'Aymar Hennequin son successeur, et fut par lui restitué à l'Eglise de Rennes son épouse bien-aimée, l'an du Seigneur 1584 ». C'est un volume grand in-folio, recouvert d'une reliure en veau gauffré et doré, décoré sur les plats des armes de Henri III, roi de France, à savoir : écusson de France à dextre accolé à senestre de l'écusson parti de Pologne et Lithuanie, surmontés chacun d'une couronne. Le double collier des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit encadrent les armoiries royales, et une troisième couronne forme l'amortissement au-dessus des deux inférieures. Sur la bandelette de cette couronne on lit la devise : MANET VLTIMA CAELO.

Ce catalogue est écrit en latin, d'un style assez élégant ; inexact pour les époques anciennes, il est précieux et précis pour les temps voisins de sa rédaction. Il fut composé sous les yeux et par les soins de Monseigneur Aymar Hennequin, en 1584. Une courte notice consacrée à ce prélat m'a paru intéressante à faire connaître. J'en donne ici la traduction ; elle complétera les renseignements un peu succincts recueillis par Dom Morice et reproduits par l'abbé Tresvaux dans leurs catalogues historiques des évêques de Rennes.

« Aimar Hennequin était chanoine de l'église de Paris et Conseiller au Parlement. C'est dans la même ville qu'il a reçu la consécration épiscopale, au maître-autel de Notre-Dame, par la main du très-illustre et très-savant cardinal et prince Charles de Lorraine, assisté de Pierre de Gondy évêque de Paris, et d'Antoine le Cyrrier évêque d'Avranches et doyen de Paris, au milieu d'une nombreuse et brillante assemblée où l'on comptait trois archevêques, douze évêques, la mère du prélat, sa grand'mère, ses six frères et cinq soeurs, plusieurs conseillers au Parlement et une foule composée de tous les ordres, de toutes les classes. C'est lui qui aujourd'hui (en l'an 1584) administre le diocèse. Député par sa province, il a assisté aux Etats Généraux du royaume tenus à Blois en 1576, où se sont trouvés deux cardinaux, six archevêques et vingt-six évêques. Il a été présent aussi au concile provincial ouvert à Tours et terminé à Angers, sous la présidence de Monseigneur Simon de Maillé, archevêque de Tours. Il a souscrit aux actes de ce concile, en 1583, avec les évêques d'Angers, de Nantes, de Léon, de Saint-Brieuc, de Cornouaille. Plein de reconnaissance pour les bienfaits de Dieu toujours grand et toujours bon, dont il reconnaît la munificence à son égard, à la louange et à la gloire de ce Dieu et en honneur de l'auguste Sacrement de l'Eucharistie, afin aussi d'avoir part aux mérites des Saints et d'obtenir l'assistance de leurs prières, il ne s'est pas contenté du don de plusieurs ornements de couleurs variées pour décorer la maison de Dieu qu'il a toujours chérie ; il a institué la célébration de fêtes solennelles à certains jours dans son église de Rennes, prescrivant d'y observer presque les mêmes rites et cérémonies que dans les saints jours de Pâques et de la Pentecôte. Ainsi, il a voulu que l'Octave établie par l'Eglise, en mémoire du très-auguste Sacrement d'Eucharistie, fût célébrée avec autant de pompe et d'éclat que le jour même qui la précède. Il a ordonné la même chose pour le jour de la commémoration de Saint Paul apôtre, lequel tombe le 30 juin, pour le jour de Sainte-Marie-Magdelaine qui tombe le 22 juillet ; et cela dans l'intention et avec le désir de profiter de l'exempte d'un patron tel que le Docteur des Nations, le grand Paul, et d'une patronne telle que Magdelaine la compagne assidue du Seigneur Jésus, en méditant sur ses fins dernières et cherchant à imiter leur foi. Animé de pieuses pensées sur la Résurrection, tout en attendant la dissolution de son corps, il a fait célébrer, tous les ans, l'office des morts, selon l'usage, dans son église de Rennes, le 22 septembre ; jour auquel il avait perdu plusieurs de ses parents, mais principalement pour qu'on fit mémoire à l'autel de ses prédécesseurs, les pontifes de l'Eglise de Rennes et surtout de révérend père et seigneur Bertrand de Marillac qui, en mourant, l'avait désigné pour son successeur.

Voulant que toutes ces dispositions fussent exécutées, sans rien de préjudiciable ni d'onéreux pour l'église de Rennes, son épouse bien-aimée, il a consacré 400 écus d'or à divers placements en rentes annuelles, ce qui a été agréé et ratifié par le trésorier et les chanoines de l'église de Rennes, ses excellents et vénérables frères tous dévoués à leur évêque, assemblés et convoqués à cet effet. La chose a en lieu l'an 1582, au mois de juillet, la huitième année de son pontificat, la trente-neuvième de son âge. De tout quoi a été dressé acte authentique pour en conserver la mémoire, sur la décision du Chapitre, et cet acte, on le conserve avec soin dans les archives de l'évêché et du Chapitre de Rennes. — Maintenant, qui que vous soyez, vous qui lisez ceci, n'allez pas vous imaginer que c'est par ostentation, pour m'attirer les éloges des hommes, que j'ai fait écrire ces détails : c'est uniquement à la gloire et à l'honneur de Dieu, en souvenir de notre Sacrifice éternel et non sanglant, et pour réclamer les suffrages du bienheureux apôtre saint Paul et de sainte Magdelaine, dont la vie se passa en la présence de Dieu et dont la mort fut précieuse à ses yeux, pour que leurs mérites me fortifient et m'aident à remplir dignement la charge épiscopale ; car c'est un fardeau qui dépasse les forces humaines, redoutable même aux anges.

Ainsi donc, lecteur, en voyant sous vos yeux les noms des évêques de l'église de Rennes et leurs actes mémorables ici détaillés, accordez-leur le secours de vos prières, accueillez avec faveur, comme des tablettes sauvées d'un naufrage, cette liste qui vous retrace la succession des évêques de Rennes. Aimar Hennequin l'a rassemblée à force de recherches. Si vous aimez vos évêques, honorez son oeuvre et attachez-y du prix.

Salut et santé en N. S., ami lecteur ; confiez à votre mémoire cette succession de pasteurs qui ont pris soin de conserver saine et entière la foi apostolique dans l'Eglise de Rennes.

N'abandonnez jamais leur doctrine et la tradition des Pères, c'est-à-dire le dépôt de la Foi que recommande en termes si pressants saint Paul dans son épître à Timothée. Gardez-le toujours au contraire, et fuyez les profanes nouveautés de paroles et la révolte cachée sous le faux nom de science, au moyen desquelles les disciples de Calvin cherchent à détruire la foi en France. Demeurez donc fidèles aux vérités qui vous ont été enseignées, vous rappelant de qui vous les tenez. Tel est le voeu que je forme pour vous, sans vous connaître. Adieu ».

N'y a-t-il pas quelque chose de touchant et de solennel dans cet appel final du Pasteur aux lecteurs futurs de son oeuvre, appel destiné à perpétuer les effets de son zèle et de sa sollicitude pour son troupeau ?

A la suite de cette pièce, évidemment écrite sous la dictée du prélat, on lit la note suivante ajoutée après sa mort : « Le présent catalogue des évêques de l'église de Rennes a été colligé l'an du Seigneur 1584, au mois de janvier, par les soins et à la diligence de Reverend Père Monseigneur Aimar Hennequin. Agé de 53 ans, il est décédé le 13 janvier de l'an 1596, le 22ème de son pontificat. Il a été inhumé dans son église cathédrale près du corps de Monseigneur Yves son prédécesseur, le 17ème jour du même mois. Sur le marbre noir qui recouvre sa tombe on a gravé en lettres d'or une épitaphe résumant ses louanges en un bref éloge ».

L'épitaphe, dont nous donnerons le texte latin à l'appendice, reproduit à peu près la notice ci-dessus. Nous citerons seulement les derniers mots qui constatent la douleur et les regrets de son chapitre : « Ses frères désolés lui ont élevé ce tombeau. Il s'est en allé, il n'est pas mort ». ABIIT NON OBIIT. Espèce de jeu de mots dans le goût de l'époque dont la concision ne saurait être rendue dans notre langue. (P. D. V.).

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