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LES TOMBEAUX DE BERTRAND DU GUESCLIN

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Tout le monde sait qu'après la mort de Bertrand Du Guesclin [Note : Du Guesclin mourut en assiégeant le château de Randon, dans le Gévaudant qu'occupaient les Anglais. Au hameau de l'Habitarelle, près de Châteauneuf-Randon, s'élève un monument érigé à la mémoire du connétable, là même où, selon la tradition, se trouvait la tente sous laquelle il expira] Charles V ordonna son inhumation dans l'église abbatiale de Saint-Denis, au milieu des tombes des rois de France, voulant honorer ainsi les restes de son fidèle serviteur. Beaucoup ignorent, au contraire, qu'on fit alors trois parts des glorieuses dépouilles du grand connétable : tout en transférant son corps à Saint-Denis, on apporta son cœur à Dinan et l'on inhuma ses entrailles au Puy.

Bertrand Du Guesclin

Visitant dernièrement cette ville du Puy, — l'une des plus singulières et des plus intéressantes cités de France, — nous avons retrouvé avec bonheur le beau monument funèbre élevé à la mémoire de notre illustre guerrier breton. Ce fut dans l'église conventuelle des Dominicains (aujourd'hui église paroissiale de Saint-Laurent) que furent déposées les entrailles de Du Guesclin ; on les y plaça à droite du maître-autel dans un tombeau orné de la statue du connétable. De nos jours, en 1833, ce monument a été transféré dans une chapelle à droite du sanctuaire, et presqu'entièrement refait à neuf, sauf la vieille statue tumulaire restaurée avec soin.

C'est une vaste et riche arcade ogivale en pierre blanche, composée d'un arc tudor festonné, et au-dessus d'un autre arc en accolade ; un fronton aigu garni de feuillages et terminé par une statuette surmonte le tout. Sous cette arcade s'élève le tombeau, présentant une série d'arcatures et les armes de la Bretagne avec couronne ducale et celles de la ville du Puy avec couronne murale.

La statue de Du Guesclin, en marbre blanc, repose sur ce cénotaphe : le héros est représenté couché, les mains jointes, la tête nue et les pieds appuyés sur un lévrier ; il est armé et porte un bouclier sur lequel paraissent ses armoiries : d'argent à l'aigle éployée de sable, membrée et becquée de gueules, à la cotice de même brochant. L'épitaphe est ainsi conçue : CI GIST TRES NOBLE HOME ET VAILLANT MESSIRE BERTRAND CLAIKIN (Sic), CONTE DE LONGUEVILLE, JADIS CONNESTABLE DE FRANCE, QUI TRESPASSA L'AN MIL CCCLXXX, LE XIIIe JOUR DE JUIL.

Au-dessus de ce tombeau, dans l'intérieur de l'arcade, est un cartouche carré portant à ses quatre coins l'écusson de France : d'azur à trois fleurs de lys d'or ; il indique vraisemblablement la place qu'occupe dans la muraille l'urne renfermant les entrailles du connétable. Le même écusson de France apparaît plus haut, porté par deux anges et surmonté d'une couronne royale que tient un troisième ange.

Enfin de chaque côté du sarcophage se dressent les statues de la Ste Vierge, Notre-Dame du Puy, et de S. Bertrand, patron du guerrier ; et au centre de l'intrados trône le Sauveur du monde encensé par deux anges et bénissant l'illustre défunt.

Une partie du monument (tout l'intérieur de l'arcade en particulier) est polychrommé avec goût et sobriété. C'est en résumé l'une des plus belles sépultures que nous possédions en France, et elle est vraiment digne du grand homme en l'honneur duquel elle a été élevée.

Du Guesclin avait de son vivant une grande dévotion envers Notre-Dame du Puy, et c'est ce qui explique pourquoi l'on déposa volontiers dans cette ville une partie de ses restes après sa mort. Un an auparavant le connétable, aussi fervent chrétien que vaillant soldat, était venu en pèlerinage au Puy et avait offert à l'église de Notre-Dame une de ses armures complètes en témoignage de sa vénération pour ce saint lieu ; il fit même à cette occasion de grandes largesses à ce temple qu'on restaurait alors. Ce furent ces travaux de réédification qui empêchèrent, en 1380, de déposer dans le sanctuaire de la cathédrale du Puy les entrailles du guerrier breton. Elles ne furent mises à Saint-Laurent qu'en attendant qu'il fut possible de les transférer convenablement à Notre-Dame, mais cette translation n'eut jamais lieu.

Deux mots maintenant sur les autres tombeaux de Du Guesclin.

D'après les ordres de Charles VI, le corps du connétable fut iuhumé à Saint-Denis, au pied même de Charles V, qui ne survécut que quelques semaines à son serviteur. Le roi voulut que, par une distinction particulière, on attachât au-dessus du tombeau de Bertrand une lampe qui devait perpétuellement brûler. Ce tombeau, en marbre noir, placé sous une arcade entre deux autels, supportait la statue couchée du connétable, sculptée en marbre blanc ; on lisait autour ce qui suit : CI GIST NOBLE HOME MESSIRE BERTRAND DU GUESCLIN COMTE DE LONGUEVILLE ET CONNESTABLE DE FRANCE, QUI TRESPASSA A CHASTELNEUF DE RANDON EN GIVODAN, EN LA SENESCHAUSSEE DE BAUCAIRE, LE XIIIe JOUR DE JUILLET L'AN MIL CCCLXXX ; PRIEZ DIEU POUR SON ASME.

Depuis la restauration de la basilique de Saint-Denis par M. Viollet-Leduc, le tombeau de Du Guesclin se trouve dans la chapelle de S. Jean-Baptiste, dite vulgairement chapelle des Charles, près des monuments des rois Charles V et Charles VI, à l'entrée de la crypte et à gauche du sanctuaire.

Le troisième tombeau du connétable — indigne au point de vue artistique de figurer à côté des précédents — est à Dinan dans l'église de Saint-Sauveur.

L'illustre guerrier affectionnait Dinan et particulièrement en cette ville le couvent des Dominicains. Il avait ordonné par testament qu'il fût inhumé dans leur église en la chapelle prohibitive qu'y possédait sa famille. Mais le roi ayant voulu honorer sa mémoire en faisant transporter son corps à Saint-Denis, son cœur seul fut apporté à Dinan et placé dans l'enfeu des seigneurs Du Guesclin. Plus tard la Révolution détruisit en partie le monastère des Dominicains de Dinan, ce qui fit transférer en 1810 le cœur du connétable dans l'église de Saint-Sauveur où il est encore. Malheureusement l'édicule élevé alors pour renfermer l'urne funéraire est mesquin et sans goût. On y a scellé l'ancienne pierre tumulaire portant cette inscription : CY GIST LE CUEUR DE MISSIRE BERTRAN DU GUEAQUIN (Sic) EN SON VIVANT CONESTABLE DE FRANCE QUI TRESPASSA LE XIIIe JOUR DE JUILLET, L'AN MIL IIIc IIIIxx, DONT SON CORPS REPOSE AVECQUES CEULX DES ROYS A SAINCT DENIS EN FRANCE.

Le cœur de Du Guesclin est bien à sa place en cette église de Saint-Sauveur, car dès 1358 le grand guerrier avait fondé en ce sanctuaire trois messes par semaine « à savoir le lundi, le mardi et le vendredi à l'autel Saint-Sauveur ». Là encore nous trouvons une preuve de la piété du connétable, et il convenait de déposer en ce lieu sacré un cœur qui avait si noblement battu pour Dieu, pour l'honneur et pour la patrie.

Ils ne rougissaient pas, en effet, de la religion de leurs pères les illustres capitaines du moyen-âge ! Du Guesclin agenouillé aux pieds de Notre-Dame du Puy et fondant des messes à Dinan pour le repos de son âme n'offre-t-il pas un noble exemple à suivre ? N'avait-il pas, d'ailleurs, pris pour devise et cri de guerre : Notre-Dame Guesclin, et n'était-ce pas avec ce nom béni qu'il s'élançait sur l'ennemi et remportait la victoire ? Comme ses contemporains bretons Charles de Blois et Beaumanoir qui communiaient avant d'aller combattre, Du Guesclin mettait avant tout sa confiance en Dieu, et l'histoire glorieuse du connétable prouve que sa confiance était bien placée.

(abbé Guillotin de Corson).

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