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LE DOYENNÉ DE CALLAC

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MAEL-PESTIVIEN.

Les Evêques de Léon et de Quimper, prélats aussi recommandables par leur sagesse que par leur piété, prévoyant les difficultés que devait faire naître la constitution civile, n'avaient pas attendu sa publication pour prendre une précaution que la prudence leur avait dictée. Ils jugèrent que les circonstances étaient assez graves pour recourir au Saint-Siège et, en réclamer les conseils dont ils avaient besoin. Mgr. de Saint-Luc écrivit à Pie VI le 11 juillet 1790. La réponse du Pape est du 1er septembre de la même année.

Il n'est pas certain que Mgr. de Saint-Luc ait eu le temps de recevoir la réponse de Pie VI. Les malheurs de l'Eglise de France avaient vivement affecté ce pieux prélat. Prévoyant que bientôt on lui signifierait la constitution civile du clergé, il dressa, le 21 septembre, un projet de déclaration et de protestation contre cette Constitution, projet dont il donna communication à ses vicaires généraux. Deux jours après il tomba malade, et, le 26, on vint de la part du gouvernement lui faire cette signification. Ce fut pour lui un coup de foudre. Bientôt son mal empira, et il rendit tranquillement son âme à Dieu le 30 septembre 1790.

Voici la liste des prêtres qui, dans le canton actuel de Callac (alors dépendant de Quimper), adhérèrent à la protestation de Mgr. Conen de Saint-Luc, contre la constitution civile du clergé :  

 

RECTEURS

CURÉS

PRETRES

 

 

 

 

Plourac'h

Le Gloannec

Derrien

 

Plusquellec

De Floyd

Abgrall

 

Botmel (trève de Plusquellec)

 

Jiquel

De Pempoullou

Calanhel (trève de Plusquellec)

 

Le Noan

 

Duault

François Corbel

 

 

Locarn (trève de Duault)

 

Laurent Bercot

 

Burthulet (id)

 

François Le Coënt

 

Pestivien

Pezron

Touboulic

Pierre Corbel

Carnoët

Meyniel

Blein

 

Maël-Pestivien

De Bouloign (Charles-Julien-Xiste)

 

 

Le Loc'h (trève de Maël-Pestivien)

 

Hervé

 

Tous ces prêtres adhérèrent à la protestation de Mgr. Conen de Saint-Luc contre la constitution civile, et durent nécessairement refuser le serment. On ne voit nulle part, d'ailleurs, qu'ils aient démenti ce premier acte par un acte contraire. Ils confessèrent publiquement leur foi sans craindre la colère de l'autorité civile. D'autres prêtres du canton eurent une conduite tout opposée et prêtèrent serment à la Constitution.

La paroisse de Duault (alors canton), eut au moins deux prêtres constitutionnels : Le Bourzec et Olivier Falher.

Le Bourzec avait d'abord été vicaire à Plouégat-Moysan (alors en Tréguier), avant la Révolution. En l'an IV, il vint un instant habiter Plestin et y exerça le culte.

Olivier Falher était recteur (curé) constitutionnel de Duault en 1793. Il est facile de le prouver par la lettre qui suit : « Arrêté du 8 juin 1793. Cytoyens Administrateurs. Je viens de voir qu'il existe chez le cytoyen Allain, receveur du district de Rostrenen, un tableau des fonctionnaires ecclésiastiques, sur lequel je ne me trouve point compris. Cependant, j'ai l'avantage de vous faire remarquer que je suis curé constitutionnel de Duault-Quélen. Je vous prie donc de voir incessamment à relever cette omission ; et paix, cytoyens administrateurs. Olivier FALHER, curé de Duault. Rostrenen, 17 mai, an deuxième ».

A Carnoët, il y eut un prêtre assermenté, nommé Lincot. Il se rétracta après la Révolution et fut nommé recteur aux environs de Brest. Il mourut en 1843.

Il y eut également un prêtre assermenté à Plusquellec. On ignore son nom. Il était, dit-on, de la famille de ceux qui ont acheté Kerthomas, en Plusquellec.

Jacques Riou était prêtre assermenté de Saint-Nicodème. Il prêta serment à la Constitution le 25 ventôse, an X.

Il faut remarquer ici que le mot prestation de serment est exagéré et ne doit pas se trouver dans les registres. Ce devait être plutôt un simple acte de soumission à la République, un acte d'acceptation du gouvernement existant. Le serment fut à peine exigé après l'an III, 1795. Ainsi la prestation de serment de M. Riou n'accuse qu'une reconnaissance du gouvernement. Il déclare reconnaître le gouvernement français, et se soumettre aux lois du dit gouvernement et y être fidèle. C'était un conformiste.

M. Bellom, vicaire conformiste de Duault, était de Lanrivain. Il mourut à Kerbernez, en Saint-Servais, chez une soeur mariée à un de Brossard, le 18 germinal, an IX, à l'âge de 70 ans.

 

Prêtres de la circonscription de Callac, déportés et morts en 1793-1794, en rade de l'île d'Aix, à l'île Madame et aux environs, où ils sont inhumés :

François Le Coënt, né à Spézet, curé de Burthulet, fut déporté à Rochefort et mourut à bord des Deux-Associés le 24 juillet 1794, à 44 ans. Il fut enterré à l'île d'Aix.

Ont survécu à cette première déportation : De Bouloign, Charles-Julien-Xiste, recteur de Maël-Pestivien, 43 ans.

Le Noan Louis, de Plusquellec, curé de Calanhel.

 

Prêtres de la circonscription de Callac, déportés en 1798-1799, à l'île de Ré :

De Bouloign, recteur de Maël-Pestivien, 49 ans ; Corgat Pierre, de Plourac'h, recteur de Landrévarzec, 56 ans.

Guillaume Pierre, de Maël-Pestivien, prêtre habitué de Bothoa. Il survécut à la déportation et devint recteur de sa paroisse natale, après le Concordat.

 

NOTES PARTICULIÈRES :

M. de Floyd, grand vicaire général forain de l'Evêque de Quimper, et recteur de Plusquellec, fut forcé de quitter sa paroisse en 1791. Il s'y était maintenu jusqu'alors, malgré toutes les avanies et les persécutions, à travers toutes sortes de périls... Après avoir soutenu par ses conseils, ses exemples et son zèle, tout le clergé qui l'entourait, après avoir rempli vis-à-vis de son troupeau tous les devoirs d'un bon pasteur, traqué comme une bête fauve, il crut devoir se mettre à l'abri dans un pays plus calme, en attendant l'heure de pouvoir rejoindre son poste. Hélas ! Cette heure ne devait pas sonner de longtemps ! M. de Floyd se retira donc à Saint-Malo avec M. de Larc'hantel, comme lui vicaire général de Quimper. La municipalité de Saint-Malo accueillit les deux proscrits : elle leur fit même dire que le jour où ils ne pourraient plus rester sur le territoire français, elle leur faciliterait leur passage en Angleterre. On leur tint parole. Quand il leur fallut sortir des murs hospitaliers de cette bonne ville, on les fit embarquer sur des navires qui les conduisirent, M. de Larc'hantel à Londres, et M. de Floyd à Jersey. Au retour de l'émigration, M. de Floyd devint, après la nouvelle circonscription des diocèses, chanoine de Saint-Brieuc.

Voici une lettre écrite par lui à un prêtre de Quimper, le 21 février 1803, et qui témoigne de l'attachement qu'il conservait à son ancien diocèse : « MONSIEUR, J'apprends avec plaisir que vous êtes déterminé à rentrer dans votre patrie, et à y reprendre la place que vous y occupiez avec autant de zèle que de succès, avant notre désastreuse Révolution. Je félicite le prélat qui a eu le bon esprit de vous attirer auprès de lui et de vous confier la partie la plus embarrassante de ses fonctions, bien persuadé que vous la remplirez avec satisfaction, tant pour lui que pour le vaste diocèse dont il est chargé, et dont vous aviez précédemment mérité et la confiance et l'estime, et de ma part l'attachement et la plus sincère. La Providence, qui nous avait écartés l'un de l'autre, n'a point permis que nous ayons entretenu une correspondance suivie qui aurait allégé nos malheurs. La guerre, qui divisait les royaumes hospitaliers que nous avons habités, a rendu inutiles tous les moyens que j'ai employés pour savoir de vos nouvelles et vous donner des miennes, car n'ayant pas reçu de réponses aux trois ou quatre lettres que je vous ai écrites, je me suis persuadé qu'elles ne vous étaient point parvenues J'espère que celle-ci n'aura point le même sort et qu'elle me procurera l'avantage de me rappeler à votre souvenir. La nouvelle circonscription des diocèses me jette hors de celui auquel j'étais attaché par droit d'origine et par sentiment d'affection et de reconnaissance ; mais elle ne me fera jamais oublier les amis dont je ne me suis séparé que de corps ; la distance des lieux ne rompra jamais les liens que l'amitié avait formés et qu'elle resserrera toujours. C'est une jouissance qui devient plus agréable à raison des malheurs qu'on a éprouvés ».

M. de Pempoullou, prêtre originaire de Callac, y passa la Révolution. Il était de la famille des Bahezre de Lanlay, de Pempoullou, etc. Cette famille était alliée à ce moment aux familles influentes de Callac (les Le Bouédec, les Guyot, les Guyader), et toutes ces familles, par un accord avec le parti révolutionnaire, parvinrent à le sauver de la mort. Après le Concordat, il exerça le ministère à Callac pendant deux ans, à titre de curé d'office, puis il fut nommé recteur de Plusquellec.

M. Laurent Bercot (curé de Locarn, trêve de Duault) passa la Révolution à Locarn et à Trébrivan avec M. Le Goff, qui devint plus tard recteur de Carnoët. M. Bercot, Yves-Marie, mort recteur de Saint-Gilles-Pligeaux, et neveu de Laurent Bercot, a raconté que son oncle et M. Le Goff faisaient le métier de sonneurs pour ne pas être reconnus. Lorsqu'il y avait danger, ils simulaient même une certaine ivresse. Leur principal refuge était la maison des Lehire, à Trébrivan. M. Laurent Bercot a été le premier recteur de Duault, et M. Le Goff le premier recteur de Carnoët, après le Concordat de 1802.

Le vénérable M. François Corbel était recteur de Duault depuis 1762, lorsque la Révolution éclata. Il ne quitta pas sa paroisse et refusa le serment. C'est alors que les bleus le conduisirent à Callac pour rendre raison de sa conduite. Le juge eut égard à son grand âge et lui permit de résider à Duault. Il mourut à Kerviou-Vras (même paroisse), le 15 mai 1793.

M. Pierre Corbel exerçant le ministère à Pestivien (Bulat), fut nommé curé d'office de cette paroisse en 1796. Avait-il été en exil avant cette époque et y avait-il reçu cette charge, ou bien l'avait-il reçue d'un vicaire capitulaire demeuré à Quimper ? On ne saurait le dire. C'est ce M. Corbel qui fut pris à Lanquélen, en Locarn, par Vauchel (Téo), maire de Duault, puis condamné à mort et exécuté à Saint-Brieuc.

Voici, du reste, la copie partielle de l'imprimé du jugement :

« Liberté, Egalité, Humanité, Justice. Au nom du peuple français.

Jugement rendu par la Commission militaire, séant à Port-Brieuc, qui condamne à la peine de mort Pierre Corbel, ex-prêtre émigré.

1er Alinéa. — Du 16 nivôse, an VI de la R. F., la Commission militaire, formée conformément à l'article 16 de la loi du 19 fructidor dernier, d'après l'ordre du général divisionnaire Michaud, commandant de la 13ème division militaire, et composée des cytoyens Labouré, etc.

2ème Alinéa. — Ayant pris pour secrétaire le cytoyen Poulain-Corbion, greffier du Conseil de guerre de la 13ème division militaire séant en cette place, ladite Commission réunie pour prononcer sur le sort du nommé Pierre Corbel, âgé de 36 ans, ex-prêtre de Pestivien, canton de Duault, département des C. D. N., accusé d'émigration et de chouannage, arrêté le 5 nivôse dernier, au moment où il sortait de chez Joseph Corbel, demeurant à Lanquérin (Lanquélen), commune de Locarne, même canton, et dans les poches duquel les gendarmes de Calac et la force armée qui l'ont saisi, ont trouvé une centaine de chevrotines, dix balles de calibre, des pierres à fusil, de la poudre fine, et une petite boète de plomb, dite à extrême-onction, lequel Pierre Corbel ayant été reconduit dans la maison dudit Joseph Corbel, d'où il s'était sauvé à l'aspect de la troupe, a été présent à la perquisition qui a été faite et par le résultat de laquelle on a saisi un fusil à deux coups chargé de deux canons et un autre fusil de chasse à un coup ;

Vu les interrogatoires subis ce jour devant nous par ledit Pierre Corbel ;

Après avoir entendu la lecture de toutes les pièces de la procédure dudit Corbel, renvoyé devant une Commission militaire conformément à la loi du 19 fructidor, an V, par l'administration centrale du département des C. D. N. (Côtes-du-Nord).

Après avoir entendu l'accusé en ses moyens de défense, ainsi que le citoyen Hervé, de cette commune, défenseur officieux nommé d'office audit Corbel ;

Vu l'arrêté de l'administration centrale du département des C. D. N., en date de ce jour, portant que Pierre Corbel, ex-prêtre du canton de Duault, arrondissement de Rostrenen, est inscrit sur la liste particulière des émigrés du département des C. D. N., et sur la liste générale des émigrés de la République ;

Vu les articles 2, titre 4, section 1ère, loi du 25 brumaire, an 3 ; articles 15 et 16 de la loi du 19 fructidor, an V ; la Commission militaire condamne à l'unanimité Pierre Corbel, ex-prêtre émigré, à la peine de mort, et ordonne conformément à l'article 8, section 1ère, titre 5 de la loi du 25 brumaire, an V, que le dit Pierre Corbel sera livré à l'exécuteur des jugements criminels, et mis à mort dans les 24 heures.

Ordonne la Commission, conformément à l'article 373 de l'acte constitutionnel, que ses biens demeurent acquis et confisqués au profit de la République.

Ordonne la Commission que les pièces de la procédure seront déposées au bureau du général de brigade Romand, commandant la subdivision des C. D. N.

Fait et prononcé à l'accusé.

— Décès de l'an VI, N° 64. — Pierre Corbel : 17 nivôse, an VI, témoins deux gardes police qui ont déclaré que Pierre Corbel, ex-prêtre de Pestivien, canton de Duault, âgé de 36 ans, est décédé ce jour à 11 heures du matin ; l'acte rédigé à deux heures et signé en maison commune les dits jour et an par Hamon Olivier et Pierre Thomas, gardes police, et Olivier Deschamps-Oizel, adjoint municipal, faisant pour l'officier public absent ».

Charles Pezron, recteur de Pestivien (Bulat), mourut dans les prisons de Guingamp. C'est lui qui avait bâti la chapelle de Sainte-Anne du Radennec (Bulat), en 1767, et restauré l'église de Pestivien en 1775.

Jean Touboulic émigra (on ne peut dire où) et devint recteur de Pestivien au retour de l'émigration. Il mourut à Bulat en 1823.

M. Meyniel, recteur de Carnoët, était très âgé au moment où éclata la tourmente révolutionnaire. Il demanda et obtint l'autorisation de vivre en simple particulier dans le canton de Duault. Plus tard, il fut emprisonné à Guingamp, puis relâché à cause de son grand âge. Il se retira à Gourin son pays natal, fut de nouveau incarcéré à Vannes, et relâché une seconde fois. Il a dû mourir à Carnoët où il avait été recteur.

M. de Bouloign, Charles-Julien-Xiste, fut présenté comme recteur de Maël par les Chevaliers de Malte, peu de temps avant la Révolution. Il refusa le serment à la Constitution civile du clergé. Il fut déporté, d'abord à l'île d'Aix, ensuite à l'île de Ré. Au retour de l'émigration, il devint recteur de la « grande paroisse de Laniscat ». Il a dû y mourir.

(le diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire).

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