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La Ligue à Douarnenez

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

 

La Ligue à Douarnenez

L'histoire de la Ligue en Bretagne a été faite, dans une suite de récits pittoresques et inimitables, par un bon chanoine de Quimper, Jean Moreau, prébendé de Beuzec-Cap-Sizun, contemporain des événements, et auquel nous empruntons en grande partie les lignes qui vont suivre.

« Dès le commencement de la guerre, écrit le chroniqueur, le Sr. de Guengat, qui avait nom Jacques de Guengat, s'étant retiré à Brest, qui était la plus prochaine retraite de ceux qui suivaient le parti appelé le parti du Roi, était en ce temps un hérétique. Le dit Sr. de Guengat ayant donc demeuré quelque temps en cette retraite, ne faisant peur ni mal à personne, ambitieux cependant que le comte de Moignane avait fait de bonnes raffles dans le pays Armorique, eut aussi envie d'y faire quelqu'exploit, sans beaucoup se risquer et dans le dessein de s'acquérir parmi les autres quelque réputation, quoiqu'il n'y eût aucune guerre commencée.

Il se met en imagination que Douarnenez pouvait aisément être surpris par mer, d'autant qu'on y pouvait aisément mettre pied à terre en plusieurs endroits. Il demanda, pour venir à bout de son dessein, certain nombre des gens de guerre du Sgr. de Sourdéac, gouverneur dudit Brest, et des barques et pataches pour les porter. Avec ces nombres de soldats, il y eut plusieurs réfugiés volontaires qui se mirent de la partie, à dessein de bien faire leurs orgies, comme ils l'eussent fait s'ils avaient été prévoyants et sur leurs gardes, car Douarnenez était lors habité par des gens riches et plein de réfugiés qui y avaient apporté leurs moyens.

Cette belle flotte de dix à douze barques, faisant bien 3 à 400 hommes, sous la conduite du Sr. de Guengat, arriva au port de Douarnenez, environ deux heures avant le jour, et y trouvèrent une si pauvre garde qu'ils mirent le pied à terre avant d'être découverts, et ayant cantonné tout le bourg à ce que personne des habitants n'eût bougé, ils se jettent au pillage et à faire bonne chère.

Cependant, l'alarme se donnait aux champs dans les prochaines paroisses, où l'on sonna le tocsin, et où il se trouva en moins de deux heures un grand nombre de populace que le Comte n'avait pas encore désarmée, et se jette en foule dedans le bourg, où était l'ennemi, qui ne craignait rien, et le charge si brusquement qu'ils les obligent en confusion de courir à leurs barquerolles plus vites qu'ils n'étaient venus. Malheureusement pour eux, ils avaient abordé en pleine mer, et ils ne furent pas assez prudents pour y laisser des gens dedans pour les tenir toujours à flot à mesure que la mer se retirait, si bien que se voulant sauver, poursuivis par la commune et les habitants, qui avaient pris courage, ils trouvèrent partie de leurs vaisseaux sur le sec, entr'autres les plus petits, et les plus grands étaient plus avant dans la mer, où ils ne pouvaient atteindre sans péril de se noyer, et ayant l'ennemi assez farouche en queue, et la mer élément sans miséricorde de l'autre, de quelque part qu'ils se tournassent, ils ne voyaient que l'image de la mort, et fuyant se jetaient à corps perdu à la nage, pensant gagner quelques-unes de leurs chaloupes ; les uns, ayant plus d'horreur de la mer que du fer, attendaient le coup et étaient massacrés sur la grève.

Le Sr. de Guengat avec plusieurs autres attrapèrent de bonheure l'une des barques, où il se sauva ; en une autre il y entra tant de soldats en foule qu'elle enfonça et furent tous noyés. Ceux qui se sauvèrent de cette entreprise s'en retournèrent avec leur capitaine à Brest, plus chargés de confusion que d'honneur ».

Quelque temps plus tard, certainement après le départ de La Fontenelle, qui occupait l'île Tristan en Février 1594, le sieur de Guengat retourna à Douarnenez et, cette fois plus heureux, réussit à s'établir dans l'île qu'il fortifia de son mieux ; mais il n'y demeura pas longtemps tranquille.

« Sur la fin de Mai 1595, de Créménec (Note : Château, près du Faouët) (La Fontenelle), vint avec ses gens, passe à Locrenan au point du jour, donne dans Douarnenez et par même en l'île Tristan et se saisit de tous les deux non sans quelqu'effusion de sang des habitants, ravagea le tout et envoya tous ceux qui avaient quelques moyens prisonniers à Créménec. Le Sr. de Guengat, nommé Jacques de Guengat, se portant capitaine de l'île et du bourg pour le parti du Roi, s'étant quelque temps auparavant mis avec quelque nombre de soldats en garnison, et logeait en l'île même pour plus grande sûreté, comme il lui paraissait, de sa personne. Mais ayant été aussi négligent que ceux du bourg, dormant à la française, fut pris prisonnier dedans son lit, car en même temps l'île et le bourg furent pris, ce qui trompa le Sr. de Guengat, qui faisait son compte que, en cas de danger, le bourg devait être le premier attaqué, et que le bruit qu'on y eût fait eût mis ceux de l'île sur leurs gardes ; mais La Fontenelle, qui avait bien prévu cela, y procéda comme nous avons dit, qui fut un trait d'homme de guerre. Car si le Sr. de Guengat eût eu oui le moindre bruit, ou il se fût assuré à la défense de l'île ou il se fût sauvé au plus tôt par mer, comme il l'avait fait une autre fois.

La Fontenelle, après avoir fait curée de Douarnenez et de l'île, où il trouva un grand butin, d'autant qu'il y avait nombre de riches marchands, et que ceux du plat pays, noblesse et autres, y avaient rendu tout leur plus beau pour plus grande sûreté, comme leur semblait.

Ayant aussi remarqué la dite île de situation très forte, commença à penser à sa retraite, chargé de dépouilles et de prisonniers en grand nombre, prenant le chemin de Créménec, à la connaissance de toute la garnison de Quimper et de leur capitaine Prez (ou du Pré) et du Sr. de Kermoguer, gouverneur de ladite ville, qui ne s'en remuèrent non plus que des souches. C'est pourquoi le Roi, de ce averti, et le dit Prez étant peu après à Paris, commanda à son prévôt de le pendre sans autre forme de procès. Toutefois, à la prière de quelques grands, il eut la vie sauve, par la promesse qu'il fit au Roi de remettre ladite île en son obéissance ou y mourir. Nous en pourrons parler ci-après.

Les prisonniers de Douarnenez, rendus à Créménec, furent traités à la turque et même plus barbarement, par tourments et toute sorte de pauvreté et de disette, pour tirer plus grande rançon d'eux que ne montait tout leur bien, et ainsi les mettant à l'impossible, mourraient misérablement dans les cachots et cloaques. Ceux qui, pour éviter les tourments, avaient, au moyen de leurs amis et parents, pu trouver promptement leur rançon, sortirent demi-morts, semblant plutôt à des anatomies ou spectres hideux, n'ayant que la peau et les os, chargés de puanteur et de vermine, lesquels, sitôt qu'ils étaient à changer d'air et de viandes, mouraient pauvrement d'une enflure ... ».

« La Fontenelle (Voir Chanoine Moreau), après qu'il eut reconnu l'île Tristan pour une bonne place de retraite et qu'il y avait moyen, en y ajoutant un peu d'oeuvre de mains, de la rendre imprenable, rendu qu'il eut ses prisonniers et son butin à Créménec, s'en retourna quatre ou cinq jours après à Douarnenez avec forces bagages et appareils et se va loger dans l'île, laissant partie de ses gens au bourg, le tout au vu et au su de la garnison de Quimper, de Concarneau, de Pont-l'Abbé et de Brest, sans qu'aucun se remuât. Ce logement de La Fontenelle à Douarnenez fut au commencement de Juin 1595.

La commune (c'est-à-dire les paysans), voyant quelle importance était cette place au pays, si l'ennemi s'y fortifiait, et que les garnisons n'en faisaient aucun semblant, se mit sous les armes de toutes parts et se prépare pour les venir assiéger. Ils font leur gros à Saint-Germain-Plougastel. La Fontenelle, averti, les vint rencontrer avec une bonne partie de la garnison, sachant que la populace n'est rien contre des gens de guerre, et entre des haies fait marcher ses gens à couvert, fors dix ou douze qu'il envoie pour attirer les paysans à jeu en la lande qui était près. Sitôt que ses cavaliers parurent, la commune, sans ordre ni discrétion, confusément se débande après, avec ses hurlements horribles et accoutumés, sans songer qu'il pouvait y en avoir d'autres. Ces cavaliers, se voyant suivis, font semblant d'avoir peur et se retirent à grands pas. Les autres suivent et étant au milieu de la lande, voilà trois ou quatre cents chevaux qui viennent fondre sur eux et sans aucune résistance en font tel carnage qu'ils veulent et prennent le Sr. du Granec (fils du sieur Coatanezre de Pratmaria), l'un de leurs conducteurs, qu'ils mènent à Douarnenez ».

Vers la fin de 1595 ou le commencement de 1596, M. le commandant Faty, dans ses « Comptes du miseur » (Bulletin de la Société Archéologique, XII, p. 173), mentionne une tentative dirigée contre Douarnenez par le Sr. de Coatedrez (ou Coatredrez) : « A Jan Longet de Penmarc'h, 3 écus pour avoir conduit en la ville de Quimper les poudres, balles et mèches, au lèvement du siège de Douarnenez posé par le Sr. de Coatedrez ». La quittance est du 28 Janvier 1596. A la même époque, il est dit, dans le même compte, que Kermoguer, gouverneur de Quimper, envoya le messager 0llivier Floch, à Douarnenez, trouver le capitaine La Boulle, commandant en l'absence de La Fontenelle, pour savoir si ce dernier voulait bien observer la trêve et empêcher les courses de ses soldats sur le pays, « à la grande oppression et foule du pauvre peuple » ; puis un autre courrier fut dépêché à M. de Saint-Luc, à Rennes, pour lui dire que le dit La Boulle ne faisait « aucun état d'entretenir la dite trève ».

Vers cette époque, La Fontenelle fut pris et livré au Sr. de Saint-Luc, qui le relâcha peu après, moyennant 14.000 écus de rançon, malgré les réclamations des habitants de Quimper, qui voulaient sa mort. Mais La Fontenelle ayant continué ses pillages, le capitaine du Pré, qui commandait alors à Quimper, et se trouvait à Paris, reçut l'ordre du Roi de s'emparer de l'île Tristan. Voici comment le chanoine Moreau raconte cette tentative malheureuse.

Au mois de Février 1597, le Sr. du Pré, « étant de retour de Paris et désireux avoir envie d'effectuer la promesse qu'il avait faite au Roi, assembla quelques garnisons avec celle de Quimper, jusques à 800 ou 1.000 hommes, et s'en va, avec cette ridicule poignée de gens, témérairement se présenter devant ladite île, autrement nommé le fort de Douarnenez, où la mer était lors, si bien qu'on ne pouvait approcher par terre, s'avança le premier sur le sablon qui est entre l'île et la terre ferme, quand la mer s'est retirée, faisant voltiger son cheval, provoquant l'ennemi de sortir à l'escarmouche. Des premiers coups de mousquet, le capitaine Prez est renversé par terre mort sur la place. Ainsi s'acquitta de la promesse qu'il avait faite au Roi, à Paris, de reconquérir l'île ou de mourir. Ses gens se contentèrent de perdre leur capitaine et s'en retournèrent sans hasarder davantage ».

La date de cette malheureuse expédition nous est donnée par M. Faty, dans sa notice sur le « Compte du miseur, de Quimper, de 1595 à 1598 » (Bulletin de la Société Archéologique, XII, p. 193). « C'est le 16 Février 1597, que les contingents de la petite armée de du Pré se mirent en marche sur Douarnenez. Pour les diriger, on leur donna trois guides, qui reçurent 2 écus. Suivait un convoi de 12 charrettes, pour debvoir être employées à mener le canon et autres munitions de guerre. L'artillerie de siège ne se composait que d'un seul canon remisé au Guéodet et qui fut prêté par les bourgeois ; venait encore une voiture spécialement destinée à transporter les engins de destruction préparés pour brusler le grand vaisseau et le manoir de La Fontenelle ». D'après le Compte du miseur Chevillart, voici les matières qui entraient dans leur composition : un baril de goudron, 50 livres de braie de Flandre, 25 livres d'étoupes, une certaine quantité de soufre et de fascines, dont le montant s'éleva à 4 écus 10 sols. Du Pré arriva le même jour devant l'île Tristan pour éprouver le triste sort que lui mérita sa bravade.

La Fontenelle essaya, le 5 Mai de la même année, à surprendre Quimper ; mais après une perte de 150 hommes mis hors de combat, il battit en retraite sur son île.

M. de Sourdéac, gouverneur de Brest, averti de cet insuccès, trouva le moment favorable pour s'emparer de La Fontenelle, et se présenta, le 25 Mai 1597, avec des forces respectables pour entreprendre le siège en règle de Tristan. Mais le chanoine Moreau nous apprend comment La Fontenelle « fortifia tellement cette place, très forte de nature, qu'il la rendit imprenable, fit bâtir force maison, dedans l'île, qu'il semblait, à voir de loin, que ce fût une ville, ce qui fut fait en moins de 7 ou 8 mois, se servant des matériaux du bourg de Douarnenez, qu'ils démolirent pour la plupart, et les transportèrent par bateaux et charrettes dedans l'île, ce qui leur fut aisé de faire, d'autant qu'ils contraignaient les habitants du pays de venir avec leurs attirails, sans rien débourser ; et n'y avait capitaine, lieutenant ou homme de guerre qui n'eût son logement en cette île. La Fontenelle étant ainsi bien logé, il devint plus audacieux qu'auparavant, et fit appeler l'île de son nom, la faisant nommer l'île Guyon, qui s'appelait ci-devant l'île Tristan, se faisait aussi nommer Monseigneur, ne redoutait aucune force qui le pût déloger, que la famine et la trahison ; et l'une ou l'autre était bien difficile, car pour clore le passage aux vivres, il convenait avoir armée sur terre et sur mer, qui, n'ayant havre ni abri que dans la rivière de Pouldavid, ne peut demeurer longtemps ailleurs sans péril de naufrage, tourmente advenant. Quant à la trahison ou surprise, aussi peu, car on ne pouvait, par terre ni par mer, aborder que par un seul endroit, très fort et bien gardé, environné d'eau la plupart du temps, et de plus il y avait grosse garde, et l'on voyait ceux qui s'en approchaient de plus de six à sept cents pas. Cette forteresse le rendit si insolent qu'il ne voulut dépendre de personne, et faisait fort peu de cas de mandements du duc de Mercœur... Il arma quelques vaisseaux de nombre de voleurs, et battant la mer, firent rencontre de certains vaisseaux anglais qu'ils prirent, jetèrent tous les matelots à fond, et s'en retournèrent chargés de dépouilles de grande valeur, toiles et autres marchandises de prix ».

Ce fut à cette époque du 25 Mai, à la fin d'Août, qu'eut lieu le siège de l'île par M. de Sourdéac, comme l'a établi M. Faty dans son savant travail sur les Comptes des miseurs de Quimper à cette époque (Bulletin de la Société Archéologique, XII, p. 208).

M. de Sourdéac, après s'être emparé du château de Kerousi, à Penmarch, où tenaient garnison des soldats de La Fontenelle, vint, en 1597, mettre le siège devant l'île Tristan avec M. le baron de Mollac, Sr. de Kergournadec'h (Voir Chanoine Moreau). 

« Ayant appelé les garnisons des places de la Basse-Bretagne qui tenaient leur parti, comme de Quimper, de Dinan, de Morlaix, de Tonquédec, de Guingamp avec un régiment de Suisses sous la conduite du capitaine Erlac, aussi Suisse, de Corlay, de Quintin, de Concarneau, du Pont et de toutes les autres places dans lesquelles il y avait garnison. Ce beau siège, aussi témérairement entrepris que mal poursuivi, dura un mois ou six semaines avec aussi peu d'avancement le dernier jour que le premier, étant l'ennemi dans une place ravitaillée de toutes provisions. Or, quand il eût eu devant 30.000 hommes, qu'ils eussent été soutenus, ils n'y eussent rien fait et n'y avaient à craindre que la famine ou trahison, chose à quoi on avait fort bien pourvu. Le Sr de Sourdéac, voyant que c'était temps perdu que de prolonger le siège, honteux toutefois de le lever, s'absente feignant aller quérir nouvelles forces en Léon, et sous ce prétexte se retire du camp à Brest en sa garnison, laissant le baron de Mollac pour commander en son absence. On l'attendait de jour à autre au dit siège, mais en vain ; on lui écrivait chaque jour ce qui se passait, à quoi il ne répondait ; finalement, on l'avertit que secours venait à l'ennemi, comme il était vrai. Lors, il écrivit qu'il était d'avis que le siège fût levé, et que le canon qu'il avait fait rendre là de Brest fût rendu en sûreté à Quimper.

 Le baron de Mollac ayant communiqué ses lettres aux capitaines, ils furent de même avis, se souvenant néanmoins de ce que dit l'un d'eux quand le dit Sourdéac partit du camp, qu'il s'en allait mais que ce n'était pas pour retourner.

Pendant le siège, il y avait escarmouche tous les jours. Ceux du fort sortaient bravement sur le sablon qui est entre le fort et la terre, quand la mer est basse, avec peu d'effet toutefois de part et d'autre.

Une certaine nuit assez obscure, en pleine marée, et lorsque les assiégeants se doutaient le moins, les assiégés firent une sortie de quelque 100 ou 200 hommes qui se vont ruer sur le quartier du capitaine Magence, du côté de Tréboul, qu'ils attaquèrent dedans leurs retranchements et en tuèrent quelque nombre au commencement, avant qu'ils aient pu être secourus, d'autant qu'ils avaient été surpris. Entre autres, y mourut des premiers le capitaine Magence en bien faisant, comme il avait toujours de coutume, et quelque douzaine des siens avec quelques-uns des assaillants. Ce capitaine fut fort regretté des siens et, à la vérité, il était regrettable pour sa valeur, honnêteté, modestie, aussi lui fit-on à Quimper obsèques fort honorables,  mémorant de son assistance contre La Fontenelle ».

Ainsi, après trois échecs consécutifs, les Royaux n'avaient pu forcer le repaire du fameux Brigand, abandonné cependant par ceux de son parti, car le duc de Mercœur ne voulut pas le comprendre dans le traité qu'il passa avec Henri IV. Mais La Fontenelle, fort de sa position imprenable, traita directement avec le Roi qui, par lettres du 20 Mars 1598, le continua dans le commandement de Douarnenez, et, le 26 Avril suivant, le créa capitaine de 50 hommes d'armes (Annotateur du chanoine Moreau, p. 357). Ce qui n'empêcha pas que, dès qu'on put mettre la main sur lui, il fut jugé et exécuté, en Septembre 1602, à Paris.

Par ordre du Roy, les fortifications de l'île Tristan furent démolies en Septembre 1600 (Bulletin Archéologique, XV), mais reconstruites en 1615 par le sieur de Névet. Les habitants de Quimper en demandent de nouveau la démolition, par la requête suivante : « Humbles remontrances que le clergé de Cornouaille, le gentz tenans le siège présidial estably par le Roy en la ville de Quimper et la communauté de la dite ville et païs circonvoisin présantent à M. Baïlleul, conseiller du Roy et ses conseil d'Etat et privé et Maître des requestes ordinaires de son hotel, Comissaire de Sa Majesté pour visitter les nouvelles fortifications faictes en Bretagne. A ce qu'il luy plaise représanter à Sa Majesté, à nos Seigneurs de son Conseil, les faicts cy apres, pour parvenir à la démolition des nouvelles fortifications faictes en l'isle Tristan de Douarnenez à la foule et pression de la province et de ses subjects soubz pretexte d'une commission obtenue par le feu sieur de Névet de Sa dite Majesté, non présentée aux états, ny veriffiée et soubz pretextes simulés et faincts. 

Et premier : 

Suplient le dit sieur Comissaire rémémorer Sa Majesté et nos seigneurs du Conseil, que pendant le malheur des guerres dernieres l'Evesché de Cornouaille et le païs circonvoisin neanmoins les armées quy auraint descendus, se maintint, jusques au moys de May en l'an 1595, que le Sr. de La Fontenelle aiant occupé et fortifié la dite isle en deux ans 1/2 qu'il y demeura, reduict tout le dit païs en une misère si extrême que Henry le Grand, nostre Roy de très heureuse mémoire, sur les informations solennellement faictes à la requete du clergé de France et receveurs des louages par comissaires à la dite fin députés et delegués par Sa Majesté, remist, aiant esgard aux dites calamités, à ses subjets, les taillées, décimes, subsides et subventions luy debvues, tant pour le passé que pour plusieurs années advenir.

Que les ruines faictes en sy peu de temps par l'entrée du dit La Fontenelle en la dite isle, se remarquent encore à présent en tout l'Evesché, aiant en chacune paroisse d'icelluy et païs circonvoisin plusieurs tenues habitées d'estrangers et grand nombre d'aultres vagues, inutiles et en frische.

Que ceste ruine procéda du grand nombre des gens de guerre qu'il estoit requis et nécessaire au dit La Fontenelle davoir pour la conservation de la dite isle qui est de grande garde, pour l'entretenement desquelz ne pouvant recouvrir l'appointement convenable sans (grever) grandement la finance de son prince, fut force faire levée et grands deniers sur le peuple, quy ne pouvant suffire, lycentia ses soldatz de vivre a discretion exposant le païs au pillage.

Qu'en l'année 1599, deffunt Henry le Grand, notre Roi de très heureuse mémoire, aiant receu les justes plaintes et doléances des trois ordres de la dite province, les dites doléances ambien quoy, que la dite isle fust battis et fortifiée et qu'à presant elle ne se pourraict remettre en pareil estat pour 300.000 escus, plus la jugeant inutile pour son service et de surcharge au païs, en ordonna avecq grande cognaissance de cause la démolition qui fust faicte et exactement exécutée non sans grands fraiz qui furent supportez par la dite province.

Que pendant le cours des derniers mouvements, en 1614, la dite isle aiant esté occupée par le dit feu sieur de Nevet, leurs Majestés descendans en la province, debuement informées que la dite place estait inutile à leur service et onéreuse au païs, auraint à la requête des trois ordres de la province, convoqués aux Etats tenus soubz leur authorité en la ville de Nantes, au moys de Septembre au dit an, ordonné par concordat que les nouvelles fortifications de recheff faictes à la dite isle seraient desmolies, ce qui aurait esté exécuté pareillement aux frais de la province.

Qu'en l'année 1615, lorsque les subjects de S. M. en la dite province jouissaient pleinement du bénéfice de la paix leur acquise, ny aiant auchune aparence d'esmeute, le dit feu Sr. de Nevet par l'occupation qu'il a faite de la dite isle, amas et munitions et de soldats, donna seul telle apréhension de guerre au lieux circonvoisins, que l'exercice de la dite justice n'y estait plus libre, le commerce troublé et les laboureurs prets à quitter et delaisser leur tenue de crainte de tomber en pareilles calamités qu'au passé.

Qu'en la dite année 1615, le dit Sr. de Nevet s'estant soubz pretexte de la commission de Sa dite Majesté jetté dans la dite isle ; plusieurs prévenus de meurtres et assazinats commis avant et depuis le dit temps, y ont faict leur retraicte pour éviter la punission de leurs crimes.

Que les gentz ramassés et forains appelés par le dit sieur de Nevet, faisant chemin pour se rendre en la dite isle, firent plusieurs ravages sur le païs, desquels il y a plainctes et informations.

Que l'on n'a peu représenter à Sa Majesté auchune considération véritable ny sufizante pour l'esmouvoir et induire d'octroyer au Sr. de Nevet, commission pour entrer en la dite isle quy n'a jamais esté affectée par auchun estranger ; ny aiant port, havre, ny radde ou lieu asseuré pour la retraite des vaisseaux, ny moyen d'y en faire ny posséder que par ceulx du quanton, qui préférans leur proffitt particulier au bien du publicq et repos de la province, ont espéré et se sont efforcés d'y battir quelque fortune.

Que le dit feu Sr. de Nevet, jugeant de soy mesme sa commission, qui avait esté subreptissement et sur faulx donné à entendre, obtenue, n'aurait au terme du dit concordat de Nantes osé icelle représanter à la Cour pour la vérifier, aux Estats pour la recepvoir, ny prester le serment de fidélité entre les mains d'aulchuns lieutenants du Roy, ains de son propre mouvement et autorité privée contre toute forme, occupa ladite isle où, puis l'arrest de la Cour du 17 Octobre 1615 portant defense d'y faire auchune fortification, ny amas de gentz de guerre, continua par un longtemps de fortifier ladite isle à la foule et oppression du peuple qu'il contraignait de cesser leur labeur très nécessaire en la dite saison pour y travailler, ramassant le plus qu'il pouvaict des gens incongneus et forains avec armes, ce que rendaict son dessain suspect et douteux à la dite province.

Et sy chacun particulier se licentierait d'authorité privée de s'emparer et fortifier tous les endroits estans en la cotte de la mer, s'en trouverait en ladite province plus de 200 plus à propos et à moindre frais que la dite isle, qui n'est sur auchun passage de rivière, port, ny havre.

Que puis le décès dudit feu Sr. de Nevet quy advint aux Estats de la province en 1616, les gents de guerre qui ont continué et continuent encore à présent l'occupation de la dite isle de Douarnenez, ont par force et violence contrainct les subjets de Sa Majesté aller travailler aux fortifications y commencées et vivent si licentieusement que la plupart des sujets de Sa Majesté ont entièrement quicté le trafficq et commerce qui se faisait audit Douarnenez, tant par la pesche de la sardine que autrement ; mesmes les laboureurs des lieux circonvoisins ont déguerpi leurs tenues pour aller vivre ailleurs en repos, et ceulx quy y sont demeurés, c'est soubz espérance de faire en brieff pareille retraicte, sy Sa Majesté n'a agréable de pourvoir à la démolition des dites fortifications nouvelles faites en la dite isle pour acquérir repos à ses subjects.

Fait et leu en la maison de ville de Quimper, le 25 Septembre 1617 et le même jour présenté à M. le Commissaire. Signatures : J. BRIENT, archidiacre de Cornouaille ; R. MOCAM, magistrat criminel ; Charles LHONORE, lieutenant particulier ; M. ROUILLE, syndic du clergé de Cornouaille ; LE BAUD ; DU STANGIER ; FURIC ; LHONORE ».

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