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CATALOGUE DES EVEQUES ET ARCHEVEQUES DE DOL

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évêché de Dol

Informations non exhaustives sur les évêques et archevêques de l'ancien diocèse de Dol (de 555 à 1790).

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évêché de Bretagne : évêché de Dol

 

Evêques et archevêques de DOL

I. — SAINT SAMSON. Nous ne pouvons songer à retracer ici, même en abrégé, la vie du saint fondateur de l'Eglise de Dol, que tous les hagiographes bretons ont écrite. Rappelons seulement que né en 480, d'Ammon et d'Anne, au pays de Galles, successivement abbé et évêque régionnaire dans son pays natal, Samson débarqua en Armorique vers 548 et construisit peu après un monastère à Dol. Mis par le roi Judual, en 555, à la tête du nouveau diocèse de Domnonée, il reçut de ce prince ainsi que de Childebert, roi des Francs, des marques non équivoques de leur confiance et de leur vénération. En 557 il assista au Concile de Paris en qualité de simple évêque, fait qui prouve à lui seul qu'il n'était pas revêtu de la dignité archiépiscopale, comme quelques-uns l'ont prétendu. Outre le monastère de Dol, il fonda ceux de Pentalle en Normandie et de Rotmou en Beauce, dans des terres que lui donna Childebert ; il séjourna aussi parfois à Jersey et à Guernesey, îles qu'il devait encore à la générosité du roi franc (Note : A une époque lointaine que nous ne pouvons préciser, les évêques de Dol perdurent leurs terres de Beauce et les îles de Jersey et de Guernesey). Epuisé par les fatigues de l'épiscopat et par ses austérités, plus encore que par son grand âge, saint Samson mourut à Dol en 565, âgé de quatre-vingt-cinq ans. Les miracles qu'il fit avant et après sa mort établirent promptement son culte dans son Eglise, et sa fête se célèbre le 28 juillet.

II. — SAINT MAGLOIRE, cousin de saint Samson, naquit comme lui dans le pays de Galles. Fils d'Umbrafaël et d'Asfrelle, il fut élevé par saint Iltut et suivit saint Samson en Bretagne. Ce dernier, avant de mourir, le désigna pour son successeur à l'évêché de Dol (565) ; mais au bout de trois ans d'épiscopat, saint Magloire se démit de ses fonctions et se retira dans la solitude, d'abord à une demi-lieue de Dol, sur le rocher du Mont-Dol, puis dans l'île de Jersey, où il fonda un monastère et mourut vers 586. Son corps, inhumé à Jersey, fut apporté vers le milieu du IXème siècle dans l'abbaye de Léhon, près de Dinan, par ordre de Nominoë. On célèbre la fête de saint Magloire le 24 octobre, jour anniversaire de sa mort. 

III. — SAINT BUDOC, religieux du monastère de Dol, fut choisi par saint Magloire pour lui succéder sur le siège épiscopal de cette ville. Quoiqu'on ait écrit de longues légendes sur ce saint, on sait peu de chose de positif à son sujet. Baudry, l'un de ses successeurs, dit qu'il fit le voyage de Jérusalem, d'où il apporta de précieuses reliques à Dol, qu'il mourut le 8 décembre et qu'il fut inhumé dans sa cathédrale. Sa fête se célébrait le 9 décembre. 

IV. — SAINT LEUCHER succéda à saint Budoc. Sous son épiscopat un incendie éclata dans l'église de Dol et fut éteint par la vertu de la croix et de la crosse de saint Samson. Les reliques de saint Leucher furent portées à Paris avec celles de saint Samson et de saint Magloire pendant les invasions normandes. 

V. — TYERNMAEL, successeur de saint Leucher, vivait vers 620 ; c'est à cette époque que lui furent dédiés les Actes de saint Samson, publiés plus tard par Mabillon. 

VI. — SAINT THURIAU, dont la vie a été écrite plusieurs fois, naquit à Lanvollon et fut choisi par Tyernmael pour le remplacer dans le gouvernement d'abord du monastère de Dol, et ensuite de tout le diocèse. On ignore l'époque précise où il vécut (Note : Quelques-uns disent que saint Thuriau ne mourut qu'en 749 ; mais, dit D. Lobineau "ce n'est qu'un hasard, ces auteurs n'ont pour eux ni tradition, ni conjecture plausible" Vie des Saints de Bretagne, 177). Du temps de Baudry, le corps de saint Thuriau se trouvait à Paris dans l'église de Saint-Germain-des-Prés. Le Martyrologe de Landévénec (Landévennec) mentionne en ces termes la mort de ce saint prélat : « In Minori Britannia, sancti Thuriani, episcopi et confessoris mirœ simplicitatis et innocentiœ viri ». La fête de saint Thuriau se fait le 13 juillet. 

VII. — SAINT GÉNÉVÉE fut aussi évêque de Dol, la tradition de cette Eglise et Baudry l'attestent formellement. Ce dernier ajoute que, de son temps, la Vie de saint Génévée était conservée à Mantes ; elle n'est pas malheureusement venue jusqu'à nous. Au XIIème siècle, le corps de ce saint évêque de Dol était honoré à Loudun, où il avait été transféré. 

VIII. — RESTOALD vel RETHWALD succéda à saint Génévée, selon Baudry et la tradition officielle de l'Eglise de Dol. Ce prélat fut contemporain du pape Sévérin, qui occupa le siège de saint Pierre en 640 (et non pas du pape Sirice, comme l'a dit D. Morice). 

« On doit croire, dit M. de la Borderie, que les sept évêques ci-dessus se succédèrent l'un à l'autre sans interruption depuis la mort de saint Samson, Mais il n'en est pas de même des suivants » (Annuaire de Bretagne, 1862, p. 158). 

IX. — ARMAEL, dont l'existence comme évêque de Dol postérieur à Rethwald est attestée par Baudry, dut vivre dans la fin du VIIème siècle ou au commencement du suivant. La tradition de l'Eglise de Dol, qui le mentionne aussi, le confond à tort avec le célèbre abbé saint Armel. Baudry ajoute que cet évêque de Dol fut inhumé dans l'église de Ploërmel. 

X. — LOVENAN, évêque de Dol, dut vivre dans le courant du VIIIème siècle, C'est de son temps que fut rédigée la Vie de saint Samson qui se trouve aux Blancs-Manteaux. 

XI. — JUMAEL vel JUTHINAEL est mentionné comme évêque de Dol par l'antique tradition de cette Eglise, qui, dès le IXème siècle, le faisait contemporain du pape Adrien Ier, qui régna de 772 à 795. 

Le Catalogue attribué à Baudry porte qu'il manque ici plusieurs évêques de Dol dont les noms sont perdus (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 753). 

XII — SALACON, évêque de Dol et non pas d'Aleth, comme l'a dit par erreur la Chronique de Nantes, fut un des évêques simoniaques déposés par Nominoë en 848. Il se retira auprès de Jonas, évêque d'Autun, dont il fut le coadjuteur pendant quelque temps. Enfin il prit l'habit monastique dans l'abbaye de Flavigny, où il mourut si inconnu, en 864, que les Pères du Concile de Soissons, tenu deux ans après, le croyaient encore vivant. 

XIII. — FASTCAIRE vel FESTINIEN, créé archevêque de Dol par Nominoë, montra un grand entêtement à défendre ses prérogatives de faux aloi. Nous avons déjà parlé de ce prélat, que soutinrent successivement les rois bretons Nominoë, Erispoë et Salomon ; mais, malgré leurs instances auprès des Papes, Festinien ne put obtenir le pallium qu'il sollicitait. Il est plusieurs fois fait mention de cet archevêque, soit dans l'histoire de l'Eglise de France, dont les évêques le menacèrent d'excommunication s'il ne se soumettait pas à la métropole de Tours, soit dans le Cartulaire de Redon, où son nom figure souvent à côté de ceux des rois de Bretagne (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 23, 304, 325, 760, etc. – Cartulaire de Redon, 24, 83). 

XIV. — MAIN Ier vel MAHEN succéda au précédent et se dit, comme lui, archevêque de Dol. Le pape Jean VIII lui écrivit à cette occasion, se plaignant de ce que les évêques bretons sacrassent eux-mêmes leurs confrères dans l'épiscopat et refusassent de reconnaître l'autorité de l'archevêque de Tours. Il conclut par menacer de nouveau la Bretagne d'excommunication ; mais, sur les entrefaites, les Normands envahirent  notre pays et le bouleversèrent de fond en comble. Pour éviter la fureur de ces barbares, Main transporta, en 878, le corps de saint Samson à Orléans et le déposa dans l'église de Saint-Symphorien, qui devint dans la suite l'abbaye de Saint-Samson (Déric, Histoire ecclésiastique de Bretagne, II, 561). 

A partir de cette époque, une grande obscurité règne dans l'histoire de Dol, et une longue lacune existe par suite dans la chronologie des évêques de cette ville. On a bien prétendu qu'un certain Jean, abbé de Saint-Melaine de Rennes, succéda à Main sur le siège épiscopal de Dol, vers 880 ; mais ce fait est loin d'être prouvé, car on n'a point les noms des abbés de Saint-Melaine de ce temps-là (Gallia christiana, XIV, 1043). 

D'autres ont cru qu'Agan, gratifié en 930 du don de l'abbaye de Saint-Samson d'Orléans, avait été évêque de Dol ; mais, d'après M. Hauréau, Agan était simplement abbé de ce monastère d'Orléans (Gallia christiana, XIV, 1043). 

XV. — JOVINIEN. Une lettre de Radhod, prévôt de l'Eglise de Dol, nous apprend qu'Edouard, roi d'Angleterre de 900 à 925, contracta une association de prière avec Jovinien, archevêque de Dol, et avec les clercs de la cathédrale de Saint-Samson (Anglia sacra, 30). 

Les évêques de Dol n'avaient donc pas abandonné leur peuple pendant ces grandes calamités de l'invasion normande, et Flodoard nous apprend encore qu'en 944 les barbares surprirent la ville de Dol et firent les habitants se réfugier avec leur évêque dans la cathédrale, où plusieurs d'entre eux périrent suffoqués par la multitude ; au nombre des victimes se trouva l'évêque lui-même, dont le nom ne nous a pas été conservé (Note : Ogée appelle cet évêque Guiomarch, sans qu'on sache pourquoi ; Albert Le Grand place aussi vers le même temps un prélat à Dol de même nom. Mais cette existence de l'évêque Guiomarch, aussi bien que celle des pontifes que le Père Albert lui donne pour prédécesseurs, n'est point admise par les Bénédictins et semble dénuée de preuves).

XVI. — WICOHEN vel JUTHOVEN devint archevêque de Dol lorsque Alain Barbe-Torte eut un peu réprimé l'insolence des Normands ; il fut témoin d'une donation de ce prince faite à Landévénec (Landévennec) vers 950. Ce prélat appartenait, paraît-il, à la famille ducale de Bretagne, car, à la mort d'Alain Barbe-Torte, Thibaud, comte de Blois, beau-frère du prince décédé et tuteur du prince héritier encore au berceau, céda à Wicohen la jouissance de l'ancienne Domnonée, c'est-à-dire du pays breton compris entre Dol et le Léon. Mais ce don fut fait au prélat et non point au siège épiscopal de Dol ; aussi, après la mort de Wicohen, ce territoire devait-il rentrer dans le domaine ducal. 

Cet archevêque de Dol fut donc un grand seigneur, tellement puissant que Juhel Bérenger, comte de Rennes, fut réduit à être en quelque sorte son vassal. La Chronique de Saint-Brieuc nous dit, en effet, que le comte Bérenger vivait sous le patronage du prélat de Dol et s'asseyait à sa table parmi ses familiers. Lorsque Conan-le-Tort, fils de Bérenger, devint chef suprême des Bretons en 988, il voulut recouvrer la partie du duché attribuée à Wicohen, et il contraignit l'archevêque à se contenter de ses domaines épiscopaux ; celui-ci ne dut pas survivre longtemps à son abaissement (M. de Barthélemy, Mélanges historiques sur la Bretagne). 

XVII. — MAIN II. En 990, tous les évêques de Bretagne, au nombre de neuf, se réunirent à Dol auprès de Conan-le-Tort. A leur tête se trouva Main, qui prit le titre d'archevêque, à l'exemple de ses prédécesseurs. Le pape Jean XVI écrivit à ce prélat pour l'engager à renoncer à ces prétentions et à se soumettre à Tours, mais ses remontrances ne furent pas écoutées ; la Bretagne se reconstituait et le duc Conan soutenait la métropole de Dol (M. de Barthélemy, Mélanges historiques sur la Bretagne). 

Quelques auteurs nomment ici, comme successeurs de Main sur le siège de Dol : Rolland, moine du Mont Saint-Michel, mort en 1004 et inhumé dans cette abbaye, — Guyomarch — et Lanfranc ; mais il n'est point question de ces prélats dans les actes de l'Eglise de Dol (Note : Par une singulière distraction, l'abbé Déric prétend avoir lu dans l'Obituaire de Dol le nom de Rolland Guyomarch, archevêque ; le personnage de ce nom mentionné dans cet Obituaire est tout simplement un archidiacre de Dol, dont nous parlerons plus loin).

XVIII. — GINGUENÉ vel JUNKÈNE fut l'un des plus grands seigneurs de son temps ; il était, selon Du Paz, fils de Haimon, vicomte de Dinan, et avait quatre frères tous haut placés, savoir : le vicomte Haimon ; Rivallon, seigneur de Combourg ; Josselin, seigneur de Dinan, et Salomon, seigneur du Guesclin. Ce prélat bâtit de ses propres deniers le château de Combourg, qu'il donna à son frère Rivallon, surnommé Chèvre-Chenue. Ginguené figure en qualité d'archevêque dans une donation faite à l'abbaye de Saint-Méen par la duchesse Havoise et ses fils vers 1008-1010 ; — dans la donation de Livré à Saint-Florent, de 1013 à 1022 ; — dans la donation de Belle-Ile à Redon, en 1026, — et dans les deux chartes du duc Alain III en faveur du Mont Saint-Michel, de 1030 à 1032 (Dom Morice, Preuves, I, 359, 382, 357, 381 et 372). La Chronique de Nantes nous représente cet archevêque de Dol comme étant un prélat d'une grande prudence et jouissant d'une autorité considérable à la Cour des ducs de Bretagne. 

XIX. — JUTHAEL vel JOHONÉE gagna par ses présents la protection du duc Alain III, qui lui confia l'archevêché de Dol avant 1040, époque de la mort de ce prince. Il fut sacré par les évêques bretons malgré la défense du Pape. Ce Johonée fut un prélat scandaleux, simoniaque et débauché ; il se maria publiquement et dilapida le patrimoine de l'Eglise de Dol pour enrichir ses bâtards. Le pape Léon IX ordonna à ce faux archevêque de venir avec ses prétendus évêques suffragants se justifier à Rome en 1050 ; mais Johonée ne bougea pas, et fut excommunié avec tous les évêques qui lui étaient attachés. On dit que les habitants de Dol chassèrent eux-mêmes de leur ville cet indigne prélat, qui se réfugia au Mont Saint-Michel vers l'an 1076 (D. Morice, Histoire de Bretagne, I, 984 – Catalogue des Evêques, LV). 

Le Chapitre de Dol élut alors archevêque l'un de ses membres, saint Gilduin, fils de Rivallon, seigneur de Combourg, et neveu de l'archevêque Ginguené. Il était encore très jeune, et n'osant se charger d'un aussi lourd fardeau, il alla trouver à Rome Grégoire VII, le priant de nommer à sa place Even, abbé de Saint-Melaine, qui l'accompagnait dans ce voyage ; il revint lui-même en France et mourut en l'abbaye de Saint-Père de Chartres, où de nombreux miracles illustrèrent son tombeau ; sa fête se célèbre le 27 janvier. 

XX. — ÉVEN, abbé de Saint-Melaine, fut, en 1076, sacré archevêque de Dol par Grégoire VII lui-même. Ce saint Pape l'autorisa provisoirement à porter le pallium. Even conserva l'administration de son abbaye, mais il fut bientôt, comme archevêque, attaqué par le méchant Johonée qui, avec le secours du roi d'Angleterre, ne cessait de harceler les Dolois ; puis par l'archevêque de Tours, mécontent de la faveur dont il jouissait à Rome. Le prélat de Dol se débarrassa des attaques de Johonée, mais il fut moins heureux contre son second adversaire. Le Concile de Saintes ordonna à tous les évêques bretons de reconnaître l'archevêque de Tours pour leur métropolitain. Even mourut peu de temps après, le 25 septembre 1081 ; son corps fut inhumé à Rennes dans l'abbaye de Saint-Melaine, et l'on plaça dans son tombeau l'inscription suivante, gravée sur une lame de plomb ANNO DOMINICAE INCARNATIONIS 1081, ROM. PONTIFICE GREGORIO VII, CONSULE RHEDONENSI GAUFRIDO ET SYLVESTRO EPISCOPO, VII KAL. OCTOBRIS (OBIIT) DOM. EVENUS, DOLENSIS ARCHIEPISCOPUS ET ABBAS SANCTI MELANII, VIR STRENNISSIMUS OMNIUMQUE MORUM HONESTATE PRÆCLARUS, PATER PIISSIMUS COENOBIIQUE HUJUS RESTAURAT0R MIRIFICUS. NAM UT PRIMUM ABBATIAM SUSCEPIT, UNUM TANTUMMODO MONACHUM IN EA INVENIT ; INFRA VERO 27 ANNOS, QUIBUS MONASTERIO PRÆFUIT, IN TANTUM CONGREGATIO CREVIT, UT DIE OBITUS SUI PERFECTUS NUMERUS CENTUM FRATRUM IBI REMANSERIT. IDCIRCO CREDENDUM EST EUM A DOMINO NON TRICENNUM NEC SEXAGESIMUM, SED POTIUS CENTESIMUM PERCEPISSE FRUCTUM (Tresvaux, Eglise de Bretagne, p. 410). 

XXI. — JEAN Ier DE DOL succéda à Even et fut sacré en 1082. Il appartenait vraisemblablement à la famille des seigneurs de Combourg et avait été marié. Il fut, en qualité d'archevêque de Dol, arbitre, avant 1093, entre les moines de Saint-Serge et de Saint-Jouin. On ignore l'année de la mort de ce prélat, mais l'Obituaire du Mont Saint-Michel mentionne ce décès au 27 janvier. 

XXII. — ROLLAND Ier, religieux du Mont Saint-Michel, fut élu en 1093 et sacré, d'après Jean Maan, par Raoul, archevêque de Tours. Il fit le voyage de Rome, et Urbain II lui accorda le pallium, sauf les droits de l'archevêque de Tours sur les Eglises de Bretagne ; le Pape le traitait d'ailleurs du titre d'archevêque de Dol, ce qui émut le prélat de Tours. Malgré les démarches de ce dernier, Rolland conserva toute sa vie le pallium, avec la permission du Souverain-Pontife. Il assista au Concile de Saintes en 1096 et à celui de Bordeaux en 1098, et décéda en odeur de sainteté (Note : l'abbé Tresvaux pense que ce pieux évêque était le saint Rolland dont l'Eglise de Léon faisait l'office le 31 octobre) en 1107, d'après Albert Le Grand, et le 12 mars, selon l'Obituaire du Mont Saint-Michel. 

XXIII. — JEAN II DE DOL. Après la mort de Rolland, Jean de Dol, fils de Rivallon, seigneur de Combourg, et frère de saint Gilduin, fut élu archevêque ; il avait, dans sa jeunesse, fondé le prieuré de Saint-Florent, près de Dol, et, ayant renoncé au monde, s'était mis sous la discipline de Guillaume, abbé de Saint-Florent de Saumur, son oncle. Après son élection à l'archevêché de Dol, Jean fit le voyage de Rome pour demander le pallium au Pape, mais il mourut avant d'être sacré et fut inhumé dans l'église de Sainte-Sophie. Baudry, son successeur, lui composa l'épitaphe suivante : SPLENDIDUS EX ATAVIS, ATAVORUM SPLENDOR ET IPSE, GENTE BRITANNUS, HOMO CONDITUR HOC TUMULO. HIC ARMIS, PATRIA, NATIS CUM MATRE RELICTIS, DUX MODO, CONTINUO DE DUCE FIT MONACHUS. METROPOLITANÆ SEDI, QUIA VIXIT HONESTE, CUI DOLUS EST NOMEN, PRÆSUL HIC ELIGITUR ; UT QUIBUS EXTITERAT CONSUL, DE CONSULE PRÆSUL, PRÆSUL QUAM CONSUL CONSULERET MELIUS. AD PAPAM VENIT, SACRARI POSCIT AB IPSO ; QUOD DUM DIFFERTUR, IN DOMINO MORITUR. PONITUR HIC CULTOR ET RELIGIONIS AMATOR, QUEMQUE DOLENT BRITONES SANCTA SOPHIA FOVET. SI QUÆRAS NOMEN, NOMEN SIBI SCITO JOHANNEM ; SI QUIS DIEM MORTIS, DA DECIMAM DECIMI (Dom Morice, Catalogue des Evêques de Bretagne).

Le Chapitre de Dol, apprenant cette mort de Jean de Dol, élut alors archevêque Wulgrin, chancelier de l'Eglise de Chartres, mais l'humilité de ce dernier lui fit refuser l'épiscopat. 

XXIV. — BAUDRY vel BALDRIC fut l'un des prélats les plus distingués de l'Eglise de Dol. Né à Meung-sur-Loire, au diocèse d'Orléans, il embrassa la vie monastique à Bourgueil, en Anjou, et en devint abbé en 1089. Placé en 1107 sur le siège archiépiscopal de Dol, Baudry obtint de Pascal II le pallium, qu'il alla recevoir à Rome, et le maintien provisoire de son titre de métropolitain. Il fut sacré le 25 décembre 1107 dans l'église même de Dol, par le légat du Pape, Gérard d'Angoulême. Savant littérateur, Baudry composa, entre autres choses, une Histoire des Pontifes de Dol, une Vie de Robert d'Arbrissel, un Poème sur la conquête de l'Angleterre, etc. Ces travaux ne l'empêchaient pas de se livrer avec zèle à la sanctification de son peuple ; il fit plusieurs fois le voyage de Rome, assista au Concile oecuménique de Latran, visita les paroisses de Basse-Bretagne qui dépendaient de Dol, se rendit en Angleterre pour y étudier la régularité des monastères de ce pays, et continua en Normandie de semblables investigations. Sur la fin de ses jours, il se fixa dans cette dernière province, au manoir épiscopal de Saint-Samson de la Rocque, et y mourut dans un âge avancé, le 6 janvier 1130. Son corps fut inhumé dans une abbaye voisine nommée Saint-Pierre-de-Préaux, et l'on plaça l'inscription suivante dans l'église paroissiale de Saint-Samson-sur-Rille : NOTUM SIT PRÆSENTIBUS ET FUTURIS, QUOD BALDRICUS BONÆ MEMORIÆ, DOLENSIS ARCHIEPISCOPUS, DEDICAVIT HANC ECCLESIAM IN HONOREM BEATÆ VIRGINIS MARIÆ ET BEATI PETRI, APOSTOLORUM PRINCIPIS, ET SANCTI SAMSONIS, BEATISSIMI CONFESSORIS, VIII IDUS DECEMBRIS, ANNO AB INCARNATIONE DOMINI 1129. EODEM ANNO DEDICAVIT ECCLESIAM SANCTI LAURENTII DE MARISCO, VI IDUS DECEMBRIS, QUÆ SUNT JURIS SANCTÆ DOLENSIS ECCLESIÆ. QUI BALDRICUS REVIT DOLENSEM ECCLESIAM 22 ANNIS ET 44 DIEBUS. TRIGESIMO AUTEM DIE POST CONSECRATIONEM HUJUS PRÆSENTIS ECCLESIÆ OBIIT IN CHRISTI CONFESSIONE, ET PRATELLIS DORMIT, CUJUS ANIMA ÆTERNAM REQUIEM POSSIDEAT ! (Voir sur ce prélat l'ouvrage de M. l'abbé Pasquier, Baudry, abbé de Bourgueil, archevêque de Dol). 

XXV. — GEOFFROY LE ROUX, chanoine et archidiacre de Dol, fut élu archevêque en 1130. Il assista l'année suivante au Concile de Rheims (Reims) présidé par Innocent II, qui lui accorda le pallium. Plus tard, le pape Luce II fit venir à Rome les deux archevêques de Dol et de Tours, soumit les Eglises de Bretagne à celle de Tours, et laissa toutefois le pallium à Geoffroy Le Roux, qui fut accusé par les Bretons d'avoir mal soutenu la cause de la métropole de Dol. Le Souverain-Pontife, pour récompenser ce prélat de son obéissance, nomma peu après Geoffroy archevêque de Capoue ; ce dernier abandonna la Bretagne vers l'an 1146 (Mélanges historiques sur la Bretagne). 

XXVI. — OLIVIER ne fut élu archevêque par le Chapitre de Dol qu'à la condition expresse de défendre mieux que son prédécesseur les intérêts de la province ecclésiastique de Bretagne. Il n'y manqua pas et conserva ses évêques suffragants malgré la défense du Saint-Siège. Si l'on en croit la tradition de l'Eglise de Tours, Olivier attira par suite, sur lui et sur l'évêque de Saint-Brieuc, une sentence d'excommunication, mais les actes de cette époque sont perdus. Quoi qu'il en soit, Olivier mourut vers 1154. 

Après sa mort, les chanoines de Dol élurent Guillaume, religieux de Cîteaux ; cette élection fut cassée par le Chapitre de l'Ordre, à la requête de l'archevêque de Tours, et Guillaume ne vint point à Dol (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 742).

XXVII. — HUGUES LE ROUX, chanoine de Dol et prieur de Sainte-Croix de Nantes, élu archevêque de Dol en 1154, alla trouver à Angers Engelbaud, archevêque de Tours, et se fit sacrer par lui. A son retour en Bretagne, le Chapitre de Dol refusa de le recevoir, et il dut se retirer au Mont Saint-Michel, d'où il gagna Rome. Là, le pape Adrien IV, pour apaiser les chanoines de Dol, releva Hugues de l'obéissance qu'il avait promise à l'archevêque de Tours et lui accorda provisoirement l'usage du pallium. Toutefois, le prélat de Tours lui suscita querelle à son tour, et Hugues Le Roux finit par donner sa démission en 1160. Ogée prétend qu'il resta à Dol et qu'il y vivait encore en 1164. Nous avons son sceau de 1158 ; il est ogival et représente un évêque debout, tête nue, tenant d'une main la crosse tournée en dedans et bénissant de l'autre main ; la légende porte : + SIGILLUM HUGONIS DOLENSIS ARCHIEPI. (Bibliothèque Nationale, ms. lat. 17025 – D. Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, I, 739).

XXVIII. — RICHARD vel ROGER DU HOMMET, originaire de Normandie, appartenait à une noble famille portant : d'argent à trois fleurs de lys de gueules ; il était archidiacre de Bayeux lorsqu'il fut élu archevêque de Dol en 1161 ; il n'occupa ce siège qu'environ deux ans et dut mourir vers 1163. 

XXIX. — JEAN III, archevêque de Dol, était contemporain de saint Jean-de-la-Grille, qui mourut en 1163 ; il dut donc nécessairement être élu au moins cette année-là. Ce prélat fit confirmer par le pape Alexandre III, en 1174, toutes les donations faites à l'Eglise de Dol. Il mourût le 27 janvier 1177. Son sceau, de forme ogivale, le représente debout et bénissant, tenant sa crosse tournée en dedans ; la légende porte : SIG. JOHAN. DOLENS. EPISCOPI. 

XXX. — ROLLAND II, originaire de Pise et doyen de l'Eglise d'Avranches, puis abbé du Bourg-Dieu, en Berry, fut élu archevêque de Dol en 1177. Il se rendit à Rome et demanda lui-même au Pape une enquête sur les droits des Eglises de Tours et de Dol ; le pape Luce III lui donna toute sa confiance et l'envoya en 1182, en Ecosse, terminer quelques différends ecclésiastiques, puis, en 1184, il le sacra archevêque de Dol et le fit ensuite cardinal-diacre, du titre de Sainte-Martie in Porticu. Il mourut le 4 mars 1187 (Gallia Christiana – Mélanges historiques sur la Bretagne). 

XXXI. — HENRI, successeur de Rolland, se rendit aussi à Rome pour recevoir la consécration épiscopale ; mais il mourut dans cette ville d'une maladie contagieuse dès 1188. 

XXXII. — JEAN DE VAUNOISE, issu des seigneurs de Vaunoise, en Romillé, était abbé de Saint-Jacques de Montfort lorsqu'il fut élu archevêque de Dol ; il jouit peu de temps de cette dignité, car, sacré en 1188, il mourut en 1190 et fut inhumé au milieu de la nef de l'église abbatiale de Montfort. La maison de Vaunoise portait pour armes : d'argent à l'aigle de sable, armée, membrée et becquée de gueules

XXXIII. — JEAN DE LA MOUCHE fut choisi après la mort de Jean de Vaunoise pour le remplacer, mais il conserva neuf ans le titre d'élu de Dol sans pouvoir être sacré. S'étant en effet rendu à Rome pour y recevoir la consécration épiscopale et le pallium, que les Papes avaient coutume d'accorder provisoirement à ses prédécesseurs, il trouva Innocent III inflexible à ce sujet. Jean voulut alors se démettre de ses droits à l'archevêché de Dol, mais le Souverain-Pontife refusa d'accepter sa démission, fit examiner plus sérieusement que jamais la question controversée entre Tours et Dol, et termina enfin cette querelle, durant depuis trois cent cinquante ans, en ordonnant, comme nous l'avons déjà dit, que l'Eglise de Dol serait à jamais soumise à celle de Tours, et que ses évêques ne pourraient plus prétendre au pallium. Cette sentence pontificale fut rendue en mai 1199. Jean de la Mouche mourut de chagrin, prétend-on, quelques mois après, sans avoir même, semble-t-il, reçu la consécration épiscopale. La famille de la Mouche, originaire de l'Avranchin, portait trois mains pour armoiries. Le sceau de Jean de la Mouche était appendu à une charte de l'abbaye de la Vieuville datée de 1195 ; ogival, il représentait un évêque debout, mitré seulement et sans crosse, étendant les mains dans l'attitude de la prière ; légende : + SIGILLUM JOHANNIS DOLENSIS ELECTI (Mélanges historiques sur la Bretagne – Cartulaire Veteris Villoe – Bibliothèque Nationale, ms. lat. 17025). 

XXXIV. — JEAN DE LIZANNET vel DE LESENECH, d'abord chanoine de Dol, appartenait à une famille bretonne que M. de Courcy croit être la même que celle de Lezonnet, qui portait : de sable au chevron d'hermines, accompagné de trois coquilles d'argent. Cet évêque de Dol alla se faire sacrer par Barthélemy, archevêque de Tours, auquel il promit obéissance ; en 1205, il prit part au Synode de Tours. Il mourut le 13 novembre 1231, comme l'atteste l'Obituaire de Dol (« NOVEMBER, Id. Obiit Johannes de Lesenech episcopus Dolensis qui dedit XL sol. in costuma Dolis quam emerat, pro anniversario suo faciendo bis in anno, ita quod canonici habeant duas partes et clerici chori terciam partem »), après avoir commencé la reconstruction de la cathédrale de cette ville. Nous avons le sceau de Jean de Lizannet ; il représente un évêque debout, crosse en main et bénissant, sur un champ semé de fleurs de lys ; la légende porte : S. JOHIS DEI GR. DOLENSIS EPI. Le contre-scel montre un buste d'évêque vu de profil et la mitre en tête (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux, LXXXVI). 

XXXV. — CLÉMENT DE VITRÉ, chanoine et archidiacre de Dol, fut élu évêque en 1231. Nous ne savons pourquoi certains auteurs le nomment Clément de Coëtquen ; nous ignorons aussi s'il appartenait à la noble famille de Vitré, qui portait : de gueules au lion contourné et couronné d'argent. Il gouverna l'Eglise de Dol environ dix ans, car il tenait encore son siège en 1241 ; mais il ne tarda pas à se retirer dans l'abbaye de Saint-Pierre de Chartres, où il mourut le 9 octobre, sans qu'on sache en quelle année (« OCTOBER, VII Id. Obiit felicis memoriœ Clemens de Vitreio, Dolensis episcopus IIIus, qui dedit canonicis et clericis Dolensis ecclesiœ LX sot. super domos Volve (thesaurarii, add. du XVIème siècle), videlicet duas partes canonicis et terciam clericis ». (Obit. Dolen.).

XXXVI. — ÉTIENNE était évêque de Dol en 1243. Il dressa les statuts de son Chapitre et fit des règlements pour la tenue du choeur de son église ; il augmenta le personnel de celle-ci en y fondant des grands-chapelains et une psallette ; il semble même avoir eu l'honneur d'achever la construction de cette belle cathédrale. Le nom de ce prélat figure dans les chartes jusqu'en 1265, année en laquelle il mourut, le 17 novembre. Son corps fut inhumé, croit-on, dans le choeur de la cathédrale de Dol [« NOVEMBER, XV Kal. Obiit Stephanus, Dolensis episcopus quartus, qui dedit, ad anniversarium suum faciendum, decimam quam emerat a Bartholomeo Urvoy in parrocchia de Pludihen estimatam III minas frumenti ; ita quod canonici habeant duas partes et clerici terciam ». (Obit. Dolen.) — Gautier-Bidan, Cathédrale  de Dol, p. 66].

XXXVII. — JEAN MAHÉ, fils d'Even Mahé, chevalier, et de Perpétue [« MAIUS, Nonas. Obitus Eveni Mahe militis et Perpetue uxoris ejus, parentum reverendi patris J. Dei gratia quondam Dolensis episcopi, ad quorum anniversarium faciendum habemus de domo dicti episcopi cum Guillelmo Gontier XXX sol. et II gallinas, etc. » (Obit. Dolen.)], était chanoine de Dol et archidiacre d'Oultre-Loire en l'Eglise de Tours, lorsqu'il fut élu évêque de Dol, au mois de janvier 1266. D'un caractère conciliant, il termina beaucoup de différends qui surgirent dans son diocèse, et mourut le 13 mai 1279, après avoir fondé son anniversaire dans sa cathédrale [« MAIUS, III Id. Obiit dominus Johannes Mahe episcopus Dolensis qui dedit, ad anniversarium suum faciendum, XL sol. apud villam Arc. in parochia de Sancto Broladro ; item cum hominibus dicte ville XXVIII sol. (ad vitam relicte Gauffridi Hippi) ; item apud Bagar-Morvan IIII libras. » (Obit. Dolen.)]. Son corps fut inhumé dans le choeur de cette église, « proche les marches du presbytère », sous une table de pierre représentant le prélat portant une grande barbe, revêtu de la chape et coiffé de la mître (M. Gautier-Bidan, Cathédrale de Dol, p. 66). La famille Mahé, originaire du diocèse de Rennes, portait pour armoiries trois chevrons

XXXVIII. — THIBAUD DE POUENCÉ, fils de Guillaume, seigneur de la Guerche, et d'Hersente de Sillé, fut d'abord, selon Du Paz, chanoine d'Angers, puis de Dol, et doyen de Bayeux. Elu en 1280, il demanda la consécration épiscopale à l'archevêque de Tours. Thibaud fut un des conseillers du roi Philippe-le-Hardi, près duquel il paraît plusieurs fois, et il devint en 1284 l'un des exécuteurs testamentaires de ce monarque. Le diocèse de Dol doit à ce prélat un Recueil de Statuts publiés en 1302, la fondation d'une nouvelle prébende dans le Chapitre et le maintien des privilèges de l'évêque de Dol. Thibaud fonda un obit dans sa cathédrale et mourut le 30 mars 1301. Les armoiries de Thibaud de Pouencé, de gueules à deux léopards d'or, se retrouvent encore dans une ancienne verrière de la cathédrale de Dol, où il fut inhumé. Le sceau de ce prélat est ogival et représente un évêque debout, vu de face, accosté à dextre d'une fleur de lys et à senestre d'une aigle double ; sa légende n'existe plus. Le contre-sceau renferme un écu en bannière chargé de deux léopards brisés d'une bande, avec ce mot : + SECRETUM [« MARTIUS, III Kal. Obiit Theobaldus de Poencé quondam episcopus Dolensis qui dedit ad anniversarium suum faciendum VII libras videlicet, etc. » (Obit. Dol.) — D. Morice, Preuves, I, 1057, 1058. — Douet d'Areq, Collection des Sceaux de France].

XXXIX. — THIBAUD DE MORÉAC appartenait à une famille noble de l'évêché de Vannes qui portait d'azur à trois croissants d'or. Il fut élu et sacré en 1301. Il tint son synode en 1302, et il y fut réglé que la moitié des gros fruits des églises vacantes, appliqué par ses prédécesseurs à la fabrique de la cathédrale de Dol, serait partagée entre l'évêque et les chanoines résidants. Thibaud eut beaucoup à souffrir des ducs de Bretagne, jaloux de la puissance des évêques de Dol ; ce qui l'obligea à fortifier son manoir épiscopal de Dol et celui des Ormes, voisin de cette ville. Ce fut dans cette dernière résidence qu'il mourut, le vendredi après la Saint-Hilaire, en 1312. Son corps fut apporté à Dol et inhumé devant le maître-autel de la cathédrale, à côté de ses prédécesseurs. Il avait fondé un obit dans cette église [« JANUARIUS, XX Kal. Obiit Theobaldus, episcopus Dolensis, qui dedit nobis XXXVI libr. ad emendum redditus pro anniversario suo faciendo, de hoc habemus tria quarteria sigali super bladis anniversariorum de Geveise et de Maseria. » (Obit Dolens.) — D. Morice, Preuves, 1235. — M. Gautier-Bidan, Cathédrale de Dol, p. 66]. 

XL. — JEAN DU BOIS vel DU BOSC, natif du Mans, d'une famille noble portant : écartelé d'argent et d'azur, à trois têtes de lévrier de gueules brochant, commença par être chanoine d'Angers et avocat au Parlement de Paris (Note : On a placé dans les nouvelles verrières de la cathédrale de Dol les armoiries de Jean du Bois comme suit : Ecartelé d'argent et d'azur à trois têtes de loup de gueules posées en pal et brochant ; l'écu surmonté d'une couronne, d'une croix archiépiscopale, d'une crosse et d'une mître ; le tout sommé d'un chapeau à quinze houppes). Elu évêque de Dol en 1312, et sacré la même année, il fonda en 1314 l'hospice de Saint-Michel d'Angers, et donna aux chanoines de Dol le droit de correction sur les clercs de son église cathédrale. Devenu aveugle et infirme, il prit pour coadjuteur, en 1321, son archidiacre Raoul ; il fonda en 1322 l'office de saint Julien, apôtre du Mans, dans sa cathédrale et un anniversaire pour lui-même. Jean du Bois mourut le 25 janvier 1324, et fut inhumé dans la chapelle absidale de Saint-Samson, qu'il avait, croit-on, fait construire. Son tombeau, appelé vulgairement tombeau de saint Samson, était remarquable ; mais il ne reste plus que l'arcade ogivale qui le renfermait, ouverte dans le mur septentrional de la chapelle. La tombe était de marbre noir, « relevée d'arcades et de figures de marbre blanc, au nombre de six » ; l'effigie du prélat, en pierre blanche, reposait sur cette tombe et était accompagnée de cette inscription : HIC JACET JOHANNES DE BOSCO CONDAM EPUS DOLENSIS, DE CENOMANIA NATUS, UTRIUSQUE JURIS DOCTOR EXCELLENS, ET FUIT IN PARLAMENTO REGIS ADVOCATUS ; QUI OBIIT ANNO DNI MCCCXXIII, DIE MERCURII, FESTO CONVERSIONIS S. PAULI. ORATE PRO E0 [« JANUARIUS, VI Kal. Obiit vir bone memorie dominus Johannes de Bosco quondam episcopus Dolensis qui dedit nobis XL libras ad emendum redditus, ad suum anniversarium faciendum, de quibus chorus, luminare, campane, diaconus, subdiaconus habent terciam partem » (Obit. Dolen.) — Bibliothèque Nationale, ms. lat., 17092]. En 1742, plaçant une grille devant l'arcade, on fit de ce tombeau une sorte de cage destinée à renfermer les fous, qu'on amenait là pour obtenir guérison, et on grava l'inscription ci-dessus sur un carreau de marbre qui apparaît encore dans le pavé du choeur. Nous ne savons si les restes du prélat furent alors transférés de la chapelle Saint-Samson dans le choeur, comme semble l'indiquer la translation de son épitaphe. Le sceau de Jean du Bois, en 1315, est ogival et représente un évêque debout, vu de face, occupant un champ orné d'arabesques ; la légende porte : + S. JOHIS. DEI GRA. EPI. DOLENS. Le contre-sceau offre une mitre, et au-dessus, à dextre, une crosse, avec ces mots : S. SECRETI JOH. DEI GRA. EPI. DOLE. 

XLI. — GUILLAUME MELCHIN, évêque de Troyes, fut transféré à Dol par le pape Jean XXII en 1324 ; il fit sa soumission à la Chambre apostolique le 24 avril 1325. Il traita avec le duc Jean III pour les privilèges de son évêché, et mourut peu après, le 15 mars 1328, jour où l'on faisait dans sa cathédrale l'anniversaire qu'il y avait fondé. 

XLII. — JEAN D'AVAUGOUR, fils, selon Du Paz, d'Henri baron d'Avaugour, et de Marie de Beaumont, portait, comme sa famille, d'argent au chef de gueules. D'abord évêque de Saint-Brieuc en 1320, il fut transféré à Dol en 1328 par Jean XXII, et fit, le 8 juin de cette année-là, sa soumission à la Chambre apostolique. Son décès arriva le 8 mai 1340, suivant la lettre écrite par le Chapitre à l'archevêque de Tours pour avoir la permission de procéder à l'élection de son successeur. 

XLIII. HENRI DU BOIS appartenait vraisemblablement à la même famille que son prédécesseur Jean du Bois ; il devait donc avoir les mêmes armoiries : écartelé d'argent et d'azur, à trois têtes de lévrier de gueules brochant. D. Morice nous a conservé les actes de son élection faite le 30 mai 1340, de son acceptation du 5 juin, et des difficultés que fit d'abord l'archevêque de Tours à le reconnaître, parce qu'il n'était pas encore prêtre ; or, dans tous ces actes il est nommé Henri du Bois, Henricus de Bosco. Il était archidiacre de Dol lorsqu'il fut élu évêque, et le Pape pria l'archevêque de Tours de ratifier son élection. D'après Du Paz, il fut chancelier de Bretagne depuis 1344 jusqu'en 1348. Il mourut au mois de mars, suivant l'Obituaire de Saint-Méen, et en 1349 (ancien style, c'est-à-dire 1350, style moderne) suivant la Chronologie d'Albert le Grand [Martio, obiit D. Henricus episc. Dolensis pro quo tenemur quater in anno obitum suum facere, pro eo quod dedit centum scuta auri ad redemptionem monachorum hujus loci captorum per Anglicos (Obit. Sancti Mevenni.) — D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 1400, 1401, 1402. Le P. Albert et les auteurs des Gallia christiana donnent à cet évêque de Dol le nom d'Henri Coeur, nous venons de voir qu'il ne lui convenait pas ; mais il est à remarquer que le successeur d'Henri du Bois ne fut élu qu'en 1352, c'est-à-dire deux ans après la date assignée par Albert à la mort de ce prélat. Peut-être pourrait-on placer à cette époque un évêque ou plutôt un élu du nom d'Henri Coeur. Une singulière tradition existe à Dol, en effet : « Suivant un des statuts du Chapitre de Dol, dit M. Gautier-Bidan, si un évêque mourait le Vendredi-Saint, à l'autel, son successeur devait être le plus ancien des enfants (ou plutôt des prêtres) de choeur, dits vulgairement choristes ou coeurets. Ce cas s'étant rencontré, le plus ancien choriste, qui avait connaissance des statuts, en réclama l'exécution ». Si ce fait eut réellement lieu, — ce que nous n'affirmons point, — cela dut être à l'époque dont nous parlons ; Henri du Bois mourant en mars 1350, put fort bien décéder un Vendredi-Saint, Paques tombant cette année-là le 28 mars, alors le choriste ou coeuret rappela le privilège de sa position, alors aussi très probablement l'archevêque de Tours refusa de l'admettre ; de là des tiraillements qui auront occupé plusieurs années, de là le nom de Henri Coeur ou Coeuret donné an prétendant, de là enfin ce même nom appliqué par erreur à l'évêque. Henri du Bois, qui avait lui-même été élu avant d'être prêtre. Mais de tout cela il ne résulte pas qu'il y ait eu un évêque de Dol, élu et sacré, da nom d'Henri Coeur]. 

XLIV. SIMON LE MAIRE était abbé de Marmoutiers lorsqu'il fut élu, en 1352, évêque de Dol. On pense, mais sans pouvoir l'affirmer, qu'il appartenait à une famille noble portant : d'argent au chevron de gueules accompagné de trois merlettes de sable. Ce prélat visita le tombeau des Apôtres le 25 février 1355, et fut deux ans plus tard transféré sur le siège épiscopal de Chartres. Il y mourut le 21 juin 1360, et fut inhumé dans son ancienne abbaye de Marmoutiers. 

XLV. — NICOLAS succéda à Simon Le Maire, selon le Registre des provisions accordées sous le pontificat du pape Urbain V. Il mourut le 16 mars 1366, suivant le même Registre

XLVI. — JEAN DES PAS fut élu évêque de Dol en 1366, mais son élection fut d'abord cassée par le Pape ; ce dernier finit cependant par le nommer à l'évêché de Dol et lui donna des bulles, le 7 juin 1367. Jean des Pas fonda, en 1373, le pain quotidien du Chapitre de Dol ; il mourut la même année et fut inhumé dans sa cathédrale. 

XLVII. — GEOFFROY DE COETMOHAN vel DE COETMOISAN, abbé de la Couture, au Mans, devint évêque de Quimper en 1358, et fut transféré à Dol vers 1374. Il appartenait à une famille noble du pays de Tréguier, qui portait : d'argent au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'argent, alias une croix cantonnée de quatre hures de sanglier. Il assista en 1375 au Parlement de Paris, qui fixa l'âge de majorité des rois de France, et mourut le 30 novembre 1380. 

Sur l'autorité de Suarez, M. Hauréau a écrit (Gallia christiana XIV, 1058) que Geffroy de Coetmoisan était venu de Quimper à Dol dès 1357, qu'il y était resté jusqu'en 1366, et qu'il y avait eu un autre évêque de Dol du nom de Geoffroy de 1374 à 1379 ; mais le pontificat de Nicolas disparaîtrait en ce cas, et les Bénédictins le présentent comme certain. L'ancien Gallia christiana dit aussi que Jean de Dampierre fut transféré par le Pape, en 1374, du siège de Verdun sur celui de Dol ; mais ou bien cette translation ne fut pas effectuée ou bien l'on a confondu cet évêque de Verdun avec le suivant, car il n'est point fait mention de ce Jean de Dampierre dans les actes de Dol. 

XLVIII. — GUY DE ROYE était fils de Mathieu, seigneur de Roye, grand-maître des arbalétriers de France ; sa famille, originaire de Flandre, portait : de gueules à la bande d'argent. D'abord chanoine de Noyon, puis doyen de Saint-Quentin, auditeur de rote à Avignon et enfin évêque de Verdun, il fut transféré à Dol et fit sa soumission à la Chambre apostolique le 9 août 1381. Il tint peu de temps ce dernier siège, étant devenu, dès l'année suivante, archevêque de Tours. Nommé ensuite archevêque de Sens et de Rheims (Reims), il fut tué en Italie, en 1409, dans une émeute populaire à Voutré, dans l'Etat de Gênes. Son corps, apporté à Gênes, fut inhumé avec pompe dans la cathédrale de cette ville. 

XLIX. — PIERRE, abbé commendataire de Saint-Méen, évêque de Sinigaglia, dans les Etats-Romains, et confesseur du pape Urbain VI, fut en 1382 transféré sur le siège Dol ; mais il mourut le jour de Noël de la même année (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, 420). 

L. — ÉVERARD DE TRÉMIGON sortit des seigneurs de Trémigon, en Combourg, qui portaient : d'argent à trois écussons de gueules, chargés chacun de trois fusées d'or rangées en fasce. D'abord docteur en l'un et l'autre droit, puis doyen de l'Eglise de Chartres et conseiller du roi, il fut chargé de plusieurs ambassades en Espagne et pourvu d'une charge de maître des requêtes. Son mérite et ses services l'élevèrent sur le siège de Dol en 1382. Il ne l'occupa toutefois que quatre ans, soit qu'il mourut ou qu'il fut transféré à un autre évêché, comme le dit Ogée. 

LI. — GUILLAUME DE BRIE était évêque de Rennes lorsqu'il fut transféré à Dol, en 1386. Nous avons déjà eu occasion de parler de lui. Il fit sa soumission à la Chambre apostolique le 15 avril 1387, et ratifia le 18 du même mois le douaire accordé à la duchesse Jeanne de Navarre. Sa mort arriva le 2 février 1390, selon le Compte rendu au duc pour les fruits recueillis pendant la vacance du siège. Nous possédons le sceau de cet évêque, en 1387 ; il est de forme ronde et renferme l'écusson des seigneurs de la maison de Brie, du pays de Rennes, d'argent à trois fasces bretessées de sable, accompagné d'une crosse posée en pal derrière l'écu ; la légende porte : SIG. GUILELMI. EPI. DOL. (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, pl. 1 – M. de Courcy, Nobiliaire de Bretagne).

LII. — RICHARD DE LESMENEZ, ambassadeur du duc Jean IV en Angleterre, fit sa soumission à la Chambre apostolique le 18 avril 1391, en qualité d'évêque de Dol. Il eut des difficultés avec Hamelin, archevêque de Tours, qu'il refusa de recevoir à Dol lorsque ce prélat entreprit de visiter la Bretagne, en 1400. L'année suivante, il commença la fondation du couvent des Carmes de Dol. Richard mourut en 1405, le 20 mai, suivant le Compte rendu au duc des fruits recueillis pendant la vacance du siège ; le 25 janvier, au contraire, d'après l'Obituaire de l'église de Dol, dans laquelle il avait fondé un obit. 

D. Morice nous a conservé le sceau de cet évêque, en date de 1392 ; il est rond et renferme un écusson portant : de gueules à la croix d'or cantonnée de quatre têtes de lion de même ; une crosse est placée en pal derrière l'écu, et la légende porte ces mots : SIG. RICARDI. EPIS. DOL. 

LIII. — ÉTIENNE COEURET, natif de Fougères, d'abord official de Paris, puis archidiacre de Nantes, et enfin évêque de Saint-Brieuc en 1404, fut transféré à Dol dès l'année suivante, le 1er décembre. Il devint chancelier de Bretagne et assista, par procureur, au Concile de Pise en 1409, et en personne à celui de Constance, en 1415. Ce prélat fonda son obit le 2 août 1429 et mourût le 6 décembre suivant [« DECEMBER, VIII Id. Anno verbi incarn. 1429, obiit dominus Stephanus Coreti Dol. episcopus » (Necrol. Dol.)]. Il fut inhumé dans le choeur de la cathédrale de Dol, « entre les deux piliers de la seconde arcade, du côté de l'évangile ». Son tombeau était remarquable, car il était « haut de trois pieds et demy, garny d'arcades et figures », orné de la statue de l'évêque, « vestue pontificalement, ayant deux anges à la teste et deux aux pieds, tenant les armes du défunt aux agraphes de leurs habits » ; un dais surmontait la tête du prélat, et la broderie du bord de sa chasuble représentait ses armoiries, d'azur à trois coeurs d'or, 2, 1, disposées « par quarreaux ». Le même écusson de Mgr Cœuret se retrouve encore aujourd'hui à la clef de voûte du grand porche de la cathédrale, qu'il fit probablement construire, et sur une maison prébendale qui l'avoisine. Quant au beau tombeau de cet évêque, il fut détruit en 1742, lorsque le pavé du sanctuaire fut refait, et aujourd'hui on lit seulement sur un carreau de marbre, près du maître-autel, l'inscription suivante : HIC JACET STEPHANUS COEURET DOLENSIS EPISCOPUS, QUONDAM DEMUM BRITANNIÆ CANCELLARIUS, DOCTOR UTRIUSQUE JURIS, QUI OBIIT ANNO DOMINI 1429, DIE 6ta DECEMBRIS ET PONTIFICATUS ANNO 24. ANIMA EJUS IN PACE REQUIESCAT. AMEN. Nous avons encore le sceau d'Etienne Cœuret, à la date de 1425 ; il est rond et représente un évêque mitré, debout, tenant d'une main la crosse et bénissant de l'autre main ; on lit autour : SIGILLUM STEPHAN. EPISC. DOL. (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux, XLV – Archives départementales, 4 G, 121 – M. Gautier-Bidan, Cathédrale de Dol, 69). 

Après la mort de Mgr Cœuret, le pape Martin V proposa l'évêché de Dol à Guillaume de Montfort, évêque de Saint-Malo ; mais celui-ci refusa cette translation, et le siège de Dol demeura par suite vacant près de dix-huit mois. 

LIV. — JEAN DE BRUC, fils de Pierre de Bruc et d'Isabeau de la Bouteveillaye, naquit au manoir de la Bouteveillaye, en Glénac. Nommé en 1422 évêque de Tréguier, il fut transféré à Dol en 1431 ; le 15 mai de cette dernière année, Pierre de la Cadouyère, chanoine de Dol, prit possession en son nom de l'évêché de Dol. On sait peu de chose de l'épiscopat de Jean de Bruc, qui mourut, selon Du Paz, le 1er novembre, ou, suivant M. Hauréau, le 22 mai 1437. Son corps fut inhumé dans le transept septentrional de la cathédrale, sous une « tombe de cuivre gravée à plat, où un évesque est peint, ayant mitre et crosse, et aux quatre coins y a quatre escussons en bannières chargés d'un saultoir chargé de onze besans ou tourteaux, et de même sur la poitrine mais en escu ». Autour de cette tombe était gravé ce qui suit : HIC JACET PLÆ RECORDATIONIS ET ECCLESIÆ DEFENSOR DOMINUS JOHANNES DE BRUC, VENETENSIS DIOECESIS, PAROCHIÆ DE GLENAC ORIUNDUS OLIM... MILLESIMO QUADRINGENTESIMO TRIGESIMO SEPTIMO, CUJUS ANIMA IN PACE REQUIESCAT. AMEN (Bibliothèque Nationale, ms. lat., 17092). Ce tombeau n'existe plus, une simple pierre de granit en rappelle encore l'emplacement dans la cathédrale de Dol, où Jean de Bruc avait fondé un obit. Comme l'on voit, cet évêque portait les armoiries de sa mère : d'argent au sautoir de sable chargé de onze (alias cinq) besants d'or, qui est de la Bouteveillaye, de préférence aux armes de la maison de Bruc : d'argent à la rose de gueules boutonnée d'or

LV. — ALAIN DE LESPERVEZ, fils de Jean, seigneur de Lespervez, en Plonéour, et de Gueldrech de Tresséol, fut d'abord religieux cordelier et se distingua par ses vertus et par son érudition. Dans un âge assez avancé, dit l'abbé Tresvaux, Alain de Lespervez, confesseur du duc Jean V, fut nommé évêque de Dol par le pape Eugène IV, le 11 décembre 1437 ; quelques années plus tard, il fut transféré à Quimper, le 24 août 1444 ; il résigna l'évêché en 1451 et fut nommé archevêque in partibus de Césarée. Ce prélat mourut le 16 mars 1455 et fut inhumé dans le choeur du couvent des Cordeliers de Quimper, où il s'était retiré après sa démission. Son mausolée, détruit par la Révolution, était orné de sa statue sculptée en pierre de Kersanton [M. de Blois, Annotation. du Dictionnaire d'Ogée, voir Quimper. — Quelques panneaux de ce tombeau, sur lesquels sont sculptées les armoiries du prélat tenues par des anges, sont maintenant déposés au Musée archéologique de Quimper. La famille de Lespervez portait pour armes : de sable à trois jumelles d'or]. 

LVI. — RAOUL DE LA MOUSSAYE appartenait à la noble famille de ce nom, originaire de Plenée-Jugon, et portant d'or fretté d'azur de six pièces. Raoul, maître des requêtes du duc Jean V en 1440, et protonotaire apostolique, fut pourvu de l'évêché de Dol, vacant par la translation d'Alain de Lespervez à Quimper ; il fit son entrée solennelle à Dol le 25 décembre 1444. Ce prélat assista par procureur au Concile provincial d'Angers, en 1448, et réclama dans cette assemblée les privilèges de l'Eglise de Dol. Plus tard il termina par un concordat, ratifié par le pape Nicolas V en 1452, les différends soulevés entre les archevêques de Tours et les évêques de Dol, relativement aux visites du métropolitain dans l'évêché de Dol. Raoul de la Moussaye fonda en 1455, dans sa cathédrale, les trois chapellenies de la Sainte-Trinité, et mourut le 16 avril 1456 (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, 1610 – Archives départementales, 4 G, 118). 

LVII. — ALAIN DE COETIVY fut l'un des plus grands personnages de son temps. Il naquit en Basse-Bretagne, le 8 novembre 1407, d'Alain III, seigneur de Coëtivy, et de Catherine du Chastel. Il était archevêque d'Avignon lorsque le pape Nicolas V le nomma cardinal du titre de Sainte-Praxède, le 20 décembre 1448, et c'est sous le nom de cardinal d'Avignon qu'il fut dès lors plus généralement connu. Envoyé en Bretagne en qualité de légat du Saint-Siège, Alain de Coëtivy procura la canonisation de saint Vincent Ferrier et obtint l'évêché de Dol en commende, le 17 juin 1456. Comme il ne pouvait administrer ce diocèse, il s'y fit remplacer d'abord par Ambroise de Cambrai, précédemment évêque d'Alet, puis par un autre prélat appelé Gabriel, nommé le 6 juin 1460. Le cardinal de Coëtivy, pourvu de nombreuses commendes, fut tout à la fois archevêque d'Avignon, évêque de Dol, d'Uzès et de Sabine, prévôt de Toulouse et de Saint-Martin de Vertou, abbé de Redon et prieur de Béré, du Pertre, de Brugny, de Courans et de Mortaigne. Il avait choisi sa sépulture, s'il mourait en Bretagne, dans l'église collégiale de Notre-Dame du Folgoët, en Léon, où l'on voit encore son cénotaphe ; son effigie, agenouillée au pied du beau calvaire qui avoisine cette église, est une oeuvre de sculpture très remarquable ; dans les vitraux de la collégiale, le cardinal est également représenté et partout apparaît son blason : fascé d'or et de sable de six pièces. Retenu à Rome par la confiance que lui témoignaient les Papes, Alain de Coëtivy mourut en cette ville le 22 juillet 1474 ; ses funérailles furent « les plus magnifiques et les plus somptueuses qui eussent été faites à Rome de mémoire d'homme ». Il fut inhumé dans son église cardinalice de Sainte-Praxède, où l'on retrouve encore son superbe mausolée, surmonté de sa statue en marbre blanc et accompagné de cette épitaphe : SEDENTE SIXTO IV, ALANUS EPISCOPUS SABINENSIS, ECCLESIÆ ROMANÆ CARDINALIS, NOBILISSIMA APUD BRITONES COETIVORUM GENTE NATUS, ILLUSTRI LEGATIONE AD GALLOS PRO FIDE FUNCTUS, CUJUS VITA EXEMPLUM VIRTUTIS, ACTIONES AUTEM PRIVATIM ET PUBLICE SALUTARES FUERE, HOC MONUMENTO CONDITUS EST. VIXIT ANNOS 66, MENSES OCTO, DIES QUINDECIM. 1474. 

C'est au cardinal de Coëtivy que l'on doit l'érection en église paroissiale du sanctuaire national de Saint-Yves-des-Bretons à Rome. 

LVIII. — CHRISTOPHE DE PENMARC'H, fils d'Henri, seigneur de Penmarc'h, et d'Alix de Coëtivy, du pays de Léon, fut pourvu de l'évêché de Dol, sur la résignation du cardinal d'Avignon, son oncle, alors malade à Rome. Il écrivit au duc de Bretagne pour lui demander son agrément, et il l'obtint ; mais le cardinal étant décédé avant que la réponse du duc fût arrivée, le Pape lui conféra l'évêché vacant per Obitum, et non sur la résignation précédente. Le duc ayant eu connaissance de cette collation, ne voulut plus, dès lors, reconnaître Christophe de Penmarc'h pour évêque de Dol ni recevoir son serment de fidélité. Les choses restèrent en cet état jusqu'en 1478, que Christophe fut transféré, le 14 janvier, sur le siège de Saint-Brieuc. Il y mourut le 17 décembre 1505, et ses armoiries, d'or à trois colombes d'azur (qui étaient le blason du Colombier, dont les Penmarc'h possédaient la seigneurie), se retrouvent à deux clefs de voûte de la cathédrale de Saint-Brieuc (M. Geslin de Bourgogne, Anciens évêchés bretons, I, 41). 

LIX. — MICHEL GUIBÉ, fils d'Adenet Guibé et d'Olive Landais, soeur du célèbre trésorier de Bretagne, fut d'abord chanoine de Notre-Dame de Nantes, puis, en 1477, évêque de Saint-Pol-de-Léon. Transféré à Dol en 1478, il fit serment de fidélité au duc le 4 août de la même année, et paya les droits de la Chambre apostolique le 5 mars 1479. Michel Guibé fut nommé peu après coadjuteur de l'évêque de Rennes lorsque ce dernier, Jacques d'Espinay, fut arrêté par ordre de Landais, et, après la mort de ce prélat, il le remplaça sur son siège en 1482. Nous avons précédemment parlé de la mort de ce prélat, arrivée en 1502, et de sa sépulture dans la cathédrale de Rennes ; il portait pour armes : d'argent à trois jumelles de gueules accompagnées de six coquilles d'azur, 3, 2, 1, au chef d'or.

LX. — THOMAS JAMES, fils de Pierre James, naquit à Saint-Aubin-du-Cormier d'une famille noble qui portait : d'azur au chef d'or chargé d'une rose de gueules. Il fut prieur de Saint-Jacques de Pirmil, archidiacre de Penthièvre, ambassadeur du duc de Bretagne près du pape Sixte IV, qui le fit châtelain du fort Saint-Ange à Rome, et enfin évêque de Léon en 1478. Transféré à Dol le 28 mars 1482, il prêta serment au duc le 15 avril et fit sa soumission à la Chambre apostolique le 15 juillet suivant. Il quitta définitivement la Ville-Eternelle pour résider en Bretagne vers 1486, et se distingua dans son diocèse par sa piété et son érudition. Sa mort arriva le 5 avril 1504 ; il fut inhumé dans le transept septentrional de la cathédrale de Dol, où il avait fondé son anniversaire. 

Par son testament, en date du 4 avril 1503, le pieux évêque avait déclaré vouloir être enterré « sans aucune pompe et comme le dernier du peuple » ; mais son neveu Jean James, trésorier et chanoine de Dol, lui fit élever en 1507, par le fameux sculpteur Jean Juste, un superbe tombeau qui existe encore, quoique bien défiguré par le vandalisme révolutionnaire. Voici la description que nous ont laissée de ce monument les Bénédictins qui visitèrent Dol au XVIIIème siècle : « Au pignon de la croisée, du costé de l'évangile, dans une grande et magnifique arcade ornée de deux pilastres quarrés fort enjolivés de sculpture, avec chapiteaux, architrave, corniche, deux figures et un grand fronton, est un tombeau de pierre blanche dorée par filets, de figure quarrée oblongue, orné de quatre pilastres semblables en façon de gaines, soutenant architrave, frise, corniche et fronton, sur la table duquel, qui est de quatre pieds de haut, est la figure de l'évêque James en habits sacerdotaux, mitre en teste ; deux petits anges soutenant les oreillers, et derrière sont deux petits demy-piliers ou supports quarrés sur lesquels sont deux anges assis soutenant les armes, ceux de la teste avec casque, ceux des pieds avec mitre ; et au fond deux grands anges en bas-relief tenant les armes avec la simple croix. Sur le devant, deux niches avec la figure des vertus (la Force et la Justice), et au milieu une plaque de cuivre enchâssée dans la maçonnerie où l'on voit ces paroles escrites autrefois en or : « D. THOMAS JAMES, JURIUM DOCTOR, PATRIA ALBINUS DE CORMERIO, PATRE PETRO, SIXTI PAPÆ TEMPORE ARCIS SANCTI ANGELI ROMÆ CASTELLANO ET FRANCISCI BRITONUM DUCIS ORATORE AC PROCURATORE, PENTHEVRIÆQUE ARCHIDIACONO, LEONENSIS EPISCOPUS CREATUS ET PAULO POST IN DOLENSEM EPISCOPATUM TRANSFERTUR. VIR QUIDEM OPTIMUS AC DIVINI CULTUS CUPIDUS ET ASSIDUUS. IN DELINQUENTES CLEMENS ; PAUPERUM, PUPILLORUM ET VIDUARUM CAUSAS ET VITAM PROPRIA MANU ITA TUTATUS EST, UT AB OMNIBUS MERITO PATER PAUPERUM DICERETUR ; IN RELIGIOSOS BENIGNUS, VIRGINES EGENAS CLAM DOTABAT ; CILICIO UTENS, BIS AUT TER IN HEBDOMADA JEJUNANS ; FAMILIARES PARENTUM LOCO HABENS ; POST BELLORUM TURBINES INTER FRANCORUM REGEM CAROLUM VIII ET FRANCISCUM BRITANNIÆ DUCEM, DOLENSISQUE CIVITATIS DIRUPTIONEM ET ECCLESIÆ DEPREDATIONEM VI FACTAM, QUÆ FUIT XI OCTOBRIS 1482, ET URBIS ET NUNDINARUM P. HALLE (Sic), ET CASTRORUM ATQUE MOLENDINARUM FACTUS EST RESTAURATOR. AB ALEXANDRO PAPA VI, OB EJUS EXIMIAS VIRTUTES CRUCIS DEFERENDÆ BENEFICIUM ANTE SE PER DIOECESIM ET SIBI ET SUCCESSORIBUS OBTINUIT, ET IN ARMIS AC SIGILLIS UBIQUE PALLA POSSENT DOLENSES EPISCOPI UTI ; ECCLESIAM MIRIFICE FUNDATIONIBUS DOTAVIT, JURAQUE ECCLESIÆ ET DIGNITATEM SEMPER TUTATUS EST ; ORNAMENTISQUE EX AURO ET SERICO, VASISQUE ARGENTEIS ET AURATIS DECORAVIT. OBIIT PRÆSUL NONAS APRILIS, DIE VENERIS SANCTA, HORA NONA 1503, PASSIONEM DEVOTE AUDIENDO, ET HIC COLLACRYMANTIBUS OMNIBUS SEPELITUR. SEDIT ANNIS UNO ET VIGINTI, DIES SEPTEM, CUJUS ANIMA REQUIESCAT IN PACE. AMEN. « D. THOMÆ HOC SEPULCHRUM JOANNIS JAMES EJUS NEPOTIS, JURIUU LICENTIATI, LEHONNENSIS COMMENDATARII, DOLENSIS THESAURARII ET CANONICI IMPENSA ET CURA STRUCTUM ATQUE ORNATUM, ANNO 1507 » (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux, XIV – V. sur ce tombeau une intéressante notice de M. Ramé dans les Mélanges d'Histoire et d'Archéologie bretonne, II, 11). 

LXI. — MATHURIN DE PLÉDRAN appartenait à une famille noble qui portait : d'or à sept macles d'azur, 3, 3, 1. Chanoine de l'Eglise de Nantes, dont son frère Jean était le doyen, et recteur des églises Saint-Denis et Saint-Sébastien de cette ville, Mathurin fut élu évêque de Dol le 12 juin 1504, mais il ne fit son entrée solennelle dans sa ville épiscopale que le 6 juin 1507 et prit place au Chapitre de Dol le 18 du même mois. C'est à ce prélat que le diocèse de Dol doit son premier Bréviaire imprimé, ainsi qu'un Recueil de Statuts synodaux. Mathurin de Plédran mourut le 10 décembre 1521 et fut inhumé dans la chapelle absidale de sa cathédrale. 

Du temps d'Albert Le Grand, « la représentation de cet évêque de Dol se voyait en l'église Saint-Pierre de Nantes, en la vitre de la chapelle Saint-Hervé et Sainte-Magdeleine, estant à genoux, la mitre en tête et la croix archiépiscopale en main, vestu d'une chappe d'or semé de macles d'azur, ses armes auprès, présenté par saint Mathurin ». Le sceau de ce prélat, en 1516, rond et armorial, renferme un écu portant sept macles, 3, 3, 1 ; une simple croix posée en pal derrière l'écu ; la légende est : + SIGILLUM MATHURINI EPI. DOLENSIS. 

En tête des Statuts synodaux, imprimés par ses ordres vers 1510, se trouve l'écusson de Mathurin de Plédran, portant : neuf macles, posées 3, 3, 3 ; l'écu, en bannière, est timbré d'une croix et tenu par deux anges qui soutiennent au-dessus, l'un une mitre, l'autre un casque (M. Hauréau, Gallia christiana – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine – Bibliothèque Nationale ms. latin, 17092 – Dans les nouvelles verrières de la cathédrale de Dol, on a placé les armoiries de Mgr de Plédran comme suit : d'or à sept macles d'azur percées d'argent, 3, 3, 1 ; l'écu surmonté d'une couronne, d'une croix archiépiscopale, d'une crosse et d'une mître, le tout sommé d'un chapeau à quinze houppes). 

LXII. — THOMAS LEROY naquit à Tréhel, en Messac, de Raoul Le Roy et de Marie de Cazillon ; protégé par la reine Anne de Bretagne et par les rois Charles VIII, Louis XII et François Ier, il devint l'un des personnages les plus importants de Rome, où il fut nommé procureur des Lettres apostoliques, abbréviateur des archives de la Cour romaine, clerc du collège des cardinaux, etc. ; il était en même temps richement pourvu de bénéfices en Bretagne : doyen ou recteur de huit paroisses (Note : Thomas Le Roy était doyen de Bain et recteur de Poligné, Messac et Domagné, au diocèse de Rennes, Nozay, Derval et Fougeray, au diocèse de Nantes, et Bothoa, au diocèse de Cornouailles), il était encore chefcier de la collégiale de Notre-Dame à Nantes, trésorier du Chapitre de Rennes, archidiacre de Plougastel et chanoine des Eglises de Rennes, Nantes, Saint-Malo et Quimper. 

A la mort de Mathurin de Plédran, le Pape nomma Thomas Le Roy évêque de Dol (1522) ; mais le roi François Ier prétendit que cette nomination était contraire au Concordat qu'il venait de conclure avec le Saint-Siège et refusa de reconnaître le nouveau prélat. Ce prince aimait cependant personnellement Thomas Le Roy, auquel il accorda, la même année, des lettres de noblesse avec ces armoiries : d'or à deux fleurs de lys d'azur mises en fasce. L'évêque élu de Dol fut forcé de rester à Rome, où il mourut le 21 octobre 1524, avant d'avoir été sacré. Suivant ses ordres, son corps fut inhumé dans l'église française de la Trinité-du-Mont, à Rome, où l'on ne retrouve plus son tombeau, et son coeur fut apporté à Nantes, dans la superbe chapelle qu'il avait fait construire en l'honneur de saint Thomas dans l'église collégiale de Notre-Dame. « Une tombe de cuivre gravée, placée sous le marchepied de l'autel, représentait dans cette chapelle Thomas Le Roy, la mitre en tête, revêtu des ornements sacerdotaux, les mains jointes sur la poitrine, le bras droit soutenant une croix au lieu d'une crosse. Au haut, deux anges supportaient l'écusson de ses armes timbré d'une croix. Deux colonnes, style renaissance, sur les bases desquelles se voyait le même écusson timbré d'une crosse, formaient les côtés de la niche dans laquelle était couché le prélat ; autour on lisait l'inscription suivante : « HIC JACET COR REVERENDI IN CHRISTO PATRIS DOMINI THOMAS REGIS, DOLENSIS ELECTI, CAMERE APOSTOLICÆ CLERICI, LITTERARUM APOSTOLICARUM ABBREVIATORIS AC SCRIPTORIS, HUJUS BASILICE CAPICERI NECNON REQUESTARUM CONSILII BRITANNIE MAGISTRI, QUI ROME FATIS CONCESSIT XXI MENSIS OCTOBRIS DIE, ANNO DOMINI MDXXIV, CUJUS ANIMA IN PACE REQUIESCAT. AMEN  » (N. de la Nicollière, Histoire de la Collégiale de Notre-Dame de Nantes). 

Après la mort de Thomas Le Roy, la querelle continua entre le Pape et le roi de France, et Clément VII nomma à l'évêché de Dol Jean de Staphileo ; mais le Chapitre de Dol ne voulut pas plus reconnaître ce prélat que le roi ne voulut l'agréer, et le siège de Dol demeura par suite vacant pendant quatre années.

 LXIII. — FRANÇOIS DE LAVAL, fils naturel de Guy XVI, comte de Laval, et d'Anne d'Espinay, trésorier de la collégiale de Vitré, et plus tard abbé commendataire de Paimpont et du Tronchet, fut nommé évêque de Dol par le roi François Ier en 1528. On prétend que le Chapitre de Dol refusa de recevoir François de Laval dans le choeur de sa cathédrale, à cause de sa naissance illégitime, et que, par suite, ce prélat plaça son trône dans la chapelle Saint-Sébastien de la même église, où l'on voyait autrefois sa statue, le représentant agenouillé, au haut d'une colonne ornée de son écusson et de la date 1537 ; toujours est-il que Mgr de Laval se fit légitimer en 1539. Il fit, au reste, beaucoup de bien à l'Eglise de Dol, et finit par se faire aimer de son clergé et de ses diocésains. Sur la fin de sa vie, le mauvais état de sa santé l'obligea à prendre pour auxiliaire Charles Pineau, abbé de Montfort et évêque de Castorie ; lui-même se retira dans son prieuré de Sainte-Catherine de Laval, où il mourut le 2 juillet 1556. Son coeur fut déposé à Vitré, à l'entrée du sanctuaire de la collégiale de la Magdeleine, sous une grande plaque de cuivre portant son épitaphe en vers alexandrins. Son corps, apporté à Dol, fut inhumé dans le sanctuaire de la cathédrale, au milieu du choeur, sous un tombeau haut de trois pieds, rasé en 1742. C'était une table de marbre jaspé, supportée de quatre piliers en termes, de même matière, et sous le milieu une espèce d'urne en pierre ; au bord de laquelle table de marbre était écrit : MESSIRE FRANÇOIS DE LAVAL, EVESQUE DE DOL, ABBE DE PAIMPONT ET DU TRONCHET, QUI FONDA CEANS DOUZE OBITS, DECEDE LE 2 JUILLET, DORT ICI. REQUIESCAT IN PACE ! 

A défaut du sceau de François de Laval, nous possédons un jeton frappé par ordre de ce prélat et portant ses armoiries timbrées d'une croix, d'une mitre et d'un casque, avec cette légende : + F. DE LAVAL DEI GRA. EPS. DOLENSIS. Ses armoiries, qu'on voyait autrefois à Rennes dans la chapelle qu'il avait construite au couvent des Cordeliers, et qu'on retrouve encore aujourd'hui sur le trône épiscopal du choeur de l'église de Dol et sur la colonne de la chapelle Saint-Sébastien, étaient : écartelé : au 1er d'azur à trois fleurs de lys d'or, qui est France ; au 2ème et 3ème d'or à la croix de gueules chargée de cinq coquilles d'argent et cantonnée de seize alérions d'azur, qui est Montmorency-Laval ; au 4ème d'azur à trois fleurs de lys d'or et au bâton componné d'argent et de gueules, qui est Evreux ; sur le tout : de gueules au lion contourné et couronné d'argent, qui est Vitré (M. Gautier-Bidan, Cathédrale de Dol – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine – Bibliothèque Nationale, ms. lat., 17092). 

LXIV. — JEAN DU MATZ, fils de René du Matz, seigneur de la Vaisouvière, et de Marguerite de la Jaille, baronne de Mathefelon et de Duretal, en Anjou, était doyen de l'Eglise d'Angers et seigneur de la Vaisouvière, baron de Mathefelon et de Duretal, lorsqu'il fut nommé évêque de Dol. Il reçut ses bulles, prit possession, par procureur, de son évêché le 25 septembre 1557, mais mourut avant d'avoir été sacré, le 12 octobre suivant. Son corps fut inhumé dans un magnifique tombeau, élevé dans la cathédrale d'Angers, dans la chapelle des chevaliers du Croissant ; sa statue, en marbre blanc, le représentait couché et mains jointes, sa mître à ses côtés, sous une arcade au fond de laquelle était son écusson, d'argent fretté de gueules de six pièces au chef échiqueté d'or et de gueules, timbré d'une croix et surmonté d'un chapeau : au-dessus s'élevait un vaste baldaquin, dans le style renaissance, soutenu par de riches colonnes, le tout en pierre, et terminé par trois squelettes assis sur le fronton, lançant des flèches et embouchant des trompettes. Quant au coeur du prélat, il fut déposé dans l'église de Duretal, avec cette inscription gravée sur une lame de cuivre : EPITAPHE POUR LE COEUR DE FEU REVEREND PERE EN DIEU JEHAN DU MAS, SEIGNEUR ET BARON DE DURESTAL, ARCHEVEQUE (Sic) DE DOL, QUI DECEDA LE 12 OCTOBRE 1557 : - PIÉTÉ, VERTU ET HONHEUR, - PASSANT, ORNAIENT CE NOBLE COEUR, - QUI FUT PRESSÉ DE CETTE LAME - SOUDAIN AU SORTIR DE SON ÂME. - ET SI TU T'ENQUIERS, TROP SOIGNEUX, - POURQUOI LE TOMBEAU SOMPTUEUX QUI LE RESTE DU CORPS ASSEMBLE - CE COEUR NE RETIENT TOUT ENSEMBLE, - ON TE DIRA QU'AULTRE TOMBEAU - NE LUY A POINT SEMBLÉ SI BEAU - QU'ESTRE DEDANS SA PROPRE TERRE - LAQUELLE AULTREMENT NE L'ENSERRE, - QU'ATTENDANT QUE LA DÉITÉ - LE TIRE A L'IMMORTALITÉ (Bibliothèque Nationale, ms. lat., 17025). 

LXV. — CHARLES D'ESPINAY, fils de Guy, seigneur d'Espinay, en Champeaux, et de Louise de Goulaine, fut chantre de Rennes, abbé du Tronchet et de Saint-Gildas-des-Bois, prieur de Gahard et de Bécherel. Il devint évêque de Dol en 1558 ; mais son sacre fut retardé plusieurs années et n'eut lieu que le 16 septembre 1565 ; Du Paz et D. Morice disent que cette cérémonie fut faite dans l'église priorale de Gahard, par Antoine Le Cirier, évêque d'Avranches, assisté d'Etienne Bouschet, évêque de Cornouailles, et de Rolland de Neufville, évêque de Léon. Charles d'Espinay ne fut reçu dans le Cha­pitre de Dol que le 4 février 1566. Il assista au Concile de Trente, avant d'être sacré, en 1563, et à celui d'Angers en 1583. Ce prélat mourut au château de Dol, le 12 septembre 1591 ; son corps fut inhumé, le 22 de ce mois, dans son église cathédrale, où il avait fondé un obit, « sous un riche et honorable tombeau, élevé de terre » ; son coeur fut déposé dans l'église collégiale de Champeaux, fondée par ses ancêtres. La famille d'Espinay portait : d'argent au lion coupé de gueules et de sinople, armé d'or (Note : Dans les nouvelles verrières de la cathédrale, l'on a placé les armoiries de Mgr d'Espinay dans un écu surmonté d'une couronne, d'une mitre, d'une crosse et d'une croix archiépiscopale, et sommé d'un chapeau à quinze houppes). 

LXVI. — EDMOND REVOL vel DE REVOL. Après la mort de Charles d'Espinay, le Chapitre de Dol fit des démarches pour faire nommer évêque Melchior de Marconnay, abbé de Rillé ; mais elles n'aboutirent point, et le roi donna l'évêché de Dol, en 1593, à Edmond Revol, fils de Louis Revol, secrétaire d'Etat. Ce personnage ne demanda point de bulles à Rome, ne se fit point sacrer, mais jouit pendant dix ans des revenus de l'évêché ; il finit par céder ses droits, en 1603, à son cousin Antoine Revol, se réservant seulement une pension de 4.000 livres, et il mourut fort âgé, en 1627, doyen des conseillers du Grand-Conseil. La famille Revol, originaire du Dauphiné, portait : d'argent à trois trèfles de sinople

LXVII. — ANTOINE REVOL vel DE REVOL, né à Paris en 1548, cousin germain d'Edmond Revol, embrassa d'abord la carrière des armes, puis l'état religieux, et devint chanoine régulier et abbé de Saint-Ruf de Valence, en Dauphiné, puis chanoine et chantre de Dol. Nommé évêque de cette ville en 1603, il fut sacré à Paris le 6 janvier 1604, dans l'église de Saint-Martin-des-Champs, par Paul Hurault, archevêque d'Aix, assisté des évêques de Boulogne et de Mâcon ; il prit possession de son évêché le 20 février suivant. Ami de saint François de Sales, il fonda à Dol un monastère de la Visitation et se distingua par ses vertus. Il mourut d'une fièvre dont il fut saisi à la procession de Sainte-Anne de Cherrueix ; transporté au manoir épiscopal des Ormes, il y décéda le 6 août 1629. Son corps fut inhumé dans la cathédrale de Dol, où il avait fondé son anniversaire ; il repose dans le tombeau de l'évêque Mathurin de Plédran, que l'on ouvrit à cette occasion, dans la chapelle absidale. Les neveux du prélat, Edmond et Louis de Revol, lui érigèrent un monument, où ils placèrent deux longues épitaphes ; la première, gravée sur une table de cuivre, « à plate terre », était ainsi conçue : D.O.M. REVERENDISSIMI IN X° PATRIS D. D. ANTONII DE REVOL DOL. ANTIST. VIGILmi, INTEGmi, INNOCmi, EPITAPHIUM. PLANGITE EHEU ! ACERBUM CASUM, CIVIS GREX DOL. TOTA DEMUM ARMORICA ; PATER PRÆSUL PRÆSES VESTER , IPSAMET COMITAS SANCTITAS, IN REBUS GERENDIS SOLERTIA ANTONIUS REVOLLIÆ GENTIS SUPREMUM DECUS VIXIT ; CESSERE TANDEM FATIS ANNULUS, CRUX, INFULA ; IIS OMNIBUS IN LUDI BREVIS HÆC URNA UTITUR INFELIX. SUO JURE AC NIHIL PRÆTER CADUCUM TOLLIT, PARCITE FLETIBUS, 0 CIVITAS, PLEBS, PROVINCIA, MELIOR ANTONII PARS CELESTIS, NEMPE ILLA ORIGO RESTAT, QUÆ, ASSERENTE NUMINE, TRANSIT INGENIUM UTIQUE PIO UT SOLEBAT AMORIS ADFECTU EXERTA CURA IN OMNIUM VESTRUM COMMODA, NUNC QUAM MAXIME PERENNITER QUÆ INVIGILANTEM SIC ILLE ÆTERNUM ELUEBIT HEROS VESTER. REDDITE JUSTA, DICITE GRATA, SPARGITE FLORES VERBA PARENTI. SEDIT ANNOS 25, MENSES 7, OBIIT 8 ID. AUG. 1629, ANNUM ÆTATIS AGENS 61. Ennemondus de Revol, hujus ecelesiœ prœcentor, ex fratre primogenito filius, et Ludovicus de Revol, hujus ecelesiœ canonicus, ex fratre domino de la Ramillère, et Guillelmus de Revol, Guillelmus de la Buissière mœrentes imposuerunt. 

Cette inscription n'existe plus, mais sur une table de marbre scellée dans la muraille de la chapelle, surmontée du buste de l'évêque et de son écusson : d'argent à trois trèfles de sinople, est encore gravé ce qui suit : D.O.M. SISTE, VIATOR, MORÆ PRETIUM FERES. HIC VITÆ PURIORIS VEL SECTANDA NORMA, VEL COLENDA MEMORIA TIBI SUBJICITUR. VIR MAXIMUS ANTONIUS, PATRIA DELPHINUS, GENERE REVOLIUS, HAUD IMPAR MAJORIBUS SUIS, ANNIS JUNIORIBUS UTRAMQUE MILITIAM PROFESSUS EGREGIE, TANDEM ÆTATE MATURIORI UNICE CHRISTI MILITIÆ SE ADDIXIT. PRIMUM APUD SUOS SANCTI RUFI ABBAS, DEIN APUD ARMORICOS HUJUS DOLENSIS ECCLESIÆ PRÆSUL EFFECTUS EST, EAM REXIT ANNIS 25, PRORSUS INCUMBENS ILLI, CAVENSQUE NE QUÆ DEBET, VEL AB EPISCOPO PIETAS, VEL A COMITE FORTITUDO, A QUOQUAM IN EO DESIDERARI POSSET. CATHEDRÆ SUÆ CONVULSUM HONOREM TENENDI PRIMAS IN COMITIIS HUJUS PROVINCIÆ PENITUS ASSERUIT ; MONASTERIORUM HAC IN URBE EXISTENTIUM UNUM AD STRICTIOREM PIETATEM COMPULIT, ALTERUM E SUO FUNDAVIT ; DUM AD COMPESCENDOS TUM TEMPORIS INSOLENTISSIMOS IMPETUS MARIS AD EJUS RIPAM SACRUM FACTURUS ACCEDERET, EX PERTINACIA LABORIS ET AERIS INJURIA FEBRIM CONTRAHIT, A QUA DIEBUS NOVEM VEXATUS, X° CONFICITUR ANNO R. S. 1629, AD DIEM AUGUSTI SEXTAM ; OMNIA SUA MORIENS IN PIAS LARGITIONES EFFUNDIT. HOC IN SACELLO JUGE SACRIFICIUM JUGITER ET DIEBUS SINGULIS PRO ANIMÆ SUÆ REMEDIO CURAT OFFERENDUM. QUID A MAGNO PRÆSULE MAJUS EXSPECTAS ? ABI, VIATOR, ET QUAM TIBI OPTAS QUIETEM, EAMDEM El DEPRECARE. Edmundus, hujus ecclesiœ prœcentor et prior Subdolensis, sanctœ sedis apostolicœ protonotarius, ex fratre primogenito filius, mœstissimus poni curavit. 

Nous possédons un sceau de Mgr de Revol en date de 1614 ; il est rond et renferme un écusson portant : d'argent à trois trèfles de sinople ; cet écu est timbré d'une croix archiépiscopale, d'une crosse et d'une mître, et soutenu par des branches d'olivier et de palmier ; la légende est : + ANTONIUS REVOL EPISCOPUS COMES DOLENSIS (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 118 – Juhel de la Plesse, Chronologie ms. des Evêques de Dol). 

LXVIII. — HECTOR D'OUVRIER naquit à Toulouse, de Rigal d'Ouvrier, conseiller au Parlement de cette ville, et de Béatrix Potier de la Terrasse ; il était docteur en droit civil et canonique, abbé de Saint-Menje de Châlons et aumônier de la reine Marie de Médicis, lorsqu'il fut nommé à l'évêché de Dol et sacré à Paris, le 2 août 1630, par l'archevêque de cette ville, Jean-François de Gondy, assisté des évêques de Die et de Luçon. Il prit possession de son évêché, par procureur, le 25 août, et devint conseiller d'Etat et gouverneur de la ville et du château de Dol au mois de septembre de la même année. Ayant permuté son évêché avec celui de Nîmes, occupé par Antoine Cohon, Hector d'Ouvrier quitta Dol en 1644 ; il mourut à Nîmes le 20 juin 1655, âgé de 69 ans, et fut inhumé dans le choeur de la cathédrale. Le Chapitre de Dol célébra, le 21 juillet suivant, un service pour le repos de son âme. 

Mgr d'Ouvrier portait un écusson : d'azur au chevron d'argent chargé de sept merlettes de sable, accompagné de trois fleurs de lys d'or formées d'épis de blé de même, liées de deux cordons d'argent, 2 en chef, 1 en pointe ; timbré d'un casque et d'une couronne comtale, surmonté de la croix archiépiscopale et sommé d'une mitre. Le sceau de cet évêque, rond et armorial, renferme ce même écu timbré d'une croix, d'une crosse et d'une mitre, et surmonté d'un chapeau à six houppes en 1638 et à dix houppes en 1641. La légende porte : HECTOR D'OUVRIER EPISCOPUS DOLENSIS (Catalogue d'Albert Le Grand – Archives départementales, 4 G, 118 – Archives municipales de Dol) 

LXIX. — ANTHYME-DENIS COHON fils d'un marchand cirier de Craon, naquit en 1594 et se distingua de bonne heure par ses talents et par sa science théologique. Devenu chanoine et prévôt de l'Eglise de Chartres, puis prédicateur ordinaire du roi et son conseiller en tous ses conseils, il fut nommé par Louis XIII évêque de Nîmes en 1633. C'est de cette ville qu'il vint à Dol en 1644, par suite d'une permutation avec Hector d'Ouvrier. Anthyme Cohon conserva peu de temps l'évêché de Dol, dont il se démit en 1648 ; il devint alors abbé du Tronchet en 1649, doyen du Folgoët en 1650, et finit par remonter sur le siège épiscopal de Nîmes en 1655. Il mourut dans cette ville, le 7 novembre 1670. D'après M. de Courcy, Mgr Cohon devait porter : d'or à deux serpents entrelacés et adossés de sable, au chef de même chargé d'une étoile à six rais d'argent (Nobiliaire de Bretagne – Gallia christiana).

LXX. — ROBERT CUPIF appartenait à une famille écossaise établie en Anjou et était fils d'Elie Cupif, président des Grands-Jours de Vendôme, et de Marie Grimaudet. D'abord grand-archidiacre, chanoine, official et vicaire général de Cornouailles, il devint doyen de la collégiale du Folgoët et prieur de Lochrist ; nommé évêque de Léon et sacré en 1640, il fut, en 1648, transféré à Dol ; mais il ne put obtenir ses bulles pour ce dernier évêché qu'en 1652 et ne prit possession que le 16 février 1653. Ce prélat fut souvent en querelle avec le Chapitre de Dol, et mourut à Rennes, plaidant contre lui, le 21 septembre 1659 ; son corps fut inhumé dans cette ville, selon ses dernières intentions, le 27 du même mois, en l'église conventuelle des Grands-Carmes ; il reposait dans la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié, « tout joignant la muraille, du costé de l'épistre ». Le sceau de Mgr Cupif est rond et sans légende ; il renferme un écu : d'azur au chevron d'or accompagné de trois trèfles de même, timbré d'une croix, d'une mitre et d'un casque, soutenu d'une branche d'olivier et d'une branche de palmier (Archives départementales, 4 G, 121, 189 – Registre de sépultures du couvent des Carmes de Rennes). 

LXXI. — MATHIEU THOREAU, fils de René Thoreau, seigneur de la Grimaudière, naquit le 14 avril 1612, en la paroisse de Saint-Porcher, à Poitiers, d'une ancienne famille de cette ville ; docteur de Sorbonne, chanoine et doyen de la cathédrale de Poitiers, il était agent du clergé de France en 1660 et se distinguait par son zèle contre le jansénisme, quand il fut nommé évêque de Dol. Mgr Thoreau fut sacré à Paris, le 2 octobre 1661, dans l'église des Grands-Augustins, par Mgr Le Bouthillier, archevêque de Tours, assisté de Mgr de la Vieuville, évêque de Rennes, et de Mgr Colbert, évêque de Luçon. Le nouveau prélat fit son entrée solennelle à Dol le 21 novembre suivant. Mgr Thoreau et son frère Philippe, chantre et gouverneur de Dol, firent beaucoup d'améliorations dans cette ville et s'attirèrent l'affection des habitants. L'évêque fonda une messe quotidienne à Saint-Samson, et mourut au manoir des Ormes le 31 janvier 1692, âgé de quatre-vingts ans ; il fut inhumé, selon ses désirs, dans la chapelle absidale de la cathédrale de Dol ; son tombeau s'y trouve encore, composé d'une grande dalle de marbre noir ornée de ses armoiries : de gueules (alias d'azur) au taureau rampant d'or, la queue relevée en pal, et portant cette inscription : - HOC MARMORE TEGITUR - REVERENDUS IN CHRISTO PATER ET DOMINUS - D. MATHÆUS THOREAU, - EPISCOPUS ET COMES DOLENSIS, - REGI A SANCTIORIBUS CONSILIIS, - CLERO GALLICANO QUONDAM REBUS AB UNIVERSIS, - GENERE INTER PICTAVIENSES ILLUSTRIS, - PIETATE INTER PRÆSULES CONSPICUUS, - IN REGENDO PRUDENS, - IN DEFENDENDO SAGAX ; - QUEM POSTQUAM VENETIIS ARMORICI - GENERALIUM COMITIORUM - PRÆSIDEM INTEGERRIMUM HABUERUNT, - NON MULTO POST VITA FUNCTUM - MOESTISSIMI VIDERUNT. - ANNO REDEMPTÆ S. H. 1692, ÆTATIS 80, PONTIFICATUS - 32, PRIDIE KALENDAS FEBRUARII. - REQUIESCAT IN PACE !

Le sceau de Mgr Thoreau, en 1678, ovale et armorial, renferme son écusson, surmonté d'une couronne de comte, timbré d'une croix, d'une mitre et d'une crosse, le tout recouvert d'un chapeau à dix houppes. Il n'y a pas de légende (L'abbé Lécarlate, Histoire ms. des Evêques de Dol – Archives départementales). 

LXXII. — JEAN-FRANÇOIS DE CHAMILLART, né en 1657, appartenait à une famille noble de Paris ; docteur en théologie, il fut d'abord abbé commendataire de Font-Gombault, puis nommé évêque de Dol ; l'archevêque de Sens le sacra à Paris, le 30 novembre 1692, dans l'église des Minimes de la place Royale. Arrivé à Dol, il y fonda un séminaire qu'il confia aux Eudistes ; mais en 1702 il fut transféré sur le siège épiscopal de Senlis. Mgr de Chamillart succéda à Bossuet dans la charge de premier aumônier de la duchesse de Bourgogne et devint aussi membre de l'Académie Française. Il mourut à Paris le 16 avril 1714, âgé de cinquante-sept ans ; son corps, transporté à Senlis, fut inhumé dans la cathédrale. L'écusson de cet évêque de Dol était : d'azur à la levrette passant d'argent, colletée de gueules, au chef d'or chargé de trois étoiles de sable ; timbré d'une couronne de comte et d'un chapeau à six houppes (Bibliothèque Nationale, ms. lat., n° 17025). 

LXXIII. — FRANÇOIS-ÉLIE DE VOYER DE PAULMY D'ARGENSON était fils de René de Voyer de Paulmy, comte d'Argenson, ambassadeur de France à Venise, et de Marguerite Houiller de la Poyade. D'abord chanoine, puis doyen de Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, il fut nommé évêque de Dol le 15 avril 1702, et sacré, le 18 mars 1703, dans la chapelle de l'archevêché par le cardinal de Noailles, assisté de Mgr de Chamillart, évêque de Senlis, et de Mgr d'Aubigné, évêque de Noyon. François d'Argenson combattit vigoureusement les jansénistes, et fut transféré en 1715 à l'archevêché d'Embrun, d'où il passa en 1719 à celui de Bordeaux. Il y mourut, âgé de soixante-quinze ans, le 25 octobre 1728, avec les titres de conseiller d'Etat et d'abbé commendataire de Preuilly et du Relec. Les armoiries de cet évêque de Dol étaient : écartelé : au 1er et 4ème d'azur à deux lions léopardés d'or, passant l'un sur l'autre, couronnés de même, qui est de Voyer ; au 2ème et 3ème d'argent à la fasce de sable, qui est Gueffault ; sur le tout : d'azur au lion ailé d'or, tenant un livre ouvert et soutenu d'une champagne de sinople, qui est Venise ; cet écu, sur le tout, est surmonté d'une couronne fermée d'or, brochant

Le sceau de Mgr d'Argenson, en 1712, est de forme ovale et reproduit son blason, timbré d'une couronne de marquis accostée d'une mitre et d'un casque, sommé d'une croix archiépiscopale et recouvert d'un chapeau à quinze houppes ; la légende est : + FRcus ELlias DE VOYER DE PAULMY D'ARGENSON EPs COMES DOLENSIS (Bibliothèque Nationales, ms. lat., n° 17025 – Archives départementales, 26 H, 275).

LXXIV. — JEAN-LOUIS DE BOUSCHET DE SOURCHES, fils de Louis de Bouschet de Sourches, grand-prévôt de l'hôtel du roi, et de Marie-Geneviève de Cambes de Montsoreau, naquit en 1669, et fut tenu par Louis XIV sur les fonts baptismaux. Il était aumônier du roi et abbé commendataire de Troarn, en Normandie, quand le roi le nomma évêque de Dol, en 1715. Sacré le 12 juillet 1716, il fit son entrée solennelle dans sa ville épiscopale le 12 octobre de l'année suivante. Comme ses prédécesseurs, Mgr de Sourches combattit vivement les erreurs jansénistes ; il fonda en 1738 le collège de Dol, créa un hôpital près de son abbaye de Troarn, et se fit aimer de tous ses diocésains par son zèle et sa charité. Ce digne prélat mourut à Dol le 23 juin 1748, et fut inhumé le 27 dans la chapelle absidale de sa cathédrale, où l'on voit encore son tombeau avec cette épitaphe : - HIC JACET ILLUSTRISSIMUS AC REVERENDISSIMUS - D. JOANNES LUDOVICUS DE BOUSCHET DE SOURCHES, - EPISCOPUS COMES DOLENSIS,
- ABBAS S. MARTINI DE TROARNO, - PASTOR VIGILANTISSIMUS, - PIETATE ET DOCTRINA INSIGNIS, - FIDEI CATHOLICÆ PROPUGNATOR ACERRIMUS, - PAUPERUM PATER, - HUJUS TEMPLI RESTAURATOR MUNIFICENTISSIMUS, - COLLEGIIQUE DOLENSIS FUNDATOR ET EXTRUCTOR LIBERALISSIMUS, - OBIIT DIE XXIII JUNII, AN. D. MDCCXLVIII - ÆTATIS SUÆ ANNO 70, PONTIFIC. VERO SUI ANNO 32. - REQUIESCAT IN PACE, AMEN. - MOERENS POSUIT CAPITULUM DOLENSE. 

Le sceau de Mgr de Sourches présente un écu ovale : écartelé au 1er et 4ème d'argent à deux fasces de sable, qui est de Bouschet ; au 2ème et 3ème d'azur semé de fleurs de lys d'argent accompagnées d'un lion de même, qui est de Montsoreau ; timbré d'un couronne de marquis, accompagnée d'une croix, d'une mitre et d'un casque, et surmonté d'un chapeau à quinze houppes (M. Gautier-Bidan, Cathédrale de Dol, 88 – Archives municipales de Dol – On a placé les armoiries de Mgr de Sourches dans les nouvelles verrières de la cathédrale). 

LXXV. — JEAN-FRANÇOIS DONDEL, fils de Pierre Dondel, seigneur de Keranguen, et de Marie-Hyacinthe de Louënan, dame de Kergouano, appartenait à une famille noble de l'évêché de Vannes ; il fut d'abord chanoine, puis trésorier, et enfin archidiacre et vicaire général dans ce diocèse. Nommé évêque de Dol, il fut sacré à Paris le 16 février 1749, dans la chapelle des Jésuites, par Mgr de Montmorin, évêque de Langres, assisté de Mgr de Fargues, évêque de Saint-Claude, et de Mgr Bertin, évêque de Vannes, et fit son entrée à Dol le 1er mai suivant. Mgr Dondel fit reconstruire le palais épiscopal de Dol tel qu'il existe encore, et après avoir dignement gouverné son diocèse pendant dix-huit ans, il mourut en son palais le 11 février 1767, et fut inhumé le 19 du même mois dans la chapelle absidale de sa cathédrale, à côté de Mgr Thoreau. Voici l'épitaphe gravée sur son tombeau : - HIC JACET - ILLUSTRISSIMUS AC REVERENDISSIMUS D. D. JOANNES-FRANCISCUS DONDEL - NOBILI ET ANTIQUA PROSAPIA VENETIÆ ORTUS, - APUD SUOS, ECCLESIÆ CATHEDRALIS THESAURARIUS, - TUM ARCHIDIACONUS ET VICARIUS GENERALIS, - MUNIA SIC ADEMPLEVIT UT EXEMPLAR - IN OMNIBUS HABERETUR. - UNIVERSORUM PLAUSU DOLENSES AD INFULAS - VOCATUS - CHRISTIANA HUMILITATE, MORUM SUAVITATE, DOCTRINÆ - INTEGRITATE, - IN DEUM PIETATE, IN ECCLESIAM OBSERVANTIA, - ASSIDUA AD FOVENDUM GREGEM SIBI CREDITUM - PRÆSENTIA, - PATERNA IN PAUPERES CHARITATE, DILECTUM SE DEO ET HOMINIBUS - PRÆSTITIT. - HUJUS BASILICÆ TECTA RESTAURAVIT - EAMQUE PRÆTIOSIS DITAVIT ORNAMENTIS. - XENODOCHIUM VETUSTATE COLLABENS - RESTITUlT. - DOMUM AD PUELLARUM INSTITUTIONEM - ET AD EGENORUM LEVAMEN EREXIT ET DOTAVIT, - DENIQUE - VITAM LABORIBUS EXERCITAM CLARAM VIRTUTIBUS - MELIORE VITA COMMUTAVIT, - TERTIO IDUS FEBRUARII - ANNO 1767 - SUI PONTIFICATUS XIX - ÆTATIS LXXIV. Hoc monumentum gratus ac mœrens posuit Joannes-Hyacinthus Colin de la Biochaye, Abbas B. Mariœ de Truncheto, Ecclesiœ Dolensis prœcentor et canonicus vic. gen. et officialis. 

Le sceau de Mgr Dondel, de forme ovale, présente en 1762 un écu portant : d'azur au porc-épic d'or, timbré d'une couronne de marquis et d'une croix archiépiscopale, surmonté d'une mitre et d'un casque, le tout recouvert d'un chapeau à quinze houppes (M. Gautier-Bidan, Cathédrale de Dol, 89 – Archives départementales, 4 G, 1 – L'on a placé les armoiries de Mgr Dondel dans les nouvelles verrières de la cathédrale). 

LXXVI. — URBAIN–RENÉ DE HERCÉ, fils de Jean-Baptiste de Hercé et de Françoise Tanquerel, naquit à Mayenne le 6 février 1726. Il était vicaire général de Nantes lorsqu'il fut nommé évêque de Dol. Sacré à Paris le 5 juillet 1767, dans l'église de Saint-Sulpice, par Mgr de Talleyrand-Périgord, il fit son entrée à Dol le 6 septembre suivant. Ce fut un saint prélat qui fit beaucoup de bien dans son diocèse et qui termina dignement la liste des pasteurs de Dol. Chassé de son siège par la Révolution française, il quitta Dol le 1er avril 1791, et se réfugia d'abord à Mayenne ; mais plus tard, obligé de s'exiler à l'étranger, il gagna l'Angleterre et fit partie de l'expédition de Quiberon, qui se termina si malheureusement. Saisi avec son frère, vicaire général de Dol, et emprisonné à Vannes, Mgr de Hercé montra un courage inébranlable devant la mort ; le 3 juillet 1795, le vénérable évêque de Dol fut fusillé sur la Garenne de Vannes et tomba martyr de la charité. Son corps, d'abord inhumé sur le lieu même de son supplice, fut plus tard relevé et déposé dans la cathédrale de Vannes, en la chapelle Saint-Louis ; une simple pierre tombale y recouvre aujourd'hui ses honorables restes, et l'inscription qu'on avait gravée sur cette dalle est déjà effacée et illisible. 

Le sceau de Mgr de Hercé, de forme ovale, présente un écu portant les armes de sa famille : d'azur à trois herses d'or, 2, 1, timbré d'une couronne de marquis placée entre une mitre et une crosse, surmonté d'une croix archiépiscopale et d'un chapeau à quinze glands ; la légende est : URB. REN. DE HERCE EPIS. ET COMES DOLENSIS. — Dans un autre sceau aux mêmes armes et à la même légende, la croix est posée en pal derrière l'écu, entre une mitre et un casque (Archives départementales. — Communication de M. l'abbé Luco. — Les armoiries de Mgr de Hercé ont été placées dans les nouvelles verrières de l'ancienne cathédrale de Dol).

(abbé Guillotin de Corson - Pouillé de Rennes).

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