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Le siège de Dinan en 1815

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La situation de l'Empire devenait dramatique, quand, le 13 février 1814, les paroisses de Dinan, obéissant à un mandement de l'évêque, firent une procession générale pour le succès de la lutte contre les ennemis qui préparaient l'invasion. « Les prières à la procession furent faites (dit l'abbé Carron d'Amery, curé de St-Sauveur) par les fidèles en divers sens, selon qu'ils étaient affectés ; les uns demandaient que les ennemis fussent repoussés et les autres, le retour des Bourbons sur la terre de France ». Les derniers se virent satisfaits.

Après la chute de Napoléon, la municipalité dinannaise envoya une adresse à Louis XVIII, le 15 Mai 1814, afin de l'assurer de son dévouement et de la joie de la population. On lisait notamment dans cette adresse « ... Nous avons salué de toutes nos bénédictions le retour du meilleur des pères dans la personne auguste de votre Majesté. Il est si doux d'obéir à ceux qu'on aime, etc... ».

Le 13 Mars 1815, à la suite du débarquement de Napoléon sur le continent, les mêmes conseillers municipaux font parvenir une nouvelle adresse au roi : « Sire, interprète des sentiments des fidèles habitants de Dinan, nous nous empressons de renouveler à votre Majesté l'assurance de leur dévouement à votre auguste personne et leur vœu bien prononcé pour le maintien de l'ordre et l'exécution des lois. Pleins de confiance dans les mesures qu'il plaira à votre Majesté d'ordonner, ils ne doutent nullement que la paix momentanément troublée par l'entreprise insensée d'un ambitieux, bientôt rétablie, ne les fassent jouir du bonheur que leur assure la Charte et le gouvernement paternel de votre Majesté ».

On écrivait cela avec la persuasion que « l'ambitieux » serait bientôt renvoyé dans son île, mais il n'en fut rien. Aussi, le 3 Avril 1815, les mêmes conseillers municipaux, à l'exception pourtant de quatre royalistes de tradition, se réunirent-ils pour envoyer cette fois une adresse à l'Empereur ainsi formulée « Les sentiments des habitants de Dinan, momentanément comprimés par les circonstances, se prononcent avec une nouvelle énergie pour votre Majesté. Oui, Sire ! ce ne sera point en vain que vous l'aurez promis, la liberté, l'égalité des droits, la paix qui peut seule consolider le destin des Empires seront les fruits de l'heureux retour de votre Majesté et forceront non seulement la génération présente, mais jusqu'à nos arrières-neveux à bénir l'instant qui la rend à nos vœux » [Note : Chateaubriand dit de ce temps-là : « Dans l’espace de quelques mois, on avait pris, quitté et repris tour à tour la cocarde blanche et la cocarde tricolore. Le passage d’un courrier à travers la France faisait changer les cœurs et la couleur du ruban »].

Les édiles dinannais étaient prompts à se ranger derrière un nouveau maître, mais depuis 1792 ils en avaient tant vu. Leur préoccupation était de ne pas se créer « d'histoires » et de suivre le courant.

Cependant, tout le monde n'était pas d'acord. Si l'Empereur était reçu avec enthousiasme par l'ancien parti révolutionnaire, les privilégiés de l'Empire et ceux qu'avait alarmés la politique de la Restauration, la situation était différente du côté royaliste, où l'on n'acceptait pas le retour de « Buonaparte ».

Le drapeau tricolore avait été hissé sur la tour de l'horloge le 25 Mars 1815, mais dans les campagnes se constituait une armée de volontaires royalistes.

La ville fut remise en état de défense en Juin 1815, cependant que l'armée se dirigeait vers la Belgique pour l'ultime rencontre avec les Alliés.

Les quatre portes de la ville devaient être refaites ; des fosses profondes creusées dans le Grand Chemin devaient être garnies de palissades et partout où se présentait une brèche, des réparations de maçonnerie étaient prévues. Enfin, tout le parti fidèle à l'Empereur se montrait résolu à défendre la ville.

Le 18 Juin 1815, Watterloo scellait pour jamais le destin de Napoléon. La nouvelle dut se répandre rapidement à travers toute la France et Dinan, qui continuait à se fortifier, n'ignorait point les évènements, mais cet homme étonnant était déjà revenu et on pouvait douter de sa défaite définitive.

Le 23 Juillet 1815, le colonel de Pontbriand, chef d'un corps de volontaires royaux de l'arrondissement de Dinan et préparant le passage au prince de la Trémoille [Note : Charles, Bretagne, Marie-Joseph de la Trémollie (1764-1839) servit dans les armées autrichiennes, pair de France] arriva devant Dinan.

Un officier, député pour parlementer avec les fédérés (engagés volontaires de 1815) qui tenaient les remparts, fut menacé d'être fusillé.

Le Commandant de la place consentit enfin à venir trouver le colonel de Pontbriand. Celui-ci assura qu'il avait l'ordre de se rendre à Dinan, qu'il y entrerait de gré ou de force, engageant à bien recevoir le prince de la Trémoille, représentant du roi, « Je vous donne une heure, dit-il, vous pouvez annoncer que je vais préparer les échelles, que si l'on me contraint d'employer la force, je serai bientôt maître de la place et malheur à ceux qui seront pris les armes à la main ».

Les fédérés permirent, cependant, au colonel de Pontbriand d'entrer en ville afin de ménager un accord avec les autorités, en présence du prince de la Trémoille, mais lorsqu'il voulut sortir pour rejoindre ses hommes, il fut attaqué et faillit être tué.

Enfin, il fallut céder à la force et s'incliner devant le peu de chaleur de la population pour accepter un combat inutile et perdu d'avance. Les fédérés se calmèrent après quelques manifestations qui coûtèrent la vie à deux jeunes royalistes.

Le triomphe des troupes royalistes fut célébré par un Te Deum. C'était la conclusion ordinaire, de tout succès, d'un côté ou de l'autre, et les mêmes personnes y assistaient.

Le 4 Août, la municipalité qui devait avoir dans ses tiroirs des drapeaux tricolores et des drapeaux blancs, écrivait à Louis XVIII, revenu dans son palais : « Sire ! vos bons habitants de Dinan ont pu être un instant entraînés par les circonstances sous lesquelles vient de gémir la France, mais leur amour pour votre Majesté, profondément gravé dans leur coeur, n'en a pas été un moment altéré et c'est avec une bien vive satisfaction qu'ils se voient maintenant libres de déposer aux pieds de Votre Majesté les assurances de leur respectueux attachement. Vive le Roi ! ».

Voilà qui est touchant et Louis XVIII se montra probablement très satisfait d'une pareille sincérité.

Il recevait d'ailleurs une foule d'adresses semblables et savait, sans doute, ce qu'il fallait en penser !

(M. E. Monier).

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