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Le siège de Dinan en 1065

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Dinan n'était encore qu'une grosse bourgade groupant ses maisons au bord de la rivière, sur une partie du plateau, et dans le ravin du Jerzual lorsque Guillaume de Normandie vint assiéger son château qui ne devait pas avoir plus d'une trentaine d'années d'existence et protégeait la petite ville naissante.

La cause du siège, de 1065, fut la guerre entreprise par le duc de Bretagne, Connan II, contre ses vassaux révoltés. Conan II s'était trouvé assis sur un trône branlant dès son avènement. Il n'avait que trois mois lorsque son père mourut et sa longue minorité avait habitué les Bretons à un nouveau maître, lequel avait retiré l'enfant près de lui et le gardait : c'était son oncle Eudon de Penthièvre. Celui-ci qui se considérait duc de Bretagne, avait le soutien d'un parti qu'il entretenait avec habileté. Mais un autre parti avait placé ses ambitions sur l'héritier légitime et lorsque celui-ci eût atteint l'âge de dix ans, des barons hostiles à Eudon enlevèrent l'enfant à son tuteur et le reconnurent duc de Bretagne.

Eudon conserva pourtant le pouvoir jusqu'en 1057, année où Conan, parvenu à ses 20 ans, résolut d'être le maître dans son duché.

Il battit son oncle et fit face à toutes les résistances à sa souveraineté mais il avait affaire à des vassaux turbulents.

En 1064, Conan, eût à contenir une révolte de seigneurs du Comté de Rennes ayant pour chef Rivallon de Dol, ou de Combourg.

Se sentant insuffisamment protégé dans son château de Combourg, château constitué probablement par une tour où le bois était le principal matériau, Rivallon alla s'enfermer dans Dol où il possédait des défenses plus fortes et là, il attendit Conan, qui vint bientôt l'assiéger.

Mais redoutant une défaite, malgré la solidité de la position, Rivallon fit appel à Guillaume de Normandie, pour venir le débloquer. L'invitation fut entendue et Guillaume qui ne craignait point les combats fit avancer son armée vers la Bretagne. C'est alors que Conan exaspéré par cette intervention du duc de Normandie proposa de le rencontrer en combat singulier un certain jour fixé à condition que d'ici-là Guillaume ne se mêlerait pas de ses affaires. Il en fut ainsi décidé, mais le siège de Dol s'étant prolongé au-delà de l'époque du rendez-vous, Conan, retenu en Bretagne, manqua par force son engagement. Ne voyant pas venir son adversaire, le Duc de Normandie entreprit d'aller le chercher à la tête de ses hommes. Il s'était adjoint pour cette campagne le saxon Harold, alors ambassadeur du roi Edouard d'Angleterre. Cet allié d'un moment allait bientôt devenir l'ennemi et motiver par son attitude la grande expédition qui soumettrait l'Angleterre à Guillaume.

Pour le moment, il guerroyait en Bretagne sous la bannière de Normandie.

A l'approche des forces de Guillaume, Conan leva le siège de Dol et courut s'abriter à Rennes, poursuivi par l'ennemi.

Pour apprendre le déroulement des hostilités, nous nous aiderons d'un document fameux au point de vue historique et non moins intéressant pour l'histoire de l'art. Il s'agit de la longue bande de toile de lin brodée, qu'on nomme : la tapisserie de Bayeux — qui raconte en une série d'images expliquées par des légendes ce que fut cette campagne de Bretagne et surtout celle d'Angleterre.

L'armée en marche s'aventure dans les grèves du Mont St-Michel, pour couper au plus court, mais les sables mouvants gênent la progression et Harold s'emploie à dégager hommes et chevaux qui s'enlisent. Puis c'est l'arrivée devant Dol, d'où Conan s'empresse de filer à Rennes. La tapisserie montre les châteaux de Dol et de Rennes, châteaux d'une architecture bizarre, évidemment d'un dessin stylisé, mais où apparait tout de même, un effort pour atteindre la vraisemblance. Ces châteaux, avec celui de Dinan, qui nous intéresse spécialement, sont différents les uns des autres. On peut alors penser qu'il y a eu tentative de rendre la vérité et qu'il ne s'agit pas d'un simple décor, qui n'eût pas alors varié si les auteurs de la tapisserie avaient complètement ignoré l'aspect de ces forteresses primitives.

Conan, réfugié à Rennes, apprit que Guillaume menaçait les barons qui avaient refusé de se rebeller contre leur duc, parmi eux était le sire de Dinan. Conan accourut alors porter secours à son vassal et s'enferma avec lui dans son château. La tapisserie déroulant son histoire à la façon des bandes illustrées de nos journaux modernes, nous montre ce que fut le siège de Dinan mené par l'intrépide bâtard de Normandie.

L'affaire est expliquée en un tableau ayant pour légende « Hic milites Vilielmi ducis pugnant contra Dinantes » (Ici les soldats du Duc Guillaume attaquent Dinan). Les Normands sont vêtus de la broigne, grosse combinaison de toile ou de cuir sur laquelle des anneaux de fer étaient cousus, les uns près des autres. Ils portent des casques pointus prolongés sur le visage par une lame de fer protégeant le nez. Ils sont armés de lances ornées d'un gonfanon et portent des boucliers en forme d'amande. Leurs chevaux sont de belles bêtes robustes que l'artiste a fort bien rendues. La forteresse est défendue par des hommes à peu près harnachés comme les Normands et ils combattent en faisant pleuvoir des javelots sur l'ennemi.

Le château est érigé sur une butte figurée au moyen d'un arc (nous pensons que cette motte se trouvait sur le petit plateau triangulaire dominant la Rance, là où se dresse aujourd'hui la sous-préfecture de Dinan) et à son sommet est une bâtisse étrange, sorte de donjon, circonscrit à quelque distance par un rempart de gros poteaux plantés côte à côte. Un pont d'une grande longueur soutenu à sa base par des piliers accouplés franchit la douve et s'élève comme une échelle jusqu'à une porte de l'enceinte. L'ensemble figuré dans la broderie fait penser à l'un de ces édicules juchés sur le dos d'un éléphant de combat dans les vieilles armées indiennes. Le tout, château et remparts, doit être en bois, car des soldats normands armés de torches sont occupés à y porter le feu. L'incendie menaçant, il va falloir se rendre — et Cunan claves porrexit (et Conan tend les clés) dit la légende. Les clés accrochées à la pointe d'une lance sont offertes par Conan à son vainqueur qui les reçoit en tendant, lui aussi, sa lance. (Voir le hors- texte).

Tel fut le premier siège de Dinan qui ne dut pas être bien long ni bien meurtrier.

L'invasion de la Bretagne par Guillaume de Normandie, irrita les seigneurs bretons qui fondirent sur les responsables quand leur protecteur se fut éloigné. Rivallon de Dol fut attaqué dans Combourg et chassé de Bretagne après sa défaite. Ses biens confisqués contribuèrent à indemniser Olivier de Dinan des pertes et dommages causés par l'armée du Duc de Normandie.

Le danger ainsi prévenu, Guillaume fit voile vers l'Angleterre.

Dom Morice donne la version suivante de l'affaire, version un peu différente de celle que nous avons interprétée :

« Le Duc Conan ne jouit pas longtemps de la paix qu'il avait faite avec son oncle Eudon. Quelques seigneurs mécontens de son gouvernement allèrent trouver Guillaume, duc de Normandie, et l'invitèrent sous différens prétextes à passer en Bretagne pour les délivrer de la tyrannie de Conan. Guillaume étoit alors trop occupé de la Succession du royaume d'Angleterre pour s'engager dans une guerre en deça de la mer. Cependant pour réprimer les courses que les Bretons faisoient de tems et tems dans le pays d'Avranches, il s'avança sur la frontière et fit bâtir le fort St-James de Beuvron. Conan, piqué de cette démarche envoya un hérault d'armes vers Guillaume pour lui proposer un combat et lui en marqua le lieu et le jour. Guillaume ne pouvant avec honneur refuser ce défi donna ordre à ses troupes de marcher vers la Bretagne. Il mena avec lui Herald qui étoit venu lui offrir le royaume d'Angleterre de la part du roi Edouard afin de lui faire voir combien l'épée Normande l'emportait sur les haches angloises. Conan en attendant l'arrivée des Normans alla meltre le siège devant Dol où commandoit Rivallon, chef des rebelles. Il s'étoit imaginé que ce siège seroit terminé avant le jour marqué par le combat, mais il fut trompé dans son idée. Rivallon se défendit avec beaucoup de valeur et rendit inutiles par sa vigilance toutes les entreprises du Duc.

Le jour du combat étant arrivé, Conan prit le parti de se retirer vers Rennes très piqué des railleries de Rivallon. Guillaume s'étant présenté sur le champ de bataille et n'y ayant trouvé personne entra dans le pays de Dol où il apprit de Rivallon la retraite de son adversaire. Comme il ne s'étoit attendu qu'à un combat et qu'il n'avoit point fait provision de vivres il fut contraint de retourner en Normandie pour n'être pas à charge au pays de Dol.

Cependant le bruit s'étant répandu que Conan étoit allé au devant du comte d'Anjou qui venoit à son secours, il attendit quelque tems : mais l'ennemi n'ayant point paru, il alla faire le siège de Dinan qu'il prit part composition.

Aucun historien n'a fait mention de ce siège qui est représenté dans une tapisserie conservée en l'Eglise de Bayeux et que l'on regarde comme un ouvrage de la Comtesse Mathilde, femme de Guillaume le Conquérant.

Après cette expédition, Guillaume retourna en Normandie très satisfait d'avoir fait connoitre à Hérald la puissance de ses armes. A peine fut-il hors de Bretagne que Conan assiégea le château de Combourg où Rivallon s'étoit renfermé. Il se rendit maître de la place en peu de jours et il exila Rivallon pour le punir de sa révolte et de ses railleries. Il fut aidé dans cette expédition par le vicomte Hamon son gouverneur, Morvan vicomte de Léon, Geoffroi le Batard Comte de Rennes, Raoul de Gaël, Judicaël de Lohéac et Alain de Rieux. Ce fut apparemment vers le même tems qu'il reprit le château de Dinan, supposé que Guillaume Duc de Normandie ne l'eut pas abandonné avant son départ ».

(M. E. Monier).

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