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La reddition de Dinan en 1488

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Depuis l'avènement, au trône de France, du roi Louis XI, la Bretagne était sérieusement menacée dans son indépendance. La tentative d'annexion par Charles V, en 1378, avait échoué devant l'unanimité hostile des Bretons, mais à la fin du XVème siècle, tout était changé. Louis XI, monarque dont on connait l'habileté, était délivré de l'étreinte combinée des Ducs de Bretagne et de Bourgogne et ce dernier disparu de la scène lui laissait beaucoup de liberté contre François II de Bretagne. Se sentant seul, François II se préoccupa de sa défense. Les places bretonnes furent remises en état pendant les années 1476-1477 ; on sait que Dinan fut alors l'objet de soins sérieux et attentifs, mais derrière le bouclier, le moral des Bretons avait évolué. La cour de François II et la noblesse bretonne étaient très divisées. Deux partis agitaient le duché : l'un ayant à sa tête le trésorier Pierre Landais voulait coûte que coûte garder l'indépendance de la Bretagne envers la France, même avec l'appui dangereux d'une alliance anglaise ; l'autre parti, conduit par le chancelier Chauvin, ne voulait pas de guerre avec la France et avait pour lui le soutien des barons qui trouvaient profit à servir le roi.

Après la mort de Louis XI, sa fille, Anne de Beaujeu, régente pendant la minorité de son frère, le futur Charles VIII, continua la même politique habile, de son père, en divisant les forces de la Bretagne et en y entretenant un état de fermentation politique, accueillant dans l'armée et pensionnant les seigneurs bretons.

Le pays, ainsi peu à peu miné par l'intrigue et les intérêts divers, apparaissait préparé pour une conquête des armées françaises [Note : Avant de mourir, Louis XI avait toutefois recommandé d'attendre la majorité du jeune roi pour entreprendre une action en Bretagne].

François II voyait le danger grandir et essayait d'y parer.

Les Etats, convoqués à Rennes le 2 Février 1486, avaient reconnu héritières du duché les deux filles du duc, Anne et Isabeau. François II cherchait, en outre, des appuis auprès de l'étranger pour défendre les droits de ses filles contre les prétentions françaises basées sur un achat des droits des Penthièvre à la succession [Note : Cession par Nicole de Bretagne à Louis XI des droits qu'elle pouvait avoir sur le duché de Bretagne. D. Lobineau, Pr. 1381)].

L'armée française fit une première tentative sur Nantes, en 1487, avec l'accord de plusieurs barons bretons désireux d'évincer de Bretagne des princes français comme le duc d'Orléans (le futur Louis XII) réfugiés à la cour ducale. Les seigneurs bretons changèrent d'avis quand ils s'aperçurent des intentions réelles d'Anne de Beaujeu. L'année suivante, en 1488, Anne de Beaujeu confia une très forte armée au jeune capitaine Louis de la Trémoille, âgé de 27 ans. Le roi Charles VIII en avait alors dix-huit.

L'armée française pénétra en Bretagne et rencontra l'armée bretonne près de St-Aubin-du-Cormier, le 28 Juillet 1488.

La bataille fut un désastre complet pour les Bretons, mais pourtant des places comme Rennes, résolues à se défendre aux lendemains de cette défaite ne furent pas assiégées. Rennes fit une fière réponse aux envoyés du roi et découragea l'attaque. Mais Dinan et St-Malo ne montrèrent pas la même ardeur au combat.

Pour dégager les approches des murs de Dinan et priver un attaquant de possibilités de retranchements, des démolitions avaient été faites par les capitaines de la ville en 1487. C'est ainsi qu'on fut amené à détruire l'église St-Malo, vénérable monument de l'époque romane susceptible de se transformer en forteresse.

Le vicomte de Rohan qui combattait dans l'armée française, sous la Trémoille alors que son fils servant dans l'armée bretonne (bel exemple de la confusion qui régnait) avait été tué à St-Aubin-du-Cormier, arriva devant Dinan à la tête d'un gros détachement, en août 1488.

Les remparts se trouvaient en bon état. L'armement, qui était probablement celui-là que nous trouvons décrit dans un inventaire dressé, neuf ans plus tard, pouvait permettre de combattre honorablement. Mais le désastre de St-Aubin-du-Cormier était connu et cette nouvelle n'avait point élevé le moral [Note : Le Maréchal de Rieux qui s'étoit retiré dans cette ville après la perte de la bataille, y avait jeté la consternation. (D. Morice, T. 2, p. 484)]. Les trente chevaliers du voisinage enfermés dans la place et qui devaient normalement se faire les piliers de la résistance comprirent-ils le peu de chance d'un combat ? [Note : Une milice d'arbalétriers fondée par François II devait aussi représenter un soutien].

En tout cas, on renonça à une lutte qui s'annonçait mal, ou pour laquelle on n'avait aucun goût. N'oublions pas l'indécision des Bretons pendant ces années où se jouait l'indépendance de leur pays. La propagande de Louis XI et d'Anne de Beaujeu partait ses fruits.

La place fut rendue le 8 Août 1488.

Voici comment D. Lobineau rapporte la reddition de Dinan en 1488 :

« Le Maréchal de Rieux en fuiant avoit porté plus de terreur que de secours dans la première de ces places (Dinan). A peine le vicomte de Rohan l'eut fait investir par une partie de l'armée du roi que la garnison qui n'estoit composée que des habitans et de trente gentilshommes sous le commandement d'Amaury de la Moussaie demanda à capituler. Il fut acordé qu'ils mettroient la place entre les mains du vicomte de Rohan et qu’il y mettroie telles gens qu'il lui plairoit ; que s'ils apprenoient quelque chose qui fust préjudiciable au roi ils le lui révèleroient, qu'ils feroient serment au sire de Rohan ou à ceux à qui il confieroit la garde de la place, que l'armée du roi se retireroit incontinent ailleurs et que les habitans de la ville et de l'archidiaconé de Dinan seroient gouvernez en paix et traitez favorablement, que s'il se trouvoit quelque place dans toute l'étendue de l'archidiaconé qui refusast de se soumeltre, l'armée du roi pourroit l'assiéger et la prendre de force, que les habitans seroient maintenus dans leurs privilèges, qu'on ne les tireroit point hors de chez eux pour faire la guerre à qui que ce fust, que s'il y en avoit qui voulussent se retirer on leur donneroit quinze jours pour le faire librement, enfin que l’on rendroit le bétail et les prisonniers qui seroient trouvez leur appartenir et qui auroient esté pris depuis le premières ouvertures de cette composition. Les articles montrez au seigneur de la Trémoille il y consentit, ensuite de quoi le traité fut juré par le Vicomte de Rohan, par les gentilshommes et par les habitans. Ces gentilshommes furent outre la Moussaie : Rolland du Breil, sénéchal de Rennes ; Quebriac ; Chesmel-Maillechat, lieutenant du capitaine ; Quedillac-Taden ; Ferré-la-Garaye ; Vendel ; Plouer; Bouexière-Montfort ; Pastau ; Yvignac ; La Motte ; d'Espinai-Ville-Giloüart ; Le Gac du Plessix ; Bouexière ; Launai-Baudoûin ; Hnigant ; Ruffier de Cobats ; Launai ; Le Sage ; Rebours ; Gueraye ; deux, Ville-Ermoi ; Couplière ; Porcon ; Trémigon ; Avaleuc ; Bois-Adam ; Pélineuc ; Plumaugat et la Vallée.

Après que l'on eut mis garnison à Dinan l'armée Françoise alla assiéger Saint-Malo. La place fut battue de canon et se rendit au roi quoi qu'il y eust dedans mil ou douze cens hommes de garnison ».

La Bretagne vivait les derniers jours de son indépendance. Le conflit se terminera trois ans plus tard par un chant d'amour et les Bretons seront désormais de fidèles sujets du roi de France « nostre sire » comme on le trouve bientôt écrit dans les chartes de la fin du XVème siècle.

(M. E. Monier).

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