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Dinan pendant la guerre de Succession de Bretagne

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Le Duc de Bretagne Jean III étant mort sans enfants en 1341, une délicate question de succession se posa. Les prétendants au duché étaient : d'une part, Jeanne de Penthièvre, épouse de Charles de Blois, et d'autre part Jean de Montfort.

Jeanne de Penthièvre était fille de Guy de Penthièvre, frère de Jean III, et de Jeanne d'Avaugour. Elle était par conséquent nièce du duc défunt.

Au moment de l'ouverture de la succession, Jeanne de Penthièvre n'avait plus ses parents et elle était depuis 1337 la femme de Charles de Blois, neveu du roi de France Philippe VI de Valois.

Jean III avait, par ailleurs, un mi-frère, issu du remariage de son père, le duc Arthur II, avec Yolande de Dreux. Ce mi-frère, Jean de Montfort, qui avait épousé, en 1329, Jeanne de Flandre, fille de Louis de Flandre, comte de Nevers, vivait, en 1341, à la mort de Jean III.

Il s'agissait de déterminer à qui appartiendrait la couronne ducale. A Jeanne de Penthièvre, fille de celui qui aurait dû normalement hériter s'il avait vécu, ou à Jean de Montfort, héritier vivant, le plus proche en degré.

L'affaire considérée selon la coutume de Bretagne accordait le duché à Jeanne de Penthièvre et vue par la coutume de France le donnait à Jean de Montfort.

Les esprits en Bretagne étaient indécis, cependant sept évêques sur neuf se prononcèrent en faveur de Jeanne de Penthièvre et Charles de Blois, mais les barons estimaient qu'il fallait réfléchir.

Sans attendre la décision de la cour des pairs du royaume de France, qui devait arbitrer cette affaire successorale, Jean de Montfort plus prompt que Charles de Blois avait déjà pris possession du duché.

Le 7 septembre 1341, la cour des pairs par un Arrêt rendu à Conflans, attribua le duché à Charles de Blois et l'admit à faire hommage au roi, suzerain de Bretagne.

Le 24 du même mois, Jean de Montfort passait un traité d'alliance avec Edouard III (D. Morice, « Preuves », t. I, col. 1424).

Dès lors, ce fut la guerre, guerre soutenue par les Anglais du côté Montfort et par le roi de France du côté Blois.

Cette lutte qui devait durer 23 ans avec toutefois des alternatives de trèves et de combats se poursuivit parallèlement à l'autre guerre de Succession engagée, par Edouard III, pour la conquête du royaume de France dont il s'estimait l'héritier légitime.

Une fois encore l'Anglais avait été attiré en Bretagne pour défendre un parti, mais un pareil soutien s'avéra aussi dangereux et catastrophique que dans le passé. La Bretagne allait devenir un magnifique terrain de manœuvre pour les troupes que le roi d'Angleterre envoyait en France ; une porte d'entrée et une base de ravitaillement.

L'armée française pénétrant en Bretagne pour assurer le duché à Charles de Blois, s'empara de Nantes et le Comte de Montfort capturé fut emprisonné à la Tour du Louvre.

Mais sa femme qui, dit Froissart, « avait courage d'homme et coeur de lion », prit la direction du parti et y montra une étonnante valeur en se battant à cheval comme un soldat. Les vicissitudes de la guerre devaient conduire Jeanne en Angleterre où elle mourut en proie à la folie. Son fils prénommé Jean comme son père, arrivé à l'âge d'homme continua le combat où il allait enfin triompher et devenir le duc Jean IV.

Au cours de cette longue guerre, ce fut surtout la Basse-Bretagne qui fut le théâtre des opérations.

Dans cette partie bretonnante le Comte de Montfort et ses alliés Anglais trouvaient plus de sympathie dans la noblesse qu'en Haute-Bretagne où la langue et les mœurs attiraient davantage vers la France. De plus, le fief de Penthièvre couvrait toute cette dernière région et il était normal que Charles de Blois y rencontra ses partisans.

Dinan, ville ducale enclavée dans le Penthièvre, avait d'abord, comme Rennes, cédé sans résistance à Jean de Montfort dans sa chevauchée à travers le duché, mais la ville se rangea aux côtés de Charles de Blois lorsqu'il fut reconnu par la France comme l'héritier légitime.

La conséquence fut une première attaque anglaise en 1342 [Note : Edouard III était descendu en Bretagne deux jours avant la Toussaint 1342 disant « qu'il mettrait si bien le pays sans dessus dessous que 40 ans après il ne serait pas réparé » (Froissart)]. Conduite par le Comte de Salisbury, une troupe vint piller Dinan. Arthur de la Borderie, se fondant sur le rapport d'un espion français du nom de Jobelin, ne croit pas que la ville fut prise et dit que les faubourgs seulement furent pillés et incendiés [Note : Item le 24ème jour de décembre pour porter lettres faisant mencion come les forbours de Dynan estoient ars par le Comte de Sallebiere (Salisbury). (A, de la Borderie, « Histoire de Bretagne ». Extrait du rapport Jobelin)].

Cependant un Pouillé et obituaire, de l'église St-Sauveur conservé à la Bibliothèque municipale de Dinan contient la copie d'une charte de Charles de Blois datée de décembre 1344 où est mentionné un pillage de la ville qui doit se situer pendant cette attaque de 1342 (novembre ou décembre).

Voici un extrait de ce document :

« En l'an mil troys centz quarante et quatre que en celuy temps règnoit ung prince nommé Charles de Bretaigne duc deuxième de ce nom viconte de Limoges, seigneur de Guyse et de Maine à nostre segneschal ou à son lieutenant, comme au temps que le roy dengleterre fut en Bretaigne nostre ville de Dinan fut pillée et desrobée des Engloys et nous sceu que en faict ont tollu et raui et robé de trésor de l'église de Sainct Sauueur de nostredicte ville seix galices auecques les plataines, une custode dargent ou le corps notre seigneur estoit et ung pot d'argent... » ... donné à Bécherel le Xe jour de décembre l'an mil IIICC quarante quatre.

La suite apprend que ces objets étaient recélés à Dinan et que les receleurs devaient restituer.

Le choniqueur Alain Bouchart [Note : Avocat au Parlement de Rennes. Ses « Grandes Chroniques de Bretagne » parurent en 1514] qui écrivait au début du XVIème siècle rapporte ainsi la prise de Dinan : « Quant le roy d'Angleterre vit qu'il ne pouuoit entrer dedans Vennes (Vannes) il y laissa les chevaliers et grant nombre dautres pour tenir le siège et s'en va à Rennes à tout cinq cens hommes darmes et six mil archiers et trouua là ses gens qui tenoient le siège. Il fut III jours seullement et de là tira deuuant Nantes et y fut quelques temps. Il y laissa ung nombre de gens pour tenir le siège et auuec le demourant de ses gens et quelque autre nombre que la Contesse (Comtesse de Montfort) luy auoit enuoyé il alla meltre le siège à Dinan et ainsy alloit parmy le pays de Bretaigne faisant le gast. Il print Dinan dassault et fut pillée et lors en étoit capitaine pour messire Charles de Bloys messire Pierre Portebeuf et se tint le roy d'Angleterre pour ung temps à Dinan ».

Ainsi, d'après Bouchart, qui s'est documenté dans Froissart, l'attaque aurait été menée par Edouard III, mais la Borderie qui s'appuie sur l'ouvrage du savant, Siméon Luce — Critique des Chroniques de Froissart — croit que cette attaque dirigée par le roi d'Angleterre concerne Guéméné-Guigan (Guéméné-sur-Scorf) et non Dinan et que les vieux chroniqueurs ont confondu les noms des deux villes, Dinan et Guigan, que Froissart écrit encore parfois Dignang.

A la lecture de cette affaire dans D. Morice il apparaît bien que Siméon Luce et la Borderie aient raison. Les quelques indications concernant la ville et ses défenses ne correspondent pas du tout à Dinan. Cela pourrait être aussi Guingamp, car Pierre le Baud [Note : Conseiller et aumônier de la Reine Anne. Son « Histoire de Bretagne » a été publiée en 1638, pax d'Hozier] nous conte une prise de Guingamp, défendue de même par le capitaine Portebeuf qui ne pouvait être partout. L'attaque menée par le roi d'Angleterre ressemble, en outre, aux récits d'Alain Bouchart et D. Morice relatifs à Dinan. Mais les conditions géographiques de l'attaque de Guingamp d'après Le Baud ont bien plus de valeur que celles fournies par D. Morice pour Dinan.

Il y eut en ce temps deux actions parallèles ; l'une avec Dinan pour objectif, simple raid sur une ville aisément enlevée et pillée, puis une autre aboutissant à la prise d'assaut d'une ville qui est Guéméné ou plus vraisemblablement Guingamp.

En tout cas, le Pouillé de Saint-Sauveur est suffisant pour prouver le pillage de Dinan, en 1342. Il ne peut s'agir que de cette date, car Edouard III regagna l'Angleterre au début de 1343 et ne revint, en personne, sur le continent qu'en 1346.

Dans l'Histoire de Bretagne de D. Morice, T. I, page 270, nous trouvons mention d'une prise de Dinan, en 1344, par Thomas d'Agworth « les exploits des Anglois en Bretagne l'an 1344 se terminèrent à la prise de Dinan qu'ils réduisirent en cendres ». C'est tout. La source du renseignement est dans Froissart et dans les « Chroniques Annaulx » où nous lisons « MCCCXLIV. Villa de Dinan capta et combusta fuit ab Anglis » (curieux latin).

La Borderie, T. 3, page 486, croit que cette attaque doit être confondue avec celle de 1342. Le parti Anglais étant trop faible, en 1344, pour tenter quoi que ce soit.

Les chroniqueurs Pierre Le Baud et Bertrand d'Argentré (Maréchal de Bretagne, né à Vitré) parlent d'une prise de Dinan en 1345 par Thomas d'Agworth et le comte de Montfort qui, libéré de sa prison parisienne avait regagné la Bretagne sous un déguisement. Voici le passage de Bertrand d'Argentré « soudainement se retira (le comte de Montfort) aux troupes de messire Thomas Dagorne (d'Agworth) en l'an 1345. Le vendredy devant la sainct Jean tous ensemble s'en allèrent assiéger Kemper, naguères conquis par de Bloys, lequel aduerty de ce y enuoya des siens si bonne troupe, que le siège fut leué par force et le Comte enfermé en un petit château qui se trouva là près. Mais il n'y demeura guères et fut bruit qu'il se sauva par l'intelligence des gardes, par ce moyen ledit Comte se retira sans rien faire et s'en vint à Dinan laquelle il prit et fut saccagée et brûlée ».

Quimper est à une grande distance de Dinan, on n'imagine pas bien cette randonnée entre les deux villes à travers une région de la Haute-Bretagne où Charles de Blois était solidement établi. Il est donc probable que la confusion avec Guigant (Guéméné-sur-Scorff) est plus évidente ici encore que dans le cas précédent.

Hormis Le Baud et d'Argentré, aucun historien ne mentionne cette affaire de 1345 en ce qui concerne Dinan.

Après la mort de Jean de Montfort survenue le 26 Septembre 1345 [Note : Son corps fut inhumé aux Jacobins de Quimperlé] les forces Anglo-Montfortistes placées sous le commandement de Thomas d'Agworth, lieutenant général en Bretagne depuis Janvier 1347 (D. Morice. « Preuves », T. 1, col. 1460) taillèrent en pièces l'armée de Charles de Blois la Roche-Derrien, le 20 juin 1347. Charles de Blois y fut pris couvert de blessures.

Après, la Bretagne, comprise dans la trève signée à Calais au mois de Septembre 1347, connut un calme relatif jusqu'en 1352, date de la bataille de Mauron qui fut un nouveau succès pour les armes anglaises.

(M. E. Monier).

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