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Couvent des Capucins de Dinan vers 1790

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Couvent des Frères mineurs Capucins, de l'ordre de Saint-François. 

Renseignements Généraux. —

Cet établissement, sur l'emplacement duquel s'élèvent vers 1925 les bâtiments des Petites-Soeurs des Pauvres, fut fondé en 1614 par Jean d'Avaugour, seigneur du Bois de la Motte, avec la collaboration des habitants de Dinan. 

On peut lire une notice sur ce couvent dans l'Indicateur Dinannais, années 1848 et 1849. « Cette maison, déclarait-on en 1790, ne peut contenir plus de vingt religieux ». Le 29 janvier 1791, le Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) avait désigné comme susceptibles d'être conservés comme « maisons religieuses d'hommes », les couvents des Capucins de Dinan et de Saint-Brieuc, ainsi que l'Abbaye de Saint-Aubin-des-Bois, en Plédéliac (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 8). Mais seul le couvent de Saint-Brieuc fut provisoirement maintenu. On ferma celui de Dinan le 3 juin 1791, et l'on y apposa les scellés, donnant pour prétexte que le nombre des religieux qui y vivaient n'atteignait pas le chiffre 20 prescrit par la loi. Fouéré-Macé : Le Diocèse de Saint-Brieuc, op. cité, I, p. 140, donne quelques détails sur la fermeture de cette maison. 

La communauté des Capucins, qui s'étendait sur 2 hectares 40 centiares de terrain, fut estimée 10.200 livres en 1791, et fut vendue 21.500 livres le 9 mai 1794, mais à cause de la dépréciation des assignats, elle ne fut payée en réalité que 8.555 livres par l'acquéreur, le négociant Jean-Laurent Herpin, natif de Saint-Domingue, lequel avait épousé une nièce de Charles Néel de la Vigne, duquel on peut dire que lui ou ses alliés achetèrent quatre sur six des principaux couvents de Dinan. (Dubreuil : La Vente, etc., p. 115). 

Préalablement à la vente des Capucins, le mobilier de ce couvent, mis en adjudication comme bien national, avait produit 1.485 livres le 18 août 1791. 

Les capucins dinannais, ainsi qu'on va le voir, se montrèrent, à l'exception de deux, admirablement fidèles à leurs engagements, durant les jours mauvais de la persécution révolutionnaire. Nous ne nous occupons ici que de ceux qui vivaient en ce couvent en 1790 ; nous laissons de côté ceux qui vinrent se réunir à eux durant les premiers mois de 1791. 

 

PERSONNEL

GUILLAUME HERVÉ, dit le P. Joseph de Loudéac, était né au village de Launay-Marcadé, en Plémet, le 29 janvier 1734, du mariage de Mathurin et de Jeanne Moisan. Après avoir fait profession en 1754, il remplissait en 1790 les fonctions de gardien du Couvent des Capucins de Dinan. Lorsqu'on vint l'interroger à cette époque, conformément à la loi, sur son intention de mener la vie commune ou de sortir du cloître, lui et tous ses religieux furent unanimes à déclarer qu'ils voulaient vivre et mourir sous le froc monastique. Cependant, à la fermeture de son couvent, au mois de juin de l'année suivante, le P. Hervé, jugeant sans doute que les monastères n'avaient plus qu'une existence éphémère, se retira dans son pays natal, où il demeura tout le temps de la Révolution, rendant à ses compatriotes, privés des secours religieux, les plus utiles services, au péril de ses jours. 

Objet de la haine des hommes de la Révolution, le P. Hervé connut, durant toute cette période, une existence très agitée. Dès le 13 avril 1792, on donnait l'ordre formel de l'arrêter (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 28), et, bien en vain du reste, car le zélé religieux sut tou­jours et jusqu'à la fin demeurer insaisissable. Les dossiers de la série Lm 5 aux Archives des Côtes-d'Armor sont remplis de dénonciations contre sa personne. Le 18 avril 1793, au dire du Juge de paix de Plémet, « il redoublait d'efforts pour séduire le peuple », lisez : pour le mettre en garde contre le clergé assermenté. Le 6 mai 1795, lors de l'apaisement qui se produisit à cette époque, il déclarait vouloir se retirer à Loudéac et y vivre soumis aux lois (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 87), mais, le 27 février 1798, les administrateurs de Loudéac le signalaient comme l'un des complices du prêtre Mathurin Cochon, l'héroïque vicaire de La Trinité-Porhoët, et indiquaient comme son champ d'action habituel la pittoresque vallée du Lié. 

L'enquête de Boullé note ce religieux vers 1802 comme « n'ayant jamais eu de principes favorables au gouvernement ». Le P. Hervé mourut le 18 mai 1814, âgé de 80 ans, chapelain de Saint-Lubin, en Plémet, laissant dans ce pays une mémoire en vénération. 

Tresvaux du Fraval : Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, II, p. 242, les auteurs du Diocèse de Saint-Brieuc, op. cité, II, p. 227 et sq., et ceux des Etudes sur la Révolution en Bretagne, in-8, Saint-Brieuc 1858, p. 110, racontent sur le P. Hervé un certain nombre d'anecdotes qui eurent pour théâtre la région de Plémet. Nous renvoyons nos lecteurs à ces ouvrages. 

 

LUC-FRANÇOIS MAHÉ, profès depuis 1730, mourut au couvent de Dinan, âgé de 80 ans, le 13 mars 1791, mais son acte de décès ne figure point sur les registres d'état-civil de la ville. Les actes mortuaires des religieux des deux sexes étaient alors seulement enregistrés sur des registres spéciaux tenus dans les communautés. 

 

JEAN-MATHURIN PERSON, dit le P. Aimé de Moncontour, profès depuis 1750, était né à Moncontour du mariage de Pierre et d'Yvonne Le Pagnoux. Quatre frères, tous les quatre prêtres, originaires de Moncontour, représentent encore vers 1925 le nom du P. Person dans le clergé briochin. C'est du reste celui d'un Confesseur de la Foi. 

En 1790, le P. Person, qui avait précédemment rempli les fonctions de gardien du couvent de Dinan, était âgé de 61 ans. Pour pouvoir continuer la vie commune à la fermeture de sa maison, il se retira dans celle de Saint-Brieuc. Lorsque celle-ci fut fermée à son tour, au mois de septembre 1792, le P. Person, en qualité d'insermenté sexagénaire, dut entrer le 7 décembre de cette année à la maison de réclusion créée à l'ancien couvent des Filles de la Croix pour les ecclésiastiques fidèles, que leur âge ou leurs infirmités empêchaient de s'exiler. 

Remis seulement en liberté à Guingamp le 3 avril 1795, lors de l'essai de pacification des régions insurgées de l'Ouest, ce religieux, toujours pour cause de non-prestation de serment, fut encore incarcéré à Saint-Brieuc au mois de janvier 1799 (Cf. Côtes-d'Armor, Lm 5, 113). Transféré à la prison de Guingamp le 6 mars suivant, il ne reçut sa liberté que quelques mois après le Coup d'Etat du 18 brumaire (10 novembre 1799). Nous trouvons en effet les dix-huit prêtres détenus à Guingamp pétitionnant pour obtenir leur liberté dès le 13 décembre de cette année, et parmi eux le P. Aimé assurait que la commune de Plérin le réclamait et répondait de lui. (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 149). Mais, le 24 frimaire an VIII (15 décembre 1799), les administrateurs des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) firent savoir, en réponse à cette requête, que « seuls les prêtres sermentaires, et non rétractataires, étaient susceptibles de recevoir leur liberté ». (Archives des Côtes-d'Armor, L 291, f. 4). 

L'enquête de Boullé parle, vers 1802, du P. Person en les termes suivants : « 73 ans, ancien provincial des Capucins, vit depuis 9 ans à Plérin comme simple prêtre. Insermenté non déporté, instruit, paisible et tolérant, mais trop fatigué ,pour pouvoir exercer »

Le P. Person mourut à Plérin le 3 janvier 1804. On lui attribue 73 ans sur son acte de décès. 

 

FULGENCE THOUAUST, dit le P. Bonaventure de Bécherel, profès depuis 1767, était âgé de 63 ans en 1790 et refusa de s'assermenter. Ce religieux, natif de Miniac-sous-Bécherel, passa la Révolution caché dans son pays natal et rendant à ses compatriotes tous les services spirituels en son pouvoir. D'après le chanoine Guillotin de Corson, dans Les Confesseurs de la Foi de l'archidiocèse de Rennes, in-8, Rennes 1900, p. 375, il mourut à Miniac-sous-Bécherel, dans un grenier à foin où il s'était réfugié pour échapper aux poursuites des Cent sous de Bécherel, autrement dits les gardes territoriaux institués par Boursault.

 

GUILLAUME-FRANÇOIS BERTHO, né à Plaine-Haute le 18 novembre 1750, aura sa biographie à l'article Bobital, où il fit du ministère à la fermeture du couvent de Dinan. 

 

JOSEPH-JEAN TARDIVEL, dit le P. Gervais de Quintin, son pays natal, était profès depuis 1780 et âgé de 43 ans en 1790. Il est certain qu'après la fermeture de son couvent, ce capucin prêta au moins le serment dit de Liberté-Egalité. Tardivel figure en effet sur les registres de traitements du clergé constitutionnel des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), comme ayant rempli les fonctions de vicaire intrus à Quintin du 20 juillet 1793 au 12 décembre suivait, puis l'ex-capucin s'en alla à Saint-Donan en qualité de curé d'office. Il y déposa ses lettres de prêtrise le 4 germinal an II (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 60). Nous n'avons pas trouvé trace de son emprisonnement, au printemps de 1794, avec la plus grande partie des assermentés. Nous ne savons aussi comment finit Tardivel, dont le nom ne paraît pas plus sur l'enquête du préfet Boullé que sur l'état du clergé du diocèse de Saint-Brieuc, lors de sa réorganisation, en 1804 [Note : Ce religieux prêta le serment constitutionnel et devint vicaire à Saint-Hélier de Rennes du 17 mai au 25 septembre 1791. Puis il fut élu curé de Bourgbarré où il demeura jusqu'en juillet 1792. Le 4 novembre suivant, nous le retrouvons vicaire à Saint-Armel]. 

 

FRANÇOIS-ETIENNE CHRÉTIEN, natif de Cancale et fils de François, officier marinier, et de Marie Lemonnier, prononça ses voeux en 1779 et reçut la tonsure en 1783. On le dit âgé de 30 ans en 1790. Bien qu'il ait manifesté à cette époque son intention de mener la vie religieuse, il ne persista pas dans ces sentiments. Envoyé comme curé d'office à Saint-André-des-Eaux le 1er février 1791, à la mort du recteur, il s'assermenta comme tel. Nous achèverons sa biographie mouvementée aux articles Evran, Saint-André et Le Quiou. 

L'ex-Père Chrétien, en religion frère Cyrille de Cancale, mourut dans sa paroisse natale, réconcilié avec l'Église, à l'âge de 65 ans, le 24 février 1824. 

 

JEAN DE LA GOUBLAYE, dit frère Denis de Saint-Brieuc, était ori­ginaire de Pommeret. Il fit profession comme religieux convers chez les Capucins en 1762. On lui donne 56 ans en 1790. Il s'exila comme insermenté à Jersey, par Saint-Malo, le 15 septembre 1792. Il vivait encore le 18 novembre 1814, avons-nous trouvé dans un document de la série V, aux Archives des Côtes-d'Armor. 

 

PIERRE-TOUSSAINT JOUAN, dit frère Benjamin de Pordic, âgé de 30 ans en 1790, était originaire de Pordic ; il avait fait profession comme religieux convers en 1780. Eu qualité d'insermenté, il s'exila à Jersey, par Saint-Malo, le 16 septembre 1792. Nous ne savons ce qu'il advint de lui ensuite. 

 

JULIEN-FRANÇOIS LESTURGEON, dit frère Hubert de Moncontour, âgé seulement de 27 ans en 1790, avait prononcé ses voeux comme convers en 1786. Demeuré en France, bien qu'insermenté, on l'arrêta sous l'inculpation de chouannage le 23 août 1796, comme il se rendait de Gausson à Dinan ; mais le tribunal criminel des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), par jugement du 6 novembre de cette même année, l'acquitta faute de preuves. (Archives du greffe de Saint-Brieuc). 

Le 29 août 1806, l'ex-frère Lesturgeon était alors domicilié au Guildo et réclamait une pension comme ancien religieux. (Archives des Côtes-d'Armor, série V). 

Etaient venus s'adjoindre à ces religieux, pour mener la vie commune, les capucins dont les noms suivent, et qui se trouvaient à Dinan le 8 avril 1791 : FRANÇOIS GALLÉE, dit frère Ambroise de Dinan, 46 ans, prêtre. JEAN-FRANÇOIS GOUEDART, dit Père Jean-François de Quintin, 48 ans, prêtre. RENÉ BERTHELOT, dit Père Augustin de Moncontour, 53 ans, prêtre. CHARLES HAMON, dit frère Charles de Paramé, 33 ans, convers. JEAN-MATHURIN LE ROY, dit Père Jérôme de Rennes, diacre, 66 ans.

(abbé Auguste Lemasson).

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