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Collège des Laurents de Dinan

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Au XVIIIème siècle, « l'école de Dinan », était situé rue de l'Ecole et tenu par les Pères Cordeliers, qui habitaient dans le couvent d'Henri d'Avaugour. En 1773, l'école de Dinan s'installe au 1, rue de la Ferronnerie, dans la maison du père de Charles Duclos-Pinot. 

Le couvent des Bénédictines de Saint-Malo, fondé en 1631, est incendié en 1746 et reconstruit en 1772 grâce à M. des Laurents (ou Laurens), évêque de Saint-Malo. Le collège de Dinan s'y installe en 1777. L'école prend alors le nom de « collège Des Laurents », précisément : « Collegium episcopale laurentianum dinannense ». Il est confisqué pendant la Révolution et utilisé comme caserne puis comme prison. Il retrouve ensuite sa fonction d'établissement scolaire.

Personnel professoral du Collège des Laurents —

Pour ce qui concerne cet établissement et ses professeurs de 1790 à 1791, cf. Bellier-Dumaine : Histoire du Collège de Dinan, in-8, Rennes, 1897. Nous avons ajouté de nombreux détails biographiques à ceux, plutôt rares, que cet auteur donne sur le personnel enseignant de cette maison. Il faut lire aussi sur la période antérieure : Abbé Robert : Les Bénédictines de Dinan et le Collège des Laurents, dans le bulletin de l'Association bretonne de 1890 ; Jollivet : Les Côtes-du-Nord, in-8, Guingamp, 1854, t. 2, p. 22-23, reproduit après Ogée la lettre du vicaire général Jacob annonçant la création du collège des Laurents ; cf. aussi Archives des Côtes-d'Armor, A 177.

Dépendaient de cet établissement à Dinan : la maison de la Caulnelais et ses appartenances, acquises par Alain Moncoq le 8 avril 1791 ; un petit emplacement de maison, rue de la Croix, acheté par Julien Le Saulnier-Duchesne, le 12 octobre 1791. Le 4 messidor an IV (22 juin 1796), furent vendus à J.-B. Baignoux une maison et dépendances, ainsi qu'une cour et un jardin qui étaient propriétés du Collège.

JEAN-BAPTISTE-SERVAN-PIERRE PUEL DE SAINT-SIMON, principal, était né à Saint-Malo le 21 août 1726, de Simon, sieur de Saint-Simon, et de Jeanne Tap, son épouse. Jollivet, dans les Côtes-du-Nord, op. cit., prétend que M. de Saint-Simon, père, après avoir réalisé une fortune considérable au Nouveau-Monde, fut englouti au retour avec toutes ses richesses, dans une tempête affreuse. Quoiqu'il en soit, son fils fit au Collège de Saint-Brieuc toutes ses études, aussi bien secondaires que théologiques, et reçut la prêtrise le 18 septembre 1751. On le note à cette occasion comme « paraissant avoir de l'esprit, sachant parfaitement son chant et passant de bons examens ».

Cet ecclésiastique obtint le 28 août 1762 la chapellenie de Saint-Joseph, en Paramé, et en 1790 le petit prieuré de Saint-Solen en Mernel, estimé valoir 345 livres de revenu en 1730, mais cette récompense bien méritée lui fut accordée un peu tard.

« A l'époque de la Révolution, écrit dans ses Souvenirs, M. Néel de la Vigne, l'un de ses anciens élèves, M. l'abbé de Saint-Simon, après s'être fait apprécier durant plus de 30 ans par sa vaste érudition, son urbanité et sa bienfaisance », remplissait, les fonctions de principal du collège des Laurents. Malgré la haute estime où le tenait la municipalité de cette ville, le refus de M. de Saint-Simon de prêter le serment pur et simple, mais seulement d'employer la formule dont s'était servi l'évêque de Clermont, obligea cet ecclésiastique à quitter, le 18 juin 1791, la direction du collège et à se retirer dans sa ville natale. C'est de là qu'il partit pour Jersey le 18 avril 1792. Il y passa en exil tout le temps de la Révolution. L'abbé de Saint-Simon quitta cette île pour la France le 14 janvier 1801. A son retour, il fit des difficultés pour signer la promesse de fidélité à la Constitution de l'an VIII exigée par Bonaparte, ce qui lui valut de la part de Fouché un ordre d'emprisonnement, qui d'ailleurs ne fut pas exécuté. (Cf. Archives Nationales, F 7, 7833, n° 6092).

M. de Saint-Simon mourut à Dinan, rue de la Chaux, chez Charles Beslay, son ancien élève, le 20 février 1805, âgé de 79 ans.

Il avait vu se reformer avant de trépasser, grâce à l'activité de l'un de ses collaborateurs, son cher collège des Laurents dans l'ancien couvent des Cordeliers.

RENÉ-JEAN DEROUILLAC, supérieur des Clercs, naquit à Mégrit le 30 mars 1755, de Thomas et de Guillemette Robin. Il était le neveu de l'abbé Derouillac, professeur émérite au collège des Laurents, qui jouit à son époque d'une grande réputation parmi le clergé de la région, et ses notes de Séminaire l'indiquent « comme pouvant faire un excellent sujet ». (Archives d'Ille-et-Vilaine, G 98).

M. Derouillac, junior, fut ordonné prêtre à Rennes par dimissoire en date du 16 septembre 1779, puis il enseigna à son tour au collège des Laurents. Nous l'y trouvons en 1790, titulaire de la chapellenie de Sainte-Anne-du-Rocher, en même temps que professeur de théologie.

Le 24 juin de cette année, au départ de M. Picot de Closrivière, ex-jésuite et ex-recteur de Paramé, dont le P. Terrien a raconté l'histoire comme supérieur des Clercs au collège des Laurents (in-8, Poussielgue, Paris, 1892, p. 232-244 et 274), M. Derouillac le remplaça dans ses importantes fonctions à la tête de cet établissement, qui servait alors de Séminaire diocésain, concurremment avec Saint-Servan et Saint-Méen. « C'était, au dire de M. Néel de la Vigne, un homme docte, profond dialecticien... On avait un plaisir infini à l'entendre et les élèves animés du désir de se perfectionner, tâchaient de l'imiter ».

Non seulement M. Derouillac refusa de prêter le serment pur et simple, mais il signa avec MM. Bertier, Gautier, Girard, Le Cocq et Manet l'Exposition des Principes sur la Constitution Civile du Clergé. Comme suite à sou attitude, M. Derouillac dut abandonner le 18 juin 1791 ses fonctions au collège. Il s'exila à Jersey le 11 septembre qui suivit la loi du 26 août 1792, et figure sur les registres de Mgr de Cheylus comme recevant des secours dans cette île en août 1796.

M. Derouillac était de retour à Dinan en 1802, mais il se trouvait alors infirme. Il décéda dans cette ville, rue de la Lainerie, âgé de 51 ans, le 3 août 1806.

JULIEN-JACQUES BERTIER, professeur de rhétorique, né au village de la Chevaille, en Saint-Séglin, près Maure-de-Bretagne, le 21 février 1756, du mariage de Julien et d'Anne Salmon, professait la troisième au collège de Dinan dès 1779. Ordonné prêtre le 20 septembre 1781, avec dispense d'interstice, M. Bertier enseigna ensuite la rhétorique dans le même établissement. Cependant, l'annaliste, auteur de 75 ans d'Histoire religieuse de Dinan, op. cit., mentionne encore cet ecclésiastique en 1785 comme professeur d'une basse classe.

Dinan : l'abbé Bertier

La signature de M. Bertier figure à la date du 18 septembre 1790 sur le plan primitif de l'Association sacerdotale dite « du Cœur de Jésus », que venait de fonder le P. de Closrivière. Obligé, le 18 juin 1791, de quitter son collège par suite de son refus de s'assermenter, l'abbé Bertier fit désormais le plus possible de ministère caché. Demeuré en France après la loi du 26 août 1792, il fut arrêté chez M. de la Vie, au manoir du Vaugrée, en Evran, et conduit à Saint-Brieuc, où on l'interna à la maison d'arrêt de cette ville (cf. Levot : Biographie Bretonne). Cet ecclésiastique subit son premier interrogatoire le 26 mars 1793, et le Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) le condamna à la déportation sur la côte Ouest d'Afrique le 9 avril suivant.

Bien plus, cette Administration donna l'ordre, le 14 avril de cette année, de conduire M. Bertier, de brigade en brigade, à Bordeaux, afin de l'y embarquer pour Cayenne. On dut cependant peu après surseoir à l'exécution de cet arrêté, car le confesseur de la Foi fut autorisé sur sa requête à se joindre aux prêtres dont l'Administration départementale des Côtes-du-Nord  (aujourd'hui Côtes-d'Armor) voulait se débarrasser en les faisant embarquer pour Jersey. Il reçut même, pour s'expatrier, à la date du 22 avril 1793, un passeport avec le signalement suivant : « taille cinq pieds un pouce et demi, cheveux et barbe châtains, le front bien fait, les cheveux roux, le nez long et plat, la bouche moyenne, la figure ovale, le teint brun » (Archives Côtes-d'Armor, Lm 5, 32). Mais finalement, on ne permit pas à l'abbé Bertier de quitter sa prison ; on l'autorisa seulement le 21 mai de cette même année à venir habiter avec les prêtres sexagénaires ou infirmes, la maison de réunion créée aux Filles de la Croix, à Saint-Brieuc. Transféré avec ceux-ci, au mois de novembre suivant, aux Carmélites de Guingamp, il s'y trouvait encore, lorsqu'il fut compris le 8 mars 1794 par le Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), parmi les ecclésiastiques de ce département désignés pour être dirigés sur Rochefort, et de là embarqués ensuite pour la côte occidentale d'Afrique.

Mis à bord du vaisseau Les Deux Associés le 10 juin suivant, « M. Bertier y sentit si souvent les rigueurs du besoin, que son estomac finit par s'accoutumer aux aliments les plus grossiers, alors que, dans sa jeunesse, il était si faible qu'il ne pouvait supporter que du pain léger» (Tresvaux : Histoire de la persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit., II, p. 72).

Réchappé à la mort, qui faucha tant de victimes parmi ses compagnons de supplice, M. Bertier fut libéré à Saintes par arrêté du 4 avril 1795. Contrairement à ce que nous avons écrit ailleurs, cet ecclésiastique s'en revint peu après résider à Dinan, et une tradition, dont les auteurs du Diocèse de Saint-Brieuc se sont faits l'écho (op. cit., I, p. 39) veut qu'il ait passé par Trémeur en regagnant cette ville. Le 11 thermidor an III (29 juillet 1795), le District de Dinan rendait compte au Département que le prêtre Bertier venait de faire une déclaration d'exercer le culte dans cette localité, dont « il ne pouvait accepter les termes ». (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 97). Ce prêtre fit, le 23 août suivant, devant le même Directoire, une nouvelle déclaration pour exercer le culte, dont on jugea cette fois les expressions « admissibles, étant semblables à celles du citoyen Perrot ». Près de deux ans plus tard, le 29 mai 1797, en réponse à une dénonciation adressée au Ministre de la Police, le commissaire du Pouvoir Exécutif à Dinan transmettait sur son compte les renseignements suivants : « Je crois pouvoir assurer que Huart ne loge pas Bertier. C'est un homme doux, disposé à se soumettre. Il ne se montre pas en ville » [Archives Nationales, F 7, 7252 (no 8507), et Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 110].

En 1801 et 1802, l'abbé Bertier était attaché à l'église Saint-Sauveur de Dinan, alors seule ouverte au culte à cette époque. L'enquête de Boullé le note vers ce moment comme « instruit, mais intolérant et plus attaché à l'Eglise qu'à sa patrie ».

Il est d'usage d'attribuer au seul abbé Bertier la fondation de l'Ecole libre des Cordeliers, qui date de cette époque. Sans doute, cet ecclésiastique joua dans la circonstance un rôle prépondérant, mais il nous semble plus équitable de dire que c'est à la réunion en 1801, d'une partie de l'ancien personnel enseignant du collège des Laurents, dispersé par les lois révolutionnaires et regroupé après une séparation de dix ans, qu'est due la création de l'Institution des Cordeliers.

Aussi, ne croyons-nous pas pouvoir séparer les uns des autres dans cette fondation les noms de MM. de Saint-Simon, Derouillac, Vrot, Verger et Bertier.

Celui-ci, « esprit fin et délié », jeune, actif et entreprenant, fut placé par Mgr Cafarelli, en 1804, à la tête du nouvel établissement, lequel, se prétendant à juste titre héritier des traditions et des méthodes d'enseignement du collège des Laurents, avait l'ambition de faire revivre à Dinan l'ancien collège épiscopal. Et l'on ne saurait nier qu'il n'ait assez bien réussi, puisqu'il fut, en effet, jusqu'en 1842, grand et petit séminaire diocésain, eu même temps qu'institution d'enseignement libre.

Du reste, pour juger des résultats obtenus, laisser parler l'Annuaire Dinannais, année 1838 : « M. Bertier, au bout de quelques années, à l'aide des ressources que sa charité avait su ménager, avait racheté le local (les Cordeliers, précédemment acquis comme bien national), l'avait réparé et amené à un tel point de prospérité qu'il compta bientôt de 250 à 300 élèves. En 1811, les lois et règlements de l'Université réunirent ses élèves à ceux du Collège de la ville, et les classes des Cordeliers furent fermées jusqu'en 1814, époque à laquelle M. Bertier les rouvrit pour les humanistes, les philosophes et les théologiens qui se destinaient à l'état ecclésiastique. De là jusqu'en 1828, le petit et le grand séminaire de Dinan allèrent toujours en florissant de plus en plus. De nouvelles constructions furent édifiées aux frais de M. Bertier, et il reçut jusqu'à 500 élèves. Les ordonnances du ministère de Martignac, en juin 1828, et la Révolution de 1830 réduisirent beaucoup ce nombre en interdisant l'externat aux écoles ecclésiastiques. Cependant, aujourd'hui encore (1838), 80 pensionnaires à peu près y suivent les cours d'humanités ».

Tout en ce faisant, nous voyons apparaître, à partir du mois d'avril 1807, la signature de M. Bertier comme vicaire sur les registres de la paroisse Saint-Sauveur. Devenu curé de Saint-Malo de Dinan le 12 avril 1808, à la mort de M. Le Tulle, il continua de joindre à cette charge, qu'il fut loin de négliger, la direction de l'Ecole des Cordeliers.

Chargé d'ans et de mérites, M. Bertier mourut à Dinan le 22 janvier 1837, chanoine honoraire et vicaire général forain de l'évêché de Saint-Brieuc. Ce prêtre est l'auteur de l'Exposition des Principes de la vraie Religion, in-12, Dinan, 1834, qui figure sur le catalogue de la Bibliothèque municipale de Dinan. L'Iconographie Bretonne de M. de Surgères, signale, T. 1er, p. 67, une lithographie de M. Bertier, format petit in-folio.

Bibliographie. — Il n'existe pas jusqu'ici de bonne notice concernant ce saint prêtre. Ou peut consulter : Annuaire Dinannais de 1838, p. 38 à 43, article Lecourt de la Villethassetz. — Valleray : Les Vrais Amis du Peuple, p. 50 à 60. — Odorici Recherches sur Dinan, op. cit., p. 381. — Bellier-Dumaine : Histoire du Collège de Dinan, et les divers bulletins de l'Association des Anciens Elèves des Cordeliers, publiés depuis la fondation de cette Société. Sur la déportation à Rochefort de M. Bertier, il faut lire : Les Actes des Prêtres insermentés du diocèse de Saint-Brieuc, publiés par l'abbé Lemasson, t. II op. cit., p. 113-181.

JEAN-BAPTISTE VROT naquit au village de la Ville-ès-Pies, en Gommené, le 13 avril 1757, du mariage de Jean et de Jacquemine Carré. Il fit son cours au collège de Saint-Brieuc, où il figurait parmi les meilleurs élèves en 1773. Son titre clérical est du 18 juin 1780. Le 22 février 1788, l'abbé Vrot signe pour la première fois comme aumônier les registres de profession des Ursulines de Dinan. Il est probable qu'il joignait dès cette époque à ces fonctions celles de professeur au collège des Laurents.

Il ne s'exila cependant pas et passa la Révolution caché dans sa paroisse natale. Il fut même décrété d'arrestation, le 12 novembre 1797, par arrêté du Directoire Exécutif, niais on ne put parvenir à le saisir. (Archives Nationales, F 7, 4371).

L'abbé Vrot était revenu à Dinan en 1802, où il secondait M. Bertier. L'enquête de Boullé le note à cette époque « comme instruit, ancien professeur de théologie, mais ses systèmes sont outrés et à modifier ». Le nom de ce prêtre figure en 1805 parmi ceux des professeurs des Grands Séminaires du nouveau diocèse de Saint-Brieuc. C'est dans cet emploi qu'il devait mourir, à l'âge de 69 ans, le 21 août 1826, à l'école de M. Bertier, où il enseignait la théologie.

PIERRE-JOACHIM GAUTIER, dit Baspetry, naquit à Plumaugat le 29 septembre 1757, de Pierre et de Perrine Olive. On le note au Séminaire : « fait tantôt bien, tantôt mal, plus par faute d'application que d'intelligence. Montre plus de goût pour les cérémonies que pour le chant ; possède un assez bon caractère » (Archives d'Ille-et-Vilaine, G 98). M. Gautier reçut la prêtrise le 22 septembre 1781. Nous le trouvons régent de cinquième en 1790, au collège de Dinan. Comme tel, il se montra dans cette ville d'une intransigeance exaltée envers la Constitution Civile, aussi bien devant les autorités municipales que vis-à-vis de ses élèves. Bien plus, il se rendit à Plumaugat, son pays natal, pour le dimanche 20 février 1794 jour de la prestation de serment du recteur Nouvel, et là, « étant monté sur une stalle à l'issue de la grand'messe, à côté du recteur, lui dit de ne pas prêter serment, de ne pas trahir la Religion ; qu'il valait mieux mourir pour elle, et qu'il ne serait plus désormais regardé comme chrétien... », dit en même temps aux officiers municipaux de Plumaugat, « que l'Assemblée Nationale n'avait pas le droit de décréter le serment à prêter et que si eux-mêmes avaient eu de la Religion, ils ne seraient pas vernis dans le choeur pour le requérir ; que quant à lui, plutôt que de le faire, il était prêt à donner sa vie et à verser la dernière goutte de son sang, car les bayonnettes ne lui faisaient pas peur » (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 10). A la suite de l'échauffourée que provoqua cette scène, dans laquelle le recteur Nouvel fut plus ou moins houspillé, M. Gautier fut décrété de prise de corps, et une information judiciaire ouverte contre lui, mais nous n'avons pu savoir s'il fut réellement emprisonné.

L'abbé Gautier s'était affilié des premiers à la Société dite « du Coeur de Jésus » fondée par le P. de Closrivière le 18 septembre 1790. D'après l'auteur de la vie de ce saint religieux, il aurait ensuite accompagné à Paris le P. de Closrivière, au cours de l'année 1792 (op. cit., p. 266). De là, cet ecclésiastique passa à Jersey, où les listes de Gofvry et de Lefebvre d'Anneville le signalent comme ayant séjourné, puis il s'exila en Angleterre, où il mourut le 24 avril 1822, âgé de 64 ans, d'après les Laity's Directory conservés à l'archevêché de Westminster.

JULIEN VERGER, né le 3 janvier 1762, à la Chapelle-Chaussée (Ille-et-Vilaine), de Daniel et d'Anne Foucret, reçut la prêtrise le 23 décembre 1786. Envoyé peu après comme professeur au collège de Dinan, il y suivit la même conduite que ses collègues. Bien qu'insermenté, nous n'avons retrouvé son nom sur aucune liste d'exil. Nous voyons M. Verger baptisant à Dinan en 1795 et 1798, puis, l'an 1800, il s'en alla faire fonctions de curé d'office à Le Quiou. L'enquête de Boullé indique cet ecclésiastique comme résidant à Dinan vers 1802, et le note « doux et honnête homme, capable d'occuper une cure ». Pourvu du rectorat de Taden, le 23 novembre 1805, à la mort de M. Cattenos, M. Verger y mourut en fonctions le 19 février 1812, âgé de 50 ans.

OLIVIER-FRANÇOIS-MATHURIN-PIERRE LE COQ, naquit à Saint-Servan le 30 décembre 1762, du mariage d'Olivier et de Perrine Hamon, et fut ordonné prêtre, après de bonnes études théologiques au Séminaire de cette ville. Il chanta sa première grand'messe à Saint-Servan le 1er février 1787, et, lors de la Révolution, il était l'un des régents du collège des Laurents. En cette qualité, il s'affilia le 18 novembre 1790 à la Société dite « du Coeur de Jésus », que venait de fonder le P. Picot de Closrivière. Comme ses collègues dont nous venons d'étudier la vie, M. Le, Coq refusa de s'assermenter et se retira après le 18 juin 1791 chez ses frères et soeurs qui habitaient Saint-Servan, et dont il était le tuteur. Dans la suite, se prétendant à charge à sa famille, il demanda au district de Dinan l'autorisation d'aller habiter le château du Vaugrée, en Evran, mais cette permission lui fut refusée. L'abbé Le Coq s'exila à Jersey ,en 1792, et son nom figure sur la liste des émigrés de Saint-Servan qu'a publiée Monsieur Haize, en même temps que ses soeurs étaient emprisonnées durant la Terreur comme parentes d'un prêtre insermenté.

Dans ses Confesseurs de la Foi de l'Archidiocèse de Rennes, M. Guillotin de Corson assure, p. 314, que M. Le Coq, après s'en être revenu à Saint-Servan lors de l'essai de pacification de 1795, dut prendre un passeport pour retourner à Jersey après les événements de fructidor an V (septembre 1797). Cet ecclésiastique mourut vicaire de Saint-Servan le 19 mai 1805. Il avait eu le mérite d'avoir donné les premières leçons à M. Berthelot, le vénérable curé de Pleine-Fougères [Note : Ce prêtre se déporta le 26 septembre 1792. Il revint en France en prairial an V (mai-juin 1797) et séjourna à Saint-Servan jusqu'au 26 mai 1800 (6 prairial an VIII). Le 2 juin suivant le général Bernadotte lui accorda une carte de sûreté. (Arch. Nat., F 7, 5159)].

FRANÇOIS-GILLES-BARNABÉ MANET, né à Pontorson le 15 janvier 1764, du mariage de François et de Marie Hardy, fut agrégé au diocèse de Saint-Malo et tonsuré le 9 juin 1781. Il reçut la prêtrise à Saint-Sauveur de Saint-Malo, le 12 mars 1785, sub titulo beneficii.

Envoyé après sa prêtrise comme régent au Collège de Dinan, l'abbé Manet, dont nous n'avons pas l'intention d'écrire la vie, déjà publiée par M. Desmazières de Séchelles en 1860, l'abbé Manet, disons-nous, obtint le visa, le 14 février 1785, pour la prestimonie, dite de Simon Pinier, qui se desservait, partie en la cathédrale de Saint-Malo et partie en l'église de Calorguen. Nommé, à son départ du collège de Dinan, aumônier de l'Hôpital Saint-Sauveur en Saint-Malo de l'Isle, ce prêtre (à l'exception des quelques mois qu'il séjourna à Jersey, où l'on retrouve sa signature sur un acte de mariage en janvier 1793), passa, bien qu'insermenté, la plus grande partie de la Révolution caché à Saint-Malo. Il accomplit dans cette ville un fructueux ministère, dont il nous a conservé le souvenir de quelques épisodes dans ses grandes Recherches manuscrites.

Après avoir rempli de 1822 à 1825 les fonctions de principal du Collège de Saint-Malo, le « docte » abbé Manet mourut dans cette ville le 18 juin 1844, laissant la réputation d'un prêtre pieux, érudit et chercheur infatigable. On consulte encore avec fruit aux Archives de Saint-Malo, ses Grandes Recherches manuscrites.

Sur M. ROCHEFORT, nous n'avons trouvé jusqu'ici aucun renseignement nous permettant de l'identifier avec certitude, sinon qu'il s'exila à Jersey en 1792, après avoir refusé le serment.

Quant à MATHURIN GIRARD, lui aussi régent au Collège, il déclarait le 10 février 1791, « qu'il serait brûlé vif jusqu'à la tête plutôt que de varier dans son opinion quant au serment qu'on voulait lui imposer ».

Nous le retrouvons signalé le 13 septembre 1792 par la municipalité de Saint-Thelo, comme résidant depuis trois mois et demi dans cette localité, ainsi que Jean Dumont, ex-recteur de Saint-Servan-sur-Mer. (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 32 et 75). Nous croyons qu'il y a lieu d'identifier cet ecclésiastique avec Mathurin-Jean Girard, né à Merdrignac le 7 janvier 1747, du mariage de François et de Jacquemine Veillet, lequel reçut la prêtrise à Dol le 16 mars 1771. Là s'arrêtent nos renseignements sur ce personnage, qui, croyons-nous, s'exila à Jersey après la loi du 26 août 1792.

(abbé Auguste Lemasson).

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