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Les abords et alentours du château de Dinan.

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DINAN, comme toutes les villes d'une certaine importance au moyen-âge, eut son château-fort, qui fut élevé par les premiers vicomtes de Dinan, sur le promontoire qui domine le Jersual et le Chemin-Neuf. L'aspect de la roche escarpée où il était situé peut encore donner une juste idée de la force de cette place, eu égard aux moyens d'attaque auxquels on était réduit dans les guerres du moyen-âge, au temps où l'artillerie était inconnue.

Si l'on ouvre les pages de l'histoire, on trouve une suite de vicomtes de Dinan, qui l'habitaient dès le commencement du XIème siècle. D'où lui venait le surnom de château Ganne, vieux mot qui veut dire trahison ? Personne n'en sait rien, et l'histoire en garde le silence, comme elle se tait sur l'époque de la destruction de cette forteresse, ce qui dut avoir lieu dans la dernière moitié du XIIème siècle (Voir les Notices dans l'Indicateur Dinannais de 1851).

Pendant les guerres sanglantes que la Bretagne eut à soutenir contre l'Angleterre, dans le cours des XIIème, XIIIème et XIVème siècles, ni les ducs de Bretagne ni les vicomtes de Dinan ne durent songer à reconstruire un autre château-fort, ce qui eut exigé de grandes dépenses et beaucoup de temps, et par un autre motif encore plus puissant, c'est que l'ennemi était à chaque instant sous les murailles de la ville.

Ce ne fut donc qu'en 1380, lorsque la guerre s'apaisa quelque temps entre l'Angleterre et la Bretagne, que Jean IV, duc de Bretagne, conçut le projet de construire un autre Château, celui que nous avons sous les yeux.

Le château de Dinan (Bretagne).

On s'étonnera, peut-être, de ce que le second Château ne fut pas construit sur l'emplacement de l'ancien, lieu si convenable à cet effet : la chose nous semble facile à comprendre ; cette partie de la ville se trouvant suffisamment fortifiée par ses hautes et épaisses murailles ; joint à cela les accidents du terrain qui lui donnaient un double renfort, et à cette époque où l'on commençait à se servir du canon, la position offrant une redoute naturelle, il n'était besoin de tours ni de murailles pour placer quelques pièces d'artillerie qui eussent vigoureusement repoussé l'ennemi à son arrivée vers le pont de la Rance.

Sous le point de vue de fortification, il était bien plus convenable de placer la nouvelle forteresse dans la partie de la ville la moins fortifiée, à côté d'une porte la plus exposée aux attaques de l'ennemi, puis d'un accès facile et à l'embouchure d'une route très fréquentée, par laquelle l'ennemi devait nécessairement déboucher après l'attaque des deux principales villes de la province, Nantes et Rennes. Il est bon de vous faire connaître que l'ancienne route de Rennes à Dinan, avant sa jonction avec celle de Saint-Malo, ce qui eut lieu en 1781, tournait au village des Loges et passait par Saint-James (Saint-Jacques), Léhon, le Bas-Bourgneuf, puis arrivait en ville par la porte du Guichet, et plus tard, lorsque celle-ci fut anéantie, par la porte Saint-Louis, qui fut ouverte en 1620.

La porte du Guichet se trouvait située dans la courtine qui lie le Château avec la tour Coëtquen : on en remarque encore toutes les formes du côté de l'entrée, en dehors de la muraille.

Disons maintenant quelques mots sur cette porte du Guichet qui a préoccupé tant d'amateurs qui ont fini par émousser leur plume sans rien dire sur ce sujet.

Au fait, que dire de positif devant cette arcade murée par un plein maçonnail ; au revers, du côté de la ville, aucune apparence de porte ; à la suite, un large et profond fossé ; puis un escarpement en pierre, élevé même au-dessus du pavé de la rue, enfin aucune trace qui atteste une voie d'entrée en ville. Qui pourrait donc croire que là fut une des portes de la ville ?

Pour s'en convaincre, il n'est pas même besoin d'avoir les chartes et les titres du temps sous les yeux, ni de connaître les récits de l'histoire, si, en approchant de ce lieu, on examine qu'il se trouve, comme aux autres portes du même temps, deux tourelles latérales dont les côtés, à un mètre au-dessus de la base, ont été rudement froissés par les essieux des voitures qui ont passé sous cette porte ; puis, au-dessus de la première arcade, une niche comme à toutes les vieilles portes de ville, où l'on mettait un saint ou une madone, sous la sauvegarde desquels on plaçait les portes de guerre, qui le plus souvent en portaient le nom ; au-dessus de la seconde arcade, la pierre où étaient gravées les armes de la ville, qui étaient un château donjonné.

Toutes ces traces ne suffisent-elles pas pour faire connaître que c'était bien là une porte ?. Du reste, nous pouvons mettre sous les yeux de nos lecteurs quelques pièces plus convaincantes de son existence.

« Jehan Bameule, parouessien de Quedillac, vend à Nicollaz Des Salles, bourgeois de Dinan, scavoir une maison courtil herbergement et tenue sus en la ville de Dinan effetz et seigneurie de la fabrique de Saint-Saulveur de Dinan, assez près du Chasteau et porte du Guischet de Dinan, tenant d'un boult à Dom Guille Texier, de l'autre boult es chemins par lesquelx on vient du Champ es Chevaulx de Dinan à la porte du Guischet.

Passé à Dinan le VIe jour de janvier mil quatre cent quarante. Comme puis naguerre de temps par avis et délibération de Messeigneurs les cappitaines de guerre et gens de justice et pluseurs bourgeois de la ville de Dinan, ait esté prins ung jardrin appartenant à Jehan Gisquel le jeune, sus près la, porte Saint-Malo hors ceste ville de Dinan, pour lenlaissement et agrandissement des douves et foussés de ceste dicte ville et ait  esté ordonné que d'icelui jardrin le dict Jehan Gicquel doibt estre récompensé pour aultant que le dict jardrin serait prisé par le prisaige de Jehan Felin, Robin Julien, prisaigeurs, la somme de vingt-cinq livres monoie et, estre octroyée par le miseur des deniers et choses ordonnées pour la réparation de cloison de la ville de Dinan, le dict marché arrêté en présence de nobles gens Jehan Chesnel seigneur de Maillechat lieutenant de mon dict seigneur et Guillaume de La Vallée alloué de Dinan.

Fait et expédié à Dinan dedans le Bellouart de la porte du Guischet, le XIIe jour de Decembre l'an mil quatre cent quatre-vingt-quatre ».

« Par notre court de la Trinité de Saint Sauveur de Dinan ont été préseatz devant nous en personnes Jehan Chevalier au nom et comme procureur des parouessiens de la parouesse du dit Saint Saulveur de Dinan Morice Lebascle et Guille Bily tresoriers et fabriqueurs de l'église parochiale du dit Saint Saulveur de Dinan, lesqueulx et chascun ont esté cogneu et confessants estre et quils sont hommes subjets de leur duc leur souverain seigneur et barre de Rennes et de lui prochement tenir à foy et debvoir d'obeissance, les juridiction rentes et obeissance qui ensuyvent, scavoir est une maison jardrin dépport et cour sys et estant près la porte du Guischet de cette ville de Dinan appartenant à Hubert Langlays filz Pierre, joignant à la cour et depport du Chasteau de ceste ville sur lesquelles est deu ouict soubs de rente. Autre maison appartenant à Pierre Chesnel qui joingt d'une part à la maison Jehanne Ledo, près et au bout du Champ à Dinan, daultre part au devant du pavé par lequel on va du dict Champ à Dinan à la porte du Guischet ; la dicte maison devant doze soubs de rente à la dicte fabrique de la Trinité.

Fait et passé à Dinan le segond jour de jouing de l'an mil cinq centz vingt-sept ».

Le château de Dinan (Bretagne).

Le duc de Mercœur, qui trônait en souverain au nom de la Ligue, sur le siège de Bretagne, voulant mettre sa bonne ville de Dinan en état de repousser toute attaque de l'ennemi, fit exécuter de grands travaux dans les fortifications de la ville. Entre autres, il fit murer la porte du Guichet et les portes du Château, et fit ouvrir une autre porte au Château, dans la fenêtre de la chapelle qui se trouvait à la hauteur de la courtine et des hautes cours, pour donner une communication plus facile entre la ville et le Château ; puis il fit faire la porte d'entrée dans les hautes cours et y jeta un pont-levis du côté de la ville ; au-dessus de cette porte, il fit placer les armes de la ville ; dans la révolution de 1789, elles ont disparu sous le marteau du démolisseur, il ne reste aujourd'hui que l'encadrement. Il fit raser les maisons et jardins se trouvant aux abords du Château et de la porte du Guichet, en dedans et en dehors de la ville : en dehors des murs, pour avoir la facilité de dresser des glacis, en dedans de la ville, pour faire creuser le large et profond fossé qui est aujourd'hui transformé en un délicieux jardin. De plus, il fit pratiquer, dans toute la longueur de la courtine qui unit la tour Coëtquen avec le Château, une galerie en casemates, pour la défense du Château du côté de la ville, en cas de siège : le Château étant dans cette circonstance la dernière redoute des assiégés et le palladium des fortifications, il était prudent de pourvoir à sa sûreté. On peut s'assurer de l'époque de ces derniers travaux, en examinant dans le mur de la courtine, du côté de la ville, une pierre qui porte la date de 1593.

D'après les actes dont nous avons donné précédemment l'extrait., il est reconnu que les maisons et terrains situés dans cette partie de la ville étaient tributaires de rentes annuelles envers la fabrique de Saint-Sauveur, et même le terrain où est situé le Château, suivant le contenu des actes que nous citerons postérieurement.

Après la destruction de toutes les propriétés situées dans ce lieu, la fabrique de Saint-Sauveur adressa une requête au duc de Mercœur, pour obtenir une indemnité du préjudice causé au trésor de l'église ; ce qui fut loin d'être réglé par le duc, car, plus tard, les fabriciens adressèrent une autre requête à Henri IV, et voici ce que rapportent les titres de Saint-Sauveur, relativement à la réclamation faite au roi le 27 avril 1599 :

« Pour être la dite fabrique reparée des torts et préjudices de la perdition de rentes au nombre de plusieurs qui étaient deues sur les maisons, cours et jardrins sus les le Chateau et la porte du Guichet à Dinan — lesquels terrains ont été prins pour les fortifications du Château et pourpris, par les capitaines et gens de guerre du duc de Mercœur. Lesdites maisons jardrins et coulombier à pigeons volants sous la juridiction de la Trinité et à devoir de rente et obéissance ».

Lorsqu'on examine avec attention tous les changements qui ont été faits aux alentours du Château et qui en ont dénaturé le plan, il est réellement difficile de rien résumer sur son état primitif, sous le point de vue de force militaire.

Ce qu'il y a de positif, c'est que le Château proprement dit n'existe pas dans son entier. A-t-il jamais été achevé ou a-t-il été ruiné dans quelque siège ? Nous ne pouvons le dire, ni le prouver avec assurance, mais il est constant que l'édifice que nous appelons le Château n'est qu'une partie du Château, c'est-à-dire le donjon, qui, suivant le système de fortification du temps, devait se trouver au milieu de la place d'armes, environnée elle-même de forts remparts crénelés, et flanqués de plusieurs grosses tours ; tel dut être le plan primitif qui devait constituer cette forteresse.

Du reste, la nature de l'édifice existant suffit pour lever toute espèce de doute à cet égard, pour peu qu'on y fasse attention, et l'on pourra aisément se persuader que la première conception de l'auteur ou fondateur n'a jamais été celle de jeter là isolément cet édifice sans aucune défense de circonvallation, environné seulement de douves sèches, l'entrée principale exposée à tout venant, sans pont-levis, ayant pour toute défense une double porte en coulisse qu'on nommait porte de fer. Pour sortir de telles conjectures, que l'on jette un coup-d'œil dans la partie ouest, on remarquera une porte murée qui s'élève à plus de vingt-cinq pieds au-dessus du sol de la basse cour. Cette porte se trouvait sans doute percée à hauteur des remparts du rond-point pour y communiquer par un pont volant ou passerelle. Pour ne point douter que ce fut une porte, il faut la visiter par l'intérieur, et l'on remarquera au-dessus une large meurtrière qui effleure l'entrée ; la voûte en pierre du corridor correspondant est également percée de plusieurs meurtrières d'où l'on pouvait sans peine assommer les assiégeants avec des quartiers de pierre, ou les incommoder grièvement en leur jetant de l'eau ou de l'huile bouillantes, sortes de défenses qui étaient en grand usage avant l'invention de la poudre.

Dans l'angle méridional, on aperçoit aussi les enrainures d'une petite passerelle de surveillance ; la hauteur où elle est placée dans l'édifice ne pouvait lui laisser d'autre usage que la communication avec les remparts du Château.

Enfin, tout atteste qu'il a dû exister dans le pourtour du donjon une enceinte de fortifications, chose, du reste, indispensable à sa sûreté, surtout dans ces temps où la guerre était permanente. En avant de la porte du Guichet, il se trouvait une seconde porte avec barbacane et pont-levis.

Nous avons jugé plus convenable de comprendre tous ces documents dans une introduction, pour ne pas fatiguer la plupart de nos lecteurs, peu familiers avec l'archéologie, que de l'introduire dans l'historique du monument.

C'est donc assez dire sur les abords et alentours du Château que nous cherchons à traiter spécialement ; maintenant visitons-le dans toute son étendue : sa fondation, son architecture, sa distribution intérieure, ses détails historiques et ses points de vue. (M. Mahéo).

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