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Les Petites Soeurs des Pauvres

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Jeanne Jugan et les Petites Soeurs des Pauvres     

 

Jeanne Jugan (Soeur Marie de la Croix), aidée de Marie Jamet, Virginie Trédaniel, Fanchon Aubert, fondatrices des Petites Soeurs des Pauvres (au service des personnes âgées).

 

 

La fondation de la Société des Petites Soeurs des Pauvres restera à jamais dans l'histoire comme un des plus beaux titres de gloire dont puisse saintement s'enorgueillir le diocèse de Rennes. C'est à Saint-Servan que naquit cette congrégation si humble dans ses commencements et si prodigieusement répandue aujourd'hui dans l'univers entier. Comme toutes les villes maritimes, Saint-Servan renferme beaucoup de pauvres : les fureurs de l'Océan engloutissent si souvent les pères et les soutiens de famille ! 

Voici ce que dit l'abbé Guillotin de Corson : Aussi un jeune vicaire de cette paroisse, M. Le Pailleur, fut-il frappé de bonne heure des besoins qu'éprouvaient à Saint-Servan les vieillards abandonnés ; il conçut aussitôt le projet de leur venir en aide, et voici comment il le mit à exécution : « Le 20 janvier 1838, une jeune ouvrière s'étant présentée à son confessionnal, M. Le Pailleur reconnut qu'elle était propre à l'oeuvre qu'il méditait. Il la prépara à la vie religieuse sans lui découvrir son secret, qu'il ne lui révéla que plus tard et progressivement. Il lui associa une autre jeune ouvrière, aussi d'une grande vertu. Pendant deux ans et demi il éprouva ces deux jeunes personnes  (Marie Jamet, devenue soeur Marie-Augustine de la Compassion, et Virginie Trédaniel, en religion, soeur Marie-Thérèse de Jésus), et il leur avait recommandé de prendre soin d'une pauvre aveugle âgée de quatre-vingt-dix ans. Au bout de ce temps il leur parla clairement de son oeuvre, et leur dit de porter cette bonne vieille dans la mansarde de deux pauvres servantes qui voulaient bien se prêter à cet acte de charité ; que là elles pourraient continuer de soigner leur aveugle, qui leur était devenue bien chère. Elles la portèrent en effet ; c'était le 15 octobre de l'année 1840. L'une des deux servantes, nommée Jeanne Jugan, pria le fondateur de la joindre aux deux jeunes ouvrières pour devenir religieuse ainsi qu'elles (Jeanne Jugan, née à Cancale en 1793, devint soeur Marie de la Croix ; morte à la Tour-Saint-Joseph en 1879) ; l'autre, nommée Fanchon Aubert, est restée dans l'Ordre au rang des pauvres vieillards. La mansarde, où l'on était depuis environ un an, devint insuffisante ; on avait reçu une deuxième infirme et une quatrième soeur. Le fondateur loua un rez-de-chaussée, sombre et assez misérable, où il logea douze pauvres et les quatre soeurs, qu'il nomma dès lors les Soeurs des Pauvres. La première que Dieu lui avait envoyée, et qui fut appelée Marie-Augustine de la Compassion, devint supérieure générale. Il y avait un an qu'on habitait le rez-de-chaussée ; les pauvres se présentaient, mais on ne pouvait plus en recevoir. C'est à ce moment que le fondateur acheta une maison de 22 000 fr., sans posséder aucune ressource, s'appuyant uniquement sur Dieu ; mais sa foi était grande ! Il donna pour bases principales à sa petite famille, comme il l'appelle, la sainte pauvreté et une confiance sans bornes en la divine Providence, voulant que les Petites Soeurs n'aient ni rentes, ni revenus assurés, qu'elles quêtent le pain de leurs pauvres et qu'elles vivent au jour le jour, attendant tout de la Providence. Tel est le récit succinct de la fondation de l'oeuvre des Petites Soeurs des Pauvres »

Note personnelle : Ce dernier paragraphe montre que Jeanne Jugan connut une incroyable injustice. Sa qualité de fondatrice lui fut jadis usurpée par un prêtre peu scrupuleux, l'abbé Le Pailleur, désireux semble-t-il de passer à la postérité comme le fondateur de la Congrégation. En effet, quatre ans après la fondation des « Servantes des pauvres », en 1843, le nom de la congrégation fut changé et Jeanne Jugan, mise à l'écart par l'abbé Le Pailleur, fut reléguée à la quête.

Par décret en date du 9 juillet 1854, le Souverain-Pontife Pie IX approuva la congrégation des Petites Soeurs des Pauvres ; M. Pailleur fut nommé supérieur de cette petite famille. La congrégation fut aussi admise à jouir en France des bénéfices de la reconnaissance légale, par un décret daté du 9 janvier 1856. Les Petites Soeurs des Pauvres font des voeux de trois ans ; elles vivent sous la règle de saint Augustin et sous les constitutions propres qui leur ont été données. Ces constitutions, adaptées au genre de vie des Petites Soeurs des Pauvres, ont reçu la sanction suprême du Siège apostolique par un bref du pape Léon XIII en date du 1er mars 1879  (M. Ribeyre, Histoire des Petites Soeurs des Pauvres, 6, 7,8). 

Le noviciat, qui était jadis établi à Rennes, étant devenu trop à l'étroit dans cette ville, a été transféré à la Tour-Saint-Joseph, près de Bécherel, en la paroisse de Saint-Pern.  Aujourd'hui la petite oeuvre, commencée si humblement à Saint-Servan, est devenue une des plus imposantes et des plus puissantes manifestations de la charité au XIXème siècle. A la fin du XIXème siècle, plus de trois mille Petites Soeurs vivent selon l'esprit qu'il leur a inspiré. Elles occupent en France et à l'étranger deux cent quatre maisons. Elles soignent et elles nourrissent plus de vingt mille pauvres vieillards. « Les merveilles des premiers jours se sont renouvelées de toutes parts. Le petit noyau planté il y a quarante-trois ans par une main sacerdotale a pris, dans l'abnégation et l'humilité, une germination admirable ; il est devenu un grand arbre, ses rameaux s'étendent au loin ; ils ne couvrent pas seulement la France et une partie de l'Europe, ils s'étendent sur l'Afrique et sur l'Amérique. Beaucoup d'âmes se reposent à leur ombre et y chantent, comme dans un asile béni, leur dernier cantique d'actions de grâces dans la paix et dans l'amour de Dieu » (M. Aubineau, Histoire précitée, 74). 

Voici maintenant, par ordre chronologique, une liste non exhaustive des maisons dépendant des Petites Soeurs des Pauvres et la date de ces diverses fondations : 

En 1840 : Saint-Servan.

En 1846 : Rennes et Dinan. 

En 1847 : Tours. 

En 1849 : Nantes, Paris (rue Saint-Jacques), Besançon. 

En 1850 : Angers, Bordeaux, Rouen, Nancy. 

En 1851 : Paris (rue du Regard, transférée vers la fin du XIXème siècle avenue de Breteuil), Londres (Portobello), Laval, Lyon (la Villette). 

En 1852 : Lille, Marseille, Bourges, Pau, Vannes, Colmar, La Rochelle, Dijon, Saint-Omer, Brest. 

En 1853 : Chartres, Liège (Belgique), Bolbec, Londres (Saint-Pierre), Paris (rue Picpus). 

En 1854 : Toulouse, Saint-Dizier, Le Havre, Blois, Bruxelles (Belgique), Le Mans, Tarare, Paris (rue Notre-Dame-des-Champs). 

En 1855 : Orléans.

En 1856 : Strasbourg, la Tour-Saint-Joseph, Caen, Saint-Etienne, Perpignan, Louvain (Belgique), Montpellier.

En 1857 : Jemmapes (Belgique), Agen, Poitiers. 

En 1858 : Saint-Quentin, Lisieux, Annonay. 

En 1859 : Amiens, Roanne.  

En 1860 : Valenciennes, Grenoble, Draguignan, Châteauroux, Roubaix, Boulogne-sur-Mer. 

En 1861 : Dieppe, Béziers, Clermont-Ferrand, Genève (Suisse), Lyon (Croix-Rousse), Metz. 

En 1862 : Manchester (Angleterre), Bruges (Belgique), Nice, Lorient, Nevers, Flers, Glascow (Ecosse), Bristol (Angleterre). 

En 1863 : Villefranche, Cambrai, Barcelone (Espagne), Dundée (Ecosse), Namur (Belgique), Manrèse (Espagne), Edimbourg (Ecosse), Anvers (Belgique), Niort, Grenade (Espagne). 

En 1864 : Birmingham (Angleterre), Paris (rue Philippe­de-Girard), Lérida (Espagne), Lorca (Espagne). 

En 1865 : Malaga (Espagne), Antequera (Espagne), Plymouth (Angleterre), les Sables-d'Olonne, Troyes, Leeds (Angleterre). 

En 1866 : Ostende (Belgique), Newcastle-on-Tyne (Angleterre), Maubeuge. 

En 1867 : Madrid (Espagne), Nîmes, Toulon, Jaën (Espagne), Tourcoing, Cherbourg, Valence. 

En 1868 : Périgueux, Waterford (Irlande), Reus (Espagne), Brooklyn (Amérique), Cincinnati (Amérique), Alger (Afrique), Nouvelle-Orléans (Amérique), Dunkerque. 

En 1869 : Reims, Baltimore (Amérique), Saint-Louis (Amérique), Vic-en-Bigorre, Philadelphie (Amérique), Louisville (Amérique), Cannes, Aoste (Italie). 

En 1870 : Boston (Amérique), Cleveland (Amérique), New-York (Amérique). 

En 1871 : Washington (Amérique), Albany (Amérique). 

En 1872 : Huesca (Espagne), Pittsburgh-Allegheny-City (Amérique), Salamanque (Espagne).  

En 1873 : Judianopolis (Amérique), Gand (Belgique), Grasse, Troy (Amérique), Rochefort, Chantenay, Lons-le-Saulnier, Détroit (Amérique). 

En 1874 : Saint-Pierre-lès- Calais, Charleroi (Belgique), Mataro (Espagne), Richmond (Amérique), Liverpool (Angleterre), Autun. 

En 1875 : Birkenhead (Angleterre), Jérez-de-la-Frontera (Espagne), Limoges, Cork (Irlande), Saint-Denis.

En 1876 : Milwankee (Amérique), Chicago (Amérique), Auch, Londres (Sainte-Anne).

En 1877 : Palma (îles Majorques), Rive-de-Gier, Zamora (Espagne), Tarragone (Espagne), Saintes, Armentières, Vienne (en Dauphiné), Cadix (Espagne), San-Lucar de Barrameda (Espagne). 

En 1878 : Pampelune (Espagne), La Valette (île de Malte), Murcie (Espagne), Manchester (Angleterre), Séville (Espagne), Catane (Italie), Médina-Sidonia (Espagne), Newark (Amérique), Vitoria (Espagne), Ecija (Espagne), Saint-Sébastien (Espagne), Gevone (Espagne), Baeza (Espagne). 

En 1879 : Plasencia (Espagne), Naples (Italie), Bilbao (Espagne), Lyon-Vaise, Torlosa (Espagne), Carcassonne, Caceres (Espagne). 

En 1880 : Brooklyn-Sainte-Famille (Amérique), La Madeleine-lès-Lille, Brighton (Angleterre), Germantown (Amérique), Liverpool-Saint-Joseph (Angleterre), Rome (Italie), Carlisle (Angleterre), Tolède (Espagne). 

En 1881 : Valladolid (Espagne), Providence (Amérique), Aciréale (Italie), Preston (Angleterre), New-York-Saint-Joseph (Amérique), Bone (Afrique), Bruxelles (deuxième maison), Ossuna (Espagne), Turin (Italie), Barcelonne (deuxième maison), Dublin (Irlande). 

En 1882 : Tunis (Afrique), Le Ferrol (Espagne), Carthagène (Espagne), Milan (Italie), Messine (Italie).

....... etc...

En résumé, la congrégation des Petites Soeurs des Pauvres possède vers 1882 deux cent quatre maisons, dont : quatre-vingt-seize en France, seize en Angleterre, trois en Ecosse, trois en Irlande, onze en Belgique, trente-huit en Espagne, vingt-quatre en Amérique, trois en Afrique, huit en Italie, une en l'île de Malte et une en Suisse. De tels chiffres sont plus éloquents que tout ce qu'on pourrait écrire en faveur de cet admirable Institut. 

Note personnelle : Aujourd'hui, en 2009, les Petites Sœurs des pauvres sont sur les cinq continents, dans trente-deux pays, et la Congrégation des 2710 petites soeurs des pauvres accueille 13232 personnes âgées dans 202 maisons de retraite. Les douze fondations de ces vingt dernières années ont été établies en Corée, Colombie, Philippines, Inde, Chili, Pérou et Bénin. En France, près de 4000 hommes et femmes âgés vivent dans les 49 maisons gérées par les petites soeurs, à Paris, Lyon, Marseille, Dinan, Bordeaux, Rennes,…

Racontons maintenant avec quelques détails les fondations faites par les Petites Soeurs dans le diocèse de Rennes. 

Saint-Servan — En 1842, le nombre des pauvres recueillis par les Petites Soeurs augmentant sans cesse, On acheta une grande maison occupée avant la Révolution par la communauté des Filles de la Croix. « On n'avait rien, il est vrai, pour payer. L'abbé Le Pailleur vendit sa montre d'or, quelques autres effets et sa chapelle d'argent. Jeanne Jugan avait une petite somme, une autre de ses compagnes avait quelques économies ; Fanchon Aubert y joignit le restant de ce qu'elle possédait. Le tout mit à peu près à même de solder les frais du contrat. On chargea la Providence de pourvoir au surplus. Elle ne fit pas défaut ; au bout d'un an, la maison, qui avait coûté 22 000 fr., était entièrement payée » (M. Aubineau, Histoire des Petites Soeurs, 27). L'hospitalité fut offerte si généreusement par les Petites Soeurs à Saint-Servan, qu'au bout de dix-huit mois cette grande maison se trouva pleine : cinquante vieillards y étaient logés. Pour nourrir tout ce monde on n'avait que la quête, et elle suffisait ; les dessertes des tables, les morceaux de pain et de viande abondaient entre les mains des soeurs. Vers la fin du XIXème siècle, l'asile de Saint-Servan a été considérablement augmenté ; les Petites Soeurs, au nombre de seize, y recueillent cent six pauvres. On a bâti une chapelle ogivale bien simple, mais propre et convenable, dédiée à l'Immaculée-Conception ; la maison elle-même est sous la protection de la Sainte-Croix, en souvenir de son ancienne destination. On vient aussi d'y annexer une ferme voisine du Rosais, où les vieillards valides peuvent aller s'occuper à différents petits travaux. Enfin, à quelque distance de Saint-Servan, sur la côte, les Petites Soeurs ont une maisonnette de repos et un petit oratoire au village du Minihy, dans la paroisse de Rothéneuf. 

Rennes — Aussitôt que la maison de Saint-Servan eut grandi, la soeur Marie-Augustine partit pour Rennes, en 1846, afin de chercher les moyens d'y créer un asile pour les vieillards. Cette seconde fondation présentait un intérêt spécial : il s'agissait, en effet, de savoir si le miracle charitable de Saint-Servan pourrait se renouveler ailleurs. Aucune crainte n'arrête la Petite Soeur ; aussi sa plus grande préoccupation ne fut-elle pas de trouver un local : elle cherchait avant tout des pauvres, de vieux pauvres à soigner ; il n'en manquait pas à Rennes. « Elle s'installe avec ses vieillards dans une modeste habitation du faubourg de Nantes. Le voisinage n'est pas de premier choix. Qu'importe, il s'agit d'implanter l'oeuvre, et déjà elle existe, car les habitants et les soldats qui fréquentaient les cabarets du quartier ne marchandent pas leur sympathie à l'institution naissante. Bientôt on put trouver une maison plus convenable, et avec le concours des militaires on transféra les vieux indigents de l'asile provisoire dans le nouveau local » (M. Ribeyre, Histoire des Petites Soeurs, 23). Mais la ville de Rennes ne devait pas se contenter de figurer la seconde sur la liste des centres possédant cette institution charitable. L'oeuvre des Petites Soeurs était née dans la catholique Bretagne : c'est en Bretagne qu'elle devait avoir son centre et pour ainsi dire son coeur et son point d'appui. En 1852, l'évêque de Rennes accueillit avec faveur la pensée d'établir dans son diocèse la maison-mère, le noviciat de la nouvelle congrégation, et ce fut à la Piletière, près de la ville de Rennes, à l'extrémité du faubourg de Paris, que s'établit le centre de l'institution. A la fin du XIXème siècle, la Piletière forme un ensemble de vastes bâtiments construits d'une manière fort irrégulière, qui d'un côté sont bornés par la route de Paris, et de l'autre sont baignés par les eaux de la Vilaine. C'était, avant la Révolution, un vaste ouvroir fondé pour les pauvres par le vénérable abbé Carron. « Le 31 mars 1852, Mgr Saint-Marc vint bénir la chapelle. A son arrivée il fut reçu par le R. P. fondateur, par la bonne mère supérieure et par les supérieures locales, qui lui présentèrent vingt-quatre postulantes demandant l'habit de religion, et dix-sept novices qui le priaient de recevoir leur profession ». Quatre ans plus tard, les vastes constructions de la Piletière ne pouvaient plus contenir le noviciat des Petites Soeurs, et il fallut le transférer ainsi que la maison-mère à la Tour-Saint-Joseph. L'établissement de Rennes est sous la protection de saint Michel. La chapelle en est dédiée à l'Immaculée-Conception ; construite en plein ceintre, elle est de la plus grande simplicité. Il y a, en outre, un oratoire particulier aux religieuses pour leurs exercices de piété. Les Petites Soeurs, au nombre de quarante, recueillent vers 1882 plus de trois cents pauvres à la Piletière. 

La Tour-Saint-Joseph — La maison de Rennes ne pouvant plus renfermer, comme nous venons de le dire, le noviciat des Petites Soeurs et l'asile de leurs pauvres, — présentant dès 1856 une agglomération de cinq cents personnes, religieuses et vieillards, — on résolut de séparer complètement le noviciat des asiles et de créer une maison-mère isolée des pauvres. D'après les conseils de Mgr Saint-Marc, les fondateurs cherchèrent dans la campagne du diocèse de Rennes un lieu propre à la fondation qu'ils projetaient. Sur les confins du diocèse, dans la paroisse de Saint-Pern, à peu de distance de la petite ville de Bécherel, ils trouvèrent en vente une vaste propriété composée d'un vieux manoir et de bois, prairies et terres labourables, qui se nommait la Tour. Cette terre tire son nom d'une vieille tour en ruines couverte de lierre et bâtie sur le roc ; c'est le dernier vestige d'une antique forteresse ruinée, semble-t-il, dès avant 1513, et qui a pu être le berceau de la noble famille de Saint-Pern. Mais au commencement du XVIème siècle elle n'appartenait point à cette famille : en 1513, Eustache Le Bel possédait, du chef de Jeanne Callouel, sa femme, « le lieu et métairie de la Tour ô le moulin, noble et ancien » (Réformation de la Noblesse dans la paroisse de Saint-Pern).Toutefois les de Saint-Pern rentrèrent plus tard en possession de cette propriété ; ils firent alors bâtir un nouveau manoir et y joignirent une chapelle. En 1730, François de Saint-Pern, seigneur de la Tour, habitant le château de ce nom, fonda une messe chaque dimanche dans sa chapelle de la Tour. Gabriel de Saint-Pern, seigneur de Champalaune, possédait aussi la Tour en 1780, et au commencement de ce siècle sa famille y résidait encore. Dès que M. Le Pailleur eut visité la Tour : « C'est là le lieu, dit-il en se tournant vers la mère générale, c'est là le lieu que le bon Dieu nous destine ». « En effet, l'acquisition fut faite le 30 janvier 1856, au prix de 212 000 francs. Pour payer cette somme on avait 48 000 francs. Ce fut alors que le bon Dieu envoya à la famille des Petites Soeurs un jeune ecclésiastique qui s'y attacha et fournit de ses deniers la majeure partie de la somme due. Ce fut lui encore qui contribua à faire élever les constructions du noviciat, que l'on commença bientôt à bâtir. Nous avons nommé M. l'abbé Lelièvre ou le Père Ernest-Marie, à qui l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande sont aussi redevables a leurs diverses maisons de Petites Soeurs. Le 25 juillet de la même année, Mgr l'évêque de Rennes vint bénir la nouvelle maison et y présider à une cérémonie de vêture et de profession, qui se fit dans un bois de sapins remplacé par le noviciat actuel, édifice vaste et simple dont la première pierre fut posée par Mgr Maupoint, évêque nommé de Saint-Denis de la Réunion » (M. Ribeyre, Histoire des Petites Soeurs, 23). En donnant les plans des bâtiments, le bon Père avait marqué la place que devait occuper l'église, dont la construction était ajournée faute de ressources. Il y déposa une statuette de saint Joseph. Deux bienfaiteurs tout dévoués à l'oeuvre des Petites Soeurs, M. et Mme Féburier, se trouvaient en ce moment à la Tour ; la petite statue posée sur le gazon attira leurs regards ; elle semblait les inviter — eux qui n'ayant pas d'enfants jouissaient d'une grande fortune — à lui élever un monument. Répondant à cet appel intérieur fait à leur piété, aussi fervents que charitables, M. et Mme Féburier cédèrent volontiers à l'inspiration divine ; ils appelèrent aussitôt un architecte et lui firent dresser un plan fort grandiose. Grâce à leur pieuse générosité, un superbe édifice s'est élevé en l'honneur de saint Joseph, dont la statue domine toute la maison ; aussi celle-ci a-t-elle pris le nom de la Tour-Saint­Joseph. Nous n'entreprendrons point ici la description des vastes bâtiments de la Tour ; le plan général est un grand corps-de-logis flanqué de quatre ailes sur chaque façade ; au centre apparaît l'église, édifice de style pseudo-roman, oeuvre de M. Mellet, architecte. Cette église très vaste se compose de trois nefs accompagnées de chapelles, d'un vaste transept où se trouve une crypte, et d'une abside pentagonale avec déambulatoire ; au-dessus des nefs collatérales règnent d'immenses tribunes. La tour carrée est flanquée de tourelles à ses angles et surmontée d'une flèche que termine la statue de saint Joseph. L'ensemble de ce monument, tout construit en beau granit, est imposant, d'un style sinon à l'abri de toute critique, du moins noble, sévère et religieux. Comme toutes les églises des Petites Soeurs des Pauvres, celle-ci est sous le vocable de l'Immaculée-Conception. Elle fut très solennellement consacrée, le 5 septembre 1869, par Mgr Saint-Marc, alors archevêque de Rennes, assisté de Mgr Guynemer de la Hailandière, ancien évêque de Vincennes. « Sous l'habile direction de M. l'abbé Le Pailleur, l'ancienne propriété de la Tour s'est améliorée ; le sol pierreux et inculte a été défriché ; des plantations nombreuses, d'immenses travaux de drainage y ont été faits ; le dessèchement de vastes étangs, en assainissant le terrain, l'a rendu fécond en récoltes ; de sorte que ce nouveau noviciat offre toutes les conditions désirables de commodité et d'hygiène pour le nombreux personnel qui l'habite en ce moment. C'est là que, de différentes contrées de l'Europe et de l'Amérique, d'illustres personnages, des princes de l'Eglise, de grands bienfaiteurs sont venus s'édifier dans ce nouveau séminaire de la charité chrétienne » (M. Ribeyre, Histoire des Petites Soeurs des Pauvres, 29). Le noviciat de la Tour-Saint-Joseph abrite vers 1882 environ six cents personnes ; et dans ce nombre, cinq cent quatre religieuses, novices et postulantes, venues de France, d'Angleterre, d'Espagne, de Belgique, d'Allemagne, etc., se forment à la vie toute d'abnégation et de dévouement de la Petite Soeur des Pauvres.

(Pouillé de Rennes - abbé Guillotin de Corson).

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