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Histoire militaire de Concarneau au XIVème siècle.

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En 1355, Concarneau est nommé parmi les places de guerre de Bretagne. Mais, ne dira-t-on pas : « Nous avons lu par ailleurs que, dès le XIIIème siècle, une ceinture murale avait pu remplacer le château à motte ; — qu'au milieu de ce siècle, Conc, devenu ville avec église et cour de justice, était peuplé de bourgeois, de gens de négoce et pêcheurs y vivants en sécurité ».

En 1355, la guerre sévit depuis quatorze ans en Bretagne, comment les murs de Conc n'auraient-ils pas vu l'ennemi ? A cette question, voici tout ce que nous pouvons répondre :

En 1341, le comte de Montfort, sans attendre le jugement des pairs, quitte Paris en hâte, et vient fonder son parti en Bretagne. Proclamé à Nantes, il fait le tour du duché, se faisant reconnaître, sans beaucoup de peine, dans dix-neuf places, surtout dans les places ducales comme était Conc [Note : Froissart a dressé une première liste de ces villes que, par deux fois, il a complétée ; il a ainsi énuméré vingt places, mais sans aucun ordre (ex. Nantes, Brest, Rennes, etc.). La Borderie a rangé ces villes selon l'itinéraire qu'a dû suivre Montfort marchant en ligne directe : il le montre passant à Hennebont, Quimperlé, la Roche-Perriou (près duFaouët), Quimper. — Hist., III, p. 425-426. Or, du Faouët à Quimper, la route directe est par Rosporden, 12 k. de Concarneau]. De Quimperlé, il passe à Quimper. Conc est presque sur sa route, et pourtant il n'y va pas.

Quatre ans plus tard, Charles de Blois assiège Quimper dont il s'empare. Aussitôt, il se dirige vers le comté de Nantes ; en route, il passe, on peut le dire, en vue de Concarneau . il n'y vient pas [Note : Il suivait la grande voie romaine. A Locmaria-an-Hent, il était à six kil. de Concarneau].

Dix ans après, en 1355, le Roi d'Angleterre remplace Thomas de Holland, son lieutenant en Bretagne, par le duc de Lancastre [Note : Le roi ordonne à Bidonius de Curton de remettre Conk au duc de Lancastre, 14 septembre 1355. Morice, Pr., I, 1499] ; et il ordonne aux capitaines d'une vingtaine de places de les remettre au nouveau lieutenant. Concarneau est une de ces places.

De cette date à 1364 (bataille d'Auray), aucune mention de Concarneau.

Après la victoire d'Auray, Jean de Montfort vient assiéger Quimper, et en obtient non sans peine une capitulation : on ne le voit pas venir à Concarneau.

Que conclure de ces faits ? Voici ce qui nous semble vraisemblable : c'est que Conc se déclara pour le comte de Montfort, lors de sa chevauchée de 1341 ; — que cette place fut confiée aux Anglais dès leur entrée en Bretagne, en 1342 ; — et qu'elle resta en leur pouvoir jusqu'après le traité de Guérande (1365).

Huit ans après, la place nous apparaît ceinte de murailles capables de résister à deux assauts de l'armée française commandés par du Guesclin, et nous nous demandons : Est-ce depuis la paix, entre 1365 et 1373, que ces murs ont été construits et par le duc Jean IV ?

Quelle apparence ? C'eût été une lourde dépense pour lui, débiteur de grosses sommes au Roi d'Angleterre. Et contre quel ennemi eût-il en ce moment prémuni la place ? La paix avec la France ne sera troublée, et par lui-même, qu'en 1373.

Selon nous, si aucune entreprise armée n'a été tentée contre Conc par les adversaires des Montfort, de 1341 à 1364, notamment par Charles de Blois en 1345, c'est que la place était fortifiée avant le commencement des guerres ; et j'ajoute, fortifiée de telle sorte que les ennemis des Montfort n'avaient pas l'espoir d'en venir à bout. La résistance de la place à l'armée française, plus nombreuse que ne fut jamais celle de Charles de Blois, autorise cette supposition. Que l'on rapproche ces faits des indications données par ailleurs, peut-être sera-t-on induit à penser avec nous que l'enceinte fortifiée de Conc fut antérieure à la guerre de la Succession ?

JEAN IV (1365-1399).

Le 21 février 1372, le duc Jean IV écrivait deux lettres : l'une au Roi Charles V, lui demandant « ses plaisirs et volontés pour les accomplir » ; — l'autre à « son seigneur et père le Roi d'Angleterre, pour lui promettre son service envers et contre tous ». Le 19 juillet suivant, le duc signait une alliance offensive et défensive avec l'Angleterre. Au mois de septembre un corps anglais débarquait à Saint-Mathieu ; et, en mars 1373, une troupe de 4.000 anglais entrait à Saint-Malo.

C'en est trop : la Bretagne entière se soulève, et le Roi, écoutant enfin l'appel des Bretons, ordonne à du Guesclin d'entrer en Bretagne avec le duc de Bourbon.

Jean IV, vaincu avant le combat, se voyant abandonné par tous, se retire presque seul à Concarneau, selon les uns, à Brest, selon les autres, et s'embarque pour l'Angleterre, laissant aux garnisons anglaises le soin de défendre les places qu'il leur a confiées (28 avril 1373) (Lobineau, Hist., p. 406.

Du Guesclin, auquel se sont joints Olivier de Clisson, le vicomte de Rohan, le sire de Beaumanoir, fait le tour de la Bretagne, reçu avec acclamation dans certaines places, obtenant la capitulation des autres.

Le duc a gratifié de la châtellenie de Concarneau, un anglais, Raoul Knolles, déjà maître des seigneuries de Rougé et de Derval (La Borderie, Hist., IV, p. 21) ; et la place est occupée par une garnison anglaise. Du Guesclin l'assiège ; le temps presse car une flotte anglaise tient la mer. Un premier assaut est donné, le flux qui survient contraint les assiégeants à la retraite ; au moment du reflux l'assaut recommence, le connétable lut-même combat au premier rang ; mais le flux vient encore au secours des assiégés ; enfin la troisième attaque réussit, et les Anglais sont passés par les armes, sauf leur capitaine qui obtint quartier [Note : Il est nommé Jean Longuay ou Jennequin Pel, écuyer. Lobineau, Hist., p. 408-409. Un livre couronné par l'Académie (Le Littoral de la France) nous révèle que du Guesclin a échoué devant Concarneau. Où l'auteur a-t-il pris cette nouveauté historique ?].

Cela fait, du Guesclin se hâte à marches forcées, avec tout son monde, vers Saint-Malo ; mais les Anglais ne l'ont pas attendu. Aussitôt, du Guesclin et le duc de Bourbon, montant des navires malouins, attaquent, comme par défi, Jersey et Guernesey, prennent les châteaux de ces deux îles, y laissent garnison et viennent en Bretagne assiéger les quelques places restant encore aux mains des Anglais [Note : Ogée, t. I, p. 84, écrit au mot Beuzec-Conq : « Il y avait autrefois en cet endroit, un château bien fortifié, gardé en 1363 par des Anglais. Le connétable du Guesclin l'assiégea et s'en rendit maître, chassa les Anglais des environs, et profita de leur éloignement pour aller attaquer l'île de Jersey, défendue par un très fort château. Du Guesclin s'en empara. Il repassa ensuite en Bretagne avec ses prisonniers, et se rendit à Beuzec-Conq qu'il venait de conquérir ». Au lieu de 1363, il faut lire 1373, du Guesclin n'étant devenu connétable qu'en 1370. Ce récit singulier est une réminiscence du siège de Concarneau, en 1373, dont Ogée ne dit rien au mot Concarneau, I, p. 196. Remarquez que Froissart est bien plus exact qu'Ogée : Il nomme Conke « petite forteresse sur mer et ville ». Froissart. Ed. Luce, VIII, p. 139-140. Ogée a confondu les trois Beuzec à un autre point de vue].

On lit dans un ouvrage réputé classique : « Peu après, les Anglais reprirent Concarneau, et le vicomte de Rohan le réduisit à l'obéissance du Roi Charles VIII » (Maltebrun, Géog. de la France, 1878). C'est dire que Concarneau fut pendant un long siècle aux mains des Anglais. La vérité est que, chassés par du Guesclin, les Anglais n'ont pas remis le pied dans Concarneau. Ce n'est pas aux Anglais, c'est aux Bretons fidèles à la duchesse Anne, que le vicomte de Rohan, rebelle, enleva Concarneau au profit du Roi Charles VIII (février 1489). Nous verrons cela plus loin.

Mais auparavant nous devons nous expliquer sur un siège de Concarneau, que l'auteur des Essais mentionne en l'année 1379.

Il écrit (p. 260) : « Les Espagnols parcoururent avec leur flotte les côtes de Bretagne et vinrent mouiller devant Concarneau qu'ils comptaient surprendre ».

En note, l'auteur signale le silence de D. Morice sur ce point, et il ajoute : « Cependant, une personne de considération m'a communiqué un ancien manuscrit très authentique, qui parle de la descente des Espagnols en Cornouaille, en 1379, et de leur tentative sur Concarneau. Ils avaient établi le siège sur une élévation de terre à l'entrée de la rivière de Moros. J'ai vu moi-même, en 1779, des vestiges de cet ouvrage que les anciens habitants nomment encore le fort des Espagnols ».

Ainsi, les preuves de ce fait de guerre omis par D. Morice, ce serait le dire d'un auteur qui n'est pas nommé, et les vestiges du camp espagnol de 1379, subsistant encore après juste quatre siècles.

Voici les faits qui ont donné lieu à ce récit erroné.

Le 18 décembre 1378, Charles V, démentant une fois son surnom de Sage, avait fait prononcer la Bretagne sans maître et réunie au royaume. Cet arrêt du parlement contraire au droit ramène toute la Bretagne à Jean IV. Le duc, rappelé par ceux qui l'avaient chassé en 1373, débarque à l'entrée de la Rance, le 3 août 1379.

Du Guesclin avait accepté du Roi l'ordre de conquérir le duché en exécution de l'arrêt.

Dans cette expédition, le connétable ne voyait qu'un épisode de la guerre aux Anglais, maîtres de tant de places en Bretagne. Mais les Bretons y virent la main-mise de la France sur le duché. Les amis et les proches du connétable se détournent de lui, comme d'un traître ; et du Guesclin, au lieu de faire la guerre, prépare un accommodement. Grâce à lui, ses amis les ducs d'Anjou et de Bourbon, frère et cousin du Roi, s'arrêtent à Pontorson, sans passer le Couesnon ; et, le 22 mai 1380, le Roi nomme des commissaires pour régler les conditions de la paix [Note : C'est à ce moment que du Guesclin, accusé de trahir la France, mais défendu par les ducs d'Anjou et de Bourbon, renvoie au Roi l'épée de connétable. Charles V l'appelle et le supplie de la reprendre. Du Guesclin se rend aux instances du Roi ; mais à une condition, c'est qu'il ne servira plus en Bretagne. Il part pour le Languedoc, où il meurt (13 juillet 1380) de maladie ou de chagrin, léguant son coeur à la Bretagne. A l'inauguration de la statue du connétable à Dinan, un orateur a représenté du Guesclin comme « le Breton par excellence » ; puis il a dit : « Il obéissait au Roi partout et toujours. Il a obéi jusqu'au sacrifice de ses sentiments les plus profonds, jusqu'à étouffer le breton en lui, à cette pensée royale, grandiose et prudente où s'élaborait l'unité française .... ». Contradiction.... Comment a-t-il été le breton par excellence, s'il a étouffé le breton en lui ?].

Mais, le 4 février 1380, au moment où il préparait la guerre contre la Bretagne, Charles V avait conclu un traité d'alliance avec le roi de Castille. Par cet acte, celui-ci s'engageait à envoyer sur les côtes bretonnes vingt galères chargées de 800 ou même 1.200 hommes [Note : Hay du Chastelet. Hist. de du Guesclin (p. 404-405) donne le texte du traité avec la date 1379 (v. st.), que l'auteur des Essais a reproduite et à laquelle il faut substituer 1380]. En juin 1380, la flotte espagnole se montra à l'entrée de la Loire ; elle tenta un débarquement à Saint-Nazaire, puis devant Guérande, enfin à Rhuis. Mais les Espagnols, vigoureusement repoussés sur les trois points, reprirent la haute mer et disparurent. Concarneau ne les vit pas [Note : Guillaume de St-André, vie en vers de Jean IV. Morice, Pr., II, 351-353. Lobineau, Hist., p. 426. Morice, Hist., II, p. 308. La Borderie, Hist., IV, p. 59].

Des travaux de siège faits en 1380 auraient-ils pu être apparents en 1779 ? Si le nom de fort des Espagnols a été donné à un point voisin de Concarneau, il doit rappeler le souvenir d'un fait bien postérieur, que nous ne trouverons pas ; mais le plan de 1764 nomme ce même lieu fort des Anglais, et nous verrons ce nom justifié par un fait de guerre postérieur de cent années à 1380.

Nous avons dit que Concarneau, repris aux Anglais en 1373, ne retomba plus en leurs mains. Voici des preuves de ce fait.

C'est d'abord une ordonnance rendue par Clisson, au nom du Roi, le 6 octobre 1379, relative à une montre de gens d'armes, adressée à Jean du Juch, chevalier pour la garde de la ville et château de Conq (Morice, Pr., II, 417).

Plus d'un an après, Concarneau est encore aux mains du Roi. La place est une des villes du domaine ducal, que le connétable Clisson tient au nom du Roi, et que le Roi s'engage à rendre à Jean IV, par le second traité de Guérande (avril 1381) [Note : Le traité signé dès le 15 janvier et le 25 février, par le duc de Bourbon et Clisson au nom du Roi et du duc, fut signé par Jean IV seulement le 4 avril à Guérande. C'était le lieu et presque la date du jour où fut signé, trente ans auparavant (12 avril 1365), le traité qui avait fait Jean de Monfort duc de Bretagne. — Lobineau, Hist., p. 438. Outre Conc, onze villes sont nommées, notamment Nantes et Morlaix].

Le traité reçut aussitôt son exécution ; et le duc Jean IV y eut désormais des capitaines. — Nous pouvons en nommer un postérieur de quelques années : Nicolas Bouchard et Jean, son fils « donnent obligation au duc, c'est-à-dire prêtent serment par écrit pour la capitainerie de Conc, 29 mai 1387 » [Note : Lobineau, Pr., 1635. Morice, Pr., II, 708, donne le même acte avec la date 1378 écrite par faute d'impression].

Quelques années plus tard, le capitaine est Jean de Saint-Alouarn qui prête serment, en juillet 1393, avec la caution de Jean Le Barbu, chevalier (Lobineau, Hist., p. 412. Pr., 1636. Morice Pr., II, 709).

Depuis la paix heureusement conclue entre la France et la Bretagne (avril 1381), jusqu'à la mort du duc Jean IV (1er novembre 1399), Concarneau n'a pas vu la guerre.

En 1377, Edouard III était mort, laissant le trône à Richard II, son petit-fils. Pendant la minorité du jeune Roi, et plus tard, pendant les orages qui allaient amener sa déposition (1398) [Note : Richard II déposé par son cousin Henri de Lancastre, et peut-être mis à mort par son ordre, mourut le 14 février 1399. Henri devenu Henri IV, était fils du duc de Lancastre, 3ème fils d'Edouard III ; et, à la mort de Richard, le trône revenait aux héritiers du duc de Clarence, 2ème fils d'Edouard], les hostilités entre l'Angleterre et la France furent comme assoupies. Il est vrai que la guerre civile sévissait en Bretagne entre Jean IV et Clisson, trois fois renouvelée en huit années ; mais elle n'approcha pas de Concarneau. Enfin, le 7 février 1395, le duc donnait l'ordre de publier « la bonne paix » conclue ; et Jean de Saint-Alouarn, toujours capitaine de Conc, s'empressait d'annoncer l'heureuse nouvelle. Mais la joie de la Bretagne fut courte. L'état de guerre persiste. La paix ne deviendra définitive qu'en octobre suivant, à la suite de l'acte devenu populaire sous le nom de Traité d'Aucfer (19 octobre 1395 [Note : V. Sentence arbitrale du duc de Bourgogne établissant les conditions de la paix. Morice, Pr., II, 633-643 ; — Ordre de publier la paix, II. 643 ; — Traité d'Aucfer, II, 655 — et Hist. , I, p. 423-424 ; — Lobineau, Traité d'Auquefer, Pr., 790. Hist., p. 493-494. On voit aux archives des Côtes-du-Nord, fonds de Penthièvre (E. 1), un vidimus original de l'acte d'Aucfer, daté du 16 novembre 1396. — On lit au dos en grosses lettres du XIVème siècle, les mots Le Trete Dauqfer, qui peuvent être de la main de Jean IV. Serait-ce le duc qui aurait nommé ainsi l'acte dressé à Aucfer ? En réalité, il n'y a pas eu de traité d'Aucfer entre les trois belligérants : le duc, Clisson et son gendre le comte de Penthièvre. — Voici ce qui se fit : Aux premiers jours d'octobre, le duc et Clisson seuls se mirent d'accord à Vannes ; — le 19 octobre, à Aucfer, Clisson et les mandataires de Penthièvre s'entendent sur les conditions arrêtées à Vannes ; le duc (quoi que dise D. Morice) n'étant pas représenté à Aucfer — Le 20 octobre, Clisson jure l'acte d'Aucfer. Le 26, Penthièvre le jure et le signe à Guingamp aux mains des mandataires du duc, qui aussitôt exécutent les conditions arrêtées ainsi à Vannes, à Aucfer, à Guingamp. — En réalité, c'est à Guingamp que la paix a été faite. Sur ce curieux incident : Mémoire : La Croix et le Traité d'Aucfer, par J. Trévédy (1903)].

(Julien Trévédy).

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