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LE COMTÉ DE COMBOURG

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Erection de la baronnie de Combour en comté. — Etendue de la seigneurie.
Domaine proche. — Fiefs et droits féodaux.

La seigneurie de Combour fut longtemps considérée comme une baronnie d'ancienneté, et ses possesseurs siégèrent toujours parmi les barons de Bretagne jusqu'au moment où (vers 1450) on réduisit abusivement ceux-ci au nombre de neuf.

Au XVIème siècle, Combour fut érigé en comté par Henri III, lorsque ce prince créa le marquisat de Coëtquen. Les lettres royales, données à cet effet au mois de juin 1575, portent que le roi, voulant récompenser Jean sire de Coëtquen, chevalier de son Ordre et baron de Combour, érige « en titre de baronnie sa terre et seigneurie du Vauruffier et celle de Combour qui souloit entre baronnie en comté ; » elles ajoutent que S. M. « unit et incorpore à la seigneurie de Coëtquen lesdits baronnie du Vauruffier et comté de Combour, ainsi que la vicomté de Rougé » et érige le tout en marquisat, sous le nom de marquisat de Coëtquen. Ces lettres patentes furent présentées par Jean de Coëtquen, le 15 juin 1580, à la Chambre des comptes de Bretagne pour y être enregistrées [Note : Archiv. du château de Combour], ce qui semble n'avoir pas été fait [Note : Toutefois, d'après Mme de la Motte-Rouge (Les Dinan et leurs juveigneurs, 215), ces lettres avaient été enregistrées au Parlement le 12 octobre 1576].

C'est probablement par suite de cette omission d'enregistrement qu'un siècle plus tard Malo de Coëtquen sollicita du roi de nouvelles lettres patentes. Louis XIV les lui accorda au mois de septembre 1678 et confirma la précédente érection des baronnie du Vauruffier, comté de Combour et marquisat de Coëtquen [Note : Arch. du château de Combour].

A l'origine, Combour dut évidemment relever des archevêques ou évêques de Dol. « Mais à la faveur des circonstances et surtout de la faiblesse inhérente à un pouvoir débonnairement exercé par des gens d'église, les sires de Combour trouvèrent moyen de s'affranchir presque entièrement de cette suzeraineté ecclésiastique et de porter directement au duc de Bretagne l'hommage presque total de leur seigneurie. Pourtant il resta jusqu'à la fin quelques vestiges du premier état de choses ; les barons de Combour ne purent soustraire à la mouvance des évêques de Dol un ensemble de fiefs considérables, répandus dans six paroisses du régaire de Dol ; ils restèrent aussi jusqu'à la fin tenus de faire dans la ville de Dol le service de chevauchée et de police, chaque an, pendant la foire Saint-Samson » [Note : A. de la Borderie, La seigneurie de Combour (Bulletin de la Soc. archéol. d'Ille-et-Vil., II, 176). — Nous résumons dans les pages suivantes cette intéressante étude féodale de notre éminent historien breton].

Le comté de Combour figurait une large bande de territoire descendant du Nord-Est au Sud-Ouest, depuis l'embouchure du Couësnon jusqu'à la limite méridionale des paroisses de Dingé et de Québriac. Elle était bornée au Nord par la mer, à l'Est par la baronnie de Fougères et par la seigneurie d'Aubigné, au Sud par les châtellenies d'Hédé et de Tinténiac, à l'Ouest par le marquisat de Châteauneuf et par le régaire de Dol.

Le corps principal de ce comté se composait de seize paroisses, qui sont, en allant du Nord au Sud et de proche en proche : Roz-sur-Couësnon, Saint-Marcan, Cendres, Pleinefougère, La Boussac, Trans, Cuguen, Lourmaie, Lanhélen, Meillac, Combour, Tréméheuc, Saint-Léger, Lanrigan, Dingé et Québriac. Il est vrai que dans quelques-unes de ces paroisses le duc de Bretagne, le baron de Fougères, l'évêque de Dol et le sire d'Aubigné avaient certains fiefs ; néanmoins, à part Dingé, Meillac, Cuguen, Pleinefougère et Trans, « on peut dire que la seigneurie de Combour embrassait dans ses domaines, fiefs et arrière-fiefs, la généralité du territoire des seize paroisses sus-nommées, et encore embrassait-elle certainement la plus grande partie de Pleinefougère et de Cuguen » [Note : A. de la Borderie, La seigneurie de Combour (Bulletin de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, II, 176)].

Mais le sire de Combour avait en outre un certain nombre de fiefs dans dix-huit autres paroisses, savoir en : Epiniac, Carfantain, Saints, Bonnemain, Baguer-Morvan, Baguer-Pican, Saint-Broladre, Cherrueix, Montdol, Notre-Dame de Dol et l'Abbaye-sous-Dol (enclavées dans le régaire de Dol), Vieuxviel, Sougeal, Saint-Ouen-la-Rouairie, Bazouge-la-Pérouse et Noyal-sous-Bazouge (enclavées dans la baronnie de Fougères), Plerguer (enclavée dans la seigneurie de Châteauneuf) et Saint-Georges de Gréhaigne, dépendant de l'abbaye Saint-Georges de Rennes. En tout trente-quatre paroisses dans lesquelles le comte de Combour avait des droits.

D'après les déclarations du comté de Combour faites au roi en 1580 et 1682, cette seigneurie avait du domaine proche en neuf paroisses, savoir : en Combour, Roz-sur-Couësnon, Saint-Marcan, Cuguen, Lourmaie, Tréméheuc, Saint-Léger, Dingé et l'Abbaye-sous-Dol.

En Combour, c'était « le chasteau et forteresse dudit lieu, terrasses, jardins, écuries, mails, ormaies, cours, colombier, estang, pesoheries d'icelui, moulin à eau, chaussée et retenue d'eau, avec droit de mousteaux des habitants de la ville et faubourgs et des autres sujets sous la banlieue ; au-dessous de laquelle chaussée est la prairie dudit lieu, dans laquelle la terre du jardin du Grand-Bois est comprise, contenant le tout ensemble 200 journaux de terre ou environ, joignant de toutes parts à terres et fiefs ci-après et au prieuré dudit lieu de Combour ; — l'auditoire, les prisons, halles et four à ban ; — les haies et garennes estant en la paroisse dudit Combour, où estoit anciennement levée la justice patibulaire à quatre piliers dudit comté, et où sont deux emplacements, l'un d'un moulin à vent, l'autre d'un moulin a draps appelé le moulin Madame ; — les prés et rivières de Tramel, contenant 10 journaux de terre, » etc. [Note : Déclaration de Combour en 1682 (Archiv. de la Loire-Inférieure, Domaine de Rennes, XIV, n° 3)].

En Roz-sur-Couësnon, « le manoir et vieil emplacement du chasteau de Gaugray, estang, moulins à eau et à vent, avec des bois taillifs et de haute futaie, contenant 30 journaux de terre, joignant au grand chemin Nantois ; — des garennes, grèves et salines estant sur le rivage de la mer, pescheries, marais, etc. ; — droit de pescheries sur les grèves de la mer depuis Beauregard sous Pontorson jusques à Lislemer (sic) et d'y tenir pentières [Note : Grands filets propres à prendre le gibier] aux oiseaux de mer ; lesdites pescheries, grèves et pentières prohibitives à tous autres » [Note : Déclaration de Combour en 1682] ; — « droit sur les salines dudit lieu à deux ruches de sel blanc sur chacune ; — à laquelle paroisse de Roz est adjointe la chapelle de Paluel-Mauny, dépendant de l'abbaye de Montmorel, en laquelle sont dues plusieurs rentes » [Note : Déclaration de Combour en 1580 (Archiv. du château de Châteaneuf). — Cette chapelle de Paluel-Mauny, aujourd'hui disparue, rappelait les anciennes paroisses de Paluel et de Mauny, appartenant à l'évêché de Dol, mais précédemment détruites par l'envahissement de la mer].

Cette terre seigneuriale de Gaugray en Roz-sur- Couësnon faisait partie des fiefs de Godeheut, qui étaient à l'origine une juveignerie de la baronnie de Fougères, advenue, semble-t-il, au sire de Combour par quelque alliance avec une fille de la maison de Fougères, appelée Godehilde ou Godeheut.

En Cuguen, le comte de Combour possédait « le lieu, terre et seigneurie du Plessix-Espine, prez, bois de haute futaie, auquel il y a deux mottes, en l'une desquelles y a emplacement de maison et forteresse environnée de douves, avec deux estangs et un moulin à eau, domaines et garennes, le tout contenant 80 journaux de terre ou environ [Note : Déclaration de Combour en 1580 » (Arch. du chât. de Châteauneuf)].

La seigneurie du Plessix-Espine tirait son origine et son nom d'une famille l'Espine, très considérée au XIIème siècle dans le pays de Dol ; elle avait sous sa mouvance la châtellenie de la Roche-Espine, appelée plus tard la Roche-Montbourcher.

En Dingé, le sire de Combour avait la forêt de Tanouarn et le bois taillis des Champs-Roger, qui allait en quelques endroits jusqu'auprès du grand étang de Boullet, appartenant au seigneur d'Aubigné ; ce bois n'avait cependant que 300 journaux d'étendue, tandis que la forêt de Tanouarn « joignant par endroits le lieu où fut autrefois la forêt de Hédé appartenant au roi, et par autres endroits les landes de Québriac et de Tinténiac, » contenait, « avec les landes et pasnages d'autour cinq à six mille journaux de terre » d'ailleurs elle était « presque toute plantée en bois taillifs, à l'exception des touffes et des chevauchées qui (étaient) en bois de haute futaie » [Note : Déclaration de Combour en 1682].

Enfin le comte de Combour possédait : en Saint-Marcan « la mestairie de la Courtepierre avec estang, moulin, bois, etc. ; » — en Lourmaie « 450 journaux de lande ; » — en Tréméheuc « 500 journaux de landes et sur l'une d'elles, dite la lande de Rochefort, la justice patibulaire de Combour portée sur quatre piliers ; » — en Saint-Léger les landes de Landehuan, mises en culture au XVIIème siècle et afféagées, plus « un emplacement de moulin à vent et un four à ban ; » — en l'Abbaye-sous-Dol un autre four banal « où estoient tenus de venir cuire leur pain tous les vassaux du prieuré de l'Abbaye, » membre de l'abbaye Saint-Florent de Saumur [Note : Déclaration de Combour en 1682. — Le sire de Combour possédait, en outre, mais sous la mouvance du régaire de Dol, la maison et les terres de Trémehin en Baguer-Pican, — et sous la mouvance de l'abbaye de la Vieuville, la forêt de Bourgoët en Dingé].

« Combour, dit M. de la Borderie, avait du proche fief en dix paroisses, savoir en Combour, Roz-sur-Couësnon, Saint-Marcan, Pleinefougère, Cuguen, Lourmaie, Tréméheuc, Saint-Léger, Dingé et Plerguer. Plerguer excepté, le proche fief de Combour était considérable dans toutes ces paroisses, principalement en Combour, Roz-sur-Couësnon, Pleine- fougère, Saint-Léger et Dingé. Ce proche fief se partageait en trente bailliages ou fiefs particuliers dont je citerai un pour son nom, le fief aux Rufiens en Roz-sur-Couësnon, et un autre pour sa nature, celui du bourg de Pleinefougère, mentionné comme suit dans la déclaration de 1682 « Est dû au seigneur comte de Combour par les hommes et teneurs de la bourgeoiserie dudit Pleinefougère 3 sols monnoie de rente amendables, à la main de son grand sergent en ladite paroisse, par chacun an au terme d'Angevine, par celui des hommes qu'il plaît audit seigneur ». Cette bourgeoiserie comprenait le bourg et quelques champs alentour; c'était une sorte de franchise, car on peut considérer la rente de 3 sols comme une redevance de nulle valeur » [Note : A. de la Borderie, La seigneurie de Combour].

Quant aux mouvances nobles du comté de Combour, leur nombre était très considérable puisque la déclaration de 1682 en énumère environ quatre cent quarante. Parmi elles se trouvaient de grandes seigneuries dont les possesseurs relevaient ainsi de Combour; telles étaient le comté de Landal, la vicomté de la Rouairie, les châtaenies de Beaufort, la Roche-Monthourcher et Québriac, les seigneuries de Limoellan, Montlouët, la Villarmois, Trémigon, le Boishue, Lanrigan, le Plessix-au-Chat, la Guihommeraye, etc., etc.

Le comté de Combour possédait la haute justice dans tous ses fiefs, avec tous les droits en dépendant. Nous venons de voir qu'à l'origine les fourches patibulaires se dressaient dans les garennes de Combour, à quelque distance de cette ville, mais qu'au XVIIème siècle ce gibet seigneurial, avec ses quatre poteaux, s'élevait sur la lande de Rochefort en Tréméheuc.

Parmi les droits féodaux appartenant au sire de Combour, les suivants semblent dignes d'être notés.

Comme dans presque toutes les grandes seigneuries de Bretagne, on retrouvait à Combour le saut des poissonniers et la quintaine. L'exercice de ces deux droits demande quelques mots d'explication ; parlons d'abord du premier.

On sait qu'autrefois l'accomplissement rigoureux du devoir d'abstinence en Carême avait fait naître certains usages facilement transformés en droits féodaux. Ainsi aux fêtes de Pâques, pour témoigner la joie publique d'être débarrassé du régime maigre suivi pendant quarante jours, on jetait à l'eau les marchands de poisson qui avaient si longtemps forcé les fidèles à s'approvisionner à leurs étaux. Il en était ainsi à Combour : « Le lundi des féries de Pasques, tous les hommes de la ville de Combour et aultres qui avoient trempé et vendu poisson par le minu dans ceste ville au Caresme précédent » étaient tenus de venir « saulter et plonger en l'estang dudict Combour, » au grand ébaudissement de la populace ; et cela « soubs peine d'amende en cas de defaut, » laquelle amende pouvaient toutefois payer ceux qui craignaient quelque rhume à la suite de ce bain souvent intempestif [Note : Déclarations de Combour en 1580 et 1682].

Quant à la quintaine elle était due, chaque année, le mardi de la Pentecôte, par tous les nouveaux mariés demeurant en Combour, soit dans le Grand bailliage de cette .ville, soit au fief de Beauvais [Note : Déclarations de Combour en 1580 et 1682]. Voici en quoi consistait ce droit, véritable exercice d'adresse fort en usage au moyen-âge :

Les hommes roturiers, mariés dans le courant de l'année précédente, se réunissaient devant leur seigneur et ses officiers pour fournir une course, faite le plus souvent à cheval, se dirigeant vers un poteau appelé quintaine. A l'origine, ce poteau supportait un mannequin représentant, dit-on, un turc nommé Quintan [Note : De Barthélemy, Revue de Bret. et de Vendée, III, 534], destiné à recevoir les coups des coureurs, armés chacun d'une lance en bois à pointe de fer. Cela rappelait le temps des Croisades, alors que le Sarrazin était considéré comme le type de l'ennemi mortel de tout soldat chrétien. Mais dans la suite des siècles cette tête de turc fut remplacée par une simple pièce de bois plantée en terre, surmontée de l'écu seigneurial de Combour et munie d'une sorte de planche pivotant sur le poteau et représentant grossièrement les bras du turc primitif.

Les coureurs de quintaine devaient, en passant au galop de leur cheval devant le poteau, le frapper exactement en son milieu, de façon à engager leur lance, qui souvent n'était qu'une gaule ferrée au bout, dans une fente de ce poteau ; faute d'y bien frapper, ils faisaient pivoter la planche sur son axe et celle-ci les atteignait eux-mêmes et parfois rudement en punition de leur maladresse ; quand, au contrairé, ils rompaient bien leurs gaules dans cette fente du poteau, la machine demeurait immobile et ils passaient francs. On doit bien penser que les rieurs ne manquaient pas à Combour lorsqu'avait lieu cette course de la quintaine qui devenait ainsi une vraie fête villageoise.

Continuons l'énumération des droits féodaux appartenant au comte de Combour.

Les hommes du Grand bailliage de Combour étaient obligés de remplir un devoir de « message, » consistant « à faire le port des lettres et messages de bouche, chacun à leur tour, et soubs quatre lieues du chasteau de Combour, lorsqu'ils en sont requis par ordre du seigneur de Combour ». Les hommes du bailliage de Beauvais étaient aussi tenus de faire « la pesche et prise des civeteaux en l’estang de Combour, et d'en faire le déport audit chasteau, ainsi qu'est accoustumé ; enfin les mêmes devaient, quand ils en étaient requis, se mettre en armes et conduire les criminels condamnés à mort depuis le chasteau de Combour jusqu'à la justice patibulaire » [Note : Déclarations de Combour en 1580 et 1682].

Le prieuré de la Trinité de Combour, dont l'église subsiste encore à l'ombre du vieux château, ayant été fondé par les seigneurs du lieu, devait acquitter certaines redevances au profit du baron de Combour. Elles consistaient en « trois barriques de vin breton et trois de vin d'Anjou, » dues chaque année à trois termes, plus « neuf chouesmes [Note : Pains blancs de première qualité] et neuf miches feuilletées en pain de froment, payables aux jours de Saint-Martin, Noël et Pasques ». Ces barriques de vin, ces chouesmes et ces miches devaient être portées au château par le prieur, qui de plus était tenu de « fournir de paille les prisons dudit chasteau et de la ville de Combour, tant aux basses-fosses qu’ailleurs » [Note : Déclarations de Combourg en 1580 et 1682].

Les paroissiens de Québriac devaient la rente annuelle de 5 sols monnaie et d'une « miche feuilletée » payables le jour de la Pentecôte au château de Combour. Ceux de Montdol, chaque année, « une paire de gants blancs ».

Le jour de l'Ascension il était dû, chacun an, au sire de Combour, par les bouchers de Dol, en l'acquit des pelletiers de cette ville, « une pelisse blanche de telle grandeur qu'elle puisse couvrir et entourer un fût de pipe et que les manches soient de telle largeur qu'un homme armé y puisse passer le bras facilement ». D'autres habitants de Dol, « à cause des terres de la Motte estant en dehors de l'église Saint-Samson, » devaient de rente au comte de Combour « une livre de poivre » [Note : Déclarations de Combourg en 1580 et 1682].

Au seigneur de Combour appartenait le droit de tenir en sa ville un marché tous les lundis et plusieurs foires par an. En 1547 ces foires, au nombre de trois, se tenaient à la fête de Notre-Dame l'Angevine (8 septembre), le mardi de la Trinité et le premier jour de juillet.

Deux autres foires furent accordées au marquis de Coëtquen par lettres patentes du roi en date de mai 1623 ; elles furent fixées l'une au 15 mai et l'autre au 5 août, pour être tenues à Combour [Note : Archives du château de Combour. — D'après Ogée, il se tenait à Combour au siècle dernier « neuf foires très considérables » chaque année. (Dict. de Bret., nouv.. édit., I, 193)].

Mais de toutes ces foires la plus importante était sans contredit celle de l'Angevine ; aussi le baron de Combour avait-il pris de bonnes précautions pour y maintenir l'ordre. C'était aux habitants mêmes qu'était remis le soin de la police, et nul n'y avait, en effet, plus d'intérêt qu'eux. La veille de la foire de l'Angevine et durant tout le jour de cette foire, les hommes « estagers manants et habitants de la ville et fauxbourgs de Combour » étaient tenus de faire le guet en armes ; et les possesseurs d'une maison de Combour appelée la Lanterne devaient allumer « des flambeaux dans la lanterne attachée au devant de ladite maison, pour servir et éclairer à faire ledit guet et l'assise du corps de garde d'icelui » [Note : Déclaration de Combour en 1682]. Ceci montre qu'on faisait le guet non seulement le jour de la foire, mais encore la nuit qui précédait et celle qui suivait.

Le comte de Combour jouissait aussi d'une foire très importante qui se tenait le 20 octobre chaque année au bourg de Saint-Léger.

A cette foire le guet devait être fait le jour même de la foire, la veille et les deux nuits, comme à Combour, « par les hommes et tenanciers habitant en ladite bourgade de Saint-Léger et ès clostures des douves anciennes estant à l'environ dudit bourg » [Note : Déclaration de Combour en 1580]. Ceci prouve que Saint-Léger était à l'origine fortifié et enclos de douves destinées à le protéger contre un coup de main.

Pour revenir à notre foire, le seigneur de Saint-Léger, autrement dit de la Rivière, devait « comparoir et assister audit guet de ladite foire, » c'est-à-dire veiller en personne à la tête du poste chargé de faire le guet « pendant les deux nuits » séparées par l'intervalle du jour de la foire. Il jouissait « pour cette cause d'une tierce partie de la coustume de ladite foire et le seigneur de Combour des deux autres tiers » [Note : Déclaration de Combour en 1580]. Mais au XVIIème siècle il renonça à ce droit pour être dispensé de cette double veillée, et la foire de Saint-Léger fut transférée, de son consentement, dans la ville de Combour.

Il y avait à Saint-Léger un petit prieuré bénédictin, fondé au XIème siècle par les seigneurs de Combour et qui fut fort anciennement uni comme annexe à celui de Tremblay, dépendant de l'abbaye Saint-Florent de Saumur. C'est pourquoi, suivant la Déclaration de Combour en 1580, le prieur de Tremblay, à cause du prieuré de Saint-Léger (son annexe) était tenu les deux soirs (de la veille et du jour) de la foire de Saint-Léger « de fournir et bailler torches et flambeaux allumés pour faire l'assiette du guet, et iceux apporter au devant de la porte du cimetière dudit Saint-Léger. En outre (devait ledit prieur) trois demeaux d'avoine grosse, mesure de Combour, chacun an, le lendemain de ladite foire, que tiennent les plaids dudit Combour au bourg de Saint-Léger, pour les chevaux des officiers du seigneur de Combour ».

La foire de Saint-Marcan, tenue à la fête de Saint-Eloi, appartenait aussi au comte de Combour, qui jouissait encore des coutumes de Saint-Ouen de la Rouairie et d'un droit de bouteillage à Combour même consistant « à prendre trois chopines de la première pipe de vin nouveau qui arrive chacun an en la ville de Combour » [Note : Déclaration de Combour en 1580]. Jusqu'au XVIème siècle, en effet, on cultiva la vigne en grand et l'on fit du vin dans tout le pays de Dol et des environs.

Nous avons dit que les sires de Combour s'étaient distingués au moyen-âge par leurs largesses envers les monastères. Par reconnaissance, certains de ces couvents étaient tenus à quelques redevances envers les descendants de leurs bienfaiteurs : nous venons de nommer les prieurs de Combour et de Saint-Léger ; ajoutons-y le prieur de l'Abbaye-sous-Dol, qui devait au comte de Combour une rente annuelle de 4 liv. à l'Angevine, et la dame prieure de Tinténiac, religieuse de Saint-Georges de Rennes, tenue seulement à 4 sols de rente « en recognoissance de l'usage du tison de Noël qui est accoustumé marqué pour sondit prieuré en la forest de Tanouarn » [Note : Déclaration de Combour en 1580].

Remarquons encore, à propos de cette forêt de Tanouarn appartenant au sire de Combour, que le seigneur de Tinténiac, « à cause de sa mestairie de Chastelain, » et celui de Québriac « par cause de sa mestairie du Boismarqué, » étaient obligés de fournir chacun « un parc aux bestes domestiques lesquelles sont prises en la forest de Tanouarn par les officiers et forestiers d'icelle forest » [Note : Déclaration de Combour en 1580].

Enfin le seigneur de Combour prétendait avoir le « droit de bris des navires et barques échoués en mer depuis le pont de Pontorson jusqu'au Vivier de Hirel » [Note : Déclaration de Combour en 1580].

Quant aux nombreuses églises et chapelles construites sur le territoire du comté de Combour, le seigneur dudit lieu se disait « fondateur des abbayes de la Vieuville et du Tronchet, des prieurés de Combour et de l'Abbaye-sous-Dol, des chapelles de Paluel, la Magdeleine de Combour, l'hôpital et le château de Combour ; et prééminencier des églises paroissiales de Combour, Québriac, Dingé, Saint-Léger, Trans, Vieuxviel, Roz-sué-Couësnon, Meillac, Cendres et autres lieux » [Note : Déclaration de Combour en 1580].

En terminant cette longue énumération des droits féodaux appartenant au comte de Combour, il est peut-être bon de rappeler que lui-même avait certain devoir de même genre à remplir envers son suzerain primitif l'évêque de Dol. Ce prélat tenait chaque année dans sa ville épiscopale une grande foire à la fête de Saint-Samson. Le jour et la veille de cette foire les habitants de Dol devaient faire le guet et la chevauchée en la ville pour y maintenir l'ordre, et devaient aussi fournir « deux flambeaux et des cierges pour faire l'évocation des sujets qui doibvent assister ladite chevauchée » [Note : Déclaration du régaire de Dol en 1680]. Parmi ces sujets devait comparaître, par soi ou par procureur, le seigneur de Combour à la tête des tenanciers de diverses « maisons, situées au faubourg de la Chaussée et dessus le moulin de l'Archevesque, relevant prochement du fief de Malestroit à Dol, » fief qu'il tenait de l'évêque de Dol [Note : A. de la Borderie, Le régaire de Dol (Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, II, 168)]. Ce devoir féodal était un dernier vestige des anciens rapports du sire de Combour avec le prélat dolois, alors que ce seigneur se glorifiait d'être le porte-enseigne de saint Samson et le défenseur de l’Eglise de Dol.

(abbé Guillotin de Corson).

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