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VICOMTÉ et PRINCIPAUTÉ DE COAT-MÉAL

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CHAPITRE I.

A. — Castel-Uhel motte fédérale.

Qu'est-ce au juste, ce Castel-Uhel qui a si souvent intrigué le touriste et l'archéologue ?

C'est une motte énorme, présentant à son sommet, à la fin du siècle dernier, trois trous en forme d'entonnoir (celui du milieu était beaucoup plus important), des traces de constructions fort importantes, et au bas, des douves circulaires très profondes.

Voici tous les détails connus de l'auteur :

Cette motte affectant une forme plus ou moins ovale, mesure environ cinquante mètres de longueur et quarante mètres dans sa plus grande largeur. Elle domine le bourg de onze mètres et en est distante d'environ 120 mètres.

La douve du bout Est pouvait avoir 12 mètres de profondeur. Les terrassements l'ont réduites à sept mètres. La largeur du fond varie de, trois à cinq mètres. Elle atteint environ dix mètres à la crête de la contrescarpe.

Des fouilles entreprises [Note : Les terrassiers ont mis à jour une meule à bras ou molette comme on en trouve dans les stations romaines (ce qui fait penser au damnatur ad molas). Cette meule est cylindrique et creusée en son milieu de part en part, pour recevoir un arbre axial. Son diamètre mesure 0 m. 70, son épaisseur O m. 25. Une cassure latérale dénonce l'adaptation d'un levier, cause de la fracture et nous apprend, par là même, que nous avons trouvé la meule girante. Il n'a été rencontré aucune trace de sa jumelle, la dormante. On sait qu'elle devait être taillée légèrement en cône, pour entrer dans la meule supérieure et faire moulin, lorsque deux mains, à plat, lui imprimaient un mouvement rotatoire. Ce mouvement, le plus souvent, était facilité par un levier. Dans les deux cas, le blé était écrasé, moulu entre les faces en contact. La meule en question est encastrée, bien en évidence, dans le mur d'enceinte de la propriété. Il s'agit bien d'une meule romaine], surtout en vue d'extraction des moellons, ont permis de découvrir une partie des anciennes fondations et d'établir le croquis suivant :

Les fondations, sises à l'Ouest, sont demeurées intactes. On peut les découvrir sous la terre labourable, à une profondeur de 0 m. 80 auprès des bâtiments et à une profondeur de 2 à 3 mètres à l'ouest du jardin. Les murs avaient leurs moellons disposés en lits réguliers, réunis par un mortier jaunâtre, très résistant, ayant toutes les apparences du ciment romain. Dans le mortier de la façade avaient été incrustés de tout petits cailloux aux endroits laissés libres par les irrégularités du moellon. C'était de la fort belle maçonnerie.

Ces constructions devaient êtres énormes, loger un personnel nombreux, une écurie de très grande importance, à en juger par les bâtiments de service, la cour, la route pavée, la forge ?

Comment expliquer la présence, dans la cour Est, de charbon et de pierres calcinées ? Serait-ce l'effet d'un incendie ?

La disposition de nombreuses pierres, laissait croire plutôt à l'existence d'une auge, telle qu'on en ménage de nos jours aux bords des grèves, pour brûler le varech et le transformer en soude. Ne serait-ce pas une forge ?

Au Midi de cette cour, existait un passage sans aucune trace de fondations. Cette sortie donnait sur une route qui remontait vers l'Est dans les parcelles n° 265 et 280, section B du cadastre.

Cette route portait un pavé, très usé, de 2 m. 50 de large sur 142 mètres de long. L'usure, égale en tout sens, laisse croire qu'elle était réservée à des promenades, à des exercices hippiques.

B. — Tumulus, castel romain.

Ces fondations, les constructions qui y reposaient, datent-elles des romains ou seulement des Rohan ?

Certes, elles ont servi aux Rohan, et comme nous l'écrirons plus loin, elles ont dû influer sur le partage en trois chatellenies de la vicomté de Hervé de Léon.

Mais, l'emplacement, les douves et toutes les particularités sentent fortement une origine romaine.

Castellum était le nom donné aux enceintes fortifiées, si nombreuses en Bretagne et c'est le mot castellum crue les Bretons ont traduit par Castel. Ces enceintes étaient construites au croisement des voies et consistaient en buttes élevées, gardées par une petite garnison dont le rôle principal était de donner l'alarme, mais qui était également en mesure d'opposer une résistance, même très sérieuse.

Toutes ces caractéristiques se rencontrent au Castel-Uhel. Cette enceinte pouvait défendre le croisement de la route de Brest à Tolente et la route qui menait de Portzliogan à Pontusval.

D'ailleurs, aucun doute ne peut être émis sur l'occupation romaine de Coat-Méal, vers le milieu du premier siècle.

Outre ces indices typiques, les noms de Quistinic, de Mouden, de Questel (pluriel breton de Castel), conservés jusqu'à ce jour des propriétés voisines, sont assez significatifs.

Enfin, il y a quelque cinquante ans, une preuve péremptoire a été fournie de l'occupation militaire par les romains.

A un kilomètre du Castel-Uhel, non loin de la route de Brest au Castel Trémazan, dans un champ du village de Lesvern, on s'arrêtait étonné devant une motte affectant la forme d'une grosse verrue. Elle était une gêne pour l'exploitation. Cédant aux plaintes du fermier le propriétaire, M. Huet, de Brest, entreprit des fouilles. C'était un magnifique tumulus, à plusieurs galeries. Outre cinq vases romains de terre cuite, il renfermait de multiples pièces métalliques. Le propriétaire emporta le tout [Note : Quelques-unes des pièces, m'a-t-on affirmé, out été offertes au musée de Brest].

Il est donc bien difficile de ne pas admettre que le Castel-Uhel fut, à l'origine, un castellum romain.

Aux environs de quelles dates faut-il situer la construction et la destruction des bâtiments ? La construction était certainement antérieure à 1021, date du partage du Léon. Il est permis d'ajouter que depuis pas mal de siècles, on ne construit pas de murailles de 2 m. 33 d'épaisseur sur des fondations de 9 à 15 pieds de profondeur.

Peut-être des spécialistes, en fait de mortier et de maçonnerie des différents âges pourraient-ils risquer une affirmation, une date. Pour ce qui est de la destruction, on peut émettre bien des hypothèses. Autre chose serait de les asseoir sur une base solide.

Dans les multiples papiers qui nous restent des Guillaume du Chastel, milieu du XVIème siècle, aucune mention n'est faite du Castel-Uhel, qui se trouvait sur son domaine. Il habitait un manoir (Kersimoun), touchant les métairies, à 500 mètres du Castel.

La démolition peut fort bien avoir été l'œuvre des guerres de la Ligue.

Une chose est certaine. Bien avant les fouilles entreprises de 1920 à 1925, les moellons des fondations avaient été enlevés du bout Est, jusqu'à une profondeur de 2 mètres, par endroits [Note : D'après la tradition on pourrait trouver au fond des douves les entrées de deux souterrains, l'un se dirigeant vers les manoirs de Kersimoun et de Coativy, l'autre prenant la direction de l'ancien château de Ty-Coz, face à l'église. Aucune recherche ne paraît avoir été entreprise. Dans le puits Nord de Ty-Coz, à 3 mètres au-dessous du sol, à fleur d'eau pendant l'hiver, on remarque dans la maçonnerie Est, une ouverture de pierres taillées. Est-ce une simple cachette, est-ce l'entrée d'un souterrain ?]. Sur leur emplacement, sortant d'une couche épaisse de lichen et de mousse, ici, quelques souches, plusieurs fois séculaires, poussaient péniblement leur maigre taillis, plus loin, quelques troncs d'arbres à demi-morts présentaient un branchage hirsute, bizarre, lamentable, et emmêlée au tout, une brouissaille touffue envahissait en fouillis inextricable les douves, les rampes, les cours, de la façon la plus sauvage.

 

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CHAPITRE II.

Coat-Méal, Vicomté puis, Principauté du Léon.

Le Comté de Léon, au Xème siècle, avait exactement les limites de l'ancien évêché de Léon.

Il était divisé en 4 chatellenies :
1. — La châtellenie de Lesneven allait de l'embouchure de la Penzé jusqu'à l'Aber-Benoit et comprenait 42 paroisses.
2. — La châtellenie de St-Renan, de l'Aber-Benoit à l'Elorn, comptait 41 paroisses ou Trèves.
3. — La châtellenie du Daoudour consistait en une vingtaine de paroisses, entre l'Elorn et la Queffleut.
4. — Celle de Landerneau ne posédait que 35 paroisses.

Le comté fut attribué de la façon suivante : Morvan, proclamé roi des Bretons, fut tué par un soldat de Louis Le Débonnaire en 818. Il signait : comte de Léon.

Evert Le Grand en 937 donne, à Landévennec, 12 « Villas » et à Morbret, la terre de « Lann-Riwoli », aujourd'hui Lanrivoaré. Il signait : comte de Léon. Il y a lieu de croire qu'il mourut avant 955.

En 1021, son successeur, Guyomard Ier, porte le titre de Vicomte de Léon. Ses successeurs portèrent le même titre. Qu'était-il advenu ? La division.

Lorsque Geoffroy II, anglais d'origine, duc de Bretagne par conquête, fut devenu maître du Léon, il rendit ce comté aux vrais héritiers.

A l'aîné, Guyomard V, fils de Guyomard IV et de Nobilis, il laissa les châtellenies de St-Renan et de Lesneven.

Au deuxième fils, Hervé, il donna tous les fiefs de la maison de Léon en Cornouaille, les châtellenies de Daoudour, de Landerneau et, en outre, un autre fief, taillé dans la châtellenie de St-Renan, qui se nommait Coat-Méal.

A la mort de Guyomard IV, 1179, comte de tout le Léon, Hervé, son deuxième fils et après lui tout ses successeurs, à l'égal de leur aîné, Guyomard V, prirent le titre de Vicomtes de Léon.

La vicomté de la branche cadette, Hervé de Léon était divisée en trois châtellenies :

1. — La châtellenie de Landerneau [Note : Sur maints monuments, se voit un soleil ailé et hilare. C'était le blason particulier de la principauté de Landerneau jusqu'à ce que un duc de Rohan, par déférence pour Louis XIV, le Roi-Soleil, lui eut substitué une lune, bientôt fameuse : la lune de Landerneau], centre et chef-lieu de tout le territoire de la branche cadette. Sur son terrain se trouvait le fameux castel de la Joyeuse-Garde [Note : Du castel de la Joyeuse Garde où les chevaliers de la table ronde prenaient leurs ébats, il reste en tout une porte ogivale recouverte de lierre et de broussailles].
2. — La châtellenie du Daoudour qui confinait aux comtés de Tréguier et de Cornouaille.
3. — La châtellenie de Coat-Méal. C'est celle qui nous intéresse présentement.

A. — Vicomté de Coat-Méal.

La vicomté consistait en une bande de terre coupant en deux la châtellenie de St-Renan. Elle allait de l'Aber-Benoit à la mer, devant Portsall, comprenant les paroisses de Coat-Méal, Plouguin, Landunvez, Guitalmézeau, Plourin, Trefglonou, Porspoder et Ploë-Avaz (Guipavas).

De Coat-Méal dépendait le plus beau fief du comté de Léon, le Castel-Trémazan [Note : En 525, un nommé Galonus était seigneur de Trémazan (un romain qui aurait pris racine ?). Ce castel en Kersaint, trève de Landunvez, dominait l'océan en face de Portsall. Là se dresse, encore aujourd'hui l'énorme et antique donjon du XIIème siècle qui, malgré ses brèches, garde dans sa détresse, une fière mine].

Nous lisons, en effet, dans une déclaration de la vicomté de Coat-Méal en date de 1682 : « à laditte Vicomté appartient le plus proche fief sur la maison et châsteau de Trémazan, situé en la paroisse de Landunvez, au fief de Kersent... ».

La même affirmation se lit dans un aveu de 1696 : « à la vicomté de Coat-Méal appartient le proche fief sur le Chastel situé au tref de Kersent en la paroisse de Landunvez... » (Archives de la Loire-Inférieure, vol. XI, n° 15 et 16).

A Coat-Méal même, centre de la vicomté, en direction du Bourg-Blanc, se trouve la fameuse Motte du Castel-Uhel. Du haut de ce castel, l'œil embrassait presque toute l'étendue de la vicomté.

« Cette motte, féodale, écrit M. de la Borderie, était défendue par un étang [Note : D'étang, il ne reste aucune trace. On ne voit guère de place à une nappe d'eau, ni de possibilité d'en créer une, à moins de travaux énormes qui bouleverseraient complètement la constitution actuelle de la localité. En revanche, l'eau des fontaines de Kersimoun et de Penn-ar-Vern a probablement été dérivée et peut l'être encore, sans grande difficulté, pour remplir les douves actuelles et garantir un isolement plus complet, une sécurité plus assurée] et par un profond fossé circulaire. Elle était, jadis, surmontée d'une tour. C'était le chef-lieu de la vicomté de Coat-Méal ».

On peut ajouter que, fort probablement, c'est l'importance du Castel-Trémazan et du Castel-Uhel qui déterminèrent la branche cadette à créer la châtellenie de Coat-Méal et à s'en contenter. N'étaient ces castels, en effet, cette petite bande de terre, si riche soit-elle, serait de bien maigre valeur comparativement aux domaines des autres branches [Note : Les vicomtes venaient de temps à autre se mettre au frais au Castel-Uhel, s'y reposer de la vie fatigante de Landerneau. Ils trouvaient là leurs rentes, des procès innombrables et leur sénéchal.... quand ce dernier ne s'oubliait pas à l'auberge de Toul-al-Logoden, près de la Motte-Tangui (Brest)].

La vicomté de cette branche cadette prospéra jusqu'à Hervé IV, marié à Catherine de Laval, dernier comte de Léon, surnommé « Le Prodigue ». A la suite d'un procès, il dut aliéner plusieurs domaines de sa châtellenie (citons le château de Brest qu'il céda au duc Jean I en 1239). Criblé de dettes, il mourut en 1280.

En 1363, la dernière héritière de Léon versa son gros héritage dans la richissime maison de Rohan par son mariage avec Jean, vicomte de Rohan, seigneur de Châteauneuf-en-Timeraie, au Perche, de Noyon-sur-Andell, en Normandie, de Landerneau, de Daoulas, de Coat-Méal, de la Joyeuse-Garde, de la Roche-Maurice, etc..., etc... [Note : De gueules à 9 macles d'or 3, 3, 3 (sceau de 1222). Alias, à la bande d'argent brochant (sceau de 1298) alias ; un lion à la bordure nébulée (sceau de 1204 à 1216). Devise : à plus, ou Plaisance : alias, roi ne puis, prince ne daigne, Rohan suis. De 1426 à 1448, la maison souveraine de Rohan est surtout fixée dans ses domaines en Porhoët ; ce qui n'empêche pas, en 1510, Jean de Rohan d'édifier sur le pont de Landerneau un imposant moulin féodal, moulin fameux qui, selon le proverbe breton, n'était ni en Cornouaille ni dans le Léon. En 1826, le chevalier de Fréminville .voulut en déchiffrer l'inscription. Il l’estropia pitoyablement. Mieux s'y prit le barde Léonard qui relatait la chose dans ce quatrain aussi malicieux que boiteux : Ervez lavar ar zôn - E kreis Pont Landerne - Eman da fri e Leon - A da reur e Kerne. Comme dit la chanson : « Au milieu du pont de Landerneau, tu as le nez dans le Léon et le derrière en Cornouaille ». Il y a quelques années, on voyait le moulin à peu près intact. Le pont n'a guère changé].

A la suite d'un procès, le duc de Rohan, tout en restant vicomte de Coat-Méal, vendit plusieurs terres, dont Kersimoun et Coat-Méal, à Ollivier II du Chastel, le 22 juin 1437.

Et, le 21 août de la même année, Olivier du Chastel fut confirmé par le duc Arthur III dans le droit « de faire délivrer sa menée, à St-Renan, le premier, après le vicomte de Coat-Méal, ainsi qu'il est accoustumé » [Note : La riche maison du Chastel prit rang parmi les Barons de Bretagne : Dès les XVIème et XVIIème siècles, peut-être avant, elle était partagée en trois membres appelés le Chastel à Brest, le Chastel à Cléder et le Chastel à Lannilis. La baronnie prétendait à plus de 20 paroisses. Le Chastel à Brest était de beaucoup le plus important. Il comprenait la Motte-Tangui (Brest), le castel Trémazan, Plouarzel, Ploumoguer, le château de Coat-Gars, Lampaul, Lanildut, Castel-Uhel, Coat-Méal jusqu'au Pont-Mauny (moulin garo ?), la seigneurie de Lesneven, toutes les terres qui dépendaient de ces châteaux, soit environ 11 paroisses].

De ce fait, Du Chastel devenait le 2ème ménéant de Brest et de Saint-Renan, non pas comme baron du Chastel, mais comme seigneur de Coat-Méal.

B. — Coat-Méal, Principauté du Léon.

La vicomté de Coat-Méal, en 1572, fut érigée en principauté de Léon, en faveur du grand Henri, vicomte de Rohan. Ce titre a été renouvelé en faveur du seigneur Rohan-Chabot [Note : La maison Chabot, originaire, du Poitou, s'allia, en 1645, à la maison de Rohan par le mariage de Henri Chabot, seigneur de Ste-Aulaye, avec la fille unique du grand Henri de Rohan, Marguerite, duchesse de Rohan, princesse de Léon, etc... « avec substitution expresse du nom et armes de Rohan aux enfants à naître de ce mariage : ce qui a été exécuté ». De ce mariage est née la maison Rohan-Chabot. A Quimper, dans la boulangerie de la place au Beurre, se voient les armoiries de la famille de Rohan-Chabot (Bul, soc.. arch. 1930, XVI). Nota. : La Duchesse de Chevreuse, héroïne de la Fronder était une Marie de Rohan].

En tant que vicomte de Coat-Méal, le duc de Rohan-Chabot était seigneur d'une grande partie de la châtellenie et notamment « du Castel-Uhel et du chasteau et forteresse de Trémazan ».

A partir de 1645, en tête de tous les actes, mention a été faite de Rohan-Chabot de la façon suivante [Note : Le 18 mars 1687, avant midy, devant nous nottaire de la juridiction de la Vicomté de Coat-Méal et soubmission à Jalle a comparu... Eouys, duc de Rohan, Chabot, prince de Léon, vicomte de Coat-Méal, etc... Ou encore : Très haut et très puissant Monseigneur Louis de Rohan-Chabot, duc de Rohan, Chabot, duc de Rohan, pair de France, prince de Léon, comte du Porhoët, marquis de Blain, vicomte de Coat-Méal, représenté par son Procureur fiscal, Jean Riot, seigneur de Rozlan, contre haute et puissante dame Renée Louise de Keronalze, duchesse de Portsmouth, etc... La région soumise au Présidial de Quimper comprenait environ la cinquième partie du territoire de la Bretagne. Le Présidial, comme on sait, était la juridiction d'appel des 9 sénéchaussées royales et ces sénéchaussées n'étaient que d'anciennes « barres » ducales. C'est après la soumission de la Bretagne à la couronne que les barres ducales devinrent barres royales ou sénéchaussées. Le Présidial de Quimper étendait son autorité sur tout le diocèse de Léon. En principe, chaque seigneurie avait une justice. Mais, comme la seigneurie relevaient les unes des autres, il en était de même des justices. De là, les basses, les moyennes et les hautes justices. Toutes relevaient de la justice ducale ; et dans tout les cas jusqu'au XVIème siècle, on pouvait en appeler du sénéchal au duc. Le sénéchal, officier de « robe longue » de justice était un personnage important, « le chef d'un siège de justice », souvent choisi parmi les ducs, et siégeant à la cour].

Nous trouvons aussi mention des barons du Chastel en tête de plusieurs actes.

Dans le courant du XVIIIème siècle, les biens des du Chastel, dont Coat-Méal, changèrent plusieurs fois de mains.

En 1714, nous les voyons achetés 1.100.000 livres par le financier Crozat.

En 1778, ils furent revendus 3 millions et demi au Prince de Rohan ; et finalement, en 1786, le roi les acheta quatre millions.

Au milieu de ces transactions, Coat-Méal était resté indépendant, jusqu'à la Révolution.

« De toujours, Coat-Méal a esté terre noble, fournissant foi, hommage et redevance à son seigneur, depuis le chanoine Prieur, jusqu'au dernier manant ».

 

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CHAPITRE III.

Justice.

Le sénéchal de Coat-Méal n'était pas un sénéchal de « siège royal » mais le sénéchal du duc de Rohan. Il assistait habituellement aux séances des généraux-plaids. Autour de lui il y avait les procureurs, les notaires, les avocats et les sergents (nos modernes huissiers).

La vicomté de Coat-Méal avait haute, moyenne et basse justice. Le ressort de la juridiction qui y était exercée englobait les paroisses de « Coat-Méal, Plouguin, Landanvez, Trefglonou, Guitalmézeau, Porspoder et Ploë-Avaz (Guipavas) ».

Une partie des baronnies du Chastel et de Lescoat-Coatmeur relevait également de Coat-Méal.

Les actes du greffe rappelaient toujours que la vicomté de Coat-Méal avait la même origine féodale que la vicomté et principauté de Léon et avait toujours appartenu aux mêmes seigneurs.

En 1488, les généraux-plaids de la juridiction de Coat-Méal se tenaient au petit manoir de Locmajean, en Plouguin, près la chapelle qui porte ce nom [Note : Majean, qui fit son ermitage en cet endroit, était le frère de Saint Gouesnon + 675].

Cette justice n'était pas sans importance à en juger par le nombre des magistrats affectés à sa cour [Note : Du 2 may 1661. - A la requête du procureur, appel est fait des sergents de cette cour : Sergentz-Maistres : Yves Le Fourn (avec défense d'instrumenter) ; Yvon Scot, présent ; Guillaume Cléguer, présent ; Jan Ségalen, présent ; Tanguy Pulluen, présent ; Yves Le Bail, présent ; François Duval, présent ; Louis Le Bernard, excuzé ; Hervé Scot, présent ; François Morvan, présent ; Vincent Creun, présent ; Enjoint aux sergentz de mettre leurs procès-verhaux au greffe, d'avoir banni les plaids-généraux. Nottaires-Maistres : Sébastien Kéroullé, excuzé ; Jacques Drogo, présent ; Prigent Penn, présent ; Jacques Denis, présent ; Yvon Fourn, présent ; Mathieu Marrecq, présent ; Guillaume Cléguen, présent ; Jean Thomas, présent ; Julien Rozé, présent ; Louis Le Bernard, excuzé ; Mathias Guillou, présent ; Procureurs-Maistres : Claude Pen, excuzé ; Sébastien Kéroullé, excuzé ; Jacques Drogo, présent ; Prigent Pen, présent ; Vincent Le Vaillant, défaut ; Jean Thomas, présent ; Guillaume Cléguer, présent ; Julien Rozé, présent ; François Kéroullé, présent ; Louis Le Bernard, excuzé ; Mathias Guillou, présent ; Mathieu Le Drézit, excuzé. Les prochains généraux-plaids assignés au 18 juillet. M. Hervé Pottin, maître, contre Jean Coziau et autres... Le sieur Recteur de Plouguin menant fait et cause pour ceux-ci. Leur avocat, de Keroullé, demande, puisqu'il s'agit d'un procès entre écclésiastiques, qu'ils soient renvoyés à leurs juges naturels. Bonne leçon pour les juges]. L'appel des magistrats était fait habituellement 2 fois l'an, en mai et en octobre. Les absences non motivées étaient l'objet d'un blâme, parfois d'une punition, à laquelle pouvait s'ajouter la révocation. Les jours d'appel, on fixait la date d'assignation des généraux-plaids. Les audiences étaient fort nombreuses [Note : Il y en eut 7 en mars 1662 avec, souvent, la présence des procureurs. Le 2 mai de la même année se tiennent les généraux-plaids : 1. - Négligence de François Morvan due à son « mespris à la religion de la justice ». 2. - Enregistrement du brevet de capacité et d'expérience de Maîstre Pierre Le Guerrec nottaire, remplaçant son père, à la juridiction de Coat-Méal. Le 14 novembre 1702, il y eut 5 affaires : 1. - François Le Hir, marchand de vin en gros. 2. - M. Guénole Le Uy, sieur de Kérellec, faisant « tant pour luy que pour le sieur de Koudren Cabon, père et garde naturel de leurs enfants, contre divers fermiers ». 3. - Maître Tanguy Hérou, prêtre s'opposant à la succession vacant de feu Goulven Quémeneur. 4. - René Jouan, escuyer Sr de K. bezris. 5. - Suite de l'affaire d'enfant noyé sans préjudice d'autres poursuites contre le sieur Recteur de Plouguin qui a enterré led. enfant dans son église, quoiqu'il eut connaissance qu'il avait été noyé. Lecture est donnée par Jacques Bureau, procureur de François Le Saux et consorts d'un procès-verbal de Yves Hérou, sergentz, de ceste cour, relatant qu'en vertu d'une décret de prise de corps décerné contre François Kerméédic, prêtre et chanoine de Kerzent (Kersaint) il s'est transporté le 17 octobre à Ploudalmézeau, où, après avoir fait battre le tambour au milieu du marché, il aurait par un cry public, assigné led. Sr de Kerméédic, prêtre, à comparaître dans la huitaine devant M. le Sénéchal pour se mettre en estat es prison de Pontaniou, en la ville de Brest, comme prisons empruntées. Pareilles assignations faites au bourg de Coat-Méal et au bourg de Kersent-Landunvez, où habite led. Sr de Kerméidic. Acte de cette lecture et après qui led. Hérou a fait appel par trois différentes fois dud. Sr Kerméidic, tant en breton qu'en français, sans qu'il se soit présenté, donné défaut contre lui par le sénéchal. 28 9bre. Rapport fait par le sénéchal qu'avis lui ayant été donné de la prise dud. Kerméidic, appréhendé au corps dans l'église de Kersent et conduit aux prisons de Pontaniou à Brest, il s'était transporté à Brest, pour interroger le prisonnier. Le geôlier lui a répondu ne l'avoir pas recu]. En principe, il y en avait une par semaine, ce qui n'empêchait aucunement des audiences supplémentaires à la demande d'un seigneur puissant ou pour une cause d'intérêt supérieur. De plus, elles n'étaient pas précisément de pure forme. Le nombre des causes hebdomadaires traitées en 1661 variaient de 3 à 17. En août, nous en relatons une quarantaine et en septembre 36. Le total des affaires traitées, cette année, approchait de 259.

Les patibulaires de cette haute justice se dressaient à Coat-Méal à l'endroit nommé Prat-ar-C'hef, à l'intersection des routes de Brest – Ploudalmézeau et de Saint-Renan - Lannilis.

Le champ, section C n° 99, porte encore, au cadastre, le nom de Parc-ar-Justis (Champ de l’exécution) et le champ section B, n° 96, se nomme Parc-ar-Relechous (déformation du mot relegou qui signifie reliciues) laissant entendre qu'il était le cimetière des exécutés de Parc-ar-Justis.

Aujourd'hui, ces 2 champs sont séparés par la route de Brest - Ploudalmézeau.

Que penser de cette justice ?

Le domaine ducal, dans tout le Léon, avait en somme pour origine les acquisitions faites par les ducs de Bretagne. Le sénéchal était le conseil juridique du duc, le procureur fiscal était son intendant. L'un et l'autre, comme tout le personnel, étaient nommés par lui.

Nécessairement, ils se trouvaient tous dans une véritable dépendance de leur seigneur et tous avaient intérêt à le ménager.

De plus, les sénéchaussées royales n'étaient pas les seules juridictions ordinaires. Le roi et les ducs étaient loin et dans le plus grand nombre de juridictions, la justice était rendue par les magistrats, nommés par les seigneurs féodaux…

C'était un droit aussi ancien qu'injustifié.

En 1565, Charles IX supprima quelques sièges. On n'obéit point. Les magistrats de Brest, de Saint- Renan, restèrent en fonctions comme ceux de Lesneven.

Au XVIIème siècle, le régime féodal était, à peu près, disparu, il y avait des magistrats royaux et des fonctionnaires.

Pour ce qui est de Coat-Méal spécialement, l'acquisition des biens, du Chastel et de Rohan, par le roi en 1786 n'amena pas l'union de son ressort judiciaire à celui de la sénéchaussée.

La justice continua d'être exercée par des juges particuliers. C'était, il est vrai, un état de choses provisoire.

Il devait durer le temps nécessaire à la liquidation de la banqueroute du prince de Rohan-Guéméné, seigneur de Lorient, de Brest, de Recouvrance, etc..., et dernier propriétaire féodal de la région.

(F. M. Calvez).

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