Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA COMMUNE DE COAT-MÉAL ET LA RÉVOLUTION

  Retour page d'accueil        Retour page "Ville de Coat-Méal"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

CHAPITRE I.

Coat-Méal, étymologie.

1. — C'est un bois de néffliers situé à Prat-ar-C’hef, qui aurait donné son nom à Coat-Méal, écrivait, en 1937, M. le Comte Louis de Blois [Note : « Un transformateur électrique (!!!) s'élève aujourd'hui à Prat-ar-C'hev, à l'intersection des routes de Coat-Méal - Saint-Renan et Ploudalmézeau - Brest, là où un de mes souvenirs d'enfance place quelques arbres, vestiges peut-être du bois de néfliers qui, d'après certains — car cette étymologie est contestée — aurait donné son nom à Coat-Méal. Ne serait-ce pas dans ce bois que la légende situe un épisode que j'ai autrefois entendu conter par des vieux de « chez nous » ? Il y a bien longtemps, un chevalier se rendait de Lesven à Paris, conduisant à la Cour son jeune fils, au grand désespoir de sa femme qui destinait son enfant à l'Eglise. Le père et le fils chevauchaient l'un près de l'autre, suivis de leur escorte. Surprise par un orage, la petite troupe fit halte sous les arbres du bois de Prat-ar-C'hev. Un instant après, la foudre abattit la monture du chevalier, qui, à peine remis de son émotion, apercevant son fils entouré d'une auréole resplendissante, se serait écrié : « Guen oll eo ! » (Il est blanc). Le nom de Guénolé resta à cet enfant qui devint un de nos grands saints Bretons. Légende ? Peut-être. Mais ne sommes-nous pas au pays des charmantes légendes ? (L. de Blois) »].

Effectivement, dans la région on traduit couramment bois de néflier par les mots bretons : coat-mespêr ou coat-mèles. M. de Blois, avec raison, qualifie cette opinion d'improbable.

2. — D'autres ont traduit le mot Coat-Méal par bois du miel : en breton coat-mel.

3. — Ce serait le bois où fut assassiné Gilles de Bretagne vers le milieu du XVème siècle ?

Le soldat chargé de le garder et qui fut accusée de l'avoir tué s'appelait Méel.

C'est une opinion à rejeter. Bien avant cette date. Coat-Méal existait, portant le même nom.

4. — Coat-Méal veut dire : Coat-Melle. Ces deux mots bretons se traduisent par vaste bois. A la fin du Vème siècle et au début du VIème « un grand bois où chassait Conomor venait du Folgoët, Penmarc'h par Plouvien, Bourg-Blanc et Coat-Méal jusqu'à Ploudalmézeau ». Dans ce grand bois « Saint Samson courut une journée entière, sans trouver trace-d'hornme ». En 550, Saint Méen s'écrie : « je suis dans une vaste forêt ».

Au XIème siècle, ainsi que dans un aveu de la vicomté de Coat-Méal, en date de 1641, on écrivait « Coat-Mell ».

Est-ce plausible ? On n'y voit guère d'inconvénient. On peut faire remarquer que ce bois était bien plus grand dans les localités plus importantes, lesquelles ne portaient pas le nom de Coat-Mell. Ce qui autorise à chercher dautres explications.

5. — Les comtes de Léon, lors de la fondation de l'abbaye de Daoulas en 1173, firent donation à ce monastère des dunes de Roscoatmaël devenu Roscanvel.

Jarmo, reproduit par de la Borderie, écrit : « Roscatmaël nom du brigand Catmaglus qui dévasta l'abbaye de Landévennec au VIème siècle ».

Bien plus nombreux sont ceux qui maintiennent Roscoatmaël et traduisent le mot par « Tertre du bois de la seigneurerie ». L'auteur de ces lignes penche pour cette explication.

6. — Le mot Maël signifie seigneurie. On connait Maël-Carhaix, Maël-Pestivien, Mezle, Mellac., etc... A 5 kilomètres de Coat-Méal nous avons Milizac (Maël-Izac), le fief du seigneur Izac, grand propriétaire de la contrée.

Et pourquoi Coat-Méal ne serait-il pas un maël ? Sans vouloir en tirer argument, on peut faire remarquer qu'aujourd'hui encore, on ne pronounce guère en breton, ni Coat-Méal, ni Coat-Mell ; tous disent Cozmèle, la partie mèle prononcée plutôt comme maël.

Et j'ai grande envie de croire que Coat-Méal signifierait bois de la seigneurie, ou plus justement « ancienne seigneurie ». Le champ reste ouvert.

***

M. Waquet, archiviste en chef du Finistère, signale l'existence d'un Coat-Maël en Maël-Piestivien dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), et mention en est faite dans : Largilière, Les saints et l'organisation chrétienne primitive, dans l'Armorique bretonne, page 236.

 

********

CHAPITRE II.

Coat-Méal, commune.

Depuis des siècles, Coat-Méal était une commune autonome, ne dépendant que de ses seigneurs. En revanche, elle était la commune la plus petite du Finistère. Sa superficie totale ne dépassait pas 43 hectares. Elle ne comprenait guère autre chose que le bourg actuel et était entièrement enclavée dans la commune de Plouguin.

Après l'achat, par le roi de France, du domaine de Rohan, la commune demeura territorialement la même. Mais, outre la protection de ses seigneurs, elle perdit un grand nombre des rentes qu'elle percevait des communes voisines.

Relevons trois faits saillants :
1. — La Révolution.
2. — Le choléra.
3. — L'agrandissement de la commune.

A. — RÉVOLUTION.
Toutes les rentes sont confisquées et la petite commune, livrée à ses propres moyens avec 188 habitants sur un territoire infime, vivait dans un état proche de la misère.

Elle demanda un quart des biens de l'église, que était fort riche.

Le 11 décembre 1791, Jacques Paul et Alain Jacolot sont désignés et acceptent « de vendre et adjuger » les biens de l'église. Jean Miry était maire.

Le 29 janvier 1792, Jean François Le Bris, démissionnaire de ses fonctions de procureur de la commune, est remplacé par Jean-Anne Le Bris.

Le 16 juillet 1792, le conseil donne ordre de publier le serment civique exigé des prêtres « et le présente au recteur pour cet effet ; lequel n'a jugé à propos d'en faire lecture au prône de la grand'messe. Sur quoi nous avons décidé d'en faire lecture par notre secrétaire, dimanche prochain ».

Le 2 ventose, de l'an II de, l'ère républicaine, réunion extraordinaire du Conseil municipal pour la plantation de l'arbre de la Liberté. Cette séance est présidée par Jean Anne Le Brise, premier officier municipal, faisant, par intérim, fonction de maire « attendu que ce dernier est détenu au châsteau de Brest ».

Pour quelle raison ?.... Un feuillet du registre a été déchiré et enlevé.

Jean Amie Le Brise, notable, est remplacé par Jacques Paul.

Le 9 décembre 1792, Jean Marie Arzur, du château de Ty-Coz, est nommé maire, Vincent Choss, procureur, Jean Anne Le Bris, du village de la Motte (Ar vouden), Servais Marzin, officiers municipaux et Joseph Paul, secrétaire.

Le 23 décembre 1792. Jean Marie Arzur, maire, et son Conseil prêtent le serinent civique.

Le 28 février, an II de la République, le Conseil municipal présidé par le Maire, inventorie le mobilier de l'église.

Signalons : 1 croix en argent, pesant 13, livres ; 1 lampe en argent, pesant 4 livres + 1 quarteron ; 1 lampe en argent, pesant 2 livres ; 1 encensoir et une navette en argent, pesant 2 livres — 1 quarteron.

Que sont devenu ces objets de valeur ?

Le 12 mars 1793, Jacques Paul démissionne. Il est remplacé par René Marie Le Lann.

Le 24 germinal, an II, le Maire et les Officiers municipaux déclarent que Monsieur Le Guen, prêtre insermenté, a été vu à Plouguin.

« Ce jour, 25 messidor, an III de la République, séance tenue par le Conseil municipal de la commune de Coat-Méal, présidée par Jean Marie Arzur, maire, présents les officiers municipaux : s'est présenté devant nous Jacques Le Guen qui nous a fait la déclaration suivante :

Les ennemis des ministres du culte catholique romain ci-devant détenus ou cachés à raison du refus du serment ne cessent de leur imputer d'être réfractaires à la loi et d'insinuer qu'ils sont en révolte contre le gouvernement. Lesdits ministres ne sont point et n'ont pas été réfractaires à la loi. Une loi prescrit aux fonctionnaires publics de jurer la ci-devant constitution civile du clergé ou d'abandonner leurs bénéfices. Ils n'ont pas fait de serment, mais ils ont abandonné leurs bénéfices ; ils ont donc obéi et ils ne sont pas réfractaires. Ils ne sont point, ils n'ont point été, et, jamais ils ne seront en révolte contre le gouvernement. Disciples d'un Maître qui leur a dit que son royaume n'est pas de ce monde, ils ne sont pas par príncipe et par état soumis au gouvernement civil de tous les pays qu'ils habitent. Lorsque Jésus-Christ a envoyé ses Apôtres prêcher l'Evangile dans tout l'univers, il les a envoyés dans la république comme dans la monarchie, et, telle est l'excellence de cette religion toute divine qu'elle s'adapte à toutes les formes de gouvernement. Dire que le culte catholique romain ne peut s'exercer dans les républiques comme dans les monarchies, c'est calomnier ce culte et ses ministres. Tels sont et tels ont toujours été nos sentiments à Coat-Méal.

Le jour, mois et an ci-dessus.

Et il a signé avec nous, ledit Jacques Le Guen, requérant acte de copie de la déclaration qu'il nous a faite de vouloir célébrer son culte dans l'église de la commune de Coat-Méal.

Signé : Jacques Le Guen, recteur ; Jean Marie Arzur, maire ; Y. Marzin ; Jean Anne Le Bris, officier municipal ; Vincent Choss, agent municipal ; Servais Marzin, agent municipal ».

Ce 30 ventose, an VI de l'ère républicaine : grande fête.

« On se réunit sur la place principale de la commune, autour de l'autel de la Patrie, entouré de verdure et sur lequel on avait placé le livre de la Constitution, au pied de l'arbre de la Liberté... Chacqu'un de ces veillards portait à la main une baguette blanche et un des jeunes gens qui portait un écriteau, est aller (sic) se planter à colté (sic) de l'autel de la Patrie, tous les habitants de cette commune se sont rassemblés aussi pour cette cérémonie où ils se sont transportés de joie et d'allégresse, en chantant des hymnes patriotiques, où il leur a été fait lecture solennelle de la proclamation du directoire exécutif relative aux élections.

Cette cérémonie s'étant terminée par des chants patriotiques, le cortège s'est ensuite retourné à la maison commune ».

B. — CHOLÉRA.

Le 15 juillet 1832, le maire écrit au Sous-Préfet: « J'ai la douleur de porter à votre connaissance que d'après le rapport de M. Billant, le choléramorbus a pris dans la commune. Nous sommes sans secours ».

Le 22 juillet, nouvelle plainte : « Le choléra a été importé probablement du village de Kérinou, en Lambezellec, par le premier décédé qui y travaillait et y avait domicile. Rien comme soins ni remèdes. Si vous n'aidez pas, beaucoup de morts sont inévitables ».

Le rapport du 3 août signale qù'il y a leu 11 cas de maladie et 6 décès.

Le 11 août, le Préfet se décide à envoyer un mandat de 80 fr.

Le 15 septembre on annonce la mort de 3 hommes « dont les veuves restent dans la misère atteinte elle-même et gisant abandonnées sur la paille. Evidemment, la commune ne peut les soulager, car l'on sait qu'elle est la moindre des communes du département, n'étant peuplée que de 188 habitants dont la moitié dans une grande indigence. Je vous prie, M. le Sous-Préfet, de solliciter quelques secours pour nos malheureux, atteint ou à atteindre par la maladie, car sans doute que le nombre des cas ne se bornera pas là. Le bourg renferme une population agglomérée d'habitants dont la misère est très favorable à l'épidémie. Veuillez agréer, etc... ».

Le 2 octobre, lettre au Préfet : « Nous avons dépensé 77 fr. 10. Reste 2 fr. 90, sans destination, aucun indigent n'a plus le choléra ».

C. — AGRANDISSEMENT.

La commune était trop petite et dénuée de ressources suffisantes.

Au Nord, la limite était Penn-ar-Prat, maison rasée en 1910, à 300 mètres du bourg, vers Lannilis.

Les châteaux de Ty-Coz, des Salles et léurs terrains la limitaient au Midi.

A l'Est, la commune ne comprenait que le château de Penn-ar-Ru et ses dépendances, jusqu'aux lavoir et douves du Castel-Uhel.

A l'Ouest, elle s'arrêtait au petit chemin rural qui se trouve au delà de la Motte et au chemin de Touhinel.

C'était donc le bourg actuel légèrement arrondi.

La question se pose de la supprimer ou de l'agrandir.

Le 2 avril 1830, nous assistons à une séance extraordinaire du Conseil municipal, présidée par Yves Arzur, maire. Cette séance avait été ordonnée par le Sous-Préfet de l'arrondissement de Brest, aux termes d'une lettre datée du 6 mars précédent.

Le Maire donne aussitôt lecture de cette lettre « laquelle a pour objet de faire examiner par le Conseil la réunion de la commune à celle Plouguin, ou le démembrement de celle-ci pour la conservation. et l'existence de celle-là ».

Le Conseil municipal lutte pour la vie de Coat-Méal. Il fait remarquer que Plouguin s'étend d'émésurément de ce côté et il expose longuement les raisons qui militent en faveur de l'agrandissement de Coat-Méal.

Voici le texte intégral :

« Ledit conseil examinant mûrement l'objet important de la présente assemblée, ne peut être d'avis, à cause des motifs puissants, patents et incontestables déduits ci-après, que pour la conservation de l'existence de la commune de Coat-Méal par le démembrement de Plouguin.

Motifs.
1. — L'aile qui vient enclaver la commune de Coat-Méal s'écarte du centre de la commune de Plouguin, dont elle fait partie, de deux lieues du pays. C'est ainsi que, de la manière la plus difforme, elle pénètre sur une longueur d'une lieue, dans le canton de Plabennec, et vient toucher les limites du Bourg-Blanc entre les territoires des communes de Guipronvel et de Plouvien. Cette aile difforme aussi tellement la commune de Plouguin que les six cents âmes environ qui l'habitent, éloignées du chef-lieu de leur commune au moins d'une lieue mais seulement du chef-lieu de Coat-Méal, qu'ils entourent, d'une demie lieue au plus, attendent depuis longtemps le bienfait d'une nouvelle circonscription. Une grande partie même de ses habitants n'ont de route plus directe pour se rendre à leur mairie et à leur église, que celle qui traverse le chef-lieu de Coat-Méal, d'autres demeurent également bien en deça de Coat-Méal, y passent de très près aux deux côtés.

2. — En coupant cette aile à la distance d'une lieue du chef-lieu de Plouguin et à celle d'une demie lieue seulement de celui de Coat-Méal, et en établissant de nouvelles limites par un chemin public qui commence sur les écluses des eaux perdantes du moulin de Trémobian, limite de Plouguin et de Guipronvel se dirigeant par la ferme de Kerlunvars, le carrefour du Blet, la croix de Troton, la croix Inizan, la croix de Kérascouët, la ferme de Kermajean, et confinant en suivant l'eau par la chaussée du moulin de Kérascouët, avec les limites de Plouvien et Bourg-Blanc, on obtiendrait la plus favorable délimitation, à la fois entre les 2 communes de Plouguin et de Coat-Méal et entre les 2 cantons de Ploudalmézeau et de Plabennec. Cette délimitation offre, en outre une foule d'avantages pour le bien général.

Les voici :

La commune de Coat-Méal aurait alors une superficie de plus de mille hectares et une population d'environ sept cents âmes. La commune de Plouguin conserverait une étendue tout à l'entour de son chef-lieu de plus d'une lieue, sur d'autres points de deux lieues et une population de 1.600 âmes environ.

Les limites entre les 2 cantons seraient régulières, droites et très apparentes. Celles qui existent maintenant, et devraient exister si la commune de Coat-Méal était supprimée sont invisibles et sillonnées par des sinuosités insupportables, attendu comme il est dit, que l'aile que pousse la commune de Plouguin, entre dans le canton de Plabennec à une profondeur d'une lieue.

On n'éprouverait aucun des inconvénients que l'on épreuve nécessairement en supprimant la mairie et en la jettant (sic) dans une autre.

Il n'y aurait aucun changement à faire au nombre des communes composant les 2 cantons de Ploudalmézeau et de Plabennec et l'arrondissement de perception de contributions directes de Milizac.

On se rendrait enfin au désir de plus de 500 habitants de Plouguin qui environnent de très près le bourg de Coat-Méal et on aurait la satisfaction de leur faire un bonheur, qu'humainement on ne peut leur refuser.

3. — Et si dans le cas où il soit à supposer que la commune de Coat-Méal, formée et obtenue comme elle l'est en la présente, par l'autorité civile, puisse convenir un jour, sous les mêmes limites, à l'autorité écclésiastique pour paroisse, cette supposition seule est un motif en plus, de la plus grande force, venant à l'appui des deux déjà allégués pour l'agrandissement de la commune de Coat-Méal, attendu la commodité que trouveraient, pour leur devoir religieux, les mêmes habitants de Plouguin, au nombre de cinq cents et demeurant presque tous dans les entrées du bourg de Coat-Méal, et éloignés de leur église paroissiale d'une lieue et demie et de deux lieues.

Coat-Méal possède tous les édifices et choses nécessaires pour l'exercice du service religieux. Il y a une église et une tour belles et neuves, a acheté son presbytère, qui est sans contredit, un des plus beaux du canton. Et que deviendraient ces édifices, objets du zèle, du courage et des sacrifices des habitants si la commune était supprimée.

La commune de Coat-Méal est en outre un central favorable entre les chefs-lieux des communes du Bourg-Blanc, Guiprouvel, Plouguin et Tréglonou.

Ainsi délibéré et motivé à l'unanimité en la mairie de Coat-Méal, les jours, mois et an que devant et ont, les membres du conseil signé. Yves Arzur, maire. Suivent 10 signatures ».

Un démembrement de commune paraît être une chose très simple ; de fait, c'est une affaire très laborieuse, très compliquée, surtout lorsque 2 cantons sont en jeu.

Pour ce qui est de Coat-Méal-Plouguin les archives départementales possèdent un volumineux dossier. Parmi les pièces figurent des extraits des plans cadastraux, des délibérations de conseils municipaux et d'arrondissement, l'avis de la chambre des notaires, de l'administration de l'Enregistrement, du géomètre, des rapports du Préfet, du Sous-Préfet, etc..., etc...

Si bien que la question soulevée en 1830, n'obtint de solution que 45 ans plus tard.

C'est la loi du 24 juillet 1875 qui raffermit Coat-Méal, dans son existence menacée, en amputant, en sa faveur, la commune de Plouguin, suivant les limites et les vœux exprimés dans la délibération ci-dessus.

 

********

CHAPITRE III.

I. — SITUATION.

Ogée, dans son dictionnaire de Bretagne, écrit « Coat-Méal est à dix lieues un quart à l'Ouest-Sud-Ouest de Saint-Pol-de-Léon, son évêché, à quarante six lieues trois quarts de Rennes et à trois lieues un quart de Brest, sa subdélégation et son ressort... ».

Complétons, précisons ces indications : à quatre cents mètres de l'intersection des routes G. C. n° 26, de Brest à Peloudalmézeau et de G. C. n° 3 de Lannilis à St-Renan, à l'endroit précis où cette dernière est traversée par la route vicinale n° 1 venant du Bourg-Blanc à Plouguin, se trouve une petite, mais, très coquette agglomération, agrémentée d'une jolie place, fort bien plantée. C'est le bourg chef-lieu de la commune de Coat-Méal.

La commune est bornée au Nord par Tréglonou au Sud par Milizac, à l'Est par Plouvien - Bourg-Blanc et à l'Ouest par Plouguin - Guiprouvel (Guipronvel). Cette commune fait partie du canton de Plabennec : le service postal est assuré par Lannilis.

 

II. — SUPERFICIE.

Avant l'agrandissement, il y avait quarante trois hectares de superficie totale.

De nos jours (1947), ce total se monte là 1.082 hectares, 3 ares, se répartissant comme suit :
Terre labourable : 728 ha 71 a.
Sol : 49 ha 14 a.
Prairies : 110 ha 50 a.
Bois : 42 ha 28 a.
Divers : 151 ha 40 a.
Total : 1.082 ha 03 a.

 

III. — COURS D'EAU, MOULINS.

La commune est arrosée par 3 cours d'eau, tous, trois tributaires de l'Aber-Benoît :

1. Le premier prend sa source près de Penn-ar-Vern et passe à 100 mètres de l'église. Il délimitait à l'Est, la commune primitive.

2. Un deuxième qui le rejoint à Penn-an-Traon, part des environs de Kersimoun et passe au Douric. Il sépare Coat-Méal des communes du Bourg-Blanc et de Plouvien. Tous deux réunis font tourner le moulin de Kérascouët et se jettent dans l'Aber-Benoit, près de Tréglonou.

3. Le troisième, plus important, prend sa source près de Ty-Douar. Il actionne les moulins de Pont-Héré et de la Roche. Ensuite, grossi par un premier ruisseau qui descend des prairies du Goadec et par un deuxième venant des prairies du Salou, il continue sa course pour rejoindre un gros cours d'eau venant de Guiprouvel (Guipronvel). Il traverse la commune de Plouguin du Sud au Nord et va se perdre dans l'Aber, tout près de Saint-Pabu.

 

IV. — VOIES DE COMMUNICATION.

1. — La route de grande communication n° 26 de Brest à Ploudalmézeau traverse le bas de la commune du Sud-Est au Nord-Ouest sur une longueur d'environ 5 kilomètres.

2. — La route G. C. n° 3 de Lannilis à St-Renan, aussi importante que la première dessert la commune du Nord au Sud.

Chemins vicinaux ordinaires.

N° 1. Il part de la mairie vers le Bourg-Blanc et s'arrête au Douric-Kersimoun, limite communale : 880 mètres.

No 2. — Il va de la mairie vers Plouguin en passant par la Motte Meugleus et Kerbrat. Il a une longueur de 1.160 mètres, jusqu'à la route de Brest - Ploudalmézeau. Ces 2 routes, allant de l'Est à l'Ouest coupent la commune en deux parties sensiblement égales.

N° 3. — C'est le chemin qui conduit Croas Prat-ar-Vel (Croas an Tantes), jusqu'à Karrec-an-Aër (Kérolier) en, passant près de Salou et la croix de mission : 481 mètres.

No 4. Le chemin du Goadec, en construction dessert le Sud de la commune.

 

V. — INSTRUCTION.

Le 10 thermidor an XII, 75 livres sont votées pour louer une classe et une maison d'habitation. On ne trouve aucun logement convenable pour l'instituteur.

Les enfants vont à l'école à Bourg-Blanc. En 1846, le Desservant de Coat-Méal fait classe à 30 élèves.

En 1850, par suite du changement de recteur, Coal-Méal est, de nouveau, pour l'école, rattaché au Bourg-Blanc.

La classe se fait, en 1875, au rez-de-chaussée de l'ancien pied-à-terre du sénéchal, au. Nord-Est de l'église.

Le groupe scolaire actuel a été bâti en 1878. Il a servi fort peu.

En 1940, 29 garçons et 14 filles suivent les classes aux écoles chrétiennes des paroisses voisines.

Il ne reste Coat-Méal que quelques rares enfants tout jeunes.

 

VI. — COTÉ DÉMOGRAPHIQUE ET AGRICOLE.

A) Population. Ogée. écrit : En 1778, il y avait, 300 communiants !... En 1786, la population était de 200 habitants.

En 1832, le Maire n'en trouve que 188. Le 7 février 1842, la population est de 207. Après l'agrandissement de la commune le chiffre passe à 500 et s'y maintient. Le dernier recensement (vers 1947) accuse : Bourg : 164 ; Campagne : 339. Total : 503.

Il convient d'ajouter à ce chiffre celui des nombreux enfants qui suivent les, classes, hors de la, paroisse. Tous sont catholiques, et catholiques pratiquants, à quelques exceptions près. Le service religieux de la paroisse est assuré par un recteur résidant.

B) Agriculture. A la campagne, tous sont cultivateurs. Chaque matin, dès l'aube, la sonnette retentit sous le doigt du. patron, en même temps que tout s'éclaire comme par enchantement.

Dès que la bête a reçu son manger, l'eau gicle des robinets, chacun travaille à la toilette animale et au nettoyage total des communs. C'est la brouette, la fourche, le balai, c'est la pompe, c'est la citerne dont le trop plein se dirige silencieusement vers la prairie voisine.

On se met à table et l'on prend la direction du travail.

Ici, comme aux alentours, contrairement à l'Est-Cornouaille (où souvent le patron sert de « paotr-saout » [Note : C'est-à-dire reste à la ferme s'occuper du nettoyage général, et… de la cave] le maître lui-même est aux champs, en tête de son personnel. Vers 11 heures, déjeuner. Vers 15 heures, casse-croûte. A la tombée de la nuit, dîner, prière en commun et voilà le silence..., la mort.

C) Outillage. On emploie comme partout, ce que l'on trouve de plus moderne et surtout de plus pratique. Il reste que la culture mécanisée, tant prônée à cette heure, ne paraît pas à la veille de s'implanter. La superficie des champs ne s'y prête guère. Et, surtout, le tracteur est dispendieux, tandis que le cheval, qui suffit largement au train, est une source d'assez gros revenus.

D) Alimentation. Elle a toujours été saine, copieuse et depuis le début du siècle, nos filles qui ont suivi les cours ménagers servent, parfois, des préparations à faire envie aux gourmets les plus exigeants. La boisson, sur semaine, est à peu près exclusivement l'eau et le lait.

En revanche, on se rattrappe le dimanche. Si, toute la matinée est consacrée au Seigneur, le reste l'est à la détente, à l' « opportet aliquando » tant préconisé par certains disciples d'Esculape.

E) Emigration. — Au fond, le campagnard, sous sa plainte habituelle, aime son champ, adore sa liberté. Le chiffre constant de la population prouve que l'émigration n'existe pas. Depuis la guerre, d'aucuns se sont laissés séduire par les salaires plus élevés de la ville. Ils ont confié leur bien à la main-d'œuvre étrangère. La terre en souffre. De retour, demain, car ils n'ont rien aliéné, lorsque ce nuage d'aberration sera dissipé, ils auront simplement la vie plus dure.

F) Morcellement de la propriété. — Le partage des biens n'est guère pratiqué. Le droit d'aînesse, plus ou moins en vigueur au delà de Quimper, n’existe pas dans le Nord-Finistère. D'ordinaire, le père, avant de se retirer, a laissé s'envoler la nichée et il abandonne la place à son dernier enfant marié.

G) Habitat rural. — Si, dans les grandes propriétés (30 à 40 hectares) la maison et les annexes sont plutôt luxueuses, il reste que dans les trois quarts des fermes, l'habitat laisse un peu à désirer. Cela n'empêche pas l'habitant, bien que de taille moyenne, d'être trapu, très solide et de vivre vieux. Le grand air ne manque jamais.

H) Elevage. — Que font-ils aux champs ? Des légumes et des céréales. La culture du lin a été délaissée.

Depuis une cinquantaine d'années, l'élevage du cheval surtout, est l'objet ,d'une attention toute spéciale. Les multiples plaques et médailles qui tapissent littéralement les corridors des maisons. Les nombreux objets d'art que l'on admire dans les salons, remportés des concours, des expositions de Paris, de la province, de l'étranger, témoignent d'une bonne réussite.

Les sujets sont choisis rarement dans la contrée. La sélection s'opère au loin, dans les Côtes-du-Nord, l'Ille-et-Vilaine et jusque dans le Perche. Elle est très sévère, le principe étant que l'élevage du bon laitron ne coûte guère plus cher que celui d'une rosse.

(F. M. Calvez).

 © Copyright - Tous droits réservés.