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LA LÉPROSERIE DE LA MADELEINE DE CLISSON

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Saint Lazare et sainte Madeleine étaient par excellence les patrons chers aux lépreux. Si leurs noms se retrouvent si fréquemment dans toute la France et dans l'Europe entière, aux frontons de nos églises, sur les listes de nos rues et de nos villages, il ne faut pas en chercher la cause ailleurs que dans le culte dont ils étaient l'objet de la part des malheureux atteints de la lèpre.

L'appellation de Lazare équivalait à celle de lépreux, elle a engendré le nom de ladre, si vulgaire au moyen-âge, et aujourd'hui encore, dans notre langage, nous la conservons sous le nom de lazaret pour désigner les sanatoria des ports de mer. On sait, de plus, que les chrétiens d'occident, en prenant possession de la Terre Sainte, instituèrent un ordre militaire et hospitalier dont les membres voués au soulagement des lépreux, s'intitulaient Chevaliers de saint Lazare.

La Madeleine, en sa qualité de sœur de saint Lazare et de grande pénitente, a participé aux mêmes honneurs. On ne se contentait jamais d'un seul patron quand on faisait une fondation pieuse ; c'est pourquoi saint Lazare, sainte Madeleine et sainte Marthe sont associés dans la dédicace des établissements hospitaliers. De même qu'on les a nommés des ladreries, on les a aussi désignés sous le titre de Madeleineries, tant le lien était étroit entre et la Grande Pénitente et les malades affligés de la lèpre, tant était grande la confiance qu'elle inspirait aux malheureux.

Il importe de mettre ce fait en évidence, parce que la répétition du nom de la Madeleine dans nos campagnes peut nous aider à compter le nombre des léproseries, surtout quand le nom s'applique à un hameau isolé ou à un faubourg.

On peut les reconnaître encore à une autre enseigne, celle de Mesaulderie du nom de Mesel et de Mezeu ou Mezau que l'historien Joinville emploie pour désigner les lépreux. De Mezau on a fait Mussau et Mussauderie ou Missauderie. Toutes ces indications contiennent des révélations pour les chercheurs et, quand ils s'égarent, ils trouvent la Madeleine ou saint Lazare, dans le voisinage.

A Clisson, il est impossible de se méprendre, l'établissement et l'église de la Madeleine sont très isolés et se trouvent dans le fief des Chevaliers du Temple de Saint-Gilles. A Noirmoûtier, la ferme de la Mesaulderie est près de la Madeleine (Dom Morice, Pr., I, 801).

Dans l'abbaye de Redon, il existait une chapelle des malades, capella infirmorum, qui fut bénite par l'archevêque de Tours, en 1133. L'acte rapporte qu'elle était sous l'invocation de sainte Madeleine (Cartularium Rotonense, p. 396).

Les rencontres de cette nature sont si fréquentes qu'on est conduit à croire que chaque paroisse avait un asile pour isoler les lépreux, et que la coutume en faisait une obligation à chaque seigneur. J'étais un jour fort embarrassé pour appliquer une destination à une chapellenie de la Madeleine dotée de biens à Frossay, lorsque le hasard me mit sous les yeux un acte attestant l'existence d'une maladerie au Pré Macé sur le chemin de la Mourandais, même commune. Faire concorder une maison de Templiers ou d'Hospitaliers avec un asile de ladres est tout aussi facile. Sur le territoire de Saint-Hilaire de Chaléons, on voyait, en 1804, une chapelle en ruines dédiée à la Madeleine, et non loin de là une maladrerie avec un village appelé le Temple. Quand on a la certitude qu'une paroisse a été habitée par les Hospitaliers, comme le bourg de Couëron, il est bien rare qu'on ne trouve pas la mention d'une léproserie dans les vieux actes. Celle de Couëron est citée en 1226 [Note : « Domum leprosarum ex parte Ligeris », (Arch. dep. H, 33)].

L'étude des établissements hospitaliers offre encore un autre intérêt bien imprévu elle nous sert à trouver la carte des chemins de l'ancien régime, qu'on nous représente souvent comme une époque dépourvue de tout moyen de communication.

Les aumônes étant la ressource habituelle de ces déshérités, dans bien des cas il y avait avantage à placer les asiles sur le bord des voies fréquentées. A Saint-André-des-Eaux, la maladrie est débornée par le chemin conduisant de Saint-Nazaire à Saint-André (Arch. dep. E 536). La Missaudière de Saint-Nazaire est sur la voie romaine de Méans à Guérande, comme la Madeleine d'Escoublac, et j'ajouterai que la Madeleine de Guérande est au carrefour de plusieurs chemins.

En examinant maintenant la topographie de Clisson et la carte de ses voies, on comprendra pourquoi la Madeleine et le Temple de cette ville sont placés sur la route de Nantes à Montaigu Durinum.

Le souvenir des hôpitaux du Moyen-Age est resté si vivace dans les campagnes, que la terre porta longtemps leur empreinte. Certains cantons rappelaient la couleur du costume que portaient les lépreux. Comment expliquer autrement l'appellation de pièce des Bonnets rouges qui se lit dans un acte du XVIIIème siècle, relatif à la maladerie de Vertou ? Je me borne à ces indications pour guider ceux qui auraient, comme moi, le goût des recherches.

(Léon Maître).

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