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LES DERNIERS CHEVALIERS DE MALTE MORBIHANNAIS

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UNE ENQUÊTE DE NOBLESSE A REDON EN 1778.

Le 27 janvier 1779, dès les premières heures de la matinée, une nombreuse et noble assistance remplissait la grande salle de la meilleure auberge de Redon, celle où pendait pour enseigne le Lion d'Or. Me François-René-Victor Nogues, notaire royal, arrivé un des premiers avec ses clercs, avait étalé sur la grande table une quantité considérable de parchemins et de papiers et se hâtait de prendre les noms des gentilshommes qui l'entouraient. Regardons indiscrètement par dessus son épaule, et voyons tous ces noms qu'il griffonne d'une façon à peine lisible et qu'un de ses acolytes sera chargé tout à l'heure de transcrire de cette belle écriture moulée qui était alors, comme elle l'est encore de nos jours, le secret des études de notaires :

I. — Frère Louis Charette, chevalier de la Colinière, chevalier religieux profès de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, ci-devant major d'infanterie au service de la Sérénissime République de Malte, et chargé des affaires dudit Ordre dans la province de Bretagne, demeurant à Poitiers chez le sieur Pacault, garde général des eaux, bois et forêts.

II. — Chevalier Jean-Baptiste de Cornulier, commandeur des commanderies de Roche et Villedieu, ci-devant capitaine de galères au service de la Sérénissime République de Malte, demeurant en son château du Fort, paroisse de Viliedieu, évêché de Poitiers.

III. — Messire Louis-Joseph de la Houssaye, chevalier, Sgr de la Houssaye, la Morinaye [Note : La Morinaye, située en Pleucadeuc, était venue aux de la Houssaye par suite de leur alliance avec la famille Berthou], le Tertre [Note : Le Tertre et Lézallair sont situés dans la commune de Rieux], le Lestier [Note : Louis-Joseph de la Houssaye hérita des terres du Lestier et du Boisrio, en Béganne, à la mort de son cousin, Hilarion du Rochier, Sgr de Beaulieu, du Lestier, etc, décédé sans postérité, le dernier de sa famille, à Nantes, le 4 août 1758. (Archives du château du Tertre, en Pipriac)], le Boisrio, la Jouardaye-Beaulieu, Lézalair, etc., demeurant à son château de la Houssaye, paroisse de Saint-Martin sur Oust, évêché de Vannes.

IV. — Messire Vincent-Marie-François de la Houssaye, fils du précédent, de son mariage avec dame Charlotte-Elisabeth-Marguerite Drouet, darne de la Regontaye.

V. — Messire Augustin-Louis-Joseph de la Houssaye frère jumeau du précédent.

VI. — Haut et puissant messire Guillaume-Pierre Hingant [Note :  Guillaume-Pierre Hingant, chevalier, Sgr de Saint-Maur, était fils d'Henry Hingant et de Françoise Botherel du Plessix Sgr et Dame de Saint-Maur. Veuf de dame N. Le Ribault, il épousa , à Redon, le 20 février 1776, Dlle Geneviève Hardy, fille de N. H. Jean-Gilles Hardy, négociant à Nantes, et de dame Marguerite Le Roy. (Registres paroisse de Redon)], chevalier, Sgr de Saint-Maur, etc., demeurant en son hôtel, à Redon, près le port.

VII. — Haut et puissant messire Clément-François de Collobel [Note : Clément-François de Collobel Sgr du Bot, en Langon, du Prédic, en Marzan et du Bodel, en Caro, était fils de haut et puissant messire Vincent de Collobel, chevalier, Sgr du Bot, et de dame Louise-Marie Moraud du Deron. Il fut capitaine au régiment de Royal-Piémont, chevalier de Saint-Louis, et épousa Dlle Madeleine-Julienne Fouquer de Kersalio, fille de messire Mathieu-François Fouquer, conseiller du Roi, maître en la chambre des comptes de Nantes, et de dame Charlotte Trochon. (Registres paroisse de Redon)], chevalier, Sgr du Bot, le Prédy, Bodel, etc., chef de nom et d'armes, demeurant en son hôtel, à Redon, près le port.

VIII. — Haut et puissant messire Joseph-René Lambart [Note : Joseph-René Lambart, Sgr du Plessix-Rivault, en Allaire, et de Bahurel, en Redon, officier au régiment de Poitou, était fils de messire Joseph Lambart et de dame Jeanne-Françoise Rado de Bahurel Sgr et Dame du Plessix-Rivault. Il mourut célibataire, à Redon, le 21 mars 1782, laissant pour héritières ses deux soeurs. (Registres paroisse de Redon)], chevalier, Sgr du Plessix-Rivault, Bahurel, etc., chef de nom et d'armes, demeurant en son hôtel, à Redon.

lX. — Haut et puissant messire Charles-René Michiel [Note : Charles-René Michiel, Sgr de Carmoy, de Brandicouet, en Saint-Jacut, etc., ancien officier au régiment de Vexin infanterie, fils de Charles-Philippe Mlichiel Sgr de Carmoy, et de Jeanne-Marie Goulet, épousa, à Redon, le 11 mai 1773, Dlle Thérèse-Marie Evain, fille de N. H. Joseph-Pierre Evain, Sgr de la Villedubois, et de dame Jeanne Mancel. Il mourut, à Redon, le 19 ventôse, an XII, laissant deux filles mariées, l'une à Nicolas-Augustin-François Corbun, Sr de Kerobert, négociant, et l'autre à Louis-Marie White d'Albyville. (Registres paroisse de Redon)], chevalier, Sgr de Carmoy, Brandicouet, etc., demeurant en son hôtel, à Redon, rue du Port.

Après avoir ajouté à ces neuf premiers noms les suivants : Gabriel d'Osmond [Note : Gabriel d'Osmond, Sgr de Lanruas, en Redon, fils de messire Gabriel d'Osmond, chevalier, Sgr de Centeville, et de dame Françoise le Gall de Lanruas, épousa, le 14 novembre 1771, à Redon, Dlle Henriette Hardy, fille de N. H. Georges-René Hardy, Sgr du Tertre, procureur du Roi syndic à Redon, et de dame Renée Gerbaud. Il mourut le 3 novembre 1781. (Registres paroisse de Redon)], Sgr de Lanruas ; Jean-François-Stanislas Dondel [Note : Jean-François-Stanislas Dondel, Sgr du Parc-Anger, en Redon, du Vaujouan et de Couaslée, en Allaire, ancien capitaine, fils de François-Pierre Dondel, Sgr des mêmes lieux, et de Dlle Anne-Jeanne de Lourme, épousa, le 30 mars 1767, Dlle Marie-Françoise Le Gouvello de Keryaval, fille de messire Pierre-Armand Le Gouvello, Sgr de Keryaval, et de dame Marie-Françoise du Léré de Boutouillic. Il mourut, à Redon, le 25 janvier 1809. (Registres paroisse de Redon)], Sgr du Parc-Anges ; Hyacinthe-Vincent-Marie de Gibon [Note : Hyacinthe-Vincent-Marie de Gibon Sgr Cte de Kerisouet, était fils de messire Vincent-Jérôme de Gibon, Sgr de Kerisouet, et de dame Eulalie-Scolastique de Mauduit de Beaumont, dame de Beaumont, en Redon. Il épousa dame Françoise-Anne-Jeanne Le Bonhomme de Tressé, née à Plesder, le 11 octobre 1762, fille de messire Joachim Le Bonhomme et de dame Françoise de Tregouet, et mourut à Redon lieutenant général en retraite, grand-croix de Saint-Louis et officier de la Légion d'honneur, le 20 mars 1839. (Registres paroisse de Redon)], Sgr Cte de Kerisouet et de Beaumont, — Me Nogues se leva et déclara qu'il allait être procédé à « l'enquête rendue nécessaire par la demande qu'avaient formulée messires Vincent-Marie-François et Augustin-Louis-Joseph de la Houssaye d'être reçus en rang de frères chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ». Il lut ensuite une commission émanée de l'assemblée provinciale du grand prieuré d'Aquitaine, tenue à Poitiers, le 11 novembre 1778, commission qui désignait frère Louis Charette et chevalier Jean-Baptiste de Cornulier pour faire, en qualité de députés de l'Ordre, les preuves de noblesse, filiation et légitimité des deux frères de la Houssaye.

Les deux commissaires députés ayant accepté la mission qui leur était confié, « se prêtèrent serment entre les mains l'un de l'autre, faute d'un tiers de leur ordre » déclarèrent prendre pour notaire Me Nogues, notaire royal et commis des apostoliques à Redon, et reçurent son serment ainsi que celui du seigneur de la Houssaye père des présentés, lequel jura « de ne présenter pour témoins que des gentilshommes de nom et d'armes, de la religion catholique, apostolique et romaine, non parents ni alliés des présentés et ne produire que des titres bons et valables et non falsifiés, sains et entiers » et affirma que ni lui ni aucun membre de sa famille ne possédait de biens appartenant à l'Ordre de Malte et n'avait de procès au Parlement contre ledit Ordre.

Avant de commencer l'enquête, les commissaires donnèrent ordre à Me Nogues de lire quatre pièces des plus intéressantes. La première était un extrait des registres de la Langue de France portant copie de la relation qu'avaient faite, le 28 juillet 1778, à l'assemblée de la vénérable Langue générale de France, présidée par l'illustrissime Vénérable Bailli de Ligné, lieutenant de Grand Hospitalier, les chevaliers chargés d'examiner le mémorial des litres des frères de la Houssaye présentés au rang des chevaliers de justice du prieuré d'Aquitaine. Elle était ainsi conçue : « Monsieur et Messieurs, pour remplir la commission que vous nous avez donnée, d'examiner la généalogie de MM. de la Houssaye, nous avons l'honneur de vous exposer qu'il paraît, pour cette généalogie, que la famille de la Houssaye est très ancienne et illustrée; elle a l'honneur d'être alliée à celle de Son Éminence Monseigneur le Grand Maître de notre Ordre, et on rapporte plusieurs faits tirés de l’Histoire de Bretagne qui prouvent son illustration. La filiation des présentés et celle de leurs ascendants paternels en ligne directe est suffisamment prouvée par leurs extraits de baptême et par leurs contrats de mariage cités dans la généalogie. Celle de la famille de leur mère, du nom de Drouet, est prouvée par contrats de mariage jusqu'en 1681 et au delà jusqu'en 1480 par un arrêt confirmatif de noblesse rendu au Parlement de Bretagne en 1671, mais on n'énonce point suffisamment des titres pour constater la noblesse non interrompue de ces deux familles....... Malgré l'irrégularité des pièces présentées pour servir de mémorial des titres primordiaux de MM. de la Houssaye on voit cependant que les deux familles paternelle et maternelle sont bonnes et anciennes, et nous sommes d'avis qu'on peut leur accorder des commissaires sur les lieux pour y faire leurs preuves..... Sur quoi les seigneurs de la Vénérable Langue, procédant par voix, suffrages et ballottes, ont approuvé la relation de Messieurs les Commissaires…. Signé : Les Procureurs de la Vénérable Langue de France : Le chevalier d'Auray, de Saint-Pois, le chevalier d'Hennin, le chevalier d'Alençon ».

La seconde pièce était une lettre du Grand Maître de Rohan, adressée au Sgr de la Houssaye :
A Malte, le 22 août 1778.
Les titres de votre famille ont été acceptés en langue, Monsieur, mais il serait à propos que vous justifiassiez les quartiers qui, probablement, auront besoin de dispenses, pour que, lors de la confection des preuves, on puisse produire les brefs nécessaires et que j'accorderai volontiers pourvu qu'ils n'aient rien de contraire aux maximes de mon Ordre et à mes principes. Je m'en rapporte, pour de plus grands détails, au commandeur de Calan qui doit vous écrire, et suis très parfaitement, Monsieur, votre affectionné serviteur, Le Grand Maître : ROHAN
.

La troisième pièce était un certificat de quatre gentilshommes, habitant Redon, portant la date du 25 avril 1778 et établissant « que MM. de la Houssaye, frères jumeaux, âgés de seize ans, étudiants au collège de Vannes, étaient de bonnes vie et mœurs, sains de corps et d'esprit et qu'ils professaient la religion catholique, apostolique et romaine ». Ce certificat signé : d'Osmond, le chevalier Michiel de Carmoy, Hingant de Saint-Maur et H. J. de Quélo, père.

Enfin la dernière pièce était la copie de deux quittances de passage délivrées, le 22 décembre 1778, à MM. de la Houssaye, par Père Léon-Hyacinthe Lingier Saint-Sulpice ; chevalier de Malte, commandeur des commanderies d'Artins et Frettay, procureur général et receveur du vénérable commun trésor de l'Ordre au grand Prieuré d'Aquitaine, constatant le versement fait par chacun desdits de la Houssaye de la somme de 2.325 livres, pour leur passage de réception de majorité dans l'Ordre.

Après la lecture de cette dernière pièce les commissaires firent sortir tout le monde de la salle, et commencèrent l'interrogatoire des quatre témoins présentés par le Sgr de la Houssaye. Messires Hingant de Saint-Maur, de Collobel, Lambart, et Michiel de Carmoy prêtèrent successivement serment et furent interrogés séparément sur la famille de la Houssaye. Tous les quatre répondirent que les de la Houssaye passaient dans le pays pour appartenir à l'une des maisons les plus anciennes et les plus connues de la province, qu'ils les connaissaient de longue date pour s'être toujours comportés noblement, et qu'ils ne leur croyaient que des alliances nobles. Ils achevèrent leurs déclarations en disant qu'il était à leur connaissance que « messire François-Joseph de la Houssaye, frère aîné des présentés, actuellement lieutenant des vaisseaux du Roi et chevalier de Saint-Louis, fut nommé garde de la marine, en 1754, par les États de Bretagne, assemblés à Rennes pour la dédicace de la statue pédestre de Louis XV, le Roi ayant accordé à cette occasion aux États de la province deux abbayes pour le clergé, deux compagnies de cavalerie et quatre places de gardes de la marine pour la noblesse, et deux lettres de noblesse pour l'ordre du tiers ».

Les témoins entendus et la preuve testimoniale close, frère Louis Charette donna l'ordre de rouvrir les portes de la salle. El alors, devant un public d'élite composé de la fleur de l'aristocratie redonnaise, il fut procédé à la lecture du dossier contenant les preuves littérales de la noblesse de MM. de la Houssaye. Ces preuves étaient divisées en deux parties comprenant, l'une le côté paternel, et l'autre le côté maternel. Les voici telles qu'elles furent lues, au milieu du plus profond silence, par Me François-Pierre-Victor Nogues :

 

PREUVES DE LA NOBLESSE DE MM. DE LA HOUSSAYE.

Voir  Famille Houssaye (Bretagne) " Généalogie de la famille de la Houssaye"

Le Cte R. DE LAIGUE.

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