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LES CHEFS DU PARTI DU ROI

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Chefs du parti du Roi dans le diocèse de Tréguier

Pendant la Ligue, le parti du Roi avait, dans l’ancien diocèse de Tréguier, ou simultanément ou successivement, trois chefs principaux, à savoir : les seigneurs de Coatrédrez, de Kergomar et de Kergrist.

Trois chartes différents et toutes trois aussi bien sobres de détails, sont venues nos révéler les noms de ces trois seigneurs, avec leurs dignités. La première concerne M. de Coatrédrez et atteste que le Roi ou la communauté de ville fournissait des munitions de guerre aux troupes de ce seigneur, durant la Ligue. Cette charte étant, à plusieurs égards, importante, nous allons la copier textuellement.

Michel Geay marchand demeurant en ceste ville de Lannyon cognoit avoir resçu de sieur Jan de (nom illisible) procureur (maire) esté l’an dernier des bourgeois et habitants du dict Lannyon la somme de neuf escus et tiers d’escu pour vingt et ouict livres de pouldre à raison de quatre réales la livre que le dit Le Geay fournist aux gens de guerre des trouppes de Monseigneur de Coatrédrez du commandement de M. le lieutenant de la cour royale de Tréguier (NDLR : la cour royale de Tréguier avait été transférée à Lannion en 1576, à condition que cette cour gardât, après sa translation, son nom primitif. L’une des salles des Augustins, au Porchou, lui servit de premier auditoire) et ce qu’il affirme ne sçavoir escrire et prie P. Toudic de signer pour luy ".

La seconde charte regarde M. Claude de Kerguésay, haut et puissant seigneur de Kergomar (NDLR : en Trézény, à M. Bastiou), Quermorvan (NDLR : à M. H. Allain), Traoudon (NDLR : aux Bouloign), Coictisac (NDLR : à M. Tanqueray), Kerfoues (NDLR : en Loguivy-les-lannion), etc.., et atteste que celui-ci commandait des troupes à Lannion et ailleurs, durant la Ligue. Cette même pièce précise aussi l’époque à laquelle ce seigneur fut pourvu, au nom du Roi, du gouvernement de Guingamp, après la prise de cette ville (juin 1791) par le prince de Dombes, fils du duc de Montpensier.

Enfin, une troisième charte, qui nous a été communiquée par M. Joseph Raison du Cleuziou, de Lannion, fait connaître le nom du troisième chef du parti du Roi dans le pays de Lannion. Cette charte se composant de quelques lignes seulement, nous allons la copier intégralement :

Sous le règne de Henri IV, Jonathas de Kergariou (NDLR : avant de s’allier à la maison de Kergrist, ce Kergariou était déjà seigneur de Kereven et Porsanparc, en Plounévez. Il est donc probable qu’il était originaire de cette paroisse), qui épousa Marie de Kergrist, rendit des services signalés au Roi, contre la Ligue ; il commandait des troupes dans le quartier de Lannion et avait le commandement du château de Coatfrech, en Ploubezre, où il avait bonne garnison et le Roi sachant combien il était utile à son service, lui donna un brevet signé Henri . "

Mais entre ces trois principaux chefs des Royaux, dans nos contrées, nul doute que, pour prévenir les conflits de pouvoirs et surtout pour donner de l’unité aux opérations militaires du parti, le Roi n’eût désigné un généralissime, concentrant en sa personne l’autorité suprême à laquelle toutes les autres devaient être subordonnées. Pour notre compte, au moins, nous ne voulons pas croire que cette précaution si élémentaire de stratégie ait échappé au génie et à l’expérience militaire de Henri IV. Bien que nous n’ayons donc pu recueillir à cet égard aucun renseignement certain, qu’on nous permette de produire ici en détail, au moins sous forme de conjectures, les pièces qui semblent adjuger une sorte de prééminence au seigneur de Kergomar.

Depuis la déchéance et la dissolution de la maison de Lannion, celle de Kergomar était sans contredit la plus illustre et la plus puissante de la ville et des alentours. C’est ainsi que dès le milieu du XVIe siècle, François de Lannion n’était plus qu’un petit seigneur, habitant son petit manoir du Cruguil (en Brélévenez), payant des rentes féodales au seigneur de la Roche-Jagu et ayant simplement un tout modeste enfeu, dans une petite chapelle latérale de l’église de Brélévenez, quand les Kergomar avaient, en permanence, la capitainerie (NDLR : le chef militaire et politique d’une ville s’appelait alors indifféremment capitaine, gouverneur ou lieutenant du roi) ou le commandement de la ville de Lannion et faisaient, en cette qualité, encadrer leurs armes et intersignes de noblesse dans la maire vistre de l’église du Baly, au-dessus du grand autel et un peu au-dessous des armes du Roi.

Mais pourquoi nous arrêter plus longtemps à analyser une charte que nous ne pouvons nous dispenser de copier littéralement, tant la forme et l’objet en sont remplis d’intérêt ?

5 may 1582

Devant nous Jehan Kerivoal et Jacques Guillou et tabelyons royaulx jurés reçues en la court royale de Tréguier au siège de Lannyon sont comparues en leurs personnes les nobles et aultres manants et habitants de cette ville cy-amprès nommés congrégés et assemblés en la manière accoustumée en la chapelle de M. sainct Nicolas (NDLR : cette chapelle appartenait alors aux frères marchands et mariniers de Lannion et ne communiquait avec l’église du Baly que par une arcade, donnant sur la grande nef, encore cette arcade était-elle fermée par une grille qui, elle aussi, contribuait à isoler du lieu saint les assemblées de la communauté de ville) en l’esglise du Baly au dict Lannyon pour tenir leur congrégation et disposer des affaires communes de la dicte ville et ce quy concerne le faict politique de la dicte ville sçavoir : M. Anthoine Le Bihan gouverneur et administrateur des revenus d’iscelle esglise du Baly, Pierres Jehu, Michel Jorand et Lorand Calennec, marguilleurs et fabriques d’iscelle, et nobles gens Jehan Le Dantec, sieur de Tromorgant, le sieur de Kerdenou, François Le Bigot, sieur de Runabeler, Guillaume Le Deuf, sieur de Kernechyusin, Guillaume de Kernechriou, sieur de Coictgelart, Jacques de Kersaliou, sieur de Kerarhant, Jehan Droniou (NDLR : ce Jean Droniou prit, le 18 mars 1600, l’adjudication des travaux de construction du quai aux arbres, à Lannion), sieur de Kerroux, Yves Prigent, Guille Fallégan, sieur de Kerdu, Jehan Lesormel, sieur de Chef du Pont, Jehan Poullart, Rolland Kerivoal, Jehan Le Foll, Charles Henry, Yves Carluez, Allain Terry, Louis de la Boessière et autres habitants (NDLR : la communauté de ville d'alors se composait de la noblesse, des bourgeois et en général de tous les habitants qui n’étaient pas classés dans la catégorie des vilains. On entendait par personnes viles les hommes qui gagnaient leur vie avec le travail de leurs bras, c’est-à-dire ceux que nous appelons aujourd’hui gens de bras ou mercenaires. A en juger par ces apparences, les libertés municipales d’alors étaient fort larges, mais en réalité il n’en était rien, car tout était contrôlé ou réglé d’office par les parlements ou par le Roi. En somme donc, la communauté de ville n’avait guère d’autre pouvoir que celui de donner des avis à l’autorité supérieure, qui pouvait à loisir en tenir compte ou passer outre).

Lequeulx et chacun deulx d’ugne mesme voix et volonté sans contradiction de nulle représentatant la plus saine et maire voix des dicts habitants tant pour eulx et leurs hoirs successeurs manants et habitants de la dicte ville donne et octroye par ces présentes à noble et puissant Claude de Kerguésay, seigneur de Kergomar, Quermorvan, Kerduhel du Traoudon, Coictisac, Kerfoues, etc.., présant, stipulant et acceptant lui et les siens à perpétuité pour et en contemplation des plaisirs que reconnaissent avoir reçus eulx et leurs prédécesseurs et espèrent encore recepvoir du dict seigneur par avoir été de tout temps commandés de l’uny des seigneurs de la maison de Kergomar comme capitaine de la ville et entendent encore estre en l’advenir ès affaires qui se présenteront, permission et pouvoir au dict seigneur de Kergomar d'apposer ses armes écussons de ses armoiryes et intersignes de noblesse à sa volonté et discrétion en la maire vistre (NDLR : on sait que ce privilège était toujours réservé au seigneur souverain de la localité, lequel était aussi ordinairement haut justicier et fondateur de l’église) d’icelle esglise et laquelle vistre est à présant nue de tout écusson et armoiryes fors d’un écusson du roy notre syre estant au hault d’iscelle vistre lequel demeurera en sa place de la forme qu’il est à présant pour représenter le fondateur sans toutefois préjudicier aux écussons particuliers des dicts habitants en la dicte esglise et pour l’entretenement d’iscelle vistre en l’advenir le dict seigneur de Kergomar a baillé aux dicts procureurs d’icelle esglise de vingt sols monnois de perpétuelle rente dessus l’hypothèque exprès de la maison où demeure Nouel Cabatoux dans la rue menant du couvent du Porchou au four à ban du roy appelée la grande maison de Kergomar (NDLR : cette maison était en face de la maison du Paraclet) ".

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