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LE CLERGE DE LA CHAPELLE-BLANCHE

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CLERGÉ DE LA CHAPELLE-BLANCHE. — JEAN-ANNE ROBERT, vicaire trévial, était né à la Chapelle-du-Lou, le 20 octobre 1754, du mariage de Pierre et d'Anne Mahé. Il étudia à Dinan. On le note au séminaire « point de voix, peu de chant, passable à ses examens ». Il se tira assez mal de celui qui précéda sa prêtrise, laquelle il reçut au mois de septembre 1778.

M. Robert vint à la Chapelle-Blanche à la fin de 1786, succédant à l'abbé Jean Donne, lequel trépassa le 3 octobre de cette année après avoir-administré vingt ans cette localité.

Malgré l'insuffisance de son bagage théologique que semblaient annoncer ses notes de séminaire, M. Robert sut distinguer combien était néfaste la Constitution Civile et le 6 février 1791, il refusa de s'assermenter et qui plus est, il ne consentit même pas à donner lecture à ses ouailles du texte de la loi relative au serment.

Voici le procès-verbal de son refus, tel que l'a constaté le maire de la Chapelle-Blanche à cette époque. Nous l'avons copié aux Archives C.-du-N., série Lm 5, 9.

« Nous, Guy-François Lamour de Caslou, maire de la Chapelle Blanche, avons présenté avant la grand'messe, ce jour 6 février 1791, au sieur Jean Robert, curé d'office, les papiers que nous avons reçus hier, au nombre desquels était la loi relative au serment à prêter par les évêques, cy devant archevêques et autres ecclésiastiques fonctionnaires publics, du 26 décembre dernier. Il nous l'a remise aussitôt en nous disant qu'il ne pouvait la lire, n'étant pas dans l'intention de prêter le serment qu'elle prescrit. Nous avons à l'instant prévenu Charles Orinel et Julien Davy, présents, de se rappeler bien notre interpellation et le refus de M. le curé, qu'au besoin ils en seroient témoins. Après l'Evangile, moment où se fait ici le prône, le dit sieur curé a lu et publié à tous les papiers que nous lui avions remis, excepté la loi relative au serment des ecclésiastiques.

Nous, maire, avons cru qu'il était du devoir de notre office de constater son refus de la manière la plus authentique. Nous l'avons requis de nouveau de donner lecture de cette loi. Il nous a répondu devant tout le public qu'il nous avait déjà déclaré qu'il ne la lirait pas.

Nous tournant alors vers le public, nous avons dit d'une voix modérée : « Messieurs les officiers municipaux, souvenez-vous-en bien ». La messe finie, Nous les avons convoqués de s'assembler en notre demeure avant les vêpres, où étant, nous avons rédigé le présent sous les seings de nous officiers municipaux, le dit jour, mois et an que devant ».
Signé : J. Lamour de Caslou, maire, Jean Deslandes, Pierre Brard.

Le 12 juin suivant, M. Robert refusa semblablement de donner lecture de la première lettre pastorale de l'évêque intrus Jacob. (Archives C.-du-N., Lm 5, 15). Lorsque vint la loi du 26 août 1792, il ne s'exila et continua de demeurer dans sa paroisse. Son dévouement devait lui coûter la vie. Voici, intégralement reproduit l'acte de décès de ce prêtre admirable. Il en dit long dans sa concision sur les souffrances qu'endurèrent les ecclésiastiques restés cachés dans le pays pour ne pas abandonner sans secours les catholiques fidèles. (Cf. Diocèse de Saint-Brieuc, etc., II, p. 381).

« Aujourd'hui, le 27 fructidor an II (13 septembre 1794) de la République Française, une et indivisible, sont comparus en cette maison commune, Pierre Lorand et Mathurin Lorand, demeurant ensemble à la Villeau-Corgne en cette municipalité, lesquels m'ont déclaré que le nommé JEAN-ROBERT, ex-curé de cette dite commune, fils de feu Pierre-Robert et de Anne Mahé de la Chapelle du Loü, entra chez eux comme ayant une maladie en forme d'hydropisie ; ce qui lui causait une enflure terrible, qui le mettait hors d'état de pouvoir marcher. Il demanda à se reposer, qu'ils lui avaient répondu que non ; qu'ils avaient ouï dire qu'il était defendu de loger des prêtres. Il leur dit qu'ils ne risquait rien ; quoiqu'il n'eût pas fait le serment, qu'il était cependant bon patriote ; qu'en conséquence il les priait de le laisser un peu tranquille ou bien de le porter à enterrer. Après les avoir bien importunés, voyant qu'il était tout à fait moribond, l'ont laissé un peu chez eux sans qu'il eût pu en sortir et il y est mort hier au soir à 10 heures » (Extrait des Registres d'Etat civil de la Chapelle-Blanche).

Fit du ministère à la Chapelle-Blanche et y trépassa durant la Révolution l'abbé JULIEN LEMOINE, né à Quédillac le 31 décembre 1760, lequel, ayant été malade plusieurs fois au cours de son séminaire, ne reçut la prêtrise que le 20 décembre 1788.

Voici d'après les registres d'Etat civil de la Chapelle-Blanche l'acte de décès de cet ecclésiastique. Il mérite d'être intégralement reproduit ; il fait le digne pendant du précédent :

« Aujourd'hui, 18 septembre 1793, etc., sont comparus en cette maison commune Pierre Lorand, Mathurin Lorand et Julien Cadet, tous trois demeurant à la Ville-au-Corgne en cette municipalité, lesquels m'ont déclaré qu'un particulier dont ils ignoraient le nom étant allé demander à loger chez les dits Pierre et Mathurin Lorand, se disant très malade et les priant de bien vouloir lui accorder la faculté de se reposer chez eux au moins un jour, les dits Lorand touchés de la situation dans laquelle se trouvait ce particulier et toujours prêts autant qu'il est en eux à donner les secours qui sont nécessaires pour soulager leurs frères, le reçurent avec humanité ; que ce particulier est mort hier à 6 heures du soir au domicile de ces derniers, qu'il leur a dit avoir nom JULIEN LEMOINE, prêtre, fils de Charles et de Charlotte Tribalet, de la paroisse de Quédillac, lieu de sa naissance et qu'il était âgé d'environ 32 ans ».

Honneur aux frères Lorand qui par deux fois, ne craignirent pas de se gravement compromettre, pour donner asile à de malheureux prêtres proscrits. Du reste, la paroisse de la. Chapelle était connue des Révolutionnaires comme servant de refuges à plusieurs ecclésiastiques réfractaires, car dès le 20 décembre 1792, les administrateurs d'Ille-et-Vilaine informaient leurs collègues des Côtes-du-Nord « qu'il s'était réfugié à la Chapelle ainsi qu'à Plumaugat des prêtres insermentés » (Archives C.-du-N., Lm 5, 36). Cependant les 5 et 20 juillet 1795, le maire de la Chapelle déclarait qu'il ne s'y trouvait plus de prêtre catholique. (Lm 5, 90 et 92).

La Chapelle-Blanche qui s'était montrée si secourable pour le clergé durant les mauvais jours, ne fut pas comprise parmi les succursales en 1804. Malgré ses nombreuses requêtes et l'offre que firent ses habitants de fournir 400 frs pour traitement d'un chapelain, ils durent attendre le 22 mai 1822, sur pétition du 28 septembre 1819, pour voir leur localité érigée à nouveau en paroisse.

(A. Lemasson).

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