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Suppression définitive de la Commission Brutus Magnier.

Compte rendu de ses opérations fait par elle-même : 267 personnes (dont 20 femmes) guillotinées en cinq mois.

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Suppression définitive de la Commission. Compte rendu de ses opérations fait par elle-même : 267 personnes (dont 20 femmes) guillotinées en cinq mois.

Le 17 prairial, le représentant Laignelot, revenant sur son arrêté du 11, supprima définitivement la Commission Brutus Magnier. Peut-être cette suppression fut-elle prononcée à la sollicitation de la municipalité de Rennes qui supportait impatiemment la Commission : le 14 prairial, en effet, dès le lendemain de la reprise de ses séances, le maire demandait communication de l'arrêté qui l'avait rétablie.

Le 18, Le Pan, membre de la commission militaire de Vitré, dont les séances ne devaient prendre fin que deux mois plus tard, vint requérir trois membres du comité de surveillance de Rennes, pour procéder à la suppression de la Commission Brutus Magnier. Le lendemain, on fit l'inventaire de ses papiers (Registre du Comité de surveillance de Rennes. Archives de la Cour d'appel).

Dès que les ennemis de Brutus Magnier et de ses collègues les virent privés de ce redoutable pouvoir devant lequel tout tremblait, ils relevèrent la tête, s'agitèrent et assaillirent le comité de surveillance de dénonciations contre Magnier et Defiennes. La société populaire, qui était une sorte d'autorité constituée, députa solennellement vers le même comité, et demanda qu'on mît les scellés chez tous les membres de la Commission ; ce qui fut fait immédiatement, après qu'on eût pris l'avis du représentant Alquier.

Le danger était grand pour les membres de l'ancien tribunal ; ils le comprirent. Pour le conjurer, ils résolurent de payer d'audace. Ils firent imprimer un gros factum in-4°, contenant l'apologie de leur conduite (Pièces justificatives, N° 14). Non-seulement ils étaient heureux de saisir cette occasion de faire leur propre éloge ; mais en démontrant que leurs actes avaient toujours été conformes aux arrêtés pris par les représentants du peuple, ils espéraient intéresser ceux-ci à leur sort. Cet écrit était intitulé : Compte que rendent de leurs opérations les membres de la ci-devant commission militaire révolutionnaire séante à Rennes, à toutes les autorités constituées et citoyens du département d'Ille-et-Vilaine, à tous ceux qui composent les armées de l'Ouest et des Côtes-de-Brest réunis, à la République entière.

Beaucoup doutaient de leurs pouvoirs, ils répondent d'abord à ce doute :

« Frères et amis, nous avons opéré sous vos yeux, depuis le 1er frimaire jusqu'au 17 prairial, en qualité de juges révolutionnaires et militaires, et avant de retourner à nos bataillons respectifs, nous devons un compte exact de nos opérations, tant à ceux qui nous ont commis, qu'au peuple souverain qui nous avait confié une partie de ses intérêts.

Afin que nos compatriotes soient aussi contents de nous que nous le sommes nous-mêmes, nous établissons ici la nomenclature de tous ceux que nous avons jugés ; certes, nous ne nous sommes guère reposés. — Mais suffit-il que vous ayez travaillé nuit et jour ? Aviez-vous les pouvoirs de faire tout ce que vous avez fait ? — Oui, jugez-en par les extraits d'arrêtés que nous présentons ».

La Commission établit en effet de la façon la plus péremptoire que les arrêtés des 1er et 3 frimaire, 1er nivôse et 22 floréal, lui ont permis d'agir comme elle l'a fait. La Commission ne s'est guère reposée, vient-elle de dire ; elle eût cependant encore voulu mieux faire :

« Ah ! frères et amis, pourquoi la multiplicité des jugements que nous avions à prononcer ne nous a-t-elle pas permis de veiller de plus près à votre sûreté ? Il existe encore bien des conspirateurs que nous aurions découvert (sic). Au reste, jugez-nous ; les fonctionnaires publics ne doivent pas quitter leurs fonctions pour en prendre d'autres, qu'ils n'aient été épurés, et que les témoins de leur conduite ne leur disent : Vous avez fait votre devoir ».

Vient ensuite la longue nomenclature des personnes qui ont comparu devant la Commission ; elle n'occupe pas moins de 24 pages in-4°. Elle est divisée en trois catégories : 1° les contre-révolutionnaires mis à mort ; 2° les présumés contre-révolutionnaires, condamnés à toutes autres peines que celle de mort ou acquittés ; 3° les militaires.

Les contre-révolutionnaires mis à mort montent au chiffre de 265, « dont le plus grand nombre a subi son sort sur la place de Rennes, 40 sur celle de Fougères, un à Châteaubriant, un à Antrain ». Le compte rendu ajoute : « Il est mort dans les prisons une infinité d'autres contre-révolutionnaires, dont la maladie pestilentielle a fait justice elle-même » [Note : Les chiffres indiqués ici sont les chiffres réels et non ceux du Compte rendu qui, pour la plupart, sont faux. Les erreurs de toute nature commises par Magnier ont été relevées dans une colonne spéciale ajoutée à la pièce justificative n° 14 sous la rubrique : note de l'éditeur].

Sur ces 265 condamnés à mort, il y avait 20 femmes, dont une, « la veuve Citois, » appartenait à la noblesse ; une autre, Marguerite Godreneau, était veuve d'un procureur nommé Meaugrin ; deux, Jeanne Féral et Olive Le Lohen, étaient religieuses ; les 16 autres, toutes femmes du peuple, et l'une d'elles, Jeanne Devaux, domestique de la veuve Meaugrin, n'avait que 17 ans. Seize de ces femmes étaient du département d'Ille-et-Vilaine.

Sur les 245 hommes exécutés, 158 appartenaient à l'Ille-et-Vilaine, et 18 avaient moins de 20 ans. Tous faisaient partie des classes populaires, à l'exception de 11, savoir : Pierre Denoual, Pierre Montigny, Pierre Dufresne et J.-B. Davost, prêtres insermentés ; J.-B. du Pontavice, ex-noble, Patard, fils d'André, garde des sceaux de la province de Bretagne, Francis de Beaumont, ex-procureur du roi à Châteaubriant, Duhil, ex-procureur à Fleurigné, Thomas, maire de Landéan, Richet, commis d'ingénieur, et Lefeuvre, ci-devant contrôleur.

Les contre-révolutionnaires acquittés furent au nombre de 175 et non de 143, comme le porte par erreur le Compte rendu ; de ce nombre étaient 26 femmes dont Mme de Kerpoisson ; excepté Hervé, notaire, Anger, juge de paix, et les deux Messieurs de Kerpoisson, tous étaient des laboureurs ou des artisans.

Neuf personnes furent condamnées à la déportation, quatre aux fers ; 31 incarcérées comme suspectes, parmi lesquelles 13 enfants au-dessous de 16 ans ; 6 condamnées à la prison ; enfin 6 enfants de 5 à 14 ans (les petits Aubin) durent être envoyés à l'hôpital.

258 militaires furent jugés : 169 acquittés, 2 condamnés à mort, 41 aux fers, 46 à la prison.

En résumé, l'existence de la Commission fut de six mois et demi, du 1er frimaire au 16 prairial ; mais elle ne siégea effectivement que cinq mois et demi, ses séances ayant été interrompues du 19 floréal au 13 prairial. Pendant ce temps elle tint 253 séances, jugea 744 personnes et en condamna à mort 267.

Forte de son patriotisme, la Commission termine par cette dédaigneuse apostrophe à l'adresse de ses ennemis :

« Voilà, citoyens, la besogne que nous avons fait (sic). Maintenant, jugez-nous. Nous allons retourner aux avant-postes où la patrie nous avait d'abord placés, et soyez sûrs que nous aurons toujours la même aversion pour les aristocrates, les modérés, les calotins, les intrigants, et surtout ces hommes vils qui, les yeux toujours panchés (sic) vers la terre, n'osent regarder le ciel que leur présence irrite, et qui brûlant de la soif des richesses vont acheter, au prix de quelques noires calomnies, des places plus lucratives que celles qu'ils pouvaient avoir auparavant, ne rougissant pas de compromettre des braves gens qui, en fait de zèle, de patriotisme, de probité et de désintéressement, les ont toujours laissés cent pas en arrière.

Nous n'en détesterons pas moins ces vociférateurs qui n'ont le patriotisme qu'à la bouche et qui ne peuvent rien, lorsqu'il s'agit des sacrifices pour la patrie.

Nous vous embrassons tous. BRUTUS MAGNIER, DEFIENNES, LEFÉBURE, DEMOGET, CLUNI, SCŒVOLA BIRON, BRIQUET ».

(Hippolyte de la Grimaudière).

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