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Magnier devant la Commission militaire de Paris. Ses nouvelles bravades. Sa palinodie. Il est déporté

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Magnier devant la Commission militaire de Paris. Ses nouvelles bravades. Sa palinodie. Il est déporté.

La route n'avait point calmé l'exaltation de Magnier ; dès son arrivée il écrit aux égorgeurs des patriotes, réunis dans un étal qu'ils appellent aussi Commission militaire : « Je suis arrivé d'hier.... Je vous invite à ne pas m'oublier » (Archives nationales, W 2, 548).

Cette fois Magnier obtint satisfaction. Le 20 messidor on procédait à son interrogatoire. Il y persiste à se déclarer l'auteur du plan d'insurrection du 1er prairial ; mais « pour ne pas faire d'autres victimes », il refuse de dire les noms « de ceux qui l'ont reçu de ses mains » ; il dit être zélé partisan des terroristes ; et sur cette observation « qu'ils ont inondé de sang le territoire de la République », il répond « qu'il « valait mieux mettre à mort les ennemis de la liberté, surtout les royalistes, les fédéralistes, les chouans et les Vendéens, les prêtres réfractaires, que de les laisser subsister ». Il affirme enfin que, si, l'occasion s'en offre, il est prêt à reprendre son plan d'insurrection, et qu'il est aussi impossible « de faire de lui l'ami du gouvernement actuel que de républicaniser le roi de Prusse » (Interrogatoire de Magnier. Archives nationales, W 2, 548).

On retrouve les mêmes bravades, le même dédain, au moins apparent, de la mort, dans les chansons qu'il se plut à composer pour tromper l'ennui de sa prison. Comme elles sont d'ailleurs absolument ridicules, c'est beaucoup d'en citer deux couplets :

Si l'humanité murmure, - Si mon cœur veut palpiter, - J'ai bientôt fait d'étouffer - Cette indiscrète nature ; - Je veux mourir citoyen, moi ; - Voilà ce qui me rassure, - Je meurs citoyen, moi, - Et je péris pour ma loi.

Je suis d'autant mieux consolé - Que je me vois sacrifié - Pour ma chère patrie. - Voilà la planche qui m'attend ; - Je vais m'y présenter gaiement. - Plus de tourment, plus d'agrément. - Bonsoir la compagnie (Archives nationales, W 2, 548).

Après les nombreuses exécutions, ou plutôt les nombreux assassinats ordonnés par lui, Magnier s'encourageait à la mort par l'idée du néant dont il la croyait suivie ; idée plus rassurante pour l'auteur de tels exploits que celle d'une autre vie. Et encore n'était-ce qu'un fanfaron, car son stoïcisme de parade ne devait pas durer. En voyant approcher le dénouement, il reprit goût à la vie qu'il était prêt, dans ses chansons, à quitter si gaiement.

Au cours de son procès, le 24 messidor, il déposa sur le bureau du président de la Commission militaire un écrit intitulé : Mon dernier mot. Il y change de tactique, désavoue ses précédents interrogatoires, et essaie d'échapper à la condamnation qu'il avait jusque-là provoquée avec audace.

Le patriotisme et la vérité le forcent maintenant à défendre cette vie qui lui est odieuse : « Le patriotisme parce qu'il fait un plus grand sacrifice à la République en supportant pour elle le fardeau d'une vie qu'il trouvera sans doute l'instant de lui consacrer plus utilement dans les combats ; la vérité, parce qu'il ne lui est pas plus permis de se charger d'un crime qu'il n'a pas commis (hélas jamais son cœur ne connut le crime) que d'usurper le mérite d'une bonne action à laquelle il n'a eu aucune part ». Il ne peut être l'auteur du plan d'insurrection du 1er prairial, parce qu'à cette époque il était à Rennes ; quand il le serait, impossible de l'en convaincre, car lui seul s'est accusé, et, il le dit en latin : Nemo auditur perire volens. Si l'on se sert, pour le condamner, de sa lettre du 14 prairial, « il « n'y a plus rien de sacré sur la terre » (Archives nationales, W 2, 548).

On le voit, la logique et la poésie de Magnier sont exactement de même valeur. Inutile d'insister sur l'insuffisance et la maladresse de cette défense ; il eût pour lui mieux valu conserver, s'il l'avait pu, sa morgue hautaine et sa gaieté courageuse.

Le 3 thermidor, la Commission militaire rendit contre lui un jugement où il est dit :

« 1° Qu'il est bien constant, du propre aveu de l'accusé, qu'il a rédigé un plan d'insurrection pendant qu'il était détenu dans la maison du Plessis et en jugement devant le tribunal révolutionnaire de Paris, et que la conduite de l'insurrection des premiers jours de prairial a une analogie frappante avec ce plan……

2° Que, par sa lettre au Comité de sûreté générale du 14 prairial, il est convaincu d'avoir voulu avilir, injurier et dissoudre la représentation nationale……

3° Que, par ses écrits et ses propres aveu ; il paraît avoir eu le dessein d'anéantir le gouvernement actuel et d'y faire substituer le gouvernement tyrannique et sanguinaire qui a été abattu au 9 thermidor.

La Commission militaire condamne ledit Antoine-Louis-Bernard Magnier, dit Brutus, à la peine de la déportation » (Archives nationales, W 2, 548).

Transporté à Sinnamary (en Guyane), « il mit le feu aux cervelles de ses compagnons de captivité, dit M. Jules Claretie dans ses Derniers Montagnards ; toutes « les plaintes des prisonniers contre le gouverneur étaient signées de lui ». Il fut donc jusqu'à la fin l'esprit remuant, agité, brouillon et vaniteux que nous avons connu. En l'an VI il était de retour en France.

(Hippolyte de la Grimaudière).

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