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Defiennes arrêté et poursuivi suite aux accusations du Comité de surveillance.

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Defiennes arrêté et poursuivi.

Les vociférateurs, les hommes vils, les yeux panchés vers la terre, ne se laissèrent point intimider par cette bravade de Magnier. Ils laissèrent de côté Lefébure, Demoget, Cluni [Note : Cluni fut plus tard nommé lieutenant d'une compagnie de canonniers. Archives nationales, W2, 548], Biron et Briquet, simples comparses, qui n'avaient fait que suivre l'impulsion qui leur avait été donnée ; ils s'attaquèrent au véritable chef, à Brutus Magnier. Toutefois, ils essayèrent d'abord leurs forces contre son collègue et ami Defiennes.

Le 18 et le 19 prairial le Comité de surveillance reçut quatre dénonciations contre l'ex-accusateur militaire (Procès-verbaux du Comité de surveillance de Rennes. Archives de la Cour d'appel). On n'y donna pas suite immédiatement ; le Comité attendit la fin de l'inventaire des papiers de la Commission qui se faisait alors. Chez Brutus Magnier on trouva la lettre suivante qui lui avait été écrite par Defiennes, lors de son voyage à Paris, en floréal.

Je t'envoie, camarade, une expédition du jugement de l’aide de camp Fias, il donne toujours lieu à des murmures, ou plutôt à des bavardages pointillants ou pointiloniques. Si, par hasard, on te parle de cette misère au Comité de salut public, tu seras à même de te défendre [Note : Fias, aide de camp de Rossignol, avait été traduit, le 16 floréal, devant la Commission pour avoir dit, au retour d'une expédition contre les chouans, expédition où l'on n'avait rencontré personne : Les chouans ne sont pas dans les campagnes, mais dans les villes. — Les Rennais avaient relevé ce propos comme une injure à leur adresse et considéré comme un affront l'acquittement de Fias] …

J'ai eu hier une déclaration par écrit que j'ai remise au représentant du peuple, par laquelle il est avéré que Blin [Note : Blin jeune était directeur de la poste aux lettres de Rennes] et ses accollites (sic) de la poste aux lettres ont tenu avec Hubert Villambre, lors de leur souper collectif à la barraque (sic) [Note : Restaurant en vogue, à Rennes, à cette époque], des propos contre la représentation nationale tendant à son avilissement ; c'est Villambre qui a fait cette déclaration dans laquelle il dit : Si je me suis étendu atutan en injures contre la Convention, c'est que j'étais alimenté par Blin et ses compagnons. Tu connais Blin et son influence à la société, c'est un vrai alarmiste, et ceux-là sont dans ces moments de crise aussi dangereux que les anarchistes (Archives de la Cour d'appel).

Cette lettre servit de base à l'accusation contre Defiennes, et il fut le 3 messidor, à la requête de Pointel, accusateur près le Tribunal criminel de Rennes, arrêté et écroué à la Tour-la-Montagne [Note : On nommait ainsi une tour des anciennes fortifications de Rennes qui servait de prison ; elle était précédemment appelée la Tour-le-Bât] comme prévenu « d'être l'ennemi du peuple et conspirateur, surtout en persécutant et calomniant le citoyen Blin jeune, dont le civisme ardent et pur est notoire et incontestable » (Ecrou de Defiennes. Archives de la Cour d'appel de Rennes).

L'accusation était maladroite, car elle ne pouvait avoir de suites sérieuses pour Defiennes, et on avait à reprocher à celui-ci de bien autres méfaits, que d'avoir calomnié un directeur de la poste aux lettres. Pointel avait été piqué au vif par le pitoyable jeu de mots qu'on s'était permis contre lui ; la suite prouva qu'il avait mal choisi son terrain pour se venger de son ennemi.

Brutus Magnier comprit que l'arrestation de son collègue n'était que le prélude de la guerre entreprise contre lui ; par une manœuvre assez habile il essaya de détourner le danger en attaquant résolument ses ennemis. Le 5 messidor il se rend au Comité de surveillance et y déclare « qu'il a connu et connaît Pointel comme un faux patriote, et qu'il en donnera la preuve, quand il en sera requis, mais qu'à l'égard de Blin le jeune, il le connaît comme pour honnête homme, et n'avait que du bien à dire de lui . » (Procès-verbaux du Comité de surveillance de Rennes. Archives de la Cour d'appel). La motion de l'ancien président ne fut soutenue par personne ; on n'y prit pas garde.

L'instruction continua contre Defiennes ; interrogé, il répondit qu'il n'avait jamais voulu nuire à Blin, et le 27 thermidor l'agent national déclara qu'il n'y avait pas lieu de le poursuivre. On allait le mettre en liberté, quand le représentant Laignelot, qui avait signé son ordre d'arrestation, ordonna de le maintenir en prison.

Le 11 vendémiaire, an III, le représentant Boursault fit reprendre la procédure contre lui ; mais elle n'eut pas plus de suites que la précédente, et cependant il ne sortait point de prison. Pendant tout le mois de brumaire, Defiennes écrit lettre sur lettre pour demander à être jugé, il ne put l'obtenir. Conduit à Paris à la fin de frimaire pour comparaître comme témoin dans le premier procès de Brutus Magnier, qui eut à se louer de sa déposition, il fut ensuite transféré à la maison d'arrêt des dominicains d'Arras. De là il écrit à Pointel pour qu'on s'occupe de son affaire ; point de réponse. Le 3 messidor il s'adresse au Comité de sûreté générale et demande qu'on statue sur son sort ; il y a tout lieu de croire qu'il n'y trouva pas un meilleur accueil. Cette lettre, d'ailleurs, est la dernière que nous ayons de lui ; à partir de ce moment, nous perdons sa trace.

(Hippolyte de la Grimaudière).

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