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Affaire Houeslard : « la médecine après la mort ».

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Affaire Houeslard : « la médecine après la mort ».

Le zèle qu'elle venait de déployer dans ce Voyage civique et révolutionnaire, le soin qu'elle avait mis à ranimer l'esprit public à Montagne-la-Forêt et à frapper de terreur à Fougères les ennemis de la République, devaient lui faire espérer que son civisme était au-dessus de tout soupçon, et qu'elle ne rencontrerait chez les patriotes de Rennes qu'aide et appui. Elle devait apprendre sans tarder que, dans les temps troublés, dans les partis violents, quelque zèle qu'on déploie, quelque exaltation dont on fasse montre, on ne peut apaiser les défiances.

Houeslard, cabaretier à Dol et ancien domestique du comte de Noyant, avait paru devant le tribunal ; il était accusé « d'avoir fait partie de l'armée des chouans ». Il prétendait n'avoir suivi l'armée catholique que par force, et l'avoir quittée aussi vite que cela lui avait été possible ; il se recommandait en outre des autorités constituées de Dol. L'accusation disait au contraire qu'il s'était de son plein gré joint aux Vendéens, et n'était rentré chez lui que quand il les avait vus en pleine déroute.

Le tribunal, composé de Brutus Magnier, Lefébure, Coulon et Rémacly, se divisa sur la question de culpabilité, et il fallut appeler un juge de la Commission Veaugeois, Gracchus Châlon, pour les départager. Houeslard fut cette fois condamné à mort et exécuté le 27 ; mais la colère des patriotes de Rennes n'en fut pas moins très-grande ; cette hésitation des juges leur parut une véritable trahison.

Le Journal des Départements de l'ancienne Province de Bretagne publia à ce sujet un article fort vif ; Magnier crut devoir se justifier et il écrivit au rédacteur la lettre suivante :

Au rédacteur du Journal de Rennes.

Je te prie, républicain, de ne point en vouloir à toute la Commission dont je suis président, si Houeslard n'a été condamné à mort que par le moyen d'un cinquième juge. Lefébure et moi nous avons voté pour la mort, et Defiennes notre accusateur y avait conclu. Sachez pourtant que l'intention de Rémacly et Coulon n'était point de sauver ce scélérat. (Je dois dire qu'ils sont intègres, mais un peu longs pour un tribunal révolutionnaire). Ils voulaient attendre que les corps constitués de Dol eussent dit ce qu'ils pensaient sur ledit Houeslard. Double erreur : parce que, lorsqu'un délit est constant, on ne doit point envisager ce qu'a fait l'auteur précédemment, et ensuite parce qu'on s'expose à ce qu'un intrigant extorque à une autorité le certificat qu'elle donnera sans réflexion. En effet, le district de Dol vient de rendre justice au prétendu patriotisme d'Houeslard, par un certificat qu'il nous a envoyé. N'est-ce pas la médecine après la mort ? ...... Salut et Fraternité. LE P. BRUTUS MAGNIER (Archives nationales, W1b 497 (64)).

Non-seulement la plaisanterie qui termine cette pièce est odieuse, et les principes qu'elle proclame absolument iniques, mais la lettre elle-même était un acte de lâcheté. Pour essayer de regagner les bonnes grâces des patriotes, Magnier dénonçait à leur vindicte deux de ses collègues, et l'on sait quelles conséquences pouvait avoir à cette époque une semblable dénonciation.

Le représentant Esnue-Lavallée ne voulut pas que la Commission encourût une autre fois un pareil reproche. Par un arrêté en date du 1er nivôse, il lui adjoignit, comme cinquième juge, Samuel, capitaine d'artillerie du Calvados. Les considérants qui précèdent cette nomination méritent d'étre cités ; forme et fond, tout est à admirer.

« Considérant que de l'extrême activité de la Commission dépend la prompte punition de tous les coupables faits prisonniers ; que, pour lui donner cette activité vraiment utile que commande impérieusement le salut de la patrie, il est indispensable qu'elle soit composée du nombre de juges indispensable pour accélérer ses jugements ;

Que, d'un autre côté, la mission spéciale et surabondante, mais salutaire, donnée à la Commission par les représentants du peuple, par leur arrêté particulier du 1er frimaire, de suivre à la piste les traces toujours rapides et mystérieuses des traîtres et des conspirateurs, afin qu'en prenant contre eux les mesures les plus actives elle puisse enfin parvenir à les atteindre, et à les faire punir avec cette sévérité terrible qu'a provoquée et provoque sans cesse la masse de leurs crimes, doit nécessairement rallentir (sic) et même entraver la marche de la Commission, surtout dans ces moments où le nombre des jugements à rendre est multiplié à l'infini ;

Considérant enfin que le nombre de quatre juges ne peut manquer d'entraîner parfois une indécision vraiment désastreuse, lors du jugement de la Commission, puisque deux juges peuvent fréquemment se trouver en opposition avec deux… », il est nommé un cinquième juge (Voir l'arrêté, pièces justificatives, n° 7).

(Hippolyte de la Grimaudière).

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